Contenu du sommaire : Aspects de la crise
Revue | Revue économique |
---|---|
Numéro | vol. 30, no. 6, 1979 |
Titre du numéro | Aspects de la crise |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Avant-propos - Henri Tézenas du Montcel p. 933-938
- L'économie française sous la Cinquième République : 1958-1978 - Bela Balassa p. 939-971 Les politiques adoptées au cours de la période qui a suivi l'établissement de la Communauté économique européenne ont permis à la France d'atteindre le taux-dé croissance le plus élevé parmi les pays membres. A la suite de la crise pétrolière, l'économie française a conservé son avantage sur l'Allemagne en termes de taux de croissance, au prix d'un taux d'inflation élevé et d'une diminution des réserves de change. Néanmoins, en 1978, la France a de nouveau une balance des paiements excédentaire. Pour ce qui est de l'avenir, il serait souhaitable de mettre en -œuvre des politiques visant à encourager les investissements productifs et les changements technologiques et de limiter le recours à des mesures sélectives destinées à venir en aide à des secteurs, sous-secteurs ou entreprises particuliers.The French econome under the Fifth Republic, 1958-1978 The policies applied during the period, following the EEC.y establishment permitted France to achieve the highest economic grmoth rate among the member countries. The advantages of the French economy over Germany in term.s of growth rates was maintained after the oil critiy at the expense of a hight rate of inflation) and loss of foreign exchange reserves, although hy 1978 France has achieved a balance of payments surplus. For the future, it would be desirable to rehj on general policy measures to encourage productive investment and technological change and to limits the application of specific measures aimed at assisting particular nectars, subsector and firms.
- L'adaptation du Japon au ralentissement de la croissance et à la ponction extérieure - Christian Sautter p. 972-984 Le Japon a très rapidement adapté la répartition de son revenu national et la structure de son emploi aux deux ruptures qu'ont été le ralentissement de la croissance et la ponction extérieure. La ponction extérieure résulte de la hausse du pétrole importé et de l'impact de la réévaluation du yen sur les termes de l'échange. Elle s'élevait en 1977 à 5,5 % du PNB et 25 % du surplus économique et a été payée pour moitié par les sociétés, pour un quart par les salariés et pour un quart par les non-salariés. Au Japon, les activités pré-capitalistes jouent un rôle régulateur non négligeable aussi bien pour l'emploi (rétention de main-d'œuvre non salariée) que pour l'allégement des tensions dans le partage du revenu national. La progression très ralentie des salaires réels et du revenu des non-salariés depuis 1974, l'absence d'épargne nette des sociétés (jusqu'en 1977), la réévaluation du yen sont trois raisons importantes pour que l'industrie japonaise ne se relance pas dans un boom vigoureux d'investissements. Mais le redéploiement vers les « industries de matière grise » et l'incitation publique seront de puissants stimulants.The adaptation of Japon to the decelerating growth and external drain Japon has very rapidly adapted its distribution of national income and employment structure to the combined shocks of decelerating growth and external drain. The external drain of national incorne has two origins : the hike in imported oil prices and the impact of yen revaluation on ternis of trade. In 1977 this « drain » accounted for 5,5 % of thé G.N.P. and for 25 % of the « economic surplus » (i.e. what is left of G.D.P. after provision for maintaining real wages and after depreciation). It was financed for half by profits of incorporated enterpmes, the rest shared equally between salaried and non-salaried employees. In Japan, precapitalist activities play more than a minimal regulatory role both for employment (by hoarding non-salaried workers) and for the distribution of national income. The much slower growth in real wages and non-salaried earnings as for 1974, the lack of any net corporate savings until 1977, the revaluation of the yen are three powerful deterrents to a renewed investment boom in the manufacturing sector. But the shift toward knowledge-intensive industries, plus continuous administrative guidance could be strong incentives.
- Le phénomène de désindustrialisation et la Communauté Européenne - Alexis Jacquemin p. 985-999 Le but de cet article est de présenter une première synthèse des principaux critères de dés-industrialisation et des problématiques qui y correspondent, dans le contexte de la Communauté Européenne. Ce faisant, il est suggéré que les approches macroéconomiques ont, en la matière, perdu beaucoup de leur intérêt au profit d'une approche plus désagrégée, allant jusqu'au niveau microéconomique de la firme et du produit. Trois aspects du phénomène sont analysés : la contraction relative (voire absolue) de l'emploi industriel, une réduction relative de la production industrielle (à prix courant et/ou en termes réels), un déséquilibre plus ou moins persistant des balances commerciales. Les perspectives et les limites d'une stratégie industrielle commune sont finalement dégagées.The phenomenon of de-industrialisation and the europe an community The purpose of this paper is to survey the main arguments which have been put forward to explain the dangers of a European de-industrialisation and to discuss them. Through this analysis; the limits of a macroeconomic outlook and the necessity of a very disaggregated approach are suggested. Three dimensions of the phenomenon are analysed : the changes in the proportions of manufacturing employment in total employment for European countries, the movement in the share of manufacturing output in GDP, at current and ut constant prices, the evolution of the shares in the world expotts of manufactures. These aspects are closely connected as the shift away from manufacturing has implications for the balance of payments, and as services may not to he able to earn sufficient foreign currency nor to protide enough job a in the future. H is shown that in order to react positively to such a process of de-industrialisation, it is necessary to develop an indu.ftrial strategy at the product level, taking into account non-price factors as ivell as criterùi based upon price competitiveness.
- Quelques considérations sur la crise des approvisionnements - Christian Gobert p. 1000-1016 A la frontière indécise du politique et de l'économique, la crise des approvisionnements du monde occidental fait naître des interrogations sur l'avenir de celui-ci. Cette crise ne date pas d'hier. Elle résulte de l'affaiblissement politique des principaux pays occidentaux, des dérèglements monétaires mondiaux, de la concentration progressive de l'offre de certaines substances vitales, et du détournement des règles du marché, au profit d'acteurs qui, jusqu'à une époque récente, n'avaient pas leur mot à dire dans le fonctionnement de l'économie occidentale. La question se pose de savoir si les mécanismes, fondés sur les principes de l'économie de marché, qui ont assuré la croissance et la prospérité d'une bonne partie du monde occidental, ne sont pas mis en défaut. Après avoir rappelé les signes avant-coureurs de cette crise, l'article aborde les difficultés des choix auxquels devraient être conduits les pays consommateurs face à une offre cartellisée, concentrée et politisée. Parmi ces pays, les plus exposés sont situés en Europe occidentale.About the energy crisis The energy crisis is looming on thé future of the Western World at the hazy frontier of politics and economics. The crisis is not new. It stems from the political decline of the leading Western countries, Worldwide monetary disorder, progressively concentrated supply of essentialy, and the intrusion in the market forces of operators who, till recently, had no say in the Western world economy. Whether the free-entreprise system, which has brought growth and prosperity to a good deal of Western countries, is not checked, remains to be seen. After reminding the past dues of the incoming crisis, the article discusses the difficult choices that ought to be made by the consuming countries to counter a carterlized, concentrated and politicized stipply. Western Europe countries are the mort endangered.
- Le système financier international privé dans le déséquilibre monétaire international depuis 1974 - Joël Métais p. 1017-1066 Depuis le début de cette décennie, le système financier international privé s'est substitué aux institutions officielles dans le fonctionnement du système monétaire international puisqu'il crée aujourd'hui les liquidités internationales tout en prenant une part déterminante à la gestion quotidienne du système des taux de change flottants. Surtout, en finançant les déficits des paiements courants de nombreux pays depuis 1974, les banques multinationales leur ont permis d'échelonner ]es ajustements qu'impliquait la réalisation du transfert à destination des pays clé l'OPEP et ont su fournir les liquidités internationales pour faire face à l'énorme accroissement des factures pétrolières. La progression des échanges internationaux a pu, ainsi, être maintenue, ce qui a évité l'approfondissement de la dépression mondiale. L'efficacité dont a ainsi fait preuve le système financier international privé semble imputable à trois catégories de facteurs. Les transformations structurelles provoquées par l'accélération du processus de inultinationalisation des banques ; la multiplication des innovations financières, en réponse aux risques nouveaux et accrus auxquels celles-ci avaient à faire face ; la redéfinition des rapports entre banques multinationales et institutions monétaires officielles, sensible au niveau de la surveillance de leurs activités internationales et de la solution apportée au problème du prêteur en dernier ressort, dans le nouveau contexte ainsi créé. Ce système pourra, sans doute, encore faire face, avec succès, à la résurgence clés déséquilibres des paiements mondiaux, consécutive au renchérissement du pétrole en 1979. Mais la nécessité de consolider, périodiquement, la dette de certains pays risque d'accroître les tensions au sein du système bancaire international. Pour éviter une crise financière mondiale clé grande ampleur, les banques centrales seront, vraisemblablement, amenées à intervenir pour préserver la liquidité des banques de leur nationalité. Dans ces conditions, il sera plus difficile de maîtriser le gonflement du volume des liquidités internationales qui est, pour certains, à l'origine de la résurgence des pressions inflationnistes dans le monde.national banks enabled them to lengthen the adjustment process in their economics required by the real transfer to OPEC and also satisfied increased dernand for international liquidities after the huge growth of oil bills. Growth in international trade could so be preserved, and so could the deepening of the world sliimp 'be avoided. Effectiveness showed in this way by the international financial private system seems attributable to three types of factors. Structural changes due to the acceleration of the multinationalisation process of banks ; the multiplication of financial innovations as a response to the new and increased risks now faced by banks ; the restatement of the relashionships between multinational banks and official institutions, particularly noticeable in thé field of the supervision of their international activities and of thé solution provided to the probleme of the lender of last resort facility, in this newly created context. Presumably, tins System will., again, be able to cope with the resurgence of world payments imbalances, after oil prices' increases- in 1979. But the necesnity of periodical reschedulings of debts, for some countries, rnay increase strains inside thé international banking system. To remove the possible occurrence of a widespread world financial crisis, central banks may have to intervene to preserve the liquidity of their own banks. In such cases, it will be difficult to control the growth of international, liquidities which some think responsible for renewed inflationnary pressures in the world.
- Effets de la crise sur les pays de l'Est - Richard Portes p. 1067-1114 L'Europe de l'Est n'a joué qu'un faible rôle dans les événements menant à la crise économique mondiale des années 1970, mais les économies à planification centralisée (EPC) ne pouvaient pas s'isoler complètement des chocs résultant sur les marchés mondiaux des biens et du capital. Nous présentons d'abord un cadre théorique pour l'analyse de l'ajustement macroéconomique des EPC aux perturbations extérieures. Nous énumérons alors les impacts de la crise sur les EPC (termes de l'échange, conditions de la demande, possibilités d'emprunt en devises fortes) et les réactions des planificateurs de l'Europe de l'Est. Nous découvrons qu'il y a eu très peu de réactions intérieures jusqu'en 1976, de sorte que les seuls effets initiaux se manifestèrent sur les balances commerciales et les dettes extérieures. Depuis, malgré les plans pour limiter la croissance de l'absorption par rapport à celle de la production, l'ajustement réalisé a été peu important. Inversement, la crise elle-même a eu relativement peu d'effets sur les prix intérieurs, l'emploi ou la production dans les EPC. Les déséquilibres extérieurs de ces économies sont dus avant tout à des causes intérieures, et leur accès sans restrictions à des prêts en devises fortes leur a, dans certains cas, permis de continuer des politiques macroéconomiques et structurelles qui pourraient s'avérer non viables à long terme.Eastern Europe played little role in the eventa leading to the world economic crisis of the 1970s, but the centrally planned economics (CEPs) could not isolate themselves fully from the consequent disturbances in world commodity and capital markets. We first present a theoretical framework for analysis of macroeconomic adjustment by CEPs to external disturbances. We then net ont the impacts of the crisis on the CPEs (terms of trade, demand conditions, opportunities for hard currency borrowing) and the responses of Eaat European policy-makers. We find that there was very little internal reaction until 1976, so that the only initial effects were on trade balances and external delit. Since then, despite plans to limit the growth of absorption relative to output, little adjustment has been achieved. Conversely, the crisis itself has had relatively little effect on domestic prices, employment and output in the CPEs. The external disequilibria of these economics are due primarily to internal causes, and. their unrestricted access to hard currency loans has in some cases permitted them to continue macroeconomic and structural policies which may not he viable in the long run.
- La crise : quelles explications donne le modèle métric ? - Patrick Artus, Pierre Morin p. 1115-1158 Le modèle économique trimestriel METRIC est utilisé pour évaluer la responsabilité des modifications de l'environnement international (demande mondiale, taux de change, prix du pétrole et des matières premières) et de la politique économique dans l'apparition de la crise de 1974-1975. Une des conclusions essentielles de l'étude est que, même en l'absence de tout choc venant de l'extérieur, l'économie française aurait évolué vers une situation de forte inflation et de faible croissance, mais pour des raisons tout à fait différentes de celles qui ont été à l'origine de la crise, puisque cette évolution aurait été la conséquence d'une utilisation trop intensive des facteurs de production (capital et travail).rates, prices of crude-oil and raw materials) and in the economic policy on the economic crisis of 1974-1975. One of the main conclusions of the study is the fact that, even if there had been no disturbance coming from the foreign countries, the french economy would heve moved towards a situation of strong inflation and slow growth but for reasons completely different from those whitch caused the crisis, since this evolution would have been the consequence of a too high degree of utilization of production factors (capital and labour force).
- Résumé des articles / abstracts - p. 1159-1166
- Table générale de 1979 - p. 1167-1168
- Table alphabétique des auteurs, 1979 - p. 1169
- Table des comptes rendus, 1979 - p. 1170