Contenu du sommaire : Recompositions identitaires dans les sociétés post-conflictuelles : ex-combattants, héros et exil

Revue Revue internationale des sciences sociales Mir@bel
Numéro no 189, septembre 2006
Titre du numéro Recompositions identitaires dans les sociétés post-conflictuelles : ex-combattants, héros et exil
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Résumés - p. 417
  • Editorial - p. 421 accès libre
  • Les politiques de développement social : un nouveau défi pour les sciences sociales - Thandika Mkandawire p. 427 accès libre
  • Commentaires sur la présentation de Thandika Mkandawire - Évelyne Huber p. 439 accès libre
  • Sciences sociales, mondialisation et régionalisme. Réflexions sur le discours liminaire d'Alain Touraine - Anis Ahmad Dani p. 443 accès libre avec résumé
    Dans son allocution liminaire au Forum international sur les interfaces entre sciences sociales et politique, qui s'est tenu en Argentine et en Uruguay en février 2006, Alain Touraine a souligné le trait dominant du capitalisme dans les processus contemporains de transformation mondiale. Il a soutenu que, de ce fait, la distance qui sépare les forces de l'économie mondiale de l'univers social et politique fragmenté a pris une telle dimension que les grandes institutions sociales ont volé en éclats. Répliquant à Touraine, Anis A. Dani exprime une vue plus positive sur la mondialisation qui, si l'on tient compte de la diversité des perspectives et des impacts régionaux, offre des possibilités autant qu'elle soulève de problèmes. Il se peut en particulier que la nécessité où se trouvent les États de travailler ensemble sur des questions d'intérêt commun offre des réponses à beaucoup des craintes exprimées par ceux qui se méfient d'une mondialisation guidée par le marché.
  • Document : Rapport synthétique sur le thème de l'articulation entre politiques et sciences sociales

    - p. 447 accès libre
    • Introduction - Laetitia Bucaille p. 459 accès libre avec résumé
      À l'image d'une majorité de Blancs sud-africains, les militaires et les policiers qui ont servi sous l'apartheid admettent que la démocratie non raciale est un système plus légitime que le système d'apartheid. Comment rendre compte de sa participation à la guerre ou à la répression lorsqu'on cherche à se désolidariser d'un régime décrit comme injuste et oppressant pour les Noirs ? En cherchant à se démarquer du système, les anciens militaires tentent d'évacuer toute question quant à leur responsabilité individuelle. Du fait de cette distanciation, l'énonciation d'une identité collective est malaisée. Pour autant, militaires et policiers ne renoncent pas à tirer une fierté des combats qu'ils ont menés. Afin de conserver l'estime d'eux-mêmes, ils tentent de concilier des positions contradictoires, plaidant non coupable quant à l'apartheid et s'attribuant du mérite pour avoir participé à la guerre entreprise par les responsables du régime. Le tour de force consiste à assumer un conflit auquel on a participé tout en le dissociant de sa portée idéologique. Aussi, le discours est profondément ambivalent, il allie des analyses conservatrices, ou même réactionnaires, à une acceptation du nouveau système et à une adhésion aux valeurs véhiculées par la nouvelle démocratie, voire à une appropriation du miracle sud-africain.
    • Policiers et militaires de l'apartheid. La place des perdants dans la nouvelle Afrique du Sud - Laetitia Bucaille p. 467 accès libre
    • Pérenniser les dividendes du conflit ? Les chemins de reconversion des paramilitaires nord-irlandais - Elise Féron p. 481 accès libre avec résumé
      Alors que l'accord « du vendredi saint » signé en 1998 par les principaux acteurs du conflit nord-irlandais évoquait clairement la question de la réinsertion des membres des groupes armés, les problèmes générés par cette reconversion demeurent à ce jour irrésolus, et largement tabous. Aux yeux de toute une partie de la population, ces (anciens) membres de groupes armés peuvent être assimilés à des criminels de droit commun, et de fait, nombre d'entre eux se sont orientés vers des activités de type criminel, comme le racket ou le trafic de drogues. L'attention médiatique que ces activités attirent rejette cependant dans l'ombre l'investissement important qu'ils réalisent dans d'autres secteurs, afin d'exploiter au mieux leur insertion dans le tissu politique, économique et social : beaucoup travaillent dans le cadre des programmes « pour la paix » financés par l'État britannique ou l'Union européenne, tandis que d'autres sont particulièrement actifs dans le champ politique, associatif ou culturel. Si ces différents chemins de reconversion paraissent insuffisants pour perpétuer ou même renouveler leur identité collective, ils leur permettent néanmoins de mettre en récit et en perspective leur propre guerre, et de réexaminer le sens d'un combat qu'ils ont parfois mené durant plusieurs décennies.
    • Après la guerre d'Algérie. La diversité des recompositions identitaires des pieds-noirs - Eric Savarese p. 491 accès libre avec résumé
      Les recompositions identitaires des pieds-noirs renvoient aux mutations vécues au sein d'un « groupe » récent, et composé d'individus très disparates : il n'existe ni vote, ni identité, ni mémoire pied-noir. Mais, d'une part, il existe des stratégies identitaires visant, notamment via l'invention d'une tradition, à transformer un ensemble de personnes hétéroclite en groupe homogène, des stratégies qui sont d'ailleurs notamment contestées par des pieds-noirs qui ne s'estiment pas représentés par les associations de « rapatriés ». De plus, certains traumatismes identitaires traversent une partie des individus recensés comme pieds-noirs, des individus qui, confrontés aux séquelles d'une guerre d'Algérie tragique, identifient immigration algérienne et retour des anciens « rebelles » – les « fellagas » – dans l'ancienne métropole.
    • Quand la paix se construit sur l'oubli des démobilisés : anciens guérilleros et anciens soldats dans la société salvadorienne de l'après-guerre - David Garibay p. 501 accès libre avec résumé
      La fin négociée de la guerre civile au Salvador s'est construite sur un double processus de démilitarisation et de démocratisation. Il a permis de mettre fin au conflit armé et a donné l'occasion à la guérilla de devenir un parti politique et de participer aux élections. Le caractère exemplaire de ce processus du point de vue militaire et institutionnel a occulté le devenir des anciens combattants démobilisés, soldats ou guérilleros. Les programmes individuels de réinsertion ont été marqués par des retards. Ils n'ont pas donné la possibilité aux anciens combattants de trouver une place dans la société de l'après-guerre. Or, ces difficultés sont renforcées par le fait que la mémoire des années de conflit entretenue par les acteurs de la vie politique est celle d'une opposition idéologique très marquée, mais où la figure de ceux qui ont combattu est marginalisée. Les mobilisations de ces derniers sont de fait soit contrôlées par les partis, soit réprimées par le pouvoir. Et les actions d'anciens combattants, la valorisation de leur rôle, la construction d'une identité collective liée à leur participation au conflit armé sont d'autant plus difficiles dans le Salvador de l'après-guerre que le pays souffre de niveaux très importants de violence, liée à la délinquance.
    • L'ombre des héros : après-guerre et anciens combattants en Bosnie-Herzégovine - Xavier Bougarel p. 513 accès libre avec résumé
      La « population combattante » (anciens combattants, invalides de guerre, familles de combattants morts) occupe une place centrale dans la société bosnienne d'après-guerre, tant sur le plan numérique que symbolique. Pendant la guerre, les trois armées en présence ont instauré de nouveaux systèmes de prise en charge des combattants et de leurs familles et ont redéployé les modèles militaristes hérités de la période communiste. L'émergence de la population combattante comme groupe social spécifique s'est accélérée dans les premières années d'après-guerre, et s'explique tout à la fois par son expérience de la violence, son statut juridique et symbolique, et son insertion dans divers réseaux associatifs. À la fin des années 1990, la dégradation du statut matériel de la population combattante et sa perte progressive de prestige ont conduit à une grave crise d'identité. En 2001-2002, suite à la victoire électorale du Parti social-démocrate (sdp) en Fédération, les associations d'anciens combattants ont soutenu les velléités sécessionnistes de la Communauté démocratique croate (hdz), et se sont vivement opposées à la réforme du système de pensions militaires. Mais les anciens combattants participent aussi de façon plus informelle aux évolutions de la société bosnienne, et peuvent même jouer un rôle important dans les médiations intercommunautaires.
    • La figure du Juste au Rwanda : héros, traître ou inconnu ? - Valérie Rosoux p. 525 accès libre avec résumé
      L'article s'interroge sur la portée et les limites de la figure du Juste au Rwanda. Dans quelle mesure la référence à cette figure permet-elle de favoriser la reconstruction nationale ? La réflexion se structure autour de trois parties. La première se concentre sur le rôle de la communauté internationale (ong, journalistes, scientifiques étrangers) dans l'émergence de cette figure. La deuxième partie tente de cerner l'épaisseur sociale d'un tel découpage de la réalité. Comment s'articulent représentation publique et mémoire vive du phénomène ? Quelle est notamment l'attitude des rescapés à l'égard de cette « figure de la réconciliation » ? La troisième et dernière partie épingle certains usages politiques de cette figure. Comment les représentants officiels rwandais se réfèrent-ils à ceux qui incarnèrent peut-être le Rwanda au moment même de son embrasement ? L'analyse montre que, loin de susciter le moindre consensus parmi la population, ce type de commémoration révèle les fractures en présence. Douze ans après le génocide, la référence au passé, quelle qu'elle soit, continue de diviser.
  • Tribune libre

    • Communautés et entreprises : les a priori qui faussent les outils d'évaluation d'impact - Irmgard Bauer et Katie Thomas p. 535 accès libre avec résumé
      On trouvera ici un examen et une estimation détaillés des principaux outils utilisés à l'échelon international et national pour évaluer l'impact des projets de développement sur les communautés. Il s'agissait de déterminer si les outils disponibles permettent véritablement de détecter et mesurer cet impact sur une large gamme de ressources communautaires. Des manuels d'évaluation d'impact environnemental, d'impact sur l'hygiène du milieu, d'impact social et d'impact sur la santé ont été examinés. On a retenu comme critères d'estimation le type d'indicateurs utilisés par l'outil, le stade auquel les communautés ont participé au processus d'évaluation et la question de savoir si les évaluations ont été mises en œuvre dans une perspective interne (celle de la communauté locale) ou externe (celle des experts). Les conclusions de ce bilan sont que les directives incluent rarement des indicateurs détaillés de mesure et de suivi, notamment des indicateurs sanctionnés par la communauté. En outre, il est encore rare de trouver des évaluations d'impact incluant des critères qui soient importants pour la communauté plutôt que pour les promoteurs ou les experts extérieurs. L'examen a démontré que même si la nécessité de faire participer la communauté cible au processus d'évaluation a été reconnue au cours des dix à vingt dernières années, il reste à fixer des critères rigoureux permettant de valider les évaluations impulsées par la communauté.
    • Éducation à l'environnement des adolescents d'une communauté forestière du Mexique - Isabel Ruiz-Mallén et Laura Barraza p. 551 accès libre avec résumé
      L'éducation permet d'acquérir des connaissances et favorise l'évolution des attitudes mais encore faut-il qu'il existe au préalable un sentiment de responsabilité individuelle et collective à l'égard des problèmes d'environnement. San Juan Nuevo Parangaricutiro est une communauté autochtone de l'ouest du Mexique dont l'entreprise forestière communale (efc) pratique une forme d'exploitation durable de ses forêts qui lui a valu une notoriété internationale. Pourtant, des recherches récentes ont montré qu'aussi bien les jeunes que les enfants de cette communauté ont un faible niveau de connaissance de ces problèmes, ne participent guère aux activités forestières et ne souhaitent pas prendre la relève de leurs parents dans cette entreprise. Nous avons évalué les processus d'éducation à l'environnement de 32 jeunes des classes terminales dans trois contextes différents : l'école, le foyer et l'entreprise forestière. Nous avons également analysé en utilisant diverses méthodes (questionnaires, observations et entretiens) l'opinion des maîtres et des adultes sur l'enseignement des questions se rapportant à la gestion des forêts communales. Les résultats montrent que les jeunes considèrent aussi bien l'école que le foyer comme des centres importants d'apprentissage. Pourtant les problèmes d'environnement n'y sont guère abordés, pas plus en classe que dans les conversations avec les parents. En outre, il n'y a aucun lien entre les activités de l'efc et les programmes scolaires.
  • Lecture

    accès libre
  • Les numéros parus - p. 569