Contenu du sommaire : Économie du développement et de la transition

Ce papier présente un état des lieux de la performance économique de l'Afrique depuis l'indépendance en des termes qui mettent l'accent sur l'importance du facteur géographique. La géographie physique et la géographie humaine de l'Afrique présentent des traits caractéristiques. La géographie physique montre non seulement de la spécificité, mais également de la diversité entre les pays. En comparaison de ce que l'on peut observer dans d'autres régions du monde, la part relativement élevée des pays à la fois pauvres en ressources et enclavés contribue à une perte de croissance de l'ordre d'un point de croissance du PIB régional. Du point de vue de la géographie humaine, la situation africaine est sans doute assez distinctive, mais en réalité assez peu différenciée entre les pays. Presque tous les pays africains ont en effet une population faible par le nombre et présente une forte diversité ethnique. Corollaire de la petitesse des États, l'application des politiques de réformes et la sécurité intérieure se sont avérés être des objectifs difficiles à réaliser.

Cet article compare l'allocation réelle de l'aide à deux allocations normatives en termes de réduction optimale de la pauvreté : l'une fondée sur un principe d'efficacité et de sélectivité (Collier et Dollar, 2001) et l'autre sur l'égalité des chances (Cogneau et Naudet, 2007). Sur la période 1996-2004, l'allocation observée de l'aide s'avère mieux corrélée à une allocation suivant un principe d'égalité des chances devant le risque de pauvreté. De surcroît, l'analyse économétrique de l'influence des différents facteurs déterminant les allocations normatives confirme que l'allocation observée est plus proche d'une allocation selon l'égalité des chances, même si des différences apparaissent entre certains bailleurs de fonds pris individuellement.

Cet article présente la première estimation de la distribution mondiale du nombre d'années d'éducation par individu, en tenant compte des inégalités à l'intérieur des pays et entre pays. Les estimations concernent cette distribution de 1870 à 2000. La distribution en 1870 était très inégale parce que 75% de la population mondiale était illettrée. La part du 5e quintile atteignait 90% et le coefficient de Gini 0.79. L'inégalité a beaucoup baissé depuis : en 2000 le coefficient de Gini est de 0.40 et la part du 5e quintile est de 40%. Le pourcentage d'analphabètes comme celui de très pauvres (moins de 1 dollar par jour) sont passés en 130 ans de 75% à 20%. La répartition de l'éducation a complètement changé : en 1910 les ¾ des individus ayant fait des études secondaires (soit le 10e décile mondial) étaient des occidentaux d'origine européenne. En 2000 il y a nettement plus d'asiatiques que d'occidentaux d'origine européenne parmi les individus ayant fait des études supérieures (soit le 10e décile mondial).

L'étude examine l'impact de la pauvreté sur le travail des enfants en 1998 et 2003. Premièrement, l'« axiome de luxe » semble relativement robuste. L'analyse économétrique spatiale montre que la proportion des enfants de 5-14 ans économiquement actifs est supérieure dans les ménages « pauvres », comparativement aux « non pauvres ». Deuxièmement, le travail des enfants peut être le reflet d'une stratégie des ménages visant à minimiser le risque d'interruption du flux des ressources. Ces résultats doivent être rapprochés, d'une part, de l'augmentation de la pauvreté globale entre 1998 et 2003, accompagnée d'une baisse de la pauvreté durable, et d'une croissance de la pauvreté transitoire, et, d'autre part, du ralentissement du rythme du processus de redistribution, via les envois de fonds de Côte d'Ivoire.

La société péruvienne, caractérisée par une répartition très inégalitaire des revenus, est-elle également une société injuste au regard du critère d'égalité des chances ? L'article s'interroge sur le rôle de l'origine sociale sur la mobilité occupationnelle des individus au cours de 5 ans de carrière. En effet, différents travaux suggèrent que l'origine sociale n'a pas un effet forcement décroissant au cours du cycle de vie et qu'elle peut continuer à influencer le déroulement de la carrière professionnelle, même après qu'elle ait exercé une influence sur l'éducation et le premier emploi. L'article cherche à tester si l'origine sociale est déterminante dans l'évolution de la carrière, même après avoir contrôlé ses effets sur les étapes antérieures du cycle de vie.

Dans cet article, nous étudions les rendements salariaux au capital santé, mesuré par l'indice de masse corporelle, et à la nutrition, mesurée par la consommation de kilocalories, dans un panel de travailleurs chinois issu des China Health and Nutrition Surveys de 1991 et 1993. Nous mettons en oeuvre la procédure économétrique de Semykina et Wooldridge (2005) qui tient compte simultanément de l'hétérogénéité individuelle inobservable, du biais de sélection et de l'endogénéité. Nos résultats démontrent que les rendements à la santé et à la nutrition sont limités en Chine au secteur privé, et qu'ils ne sont pas présents dans le secteur étatique, assujetti au dirigisme centralisé.

Cette étude analyse l'inégalité intrafamiliale à l'aide de données subjectives. Nous utilisons une question relative au revenu individuel de chaque membre du ménage en faisant l'hypothèse que les réponses à cette question donnent une information pertinente sur le partage effectif du revenu au sein du ménage. A partir d'un modèle collectif incluant la production domestique, et en utilisant des données russes, le Russian Longitudinal Monitoring Survey, nous montrons que, conformément aux résultats du modèle, le rapport des taux de salaires entre les deux conjoints est un facteur déterminant dans l'explication des divergences dans les réponses quant au niveau de revenu entre les deux membres du couple. Nous trouvons également un effet significatif de la différence d'âge entre les conjoints.

Un modèle d'équilibre général microsimulé dynamique est utilisé pour étudier les effets potentiels de l'élimination complète des tarifs douaniers sur la pauvreté et l'inégalité au Sénégal. Le modèle est calibré à l'aide d'une matrice de comptabilité sociale de 1996 et d'une enquête auprès de 3278 ménages de 1995. Les résultats indiquent une baisse du bien-être et une augmentation de la pauvreté à court terme. A long terme, les effets de croissance captés par le modèle entraînent une expansion des secteurs de l'industrie et des services, et une diminution importante de la pauvreté. Toutefois, la décomposition des résultats montre que la contribution de la redistribution à l'allégement de la pauvreté est négative.

Ce travail s'inscrit dans le prolongement des travaux de Prebisch et Singer sur la dégradation des termes de l'échange des pays en développement. Un modèle de théorie des jeux visant à expliquer la détérioration du prix de la fève de cacao par rapport à celui de la tablette de chocolat observée sur le marché français, est proposé. Une implication du modèle est que les prix de la matière première et du produit fini dépendent du pouvoir de marché respectif du principal producteur mondial, la Côte d'Ivoire, et des industriels du cacao. Il en découle un système d'équations permettant de tester le pouvoir de marché de la Côte et des industriels. Les résultats économétriques amènent à distinguer deux régimes de formation des prix. Dans la période 1960 – 1985, la Côte d'Ivoire joue un rôle dominant. Elle perd ensuite progressivement son pouvoir de marché au profit des transformateurs.

Les pays de l'UEMOA ont adopté, en 1999, un pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité. Le but premier du pacte est d'imposer des contraintes aux politiques budgétaires nationales de manière à prévenir les déséquilibres macro-économiques et préserver la crédibilité de la monnaie commune. Si les efforts budgétaires peuvent entraîner une récession par la mise en jeu des multiplicateurs keynésiens, des effets de seuil peuvent également exister dans la relation entre la politique budgétaire et l'activité. L'objectif de cet article est de tester un modèle dans lequel les effets de la politique budgétaire sont conditionnels au taux d'endettement public externe. En appliquant la logique de modélisation des seuils endogènes, initialement développée par Hansen (1999), il apparaît qu'en moyenne les États africains ont exercé une influence de type keynésien sur le produit intérieur lorsque le taux d'endettement est inférieur à 83 %.