Contenu du sommaire
Revue | Revue économique |
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Numéro | vol. 39, no. 3, 1988 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Jean Lhomme, de l'économie à l'histoire (1901-1987) - Christian Morrisson p. 497-510 Jean Lhomme, de l'économie à l'histoire (1901-1987) Cet article retrace la carrière scientifique de Jean Lhomme qui fut l'un des membres fondateurs de la Revue économique, puis son président. La première partie de l'œuvre de Jean Lhomme fut consacrée à des études de politiques économiques et sociales, en particulier aux expériences d'économie dirigée ou planifiée (Allemagne, URSS, France pendant la guerre) et à la politique sociale et redistributive mise en œuvre en Grande-Bretagne. Après la guerre, J. Lhomme a privilégié les travaux de sociologie et d'histoire économique ; ses principales contributions portent, d'une part, sur l'analyse des classes sociales et de leurs relations, sur le pouvoir économique et, d'autre part, sur l'histoire de la bourgeoisie en France. Jean Lhomme a montré enfin la complémentarité nécessaire entre économie et histoire pour éviter que l'économiste développe des concepts et des théories qu'on ne peut pas vérifier empiriquement.Jean Lhomme, from economy to history (1901-1987) This article recalls the scientific itinerary of Jean Lhomme, one of the founder of Revue Economique and its former president. In its early phase, Jean Lhomme's work was devoted to analyses of economie and social policies and particularity to experiments in planned economies (Germany, USSR, war-time France) as well as to British social and redistributive policy. From the 1950's Jean Lhomme favoured sociology and economie history. His major contributions deal on the one hand with the analysis of social classes and their relationship and with economic power. On the other hand, they are concerned with the history of French bourgeoisie. Jean Lhomme finally showed the necessary complementarity between economies and history, this to prevent the economist from developing concepts and theories that cannot be empirically checked.
- La théorie de l'échange international en concurrence monopolistique - Jean-Marc Siroën p. 511-544 La théorie de l'échange international en concurrence monopolistique. Une comparaison des modèles L'analyse du commerce international en concurrence monopolistique avec différenciation du produit est principalement fondée sur trois modèles fondamentaux synthétiquement exposés dans cet article, et qui sont ceux de Lancaster, de Krugman, de Shaked-Sutton. Les différences et les similitudes entre ces modèles au niveau des hypothèses comme à celui des résultats sont soulignées et la robustesse des modèles est appréciée. Enfin, les voies d'une synthèse entre la « nouvelle » théorie de l'échange international et la « traditionnelle » sont explorées.International trade theory in monopolistic competition. A comparative analysis of basic models The analysis of international trade theory with product differentiation and monopolistic competition is mainly founded on three different basic models (Lancaster, Krugman, Shaked-Sutton) which are synthetically exposed in the paper. Differences and similarities in hypothesis and results are emphasized and their robustness are tested. The ways to follow for a synthesis between the « new » and the « traditionnal » theory are investigated.
- L'inégalité des revenus primaires en France de 1962 à 1979 - Michel Sollogoub p. 545-572 L'inégalité des revenus primaires en France de 1962 à 1979 L'article étudie l'évolution de l'inégalité des revenus primaires des ménages en France à partir des données des enquêtes fiscales de 1962, 1965, 1970, 1975 et 1979. Il met en œuvre les différentes techniques permettant de caractériser l'inégalité d'une distribution de revenus et son évolution : classement de Lorenz, calcul d'indicateurs, décomposition par types de revenus, désagrégation par catégories socio-professionnelles, décomposition de Shorrocks du passage d'une distribution à une autre. Les résultats obtenus remettent en cause l'opinion généralement admise selon laquelle la réduction de l'inégalité doit être attribuée à l'importance accrue des revenus salariaux. L'article montre que si la réduction de l'inégalité a bien lieu, les facteurs qui en sont responsables sont multiples. Le rôle joué par les revenus des ménages d'inactifs est notamment analysé en détail. La réduction des inégalités sociales, en général, et des inégalités de revenus, en particulier, fait souventThe inequality in the distribution of household primary insomes in France from 1962 to 1979 The article presents the evolution in the inequality of household primary incomes in France. The data corne from the french fiscal income survey for years 1962, 1965, 1970, 1975 and 1979. Different techniques are used in order to caracterize the inequality and its evolution : Lorenz ordering, computation of different inequality measures, decomposition by income-type, desaggregation by socio-professionnal categories of households, Shorrocks' decomposition of the passage from one distribution to the other. The obtained results are at variance from the traditionnal view according to which the reduction in income inequality is to be attributed to the growing importance of wages, which are also more equally distributed. The article shows that the inequality in incomes is reducing in France but for different and numerous reasons. The paper especially analyzes the responsability of pensioners' incomes in the observed trend. rther depreciation of the dollar before that remediai actions are taken for the budget, and a stop to the wave of financial deregulation which has been undertaken in the past ten years.
- Quelques repères sur les services publics de radio et télévision en Europe - Jean-Yves Caro, Pierre Kopp p. 573-588 Quelques repères sur les services publics de radio et télévision en Europe L'étude comparative des services publics de radio-télévision dans dix-sept pays européens entre 1982 et 1984 met en évidence l'existence de régularités de fonctionnement. La dépense par habitant pour la radio-télévision publique, comme pour la télévision - prise indépendamment - suivent une loi tendancielle dont les arguments sont le revenu par tête et un indicateur de taille de l'audience potentielle. L'analyse économétrique de la quantité de programmes télévisés, exprimée en heures, permet d'expliquer celle-ci à l'aide de trois variables : le nombre de téléviseurs, le nombre de chaînes de télévision, l'existence d'écrans publicitaires. L'introduction d'un financement partiel par la publicité du service public tend à augmenter le volume des programmes diffusés sans pour autant permettre une croissance des ressources pénalisant ainsi la qualité des programmes. La comparaison entre les autres pays et la France permet de souligner que cette dernière bénéficie d'un service public audiovisuel dans la norme européenne, tant du point de vue de la dépense par tête que de l'arbitrage réalisé entre qualité et quantité des programmes.An international comparison of the public services of radio and television in 17 europeean countries This article aims to demonstrate that public broadcasting companies, regardless of social, idological, and political factors have certain characteristics which bring them to operate identically. An econometrical analysis demonstrates that spendings for public broadcasting and spendings for television follow a theoretical law determined by two variables : GNP per capita, size of the country. The supply of programms is determined by a combination of three variables : the number of T.V. receivers, the number of channels, and the existence of advertising as a mean of financing. A second part of the article deals with the effect of introducing advertising as a mean of financing public service. This measure appears to be a substitute for licence fees because such financing does not lead to an increase in television's ressources. However, it is shown that introducing advertising has a significant effect on the length of programms. Hence, the balance between the cost of programms and the quantity of programms reflects a country's policy toward T.V. and culture.
Economie mondiale, Politiques nationales
- Introduction - Daniel Cohen, Gilles Oudiz, Charles Wyplosz, Jacques Mélitz p. 589-590
- Les défis macro-économiques mondiaux des dix années à venir - Rudiger Dornbusch p. 591-614 Les défis macro-économiques mondiaux des dix années à venir Cet article analyse quatre défis auxquels devra faire face l'économie mondiale au cours des dix prochaines années : la dette des pays en voie de développement, la dette des États-Unis, le chômage en Europe et au Japon et la crise financière. Quatre solutions sont proposées : une déclaration unilatérale de la part des PVSs de réduction du service de leur dette, une dévaluation plus marquée du dollar avant que ne soient prises des mesures d'austérité budgétaire, une relance en Europe et au Japon et des freins à la déréglementation financière qui a sévi ces dix dernières années.World economic challenges for the next ten years This paper analyses four main challenges that will plague the next decade : the debt of LDCs, the debt of the US, the unemployment in Europe, and the financial crisis. It proposes four remedies : a unilateral decision to slow down the service of their debt by the LDCs, a further depreciation of the dollar before that remediai actions are taken for the budget, and a stop to the wave of financial deregulation which has been undertaken in the past ten years.
- Gérer l'interdépendance économique internationale : coordination discrétionnaire ou règles institutionnelles ? - Pierre Jacquet p. 615-626 Gérer l'interdépendance économique internationale : coordination discrétionnaire ou règles institutionnelles ? Deux logiques antinomiques dominent la problématique des relations économiques internationales : celle d'une interdépendance croissante, et celle de l'atomisation politique du monde en États-nations soucieux d'affirmer et de préserver les intérêts nationaux. A partir de ce constat, cet article suggère que la coordination des politiques économiques laissée à la discrétion des gouvernements n'est pas un mode de gestion satisfaisant de l'économie mondiale. Il est préférable de considérer que le monde est bloqué dans un équilibre de politiques économiques non coopératif, et de faire porter les efforts de coopération sur l'établissement de règles du jeu susceptibles d'améliorer cet équilibre.How to manage international economic interdependence : discretionary cooperation or institutional rules Two contradictory logics shape the dynamics of international economic relations : that of a growing interdependence, and that of political fragmentation and predominance of national interests. From that premise, this paper argues against discretionary coordination of economie policies as a proper way to manage the world economy. It is more realistic to assume that the world is trapped in a non-cooperative equilibrium. Cooperation should then aim at producing rules of the game designed to promote better non-cooperative equilibria.
- Une stratégie de croissance ambidextre pour l'Europe : l'autonomie par la coopération - Charles Wyplosz, Jacques H. Drèze p. 627-640 Une stratégie de croissance ambidextre pour l'Europe : l'autonomie par la coopération L'article propose trois alternatives à l'évolution de la concertation européenne : une coopération flexible, où tous les pays contribuent à une stratégie de relance de l'offre et de la demande en fonction de leurs moyens ; des actions similaires, mais où un ou plusieurs pays choisissent de ne rien faire sinon de laisser leur monnaie se revaloriser; le statu quo. Le dernière alternative est probable, quoique inacceptable. A notre avis, y recourir tout simplement parce que la première alternative (la meilleure) semble hors de portée, est le plus mauvais choix.A two-handed approach for Europe: autonomy through cooperation The paper suggests three possible alternatives for cooperation in Europe : a flexible cooperation, in which all countries adopt a joint strategy to expand both supply and demand in function of their means ; a similar strategy, except that some countries chose not to expand but let their courrencies appreciate with respect of the others ; the statu quo. The last option is likely, but is inecceptable. In our view, aocepting the statu quo only because the first alternative (the firs best) seems out of hand is the worst of ail attitudes.
- Modèles du SME : l'Europe n'est-elle qu'une zone deutsche mark ? - Francesco Giavazzi, Alberto Giovannini p. 641-666 Modèles du SME : l'Europe n'est-elle qu'une zone deutsche mark ? Les régimes à taux de change fixes ou à flexibilité limitée des taux de change, tels que le système des « zones de cibles » proposé pour le Système monétaire international ou le Système monétaire européen (SME) actuel, soulèvent le problème de la symétrie entre les pays membres. Qui décide de la politique monétaire et qui détermine les parités des taux de change ? Dans le cas où les taux de change sont déterminés exogènement suivant une règle mécanique, la politique monétaire est-elle, ou devrait-elle être, mise en œuvre par un seul pays ou par tous les pays membres du système ? Le présent article essaie de répondre à ces questions, en prêtant une attention particulière à l'expérience du SME. Notre interprétation des données est que le SME reproduit les exemples historiques de régimes à taux de changes fixes. L'Allemagne est le pays pivot, et mène la politique monétaire pour tout le système. Lorsque les autres pays sont incapables de suivre les objectifs monétaires de l'Allemagne, ou ne veulent pas s'adapter aux contraintes qu'ils impliquent, ils modifient leur taux de change. Grâce aux contrôles des mouvements de capitaux, ils peuvent jouir d'une indépendance limitée, par rapport aux contraintes imposées par la conjoncture internationale. Une combinaison de politiques d'intervention sur les marchés des changes et de stérilisation des capitaux intérieurs apparaît susceptible de libérer l'Allemagne du poids de l'ajustement aux perturbations intervenant sur les marchés de titres intra-européens. Nos résultats ont des implications importantes, à savoir que les analyses de régimes à taux de change fixes ou gérés devraient s'attaquer explicitement aux effets de cette asymétrie.Models of the ems: is Europe a greater deutschmark area ? Regimes of fixed exchange rates or limited exchange-rate flexibility, like the ideal « target zone » proposai or the real European Monetary System (EMS), raise the question of symmetry. Who runs monetary policy and who sets exchange-rate parities ? If exchange rates are determined exogenously by a mechanical rule, does — or should — only one country run monetary policy, or does this depend on all members of the System ? This paper tries to answer these questions with special attention to the experience of the EMS. Our interpretation of the data is that the EMS reproduces the historical examples of fixed exchange-rate regimes. Germany is the centre country and runs monetary policy for the whole System. When the other countries are unable or unwilling to go along with Germany's monetary targets, they change their exchange rate. Capital controls allow them to gain limited independence from the burden of adjustment to international shocks. A combination of foreign exchange intervention policies and domestic sterilisation appears to free Germany from the burden of adjustment to intra-European portfolio shocks. The important implication of our results is that analyses of fixed or managed exchange rate regimes should explicitly address the effects of this asymmetry.
- Le système monétaire européen et l'asymétrie franc-mark - Daniel Cohen, Jacques Mélitz, Gérard Oudiz p. 667-678 Le système monétaire européen et l'asymétrie franc-mark Cet article interprète le SME comme un accord visant à réduire l'asymétrie franc-mark vis-à-vis des fluctuations du dollar. Deux hypothèses sont avancées pour expliquer cette asymétrie : la première interprète la moindre qualité du franc sur les marchés des changes comme l'effet du contrôle des mouvements de capitaux (ou, aujourd'hui, la crainte de leur rétablissement) ; la seconde hypothèse interprète cette asymétrie comme l'effet de la crainte que la politique monétaire française ne cherche à accompagner les fluctuations du dollar (pour protéger la compétitivité française, par exemple). En tout état de cause, l'article conclut que le SME est une solution bâtarde qui limite les capacités de réaction des politiques monétaire et budgétaire françaises sans résoudre l'asymétrie franc-mark de manière aussi efficace que le pourrait une union monétaire.The EMS and the Franc-Mark asymetry This paper interprets the EMS as an agreement whose aim is to narrow the asymetry of the Franc and the Mark with respect to the Dollar. Two hypotheses are explored : the first one interprets the lower quality of the Franc out of the fear that capital controls might be reestablished. The other hypothesis stems from the asymetry of reaction of the French monetary policy to the fluctuations of the dollar (the French policy accomodating more the swings of the dollar). In any case the paper concludes that the EMS in a bastard compromise which limits both the use of the monetary and fiscal policy instruments without narrowing the Franc-Mark asymetry as efficiently ad a monetary union would.
Note de lecture
- Abstracts - p. 687-690
- Aux origines du libéralisme. De Boisguilbert aux « économistes » - Michel Herland p. 679-686 Réflexion sur les origines de l'idéologie et de la politique libérales.