Contenu du sommaire : Amours et désamours entre Européens. Vers une communauté politique de citoyens ?

Revue Politique européenne Mir@bel
Numéro N°26, automne 2008
Titre du numéro Amours et désamours entre Européens. Vers une communauté politique de citoyens ?
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Amours et désamours entre Européens. Vers une communauté politique de citoyens ?

    • Vers une communauté européenne de citoyens ? Pour une approche par les sentiments - Céline Belot, Christophe Bouillaud p. 5 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les études européennes ont jusqu'ici porté une faible attention à la formation effective d'une communauté entre les citoyens européens, pour se concentrer soit sur le système politique de l'UE, soit sur la loyauté de ces derniers envers l'UE comme nouveau centre de pouvoir. Le présent article entend défendre l'idée que, dans un cadre démocratique, toutes les avancées ultérieures de l'intégration européenne (en matière de sécurité et de défense et d'« Europe sociale » en particulier) appellent l'existence d'une telle communauté de citoyens. Cette dernière doit correspondre, en accord avec la théorie de David Easton sur les systèmes politiques, à l'existence de sentiments positifs qui relient les citoyens de diverses nationalités les uns aux autres. Diverses méthodes, utilisées dans les contributions qui suivent cet article introductif, permettent de saisir l'état actuel de ces sentiments de communauté entre Européens. Elles montrent globalement que, pour l'heure, la plupart des ressortissants des pays de l'UE ne se considèrent sans doute plus comme des étrangers, mais qu'ils sont loin de se sentir des concitoyens.
      Towards a Citizens' European Community? Why we need an emotional approach European studies have given a limited attention to the actual formation of a community at the grass roots between European citizens, concentrating themselves whether on the EU political system or on the loyalty of citizens towards the EU. Throughout this article, we defend the idea that, in a democratic scenario, any ulterior breakthroughs of European integration (in security and defence matters or on ‘Social Europe' for example) call for the existence of such citizens' community. According to David Easton's theory on political systems, such a community partly derives from the existence of positive feelings which are able to link together citizens of different nationalities. Different methods, which are illustrated in the following articles, are mobilized to study the present state of these feelings of community between Europeans. On the whole and for the time being, they point out that most EU citizens nor consider one another as outright strangers, neither as outright fellow citizens.
    • Will individual attachments amongst EU citizens turn them into europeans ? - Annabelle Littoz-Monnet p. 31 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les attachements individuels entre citoyens de l'Union européenne les transformeront-ils en Européens? Discordance entre démocratie délibérative et contexte institutionnel européen A travers une lecture approfondie du modèle de patriotisme constitutionnel d'Habermas, cet article tente d'élucider le lien entre développements institutionnels européens, l'émergence possible d'une sphère publique européenne – conçue par Habermas comme la seule source de légitimité des décisions publiques et comme condition préalable au développement d'un sens civique de citoyenneté chez les Européens – et les relations affectives (‘horizontales') entre Européens. Plusieurs dynamiques sont mises en lumière. Tout d'abord, il ressort qu'au cœur de la conception habermasienne de citoyenneté supranationale se trouvent aussi les relations horizontales entre Européens, essentielles au fonctionnement de la sphère publique européenne – et sur laquelle repose le modèle d'Habermas. Cependant, si l'existence d'un attachement ‘vertical' au système politique européen – lui-même promu par les initiatives de l'Union européenne visant à la création d'une identité européenne – peut permettre aux relations affectives entre Européens de se développer, la façon dont les formes horizontales d'intégration entre individus peuvent, réciproquement, avoir un impact sur l'identification des individus à l'Union européenne en tant que projet politique est moins claire. L'article montre, en particulier, que le système institutionnel européen n'est pas propice au développement d'une forme délibérative de démocratie, dans la mesure où les institutions sont structurellement prédisposées à filtrer les discussions publiques de telle manière que les différents participants au débat public ne se sentent pas également représentés à travers le contenu des décisions politiques. Dans un tel contexte, et en imaginant même l'éventualité qu'une réelle sphère publique européenne émerge progressivement, il est peu probable que les citoyens de l'UE développent un sentiment d'appartenance à une réelle communauté de citoyens.
      Through a closer examination of Habermas's constitutional patriotism model, the article disentangles the relationship between EU institutional developments, the possible unfolding of a European public sphere - conceived by Habermas as the only source of legitimacy for binding decisions, and as a necessary prerequisite for the development of a civic sense of belonging to the EU by European citizens - and the affective (‘horizontal') relations amongst Europeans. Several dynamics are brought to light. First comes through clearly that at the core of Habermas's conception of supranational citizenship lies the unfolding of horizontal relations amongst Europeans – necessary to the functioning of the European public sphere which is central to Habermas's model. However, if it is via the development of a vertical attachment – itself fostered by European policies aimed at the creation of a European identity – that affective relations amongst citizens can also develop, the way horizontal forms of integration amongst individuals can reciprocally feed into the identification of citizens with the EU project as a political entity is less clear. The article argues, in particular, that the EU institutional context is not conducive to the development of a deliberative form of democracy, because institutions are structurally predetermined to filter public discussions in such a way that not all participants to the public debate feel represented equally by those political decisions that emerge. In such a context, and even assuming that a genuine transnational public sphere would progressively develop, citizens are unlikely to develop a sense of belonging to a genuine community of citizens.
    • Les projets transnationaux européens : analyse d'une expérience européanisante - Rosa Sanchez Salgado p. 53 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis plus de 20 ans, la Commission européenne encourage la mise en oeuvre de projets transnationaux européens dans plusieurs domaines. Cet article analyse les effets des projets transnationaux dans le domaine de l'emploi et de la formation professionnelle sur la perception de l'autre européen. En utilisant les outils d'analyse des études sur l'européanisation, nous montrons que – sous certaines conditions – la promotion d'échanges réguliers à travers les projets transnationaux a un impact considérable. Toutefois, le même type de pressions adaptatives ne conduit pas nécessairement à une seule façon de percevoir l'autre européen. Ce processus conduit à une diversité de résultats. Nous présentons dans cet article trois possibles scénarios : une identité multiculturelle, une identité européenne et une identité post-nationale.
      European Transnational Projects: a Europeanizing Experience? For over twenty years, the European Commission has been promoting the implementation of European Transnational projects in several domains. This article analyses effects of transnational projects about employment and training opportunities on the perception of the European Other. Drawing on literature on Europeanization, we show that the promotion of regular exchanges through transnational projects-when certain conditions are met- has a significant impact. However, this same kind of European pressures do not necessarily lead to one single way of perceiving the European Other. This Europeanizing experience can lead to several results and we present three possible scenarios: a multicultural identity, a European identity and a post-national identity.
    • Faut-il nécessairement "s'aimer" pour coopérer entre Européens ? Deux exemples transfrontaliers - Caroline Maury p. 75 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En constatant le décalage entre deux contextes transfrontaliers, le texte s'attache à comprendre pourquoi dans le cas de Perpignan les sentiments sont au principe de l'action transfrontalière alors qu'à Mulhouse la coopération transfrontalière fonctionne sur le registre de l'aménagement du territoire, de l'efficacité économique sans mentionner les sentiments entre voisins européens. Les raisons de ce décalage sont recherchées d'une part dans les processus de construction et d'insertion de ces territoires frontaliers dans un schéma multiniveaux complexe et d'autre part en examinant l'usage (ou le non usage) des sentiments en matière de gestion politique de ces territoires.
      Do the Europeans have to “love” each other to collaborate? Two cross-border examples Comparing two cross-border cases, the paper examines why, in the Perpignan case, cross-border policies are based on feelings whereas in Mulhouse case, these policies are justified by economic development or territory planning without any mention of “feelings” between European neighbours. To explain this gap, the paper analyses not only the definition of cross-border territories inserted in a complex multi-level scheme, but also the use (or not use) of feelings in political management of this territories.
    • L'Europe et les clandestins : la peur de l'Autre comme facteur d'intégration ? - Denis Duez p. 97 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Après avoir souligné la place de la peur dans la construction de la communauté politique d'après la théorie politique moderne, l'article revient sur le rôle de la peur de l'Autre dans l'histoire de l'intégration européenne. L'article met en évidence le caractère consensuel de la lutte contre l'immigration illégale par rapport à d'autres thématiques telles que le terrorisme ou le crime organisé transnational ; il montre comment la lutte contre les clandestins est devenue un enjeu central dans le contexte de la mise en œuvre de l'espace de liberté, de sécurité et de justice. À partir de la distinction Ami-Ennemi proposée par Carl Schmitt, l'auteur défend que l'action en matière d'immigration clandestine ne peut être réduite à une simple dimension de la politique d'immigration et d'asile mais doit être resituée dans le cadre plus large d'un discours européen sur les insécurités susceptible de contribuer au renforcement d'une communauté politique européenne.
      Europe and the undocumented migrants: Fear of the Other as a factor for integration? Having presented the role of fear in building the political community from a modern political theory perspective, the article highlights the role of fear of the Other in the history of European integration. The study draws attention to the more consensual nature of the fight against illegal migration compared to other issues such as terrorism and transnational organized crime. Thus, it underlines how undocumented migration has become a core issue in the context of the implementation of Europe's Area of Freedom, Security and Justice. Furthermore, exploring Carl Schmitt's “Friend-Enemy” distinction, the author suggests that the action towards illegal migration is not only an aspect of the European immigration and asylum policy but could also be seen as part of a broader and common European political discourse on insecurities that contributes to the strengthening of the European community.
    • De l'Allemand organisé, l'Italien romantique et l'Anglais dandy à l'Européen chrétien, fortuné et démocrate ? Le potentiel affectif des stéréotypes nationaux européens. - Isabelle Guinaudeau, Astrid Kufer p. 121 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cette contribution aborde la question de la construction potentielle d'un « nous » européen par les stéréotypes, en proposant un état de l'art permettant d'envisager une réévaluation de leur potentiel intégrateur. A l'aide d'un cadrage théorique emprunté à la psychologie sociale, des hypothèses sont proposées sur l'articulation entre stéréotypes et affects et sur la contribution possible des stéréotypes entre Européens à la formation de sentiments réciproques. Les résultats de plusieurs études empiriques sont ensuite croisés pour dresser une cartographie illustrative des stéréotypes européens, avec une discussion de leurs implications affectives au prisme des thèses de la psychologie sociale.
      From Organized German, Romantic Italian and English Dandies to Christian, Wealthy and Democrat Europeans? The Affective Impact of National and European Stereotypes This contribution deals with stereotypes as a potential vector of the construction of a European « we-feeling » by proposing a state of the art and inviting to reconsider stereotypes' integrative potential. On the basis of a framework developed by social psychology, we propose hypotheses on the articulation between stereotypes and affects and on the possible contribution of stereotypes to affective bonds between Europeans. By crossing results of several empirical studies, we draw an illustrative map of European stereotypes and discuss their affective implications in the light of social psychology.
    • L'indifférence des français et des belges (francophones) pour leurs voisins Européens : une pièce de plus au dossier de l'absence de communauté politique européenne ? - Sophie Duchesne, Virginie Van Ingelgom p. 143 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Partant du constat d'une asymétrie entre la mise en place d'une citoyenneté européenne et la persistance du cadre d'identification nationale des Européens, ce texte aborde la question des sentiments réciproques que se portent les Européens dans le cadre d'une interrogation sur les mécanismes de création d'une communauté politique européenne : est-ce qu'une « préférence pour les autres Européens » pourrait, dans le moyen terme, compenser l'absence de connaissance, d'intérêt et d'attachement des Européens pour leur Union ? L'analyse porte sur 8 focus groups réalisés en Belgique (francophone) et en France, selon une méthodologie particulière qui vise à faciliter l'expression des objets de conflit entre participants ; ces discussions sont par là même particulièrement marquées par les émotions. Les émotions manifestées par les participants à ces groupes à l'égard des autres Européens sont analysées grâce à la combinaison de trois méthodes aussi différentes que complémentaires (analyse interprétative de la dynamique des groupes, analyse automatique de texte et codification). L'analyse montre que si les Européens – et plus particulièrement les Européens de l'Ouest - sont bien présents dans ces discussions, l'intensité émotionnelle des échanges qui portent sur eux est faible et ne permet pas de nourrir la thèse de la préférence européenne. Par contre, elle suggère qu'ils ne possèdent pas (plus ?) à l'égard des Belges (francophones) et des Français la qualité « d'autres », au sens de ceux qui fondent l'identité de soi par la différence. Un résultat qui prendra un sens différent pour les tenants du post-nationalisme et ceux qui voient dans l'intégration européenne un processus similaire aux constructions nationales des siècles passés.
      French and (French speaking) Belgian lack of interest in their European neighbours: another piece of evidence for the case of the missing European political community? Starting from the asymmetry observed between the setting up of a European citizenship and the persistent national identifications of Europeans, this paper addresses the question of the reciprocal feelings of Europeans for each other within the framework of a broader question about mechanisms for the formation of a European political community: in the middle term, could some “preference for other Europeans” compensate for the fact that Europeans have little knowledge of, interest in or attachment to their Union? The analysis is based on results from eight focus groups organized in Paris and Brussels using a moderation technique to foster the expression of disagreement between participants; because they are conflictive, these discussions are characterised by their emotionality. We analyse emotions shown by participants regarding other Europeans thanks to three different but complementary techniques (interpretative analysis of the discussion dynamics; automatic content analysis; hand-made codification). The analysis shows that if Europeans – and more specifically Western Europeans – are indeed discussed, this happens without much display of emotion thereby limiting support for the thesis of European preference. However, this does suggest that, as far as the French and the (French speaking) Belgians are concerned, Western Europeans do not (no longer?), belong to the “others” category, in the sense of people who contribute to the self-definition, the making of “us”, by differentiation. This result will be interpreted differently by post-nationalists and by those who consider European integration to be a process similar to nation-building in past centuries.
    • "Plus on se connaît, plus on s'aime ?" - Bruno Cautres p. 165 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La « confiance mutuelle » entre les peuples européens est un thème porté, dès son origine, par l'Eurobaromètre. Les travaux pionniers d'Inglehart et de Rabier ont montré que cette « confiance mutuelle » était un ressort essentiel de la construction d'un « nous collectif » européen, mais aussi qu'elle varie en fonction des pays. Ce « nous collectif », est par ailleurs souvent mis en exergue dans la littérature académique comme un élément important du soutien diffus à l'intégration européenne. Peu de recherches ont été entreprises sur cette question dans la littérature récente d'analyse des opinions des citoyens européens sur l'Europe. Cet article souhaite montrer, à partir des données de l'Eurobaromètre le plus récent disponible pour l'étudier, que la « sympathie » éprouvée pour les autres pays européens (pays de l'ex UE15) constitue un bon indicateur de « confiance mutuelle » et permet d'en saisir les logiques, notamment historiques, culturelles et territoriales. Les « affinités électives » entre groupes de pays que l'on découvre s'expliquent à partir d'une analyse géométrique des données et à partir de modèles de gravité tenant compte de la distance entre capitales européennes et de leur poids démographique.
      « The more we know, the more we love? Laws of elective affinities between European countries ». « Mutual trust » between the European people is a carried topic, from its origin, by the Eurobarometer serie of surveys. Seminal works of Inglehart and Rabier showed that this “mutual trust” an essential element of building of a European « we-feeling», but also that it varies according to countries. This “we-feeling” sentiment is said by the academic literature to be an important piece of citizens diffuse support towards the EU. Unfortunatly, few researches were undertaken on this question in the recent literature devoted to the analysis of the opinions of the European citizens on Europe. This article likes to show, from the data of the most recent available Eurobarometer to study it, that “sympathy” felt for other European countries (ex UE15) constitutes a good indicator of “mutual trust” and allows the understanding of historical, cultural and territorial logics of it. « Elective affinity » between groups of countries can be discovered from a geometrical data analysis and from the use of gravity models, proposed by political economy.
    • Une passion partagée, des identités ambigües. Enjeux européens du football contemporain - Albrecht Sonntag p. 191 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Reconnu tardivement par les sciences sociales comme objet d'étude, le football se révèle aujourd'hui être un thème de recherche riche en significations pour les études européennes. Il permet de susciter une analyse pertinente non seulement sur le plan des politiques publiques, en raison de l'intérêt accru que lui portent les institutions communautaires, mais aussi, en tant que pratique sociale largement partagée, sur le plan des liens affectifs et horizontaux entre Européens. Si les manifestations massives d'appartenance collective que déclenchent ses grandes compétitions semblent à première vue renvoyer vers une propension du football à donner expression à un nationalisme fermé, voire agressif, le comportement des individus qui forment les foules du football est plus ambigu et permet de formuler un certain nombre d'hypothèses de recherche. Le football peut ainsi être comparé à une « béquille identitaire » qui permet de rendre compréhensible et humainement pensable la dissociation très abstraite entre appartenance culturelle (nationalité) et allégeance politique (citoyenneté) réclamée par les tenants de la « constellation postnationale » (Habermas). Il permet aussi de vivre son appartenance nationale et le besoin social d'exprimer celle-ci sur un mode distancié, ironique. Il constitue, enfin, une illustration surprenante de la théorie de la « réflexivité postmoderne » (Giddens), dans la mesure où il permet aux acteurs sociaux de procéder à une révision permanente de leurs propres pratiques en s'appropriant et intériorisant de nouvelles connaissances sur ces mêmes pratiques produites par les sciences sociales. Le football, cette passion partagée par un très grand nombre d'individus, montre ce que la culture populaire au sens le plus large pourrait apporter à une meilleure connaissance des rapports affectifs entre Européens, ouvrant ainsi des pistes intéressantes pour la recherche.
      Shared Passion, Ambiguous Identities. Contemporary Football and European Studies At the beginning of the 21st century football represents a meaningful and relevant topic for the field of European Studies, both in terms of European public policy, following the increasing interest for all aspects of football governance shown by the European institutions, and as one of the continent's most widely shares social practices that contributes to shaping mutual perception patterns and creating affective bonds between Europeans. While the massive display of collective feelings of belonging that are triggered by each of its major competitions seem to point towards a capacity of football to provoke feelings of aggressive nationalism, it appears that the behaviour of the individuals who form the crowds of football supporters is more ambiguous than it seems at first sight. This analyses allows to formulate a set of hypotheses: football may thus be compared to an « identity crutch » that allows to make humanly understandable the very abstract distinction between cultural belonging (nationality) and political allegiance (citizenship) promoted by the theorists of the « postnational constellation » (Habermas). It also allows individuals to develop an ironic attitude and adopt a critical distance toward their own national belonging and the social need to express it publicly. Finally it constitutes a surprisingly pertinent illustration of the theory of « postmodern reflexivity » (Giddens) by allowing social agents to proceed a permanent revision of their social practices in the light of new findings about these very practices generated by the social sciences. Football, this passion shared by a very large number of individuals, gives evidence for the contribution the study of popular culture in its largest sense could bring to a better understanding of affective bonds between Europeans and opens a series of interesting perspectives for future research.
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