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Revue Revue économique Mir@bel
Numéro vol. 33, no. 2, 1982
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Derrière la crise : la tendance à la baisse du taux de profit. L'apport de quelques travaux français récents - Alain Lipietz p. 197-233 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La tendance à la chute du taux de profit résulte de la hausse de la composition du capital, expression de la lutte des classes dans la production. Le Théorème d'Okishio, basé sur l'hypothèse d'un salaire réel constant, et imputant à la seule concurrence le changement technique, ne saurait démontrer l'inviabilité de cette tendance. Pire, ses hypothèses sont incompatibles avec les conditions réelles de l'accumulation intensive, où les gains de productivité sont couplés avec une hausse du salaire réel. Les études statistiques révèlent en fait depuis 1945, dans les grands pays industriels, une stabilité du partage salaire/profit et une hausse de la composition du capital.
    Beyond the crisis : The tendency of the rate of profit to fall Alain Lipietz The tendency of the rate of profit to fall results mathernatically from an increase in the organic composition of capital, itself understood as a direct expression of the struggle between the classes. Okishio's theorem, based on a liypothesis which assumes stable purchasing power of workers and which relates technical change exclusively to intercapitalist competition cannot be accepted as the negation of this tendency. Moreover, Okishio's hypothesis is incompatible with the conditions of realization of an increasing level of production due to important gains in productivity, as is the case for the Post-War expansion. During this period, one observes in fact, in most industrial countnes, a constancy of the rate of surplus-value and a rise in the organic composition of capital.
  • Les deux crises des années 1930 et des années 1970. Une analyse en sections productives dans le cas de l'économie française - Jacques Mazier, Hugues Bertrand, Yves Picaud, Gérard Podevin p. 234-273 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le présent article est une analyse des modalités de la reproduction de l'économie française en longue période (1900-1974), à partir d'une approche distinguant deux grandes sections productives, celle des biens d'équipement (S1) et celle des biens de consommation (S2). Après un rappel méthodologique, les différences existant entre les régimes d'accumulation des années 1920 et des années 1960 sont analysées. Durant les années 1920, on observe une auto-accumulation de la section S1 des biens d'équipement, les investissements de la section S1 assurant pratiquement seuls une extension des débouchés de cette même section, ceci en raison du caractère limité des transformations intervenant dans la section S2 des biens de consommation. A l'inverse, le mode de croissance de l'après-guerre est marqué par l'importance des transformations des conditions de production dans S2, ce qui permet d'assurer une articulation très solide entre les deux sections, et le développement du régime d'accumulation intensive correspondant. La crise des années 1930 présente dès lors un double aspect : elle apparaît tout d'abord comme une crise liée à l'auto-accumulation de la section S1 et aux déséquilibres qui en ont résulté. Elle renvoie par ailleurs à des contradictions plus profondes, bien que plus potentielles, c'est-à-dire aux divers blocages qui ont empêché que le fordisme ne connaisse un véritable essor. La crise actuelle correspond au contraire à un dérèglement progressif du régime d'accumulation intensive de l'après-guerre sous les effets conjoints de trois facteurs : l'affaiblissement de transformations qui intervenaient dans la section S2 ; la montée des luttes sociales qui est venue aggraver les problèmes de rentabilité déjà sensibles avec l'alourdissement des processus de production ; l'internationalisation croissante de l'économie française, à partir de la fin des années 1960, qui a remis en cause la logique du fonctionnement d'ensemble du système.
    thus provided practically by the investments alone and this because of the very few changes that took place in the department S2 (goods of consumption). Inversely the growth of the post-war years is marked by the gradual introduction of a mode of intensive accumulation and by considerable changes in the conditions of production, which developed a very strong articulation between the two departments. The thirties' crisis thus presents a double aspect : first of all it appears as a crisis linked to the self-accumulation of thé department S1 and to the resulting desequilibrium ; on the other hand it shows far deeper, contradictions i.e. the different braking mechanisms that prevented Fordism reaching a climax early-on. The present crisis corresponds to a graduai fatture of the regime of intensive accumulation of the post-war years, due to the joint effects of three factors : changes of a more and more minor character in the department S2 ; an increase of the social struggles further aggravating the problems of profitability which had already arisen as a result of the increasingly cumbersome processes of production; a French Economy more and more internationally-biased since the late nineteen sixties, and which has caused the logical functioning of the system as a whole to be queried.
  • Inflation, salaires et répartition dans l'industrie française (1969-1976) - Christian Morrisson p. 274-296 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    A partir des comptes de 2147 entreprises (22 % de la production et des effectifs de l'industrie), on explique comment la répartition de la valeur ajoutée et le partage salaire-profit dépendent à la fois de la conjoncture économique et de la conjoncture socio-politique. Le modèle de croissance du salaire nominal proposé montre que les variations du salaire nominal dépendent de la hausse des prix de détail et de l'environnement socio-politique dans les grandes entreprises, de cette hausse et des gains de productivité du travail dans les petites et moyennes entreprises. De plus, les hausses de salaires dans les grandes entreprises exercent une influence sur celles des autres entreprises l'année suivante. D'autre part, les variations de la part des salaires dans la valeur ajoutée expliquent, avec celles du taux d'intérêt, les fluctuations souvent fortes des frais financiers. Enfin, les effets de l'environnement socio-politique sur la répartition de 1956 à 1980 sont évoqués.
    Inflation, wages and income distribution In manufacturing industry (France, 1969-1976) Christian Morrisson From the accounts of 2147 firms (22% of industry production and wage-earners) it is explained how both economic conjoncture and socio-political environment account for added-value distribution and distribution between wages and net profits. The proposed model shows that nominal wages variations depend in big firms on consumer prices growth and socio-political environment whereas in smaller firms it is related to this growth and increase in labor productivity. Moreover, wage increase in bigger firms induces one in smaller firms after an one-year lug. Resides, variations in the share of wages in added-value together with those of interest rate account for the often important variations in interest payments. In the end, effects of socio-political environment on distribution between 1956 and 1980 are underlined.
  • Le temps, l'imagination, l'incertitude dans la théorie du professeur G. L. S. Shackle - Philippe Beaugrand p. 297-322 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Si l'œuvre du Professeur G. L. S. Shackle n'a pas eu l'audience qu'elle mérite, la raison en est certainement que l'économie « orthodoxe » n'a pas voulu faire face aux questions qu'elle pose. Partant des conditions et procédures des choix économiques telles qu'elles sont étudiées dans le dernier livre du Prof. Shackle, l'article se propose d'en montrer la portée par l'examen des problèmes fondamentaux qui y sont posés et les conclusions en découlant logiquement — en particu­lier la subversion du rationalisme économique qui, en excluant à la fois le temps et l'imaginaire de l'homme, conduit au fatalisme du déterminisme absolu. Par ses implications (l'exemple capital de la théorie des profits est rapidement présenté), l'œuvre du Prof. Shackle montre qu'une autre Economie Politique est possible, moins « performante » sans doute puisqu'elle ne prétend plus à la prescience ni même à l'objectivité, mais plus réaliste, plus compréhensive, et plus humaine.
    Time, imagination, uncertainty, In professor G. L. S. Shackle's theory Philippe Beaughand If Professer G.L.S. Shackle's work has not the audience it should have got, the reason certainly is that « orthodox » economces has not cared to face the important issues it raises. Beginning with conditions and processes of making economic choices, as studied by Prof. Shackle in his latest book, this article intends to show its significance by examining the fundamental problems it brings up and the conclusions logically reached — particularly the subversion of economic rationalism which, while excluding ail together time and man's imagination, leads to fatalism of total determinism. By its implications (as a paramount example thé theory of profits is rapidly exposed) Prof. Shackle's work shows that an other Political Economy is conceivable ; surely it gives fewer results, as it no more claims predictions nor objectivity, but its approach is more realistic, more comprehensive, and more human.
  • Auto-validation des changements de parité en régulation monopoliste - André Orléan p. 323-338 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Après avoir dégagé certains présupposés méthodologiques inclus implicitement dans l'hypothèse d'exogénéité de la masse monétaire, cet article étudie comment ils affectent notre compréhension théorique des mouvements du change. Se plaçant dans le cadre d'une régulation monopoliste, et abandonnant donc cette hypothèse d'exogénéité, la formation de la parité apparaît au cœur d'une structure de conflits pour le partage du revenu, mettant aux prises plusieurs groupes d'agents. Cette dynamique conflictuelle engendre un processus d'auto-validation des variations de parité. Celui-ci s'exprime dans le fait que les chocs exogènes qui affectent dans le court terme le marché des changes ne se résorbent nullement dans le moyen terme. Modifiant la répartition des revenus, ils déclenchent des dynamiques nomi­nales d'ajustement validées par les autorités monétaires, qui s'inscrivent alors de manière irréversible dans le cheminement de moyen terme. L'instabilité des changes trouve ainsi dans le contexte intérieur une large base.
    Self-validation of exchange rates movements In a monopolistic regulation André Orléan This article analyses how our theorical understanding of exchange rate movements is affected by the hypothesis of exogeneity of rnoney supply. In this paper this dssnniption is released as we suppose that thé economy is functionning under a monopolistic regulation. In this case the détermination of the exchange rate depends on a spécific structure of conflicts generated by the distribution of income. This conflictual dynamics leads to a « self-validation » of exchange rate fluctuations. This « self-validation » means that exogen disiurbances are not transitory, even in the long run. They set in motion nominal ajusting processes, supported by the rnonetary authorities, that affect irreversibly the long run path. Such a dynamics partly explains the instability of exchange market.
  • Travail et salaire chez Sraffa : éléments de discussion d'un article récent de Christian Bidard - Richard Arena, Anna Maricic p. 339-345 accès libre
  • Réponse de Christian Bidard à l'article de R. Arena et A. Maricic : Travail et salaire chez Sraffa - Christian Bidard p. 346-348 accès libre
  • Notes bibliographiques

  • Résumé des articles / abstracts - p. 362-367 accès libre