Contenu du sommaire : Crise de l'économie et des sciences sociales

Cet article est une revue des problèmes liés aux contraintes de l'équilibre écono­mique général et des tentatives pour relâcher certaines d'entre elles. Un premier ensemble de questions a trait à l'indépendance des ensembles de production et de consommation (Kornai, Morishima, Hahn, Guesnerie) et à la question de la convexité. Un second ensemble est ordonné autour de la question : le prix est-il nécessairement la seule information? (Drèze, Arrow, Debreu, Radnek, etc.). La question du pouvoir est évoquée ainsi que le caractère peu satisfaisant des simpli­fications nécessaires aux modèles, la critique de M. Perroux et la tentative de Laffont. L'absence de niveau intermédiaire d'analyse est longuement traitée (Borely, Hahn, Melvin, Nagishi). Dans la deuxième partie, l'auteur s'interroge sur les transformations apportées au traitement de l'espace, où l'effort a été limité, et du temps avec la distinction de Hicks entre équilibre temporaire et équilibre temporel.

D'après l'auteur, la science économique souffre de cinq maux principaux : illusion de la table rase, fascination de la théorie formalisée, incertitudes de l'empirisme, carcan du dogmatisme, médiocrité. Il propose d'organiser le travail à partir d'une série de concepts plus larges que ceux qui sont habituellement utilisés par les économistes ; ressource par opposition à facteur de production, individu avec la multiplicité de ses rôles, organisation plutôt qu'entreprise, et enfin processus, et contrainte. Ainsi l'économie pourrait davantage penser en termes de systèmes et ne pas se limiter à la mesure de ce qui est quantifiable en biens physiques ou en monnaie. Suit une liste de domaines qui devraient retenir l'attention, parmi lesquels on relève notamment : comportements individuels, rôle des organisations, dynamique des marchés et des structures, processus de décision, tous domaines qui incitent au développement d'une économie médiane, enfin économie des services publics et distribution des revenus qui ont une importance politique capitale.

Essai pour présenter dans un cadre macroéconomique simple les principales contraintes techniques, comptables et de comportement qui enserrent la production des biens marchands et non marchands. Le modèle éclaire les liaisons réciproques entre les deux secteurs, étudie l'effet de la production non marchande de capital humain sur les disponibilités de main-d'oeuvre et tente de définir quelques variables sur lesquelles des choix politiques sont possibles. Il peut être rendu opérationnel soit par simulation, soit par une méthode d'optimation. La part de production non marchande dans la production globale apparaît comme une fonction directe du taux de fiscalité indirecte et une fonction inverse du solde de redistribution globale.

D'après Musgrave, les fonctions économiques d'un Etat moderne sont orientées dans trois directions séparées : allocation des ressources productives, distribution des revenus et objectifs de politique économique majeurs : plein emploi, crois­sance et lutte contre l'inflation. Ici l'auteur propose d'unifier l'analyse et de recourir pour cela à l'analyse de surplus. Malheureusement celle-ci a, telle qu'elle est employée ordinairement, le défaut de conduire à des résultats très approximatifs en ce qui concerne la mesure d'un état donné de bien-être social. Mais il est possible, et c'est la contribution de l'auteur, de fixer dans une situation concrète beaucoup plus explicitement les limites de variations de certaines contraintes et de parvenir ainsi en fin de chaîne à des résultats plus précis et plus utilisables par le décideur. Perdant de sa pureté mathématique, l'analyse de surplus se rapproche du calcul des erreurs analogue à celui du physicien appliqué.

Cet article propose une analyse de l'évolution comparée des personnels, des crédits et des moyens de recherche consacrés aux sciences sociales, aux humanités et aux sciences exactes. Si un redressement très net s'est produit à partir de 1968 et qui a notamment amélioré les ratios d'encadrement, néanmoins les coefficients de pondération appliqués par le Ministère aux crédits de recherche des universités en fonction de la discipline continuent d'être un obstacle à un fonctionnement raisonnable. D'autres déficiences sont signalées, notamment celles de la formation des personnels dans un pays où les voies anciennement établies (mathématiques et humanités) continuent de tenir le haut du pavé et celles de la réglementation nationale de la fonction publique qui freine l'ouverture sur l'étranger. Les progrès récents n'effacent pas toute inquiétude pour l'avenir.

Cet article relève de la sociologie de la science plus que de l'économie et celle-ci n'est traitée que comme un domaine parmi les autres dans une revue des sciences sociales en Grande-Bretagne. L'auteur travaille à partir de documents préparés pour le SSRC (Conseil de la Recherche en Sciences Sociales). Il passe en revue les orientations thématiques, les modes d'organisation, les débouchés et les moyens des disciplines suivantes : anthropologie, science politique, géographie, histoire économique et sociale, sociologie, économie, et pour finir sciences du management. Forces et faiblesses sont ainsi bien mises en évidence et l'article donne matière à une réflexion comparative internationale qui tienne compte des spécificités organisationnelles.