Contenu du sommaire : L'armée française

Après les drames de la décolonisation et le sommeil de la guerre froide, les armées françaises sont confrontées à la gestion des crises contemporaines face aux menaces asymétriques et astreintes à la protection de leurs concitoyens face au terrorisme. Terriens, marins et aviateurs s'adaptent de manière différente à ces risques nouveaux, sans perdre de vue le retour à un emploi plus radical de la force, si une menace sur nos intérêts vitaux y contraignait notre pays. Notre Armée peut-elle faire face, seule, sous contrainte budgétaire et démographique, à une telle diversité de défis ?

Du pouvoir politique et de l'armée, qui décide ? Sous les IIIe et IVe Républiques, le pouvoir politique se gardait bien de pénétrer le « périmètre sacré » des généraux, la conduite des opérations militaires. La Ve République, sous l'impulsion du général de Gaulle, opère un tournant majeur dans les relations entre le pouvoir civil et les chefs militaires. L'ordre politique prend le pas sur l'ordre militaire. Que le pouvoir civil ne puisse contrôler le moindre rouage du ministère de la Défense est une évidence. Mais l'idée d'un pouvoir civil avalisant sans discussion les propositions des états-majors ne correspond pas à la réalité.

Le budget de défense d'une nation vaut moins par son niveau que par ce qu'il recouvre vraiment. Plus qu'un autre, il est la résultante de décisions passées et porte en lui les incertitudes de l'avenir. Une restauration significative du nerf de la guerre ne doit pas exclure une révision radicale de sa conception.

La compréhension des rapports entre armées et industrie de défense, qui est une interrogation commune à beaucoup des sociétés contemporaines, passe dans le cas de la France par la prise en compte du rôle assumé par la Délégation générale pour l'armement. Même si on retrouve dans notre pays certaines des logiques qui caractérisent ces rapports dans d'autres contextes, la dga, aujourd'hui comme dans les années 1960, apparaît comme un agent déterminant des équilibres entre les différents protagonistes des politiques d'armement.

Les opérations militaires extérieures, autrefois totalement légales et légitimes, ont changé de signification au XXe siècle avec l'interdiction du recours à la force dans les relations internationales ; elles n'ont pas pour autant disparu mais ont changé de sens et de signification. La France y voit un moyen de continuer à exister comme puissance, mais essaie de donner une mission d'intérêt général à ses opérations extérieures. Il semble nécessaire qu'il y ait un cadre légal et multilatéral et qu'elles apparaissent légitimes à l'opinion publique, reste que les opérations qui durent trop longtemps risquent d'être contestées à l'intérieur et combattues, y compris militairement, à l'extérieur.

La France a fait de la construction de l'Europe de la défense un axe prioritaire de sa politique étrangère. Elle joue un rôle moteur dans le développement de la Politique européenne de sécurité et de défense (pesd). L'adaptation de l'armée française s'inscrit ainsi de plus en plus dans un horizon européen, tant sur le plan opérationnel que sur le plan institutionnel, avec la participation des armées aux forces et structures communes. L'horizon européen s'est cependant obscurci ces derniers mois, l'Europe de la défense faisant du surplace ou révisant à la baisse ses ambitions. La relance de la défense européenne souhaitée par la France, qui pourra s'appuyer sur les acquis du traité de Lisbonne, suppose qu'elle clarifie ses choix en matière de coopération militaire.

La doctrine militaire et les réflexions doctrinales occupent une place de premier plan dans les profondes transformations que les armées ont connues en France depuis les années 1990. L'objectif de l'article est de contribuer au débat doctrinal en abordant trois enjeux. Il s'agit, d'abord, de définir la doctrine militaire et de souligner ses implications stratégiques et politiques. On présente, ensuite, les principales caractéristiques du renouveau de la réflexion doctrinale en France, en particulier dans l'armée de terre depuis 1999. Enfin, l'article propose une réflexion critique sur la notion de guerre dans la société, d'une part, et sur les rapports entre les logiques politiques et les logiques militaires, d'autre part.

Les relations armées-société sont l'objet de nombreuses interrogations depuis la professionnalisation des armées décidée en 1996, les militaires craignant un affadissement de l'intérêt des Français pour la défense de leur pays. Cet article tente d'apporter des réponses pragmatiques aux questions suivantes : de quoi est-il question sous ce terme de relations armées-société qui a remplacé en partie celui de lien armée-nation ? Comment rendre compte le plus objectivement possible de l'état de ces relations ? Pourquoi se préoccuper des relations existant entre les armées et la société civile ?

Les militaires sont des citoyens et des agents publics particuliers. Les règles qui codifient leur statut ont pour objectif d'encadrer l'activité militaire en maintenant un équilibre entre les droits et sujétions qui lui sont attachés. Le statut général des militaires, révisé en 2005, a procédé à une adaptation des droits dans le respect de principes jugés intangibles tels que la discipline, la loyauté, la neutralité et la disponibilité. Quels facteurs liés à la professionnalisation et à l'évolution de la société ont conduit à la révision du statut ? De quels droits sociaux les militaires français disposent-ils aujourd'hui ?