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Revue Revue économique Mir@bel
Numéro vol. 40, no. 4, 1989
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les effets macro-économiques de la politique budgétaire : de Keynes à la synthèse néo-classique - Pierre Duguay, Yves Rabeau p. 597-620 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Les effets macro-économiques de la politique budgétaire : de Keynes à la synthèse néo-classique A l'aide d'un modèle macro-économique de simulation en économie fermée, nous examinons dans cet article l'effet d'une modification des hypothèses concernant le comportement des salaires et celui des autorités budgétaires et monétaires sur le processus de passage d'un court terme de type keynésien à un long terme de type néo-classique. Lorsqu'il n'existe aucune contrainte d'offre dans le modèle et que les salaires sont aussi fixés de façon exogène, la politique budgétaire expansionniste conjuguée à une politique monétaire d'accompagnement peut avoir des effets positifs permanents sur le secteur réel de l'économie. Lorsque l'on introduit une contrainte d'offre par le biais d'une courbe de Phillips, l'augmentation des dépenses publiques entraîne alors un important effet d'éviction à long terme. Dans ce cas, si les ménages escomptent les taxes futures à la Barro, l'effet d'éviction est nettement plus faible. Enfin, l'addition d'attentes adaptatives dans l'équation salariale ne modifie pas la nature du régime de croissance équilibrée vers lequel l'économie converge mais altère cependant la nature du sentier de convergence.
    The macroeconomic effects of fiscal policy : from keynes to the neo-classical synthesis The impact of changes in the assumptions regarding the wage equation and in the attitude of fiscal and monetary authorities on the growth path and the nature of the steady state of the economy is analyzed in this paper with a closecl econorny version of a macroeconomic simulation model. When there is no supply constraints and when wages are exogenous, fiscal policy coupled with an accommodating monetary policy can have permanent effects on the real sector of the economy. When we introduce a Phillips curve in the model, a permanent rise in public expenditures creates a substantial crowding ont effect in the long run. However, if households discount future taxes in a Barrovian way, the crowding out effect is significantly lessened. Finally, introducing adaptative expectations in the wage equation does not modify the nature of the steady state regime but alters the path along which the economy converges towards a steady state.
  • Conflits, inefficience du capitalisme et politique économique - Pierre Cahuc, Anne Bauer p. 621-648 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Conflits, inefficience du capitalisme et politique économique Cet article analyse, dans une perspective dynamique, les conséquences sur la croissance du conflit pour le partage du revenu. Après avoir étudié la robustesse de la propriété d"inefficience du capitalisme mise en évidence par Lancaster (1973), dans le cadre d'un horizon infini, il montre que toute politique d'investissement public (respectivement de taxe sur l'investissement), avec un budget équilibré, entraîne à la fois une diminution (resp. une augmentation) du taux de croissance et des gains des salariés et des capitalistes. Ce résultat paradoxal s'explique par le fait que l'État, les salariés, et les capitalistes, désirent des mesures de politique économique qui sont sous-optimales à l'équilibre lorsqu'ils raisonnent en prenant les actions des autres joueurs comme données. Cela permet de retrouver la critique de Lucas et de la dépasser en montrant que les acteurs sociaux sont victimes d'un sophisme de composition auquel Pohjola [1984] n'a pas échappé lorsqu'il a démontré l'efficacité des fonds d'investissement des salariés.
    Conflict, dynamic inefficiency of capitalism and economic policy This paper analyses the relationship between distribution and growth in a differential game à la Lancaster (1973). Having established that the results of Lancaster and Pohjola (1983) about the inefficiency of capitalisrn survive in an infinite horizon game, we show that any budget-balanced public investment (resp : tax on investment) inakes rate ot growth and the gains of capitalists and workers to decrease (resp : to increase,. This paradox can be explained as follows : as they take others players' actions as given, the governrnent the workers and the eapitalists wish policies which are suboptinial at ecjuilibrinrn. This statement illustrates « Lucas' critique » and snggests that players are victims of a fallacy of composition. From that point of view, we show that the version of the Lancaster model used by Pohjola (1984) in order to show the efficiency of workers' investment funds does not allow to avoid this fallacy ol composition.
  • Développement des réseaux et modulations spatio-temporelles des tarifs : l'équité territoriale revisitée - Jean-Charles Hourcade, Michel Colombier p. 649-678 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Développement des réseaux et modulations spatio-temporelles des tarifs : l'équité territoriale revisitée Par rapport aux principes de transparence tarifaire, l'expérience des services publics fait apparaître une large asymétrie des pratiques : modulations croissantes en fonction des courbes de charge temporelles, péréquations spatiales massives pour des raisons d'aménagement de territoire. A partir d'une analyse du régime d'électrification rurale en France, nous proposons une réflexion sur les liens entre systèmes institutionnels et régulation économique des systèmes techniques. Devant les risques d'une contradiction croissante entre impératifs d'efficacité et impératifs d'équité, entre solidarité spatiale et innovation technique, une mutation du concept de service public s'avère nécessaire pour permettre une appréhension plus fine de la diversité territoriale des besoins.
    Development of electrical grids and spatiotemporal modulations of tariffs : territorial equity revisited The practices of public service companies are extremely assymetric with regard to the principle of tariff transparency : increasing modulation in function of the time load curve, massive spatial evening out for reasons of balanced regional development. From the analysis of the case of rural electrification in France, we propose some reflections on the links between institutional Systems and the economic regulation of technical Systems. Given the rising risks of contradiction between the imperatives of efficacy and equity, between spatial solidarity and technological innovation, we propose an evolution of the concept of public service towards a finer apprehension of the territorial diversity of demand.
  • Orthodoxie libérale et hétérodoxie marginaliste : Clément Colson - Christian Picory p. 679-708 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Orthodoxie libérale et hétérodoxie marginaliste : Du point de vue de l'histoire de la Pensée Économiaue, la contribution de Clément Colson (1853-1939) apparaît originale. Dans le contexte du débat qui opposa l'École Libérale aux économistes mathématiciens, ses travaux s'inscrivent, en effet, dans le cadre des premières tentatives de conciliation entre le « message » libéral, les « calculs » des ingénieurs économistes, et la rigueur des « abstractions » marginalistes, dont il propose en outre une synthèse. Cette originalité renvoie, en premier lieu, à sa formation d'ingénieur économiste ainsi qu'à ses fonctions de conseiller expert et d'enseignant dans les grandes écoles. Elle correspond, en second lieu, à un choix méthodologique synthétique des démarches théorique et appliquée, dont les développements sur ies services publics, ou l'esquisse d'une approche plus macro-économique, constituent deux illustrations.
    Liberal orthodoxy and marginalist heterodoxy: Clement Colson From point of view of the history of economic thought, Clement Colson's (1853-1939) work appears to be quite original. In the context of the debate opposing the French liberal school and mathematical economists, his works appears to be attempts to reconcile the liberal « message », the « computations » of French economist-engineers and the « abstract rigour » of the more marginal mathematicians, for whom he proposes a synthesis as well. This originality can be explained first by his training as an economist-engineer as well as by his experience as a consultant and professer in the schools specialized in engineering where he taught. This originality corresponds, in addition, to a methodological choice that is critical of the liberal and walrasian conceptions, which were a synthesis of theorical and applied economies. The developments of such notions in the public services or in the attempts to outline more macro-economic approach, constitute two clear illustrations.
  • Estimation du stock de monnaie métallique en France à la fin du XIXe siècle - Pierre Sicsic p. 709-736 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Estimation du stock de monnaie métallique en France à la fin du XIXe siècle Entre 1878 et 1909, six enquêtes monétaires, pour lesquelles les millésimes des pièces présentes dans les caisses publiques et les caisses des grandes banques étaient relevés, ont été réalisées. Elles ont permis à leur initiateur, Alfred de Foville, de proposer une évaluation du stock monétaire métallique en France. Plus tard (1932) Jules Denuc a calculé deux séries annuelles de masse monétaire métallique; pour la première, il extrapole les chiffres de Foville grâce aux statistiques douanières de mouvements de pièces, pour la seconde il applique un taux de perte constant et arbitraire aux frappes qui sont parfaitement connues. Ces deux évaluations sont très différentes tant en niveau (pour 1891 la seconde est plus de deux fois supérieure à la première) qu'en évolution. Dans cet article, les différentes méthodes d'évaluation sont exposées en détail. Puis après avoir montré que les statistiques douanières sont inutilisables et que la connaissance de l'encaisse en pièces de la Banque de France pose problème, une nouvelle évaluation de cette encaisse, effectuée grâce aux archives du Conseil général de la Banque, est proposée. Utilisant des taux de perte estimés par la méthode du maximum de la vraisemblance d'une loi multinominale avec les données des six enquêtes, la masse monétaire métallique est calculée pour les années d'enquête. Cette nouvelle estimation se trouve être intermédiaire entre celle de Foville et celle de Denuc. Il apparaît clairement que la surestimation de Denuc provient du taux de perte retenu, bien inférieur à ceux qui découlent de l'utilisation des résultats des six enquêtes. La masse monétaire métallique était d'après notre estimation d'environ 8 milliards en 1878, elle aurait ensuite décliné jusqu'à 5 milliards et demi en 1903, avant de remonter vivement à plus de 7 milliards en 1909.
    Estimation of metal money in france at the end of the XIXth century Between 1878 and 1909, six monetary surveys were carried out in France. The dates of mintage of the coins which were in the cash-boxes of the State and of the major banks were taken. Alfred de Foville who initiated these surveys used them to give an estimate of the metal money in France. Later on (1932), Jules Denue computed two yearly metal money series ; the extrapolated de Foville's figures with custom data of coin trade lor the first one, and for the other he applied a constant and arbitrary loss rate to mintings which are perfectly known. These two estimates are quite different in levels (for 1891 the second is more than doubled the first) as well as in variations. The three methods are described with details in this paper. It is shown that custom data cannot be used, and that there remain questions about coin holdings by the Banque de France ; a new estimate of these holdings is given, which is built with archives from the Conseil general of the Bank. The metal money is then computed (for the six years when there was a survey), using loss rates which are estimated by the maximum likelihood of a multinomial law method, with data from the six surveys. This new estimate turns out to be between those by de Foville and Denuc. It is obvions that Denuc's surestimate cornes from a loss rate smaller than those which are consistent with the surveys. Metal money was, according to our estimate, about eight billion francs in 1878, then it decreased to five and a half billions in 1903, and dramatically increased to seven billions in 1909.
  • Notes de lecture