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Revue | Revue Française de Science Politique |
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Numéro | 30e année, n°6, 1980 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le dépérissement de l'État. À propos de L'acteur et le système de Michel Crozier et Ehrard Freidberg - Bruno Jobert, Jean Leca p. 1125-1170 La sociologie de Michel Crozier provoque les politistes à une nouvelle réflexion sur leur objet. Elle analyse la société comme un réseau de « systèmes et action » qui sont tous politiques, mais où aucun centre politique n'est décelable. Ceci découle, entre autres, d'une conception particulière du Pouvoir, considéré comme le contraire de la contrainte ; des systèmes d'action, dont le fonctionnement n'est pas déductible des positions occupées par les acteurs dans la structure sociale ; du changement social, analysé comme contingent, indéterminé et maîtrisable par de multiples initiatives fondées sur des finalités vécues et non sur des valeurs et des idéologies. La sociologie de Michel Crozier refuse également le modèle de l'acteur rationnel et celui du système contraignant ; de même, elle rejette tout modèle de changement social rendant compte des ruptures en termes de contradictions centrales menant à des conflits radicaux et recommandant le gouvernement par le changement de structures. Elle conduit ainsi à une « théorie non politique du politique » d'où a disparu toute référence aux problèmes de l'intérêt général, de la légitimation, de la communauté politique, de la citoyenneté, des rapports entre pouvoir et domination, de la polarisation des conflits. II en résulte la conception d'un système politique sans contenu propre, variable neutre entre les déterminants massifs que constituent les traits culturels et les grandes régulations économiques, d'une part, et les systèmes d'action indéterminés et arbitraires d'autre part. La sociologie de Crozier réalise ainsi une « sublimation de la politique », correspondant à la crise de l'Etat et de la théorie hégélienne qui lui est liée. C'est la sociologie d'un dépérissement (imaginaire ?) de l'Etat.control by many different initiatives based on actual finalities and not on values and ideologies. The sociology of Michel Crozier also rejects the model of the rational actor and that of the constraining System ; similarly, it rejects all models of social change which account for breakdowns in terms of central contradictions leading to radical conflicts and recommending the government through structural change. It leads therefore to a " non-political theory of the political " lacking any reference to questions of general interest, legitimisation, the political community, citizenshig, relations between power and dominion, and conflict polarisation. The result is the concept of a political system without any specifie content, a neutral variable between the massive determinants comprised by cultural traits and the major economie controls on one hand, and indeterminate and arbitrary Systems of action on the other. Crozier's sociology thus achieves a " sublimation of politics ", corresponding to the crisis of the State and of the related Hegelian theory. It is the sociology of an (imaginary) withering away of the State.
- La sociologie de Pierre Bourdieu : éléments pour une théorie du champ politique - Jean-Yves Caro p. 1171-1197 Dans les formations sociales occidentales le champ politique participe à la reproduction de la domination d'une classe sur les autres en produisant un enjeu spécifique, la légitimation électorale, à la fois cantonné à sa dimension symbolique et maîtrisé par la classe dominante. Le paradigme sociologique de Pierre Bourdieu permet d'approfondir l'analyse de cette domination spécifique en reliant ses ressorts principaux au procès général de domination symbolique. Sans nier les particularités des objets de la science politique, cette approche introduit dans leur saisie théorique des contraintes importées de la sociologie générale. L'entreprise semble doublement intéressante : d'une part, la recherche de cohérence avec les autres régions de la science sociale est un objectif scientifique qui, à lui seul, justifierait de telles tentatives ; d'autre part, la valeur heuristique de ces contraintes peut être mise en évidence. Outre les résultats déjà acquis par Bourdieu, en témoigne la possibilité d'une compréhension originale de la « politique spectacle ».The sociology of Pierre Bourdieu : factors in constructing a theor y of the political field Jean-Yves Caro In Western social formations, the political field helps to perpetuate the domination of one social class over the others by producing a specifie condition ? electoral legitimisation ? which is both confined to its symbolic dimension and controlled by the dominant class. Pierre Bourdieu's sociological paradigm allows this specifie domination to be more thoroughly analysed by linking its major motives with the general case of symbolic domination. While not denying the particularities of the objects of political science, this approach brings into their theoretical perception constraints imported from general sociology. This undertaking would seem valuable on two counts ; in the first place, seeking consistency with other areas of social science is a scientific objective which in itself justifies such aims and, secondly, the heuristic value of these constraints can be demonstrated. In addition to the results already accomplished by Bourdieu, evidence of this is furnished by the possibility of an original understanding of " spectator politics ".
- La rationalisation de l'inconduite : comprendre le statut du politique chez Pierre Bourdieu - Frédéric Bon, Yves Schemeil p. 1198-1228 La condamnation prononcée par Pierre Bourdieu contre la science politique est sans appel : « science officielle » ou « art du praticien », celle-ci ne saurait prétendre au statut de discipline scientifique constituée. Par son inconduite manifeste envers les politologues, Pierre Bourdieu leur pose deux questions qu'ils ne sauraient éluder : la science politique est-elle une entreprise de légitimation de l'univers politique et de la hiérarchie sociale qui le fonde ? Est-il possible de construire une science politique à partir de la théorie sociale de Bourdieu ? La première interrogation suscite une réponse provisoire : la charge de la preuve reste à l'accusation, car la science politique académique ne se reconnaît guère dans le portrait que trace Pierre Bourdieu de la discipline. Le second problème trouve sa solution dans un examen détaillé du concept de « champ ». Au terme de l'analyse, la sociologie de Pierre Bourdieu, dans son esprit comme dans sa lettre, invalide le projet même de construire une science politique.The rationalisation of misconduct : understanding the status of politics according to Pierre Bourdieu Frédéric Bon, Yves Schemeil Pierre Bourdieu 's condemnation of political science is final ; as an " official science " or " practitioner's art ", it cannot claim the status of an established scientific discipline. Through his evident misconduct with respect to political scientists, Pierre Bourdieu asks them two questions that they cannot evade : is political science an enterprise aimed at legitimizing the political world and the social hierarchy on which it is founded ? Is it possible to construct a political science on the basis of Bourdieu's social theory ? The answer to the first question must be provisional ; the prosecution must prove its case, for academie political science is hardly recognizable in the portrait of the discipline drawn by Pierre Bourdieu. The answer to the second question lies in a detailed study of the concept of " field ". The conclusion of this analysis is that, in both spirit and letter, Pierre Bourdieu's sociology quashes the very proposal to construct a political science.
- Nécessaire mais non suffisante : la sociologie des « effets pervers » de Raymond Boudon - Pierre Favre p. 1229-1271 comme suffisante, pour l'analyse des faits politiques et sociaux, la sociologie des effets pervers.Raymond Boudon's socjology of " perverse effects " Pierre Favre Notably in his book entitled " Effets pervers et ordre social " (Perverse effects and social order), the sociologist Raymond Boudon proposes to make the perverse effect concept ? an unintended and unforeseen effect stemming from the aggregation of individual behaviours ? one of the main tools of sociological analysis. Although certain methodological irrégularites detract from Boudon's demonstrations, it remains that explaining the mechanism of situation logic is a positive contribution to the understanding of political phenomena. However, Boudon's refusal to attach any importance to the circumstances in which the structures of interaction take shape and his similar refusal to take into account the effect of the dispositions of the actors in these same interaction structures make it impossible to consider the sociology of perverse effects as adequate for analysing political and social effects.
- Sociologie de la classe dirigeante en URSS - Étienne Criqui p. 1272-1300 A la veille du XXVIe Congrès du PCUS et plus de quinze ans après la chute de Khrouchtchev, il était tentant d'entreprendre une étude sociologique de la classe dirigeante en URSS (membres du comité central du parti et du gouvernement fédéral). Cette classe dirigeante constitue une sorte d'« intelligentsia » masculine, très peu représentative de la population soviétique et même du seul PCUS. D'autre part et surtout, cette « intelligentsia » accuse un vieillissement spectaculaire et ne se renouvelle que très lentement. Certes, cela n'empêche pas vraiment le système de fonctionner, mais il n'est pas prouvé qu'un changement de génération n'apporterait aucun bouleversement.Sociology of the ruling class in the USSR Etienne Criqui On the eve of the 26th Congress of the Soviet Communist Party, and more than fifteen years after the fall of Khrushchev, it was tempting to undertake a sociological study of the ruling class in the USSR (members of the Central Committee of the Party and of the Federal Government). This ruling class constitutes a sort of masculine "intelligentsia which is very unrepresentative of the Soviet population, and even of the Communist Party. Moreover, and above all, this " intelligentsia " is aging very rapidly and new personalities are very slow to appear. Admittedly, this does not really prevent the System from working, but there is no proof that a change of generation might not cause an upheaval.
Notes Bibliographiques
- Colliard (Jean-Claude) - Les régimes parlementaires contemporains. - André Mathiot p. 1301-1305
- Rémond (René) - La règle et le consentement. Gouverner une société. - Alain Lancelot p. 1306-1309
- Smouts (Marie-Claude) - La France à l'ONU, Premiers rôles et second rang. - Marcel Merle p. 1310-1311
- Kedward (H.R.) - Résistance in Vichy France, A study of ideas and motivations in the Southern zone 1940-1942. - Odile Rudelle p. 1311-1313
- Middlemas (Keith) - Politics in industrial society, The experience of the British system since 1911 . Alt (James E.) - The politics of economic decline, Economic management and political behaviour in Britain since 1964 - Jacques Leruez p. 1313-1315
- Informations bibliographiques - p. 1316-1355
Résumés des articles/ Abstracts
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- - Bruno Jobert, Jean Leca p. 1357
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- LA SOCIOLOGIE DES EFFETS PERVERS DE RAYMOND BOUDON - Pierre Favre p. 1358
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