Contenu du sommaire
Revue | Revue Française de Science Politique |
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Numéro | 34e année, n°2, 1984 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'appartenance au catholicisme français. Point de vue sociologique - Jean-Marie Donegani p. 197-228 Contrairement à ce qui s'est passé dans d'autres pays, la sociologie du catholicisme français s'est donnée, dès ses origines, comme une entreprise de morphologie sociale dont le but était de décrire à l'aide d'indicateurs objectifs l'ampleur de l'emprise religieuse. La problématique pastorale qui a présidé très vite à la mise en œuvre des enquêtes statistiques a conduit à utiliser les indicateurs primitifs de dénombrement comme moyens de mesurer la religiosité individuelle. Or, au moment où cette sociologie affinait ses outils et publiait ses impressionnants résultats, le concile Vatican II répudiait l'ancienne conception objective de l'appartenance au profit d'une conception de l'identité dont le seul fondement est la parole du sujet croyant. C'est vraisemblablement d'abord cette sortie de l'univers tridentin que manifestent aujourd'hui les statistiques religieuses et plus précisément les rythmes différents d'évolution des taux de pratique et des taux d'identification.Unlike what happened in other countries and right front the beginning, the sociology of French catholicism assignée itself a task of social morphology: the description of the scope of religious influence in terms of objective indicators. The pastoral problematic, which very quickly took precedence in the statistical inquiries, led to the use of simple numerical indicators as means of measuring individual religiousness. Just when this sociology was refining ils tools and publishing ils impressive results, the Second Vatican Council repudiated the previous objective conception of affiliation in favor of a concept of identity resting on the word of the believer. Religious statistics probably reflect primarily this change from the world of the Council of Trento, for example different rhythms of evolution of the rates of practice and identification.
- La classe ouvrière britannique et le Parti travailliste - René Salles p. 229-258 hier, des suffrages ouvriers, force est de constater qu'aujourd'hui la majorité des ouvriers britanniques a déserté le Parti travailliste. La fragmentation et le déracinement d'une partie non négligeable de la classe ouvrière, par suite de la restructuration de l'industrie, de l'emploi et de l'habitat, mais aussi les mutations qui s'opèrent dans sa composition même, ont progressivement sapé les bases industrielles et sociales traditionnelles du Parti travailliste et conduit à la lente dissolution des dispositions d'ordre sociologique, psychologique et idéologique qui avaient jusqu'à présent fondé la solidité des liens que le Labour avait noués avec le monde ouvrier.The 1979 and 1983 parliamentary élections show clearly the decline In the Influence of the Labour Party since the beginning of the 1950s. It is above ail the working class voters who are affected by the long process that the élections illustrate. While it is still true that a majority of Labour votes are cast by workers, it can no longer be denied that the majority of British workers has now deserted the Labour Party. The fragmentation and uprooting of a non-negligible part of the working class as a result of the restructuring of industry, the labour market and housing, but also as a result of the changes which are taking place in the very composition of the working place have gradually worn away the traditional social and industrial bases of the Labour Party and led to the slow dissolution of the social psychological and ideological dispositions which had provided the bases for the solidity of the relations between the Labour Party and the world of the workers.
- La Démocratie chrétienne ou les infortunes de la vertu. Les élections italiennes de juin 1983 - Jean Besson, Geneviève Bibes p. 259-294 Avec 32,9% de suffrages, la Démocratie chrétienne réalise aux élections législatives de juin 1983 son score le plus bas depuis la Libération. Les pertes ? près de 6 points par rapport à 1979 ? concernent cette fois tout l'éventail de Pélectorat du parti : d'opinion, d'appartenance ou de clientèle, populaire ou bourgeois, catholique engagé ou modéré. Au niveau du système partisan cependant, le choc de ces élections est amorti par l'absence d'une solution alternative. La gauche, en effet, n'a guère profité de l'échec de la DC : le PCI continue à baisser légèrement et le PSI n'a connu qu'une modeste croissance (+1,6). Le reclassement s'est fait essentiellement au centre, entre la Démocratie chrétienne et les partis laïcs (PRI, PLI), tandis qu'une frange toujours plus importante de l'électoral témoignait sa méfiance envers la classe politique par l'absention, le vote nul ou blanc ou l'adhésion à de petites listes régionales ou corporatistes.Avec 32,9% de suffrages, la Démocratie chrétienne réalise aux élections législatives de juin 1983 son score le plus bas depuis la Libération. Les pertes ? près de 6 points par rapport à 1979 ? concernent cette fois tout l'éventail de Pélectorat du parti : d'opinion, d'appartenance ou de clientèle, populaire ou bourgeois, catholique engagé ou modéré. Au niveau du système partisan cependant, le choc de ces élections est amorti par l'absence d'une solution alternative. La gauche, en effet, n'a guère profité de l'échec de la DC : le PCI continue à baisser légèrement et le PSI n'a connu qu'une modeste croissance (+1,6). Le reclassement s'est fait essentiellement au centre, entre la Démocratie chrétienne et les partis laïcs (PRI, PLI), tandis qu'une frange toujours plus importante de l'électoral témoignait sa méfiance envers la classe politique par l'absention, le vote nul ou blanc ou l'adhésion à de petites listes régionales ou corporatistes. With 32,9 % of the votes, the Christian-Democrats achieved in the June 1983 parliamentary elections their worst results since Liberation. The losses ? nearly 6 points with respect to 1979 ? are across the board in the party's electorate : opinion, clientele, working class or bourgeois, active or moderate Catholic. The shock was reduced by the absence of an alternative solution in terms of the party system. Thus, the left barely profited from the Christian-Democratic failure. The Italian Communist Party continued its slow decline, and the Italian Socialist Party grew very modestly (+1.6). The realignment concerned mostly the center, as between the Christian-Democrats and the secular parties (PRI PLI), while an increasingly high proportion of the voters showed its feelings towards the political class by abstaining, voting blank or null, or by favoring small regional, or corporatist lists.
- L'antisionisme - Yohanan Manor p. 295-323 L'antisémitisme, expression consacrée, quoique impropre, pour désigner la haine des Juifs, relève du phénomène général de la haine de l'étranger et des minorités. Il paraît cependant comporter un surplus gratuit de haine, qu'il convient d'autant plus de justifier. Tel est apparemment l'un des rôles des différentes idéologies antijuives qui se sont succédé dans l'histoire ; idéologie qui, tout en reprenant les mêmes thèmes, les recombine et les articule chaque fois autour d'une autre logique. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, et pendant près de 30 ans, la haine des Juifs a été en quelque sorte refoulée : les incidents antisémites ont été peu nombreux, sporadiques et survenaient dans un vide idéologique ; il n'y avait plus d'idéologie crédible pouvant les justifier. Un changement notable s'est opéré depuis quelques années : non seulement le nombre d'incidents antisémites n'a cessé de croître, mais surtout une idéologie tendant à les justifier a été de nouveau mise en place et puissamment diffusée. L'antisionisme contemporain rappelle par beaucoup de traits les idéologies antijuives : même tendance à généraliser, à attribuer aux Juifs globalement les mêmes griefs, à les juger à partir des mêmes stéréotypes. Il s'en distingue, cependant, par le type spécifique de rationalisation qui lie aujourd'hui tous ces éléments. La mise en cause des Juifs, du peuple juif, du judaïsme est cette fois d'ordre politique. Elle s'effectue par la condamnation de l'Etat juif et du nationalisme qui en fonde la raison d'être, le sionisme.different logic. Since the end of the Second World War and for nearly 30 years, the hatred of the Jews has been repressed: anti-semitic Incidents have been relatively rare, sporadic, and occurring in an ideological vacuum; there was no believable ideology to justify them. A notable change has occurred recently. Not only has the number of anti-semitic acts increased, but a rationalizing ideology has been put in place and disseminated. Contemporary anti-semitism recalls many features of anti-Jewish ideologies : the same tendency to generalize, to attribute to Jews globally the same complaints, to judge them by the same stereotypes. It differs, however, by the specifie type of rationalization which links all these elements. Blaming the Jews, the Jewish people, or Judaism is now a political act. It is carried out by condemning the Jewish State and the nationalism which supports its raison d'être, Zionism.
- Genèse des élites politiques palestiniennes, 1948-1982 - Nadine Picaudou p. 324-351 L'histoire du vingtième siècle au Proche-Orient est celle de la construction des Etats. Or la Palestine, aux prises avec le colonialisme sioniste, a manqué le tournant de l'Etat dans la décennie 1936-1948. Mais depuis 1948, ont émergé, dans et par la diaspora, de nouvelles élites politiques structurées dans le cadre de l'Organisation de libération de la Palestine. L'OLP a pu, au travers d'une évolution très conflictuelle, s'assurer une légitimité nationale exclusive auprès du peuple palestinien et poser la question de l'Etat dans un contexte arabe pluriétatique souvent défavorable. La socialisation politique des dirigeants des organisations armées s'est effectuée selon une double filière, celle de Fatah et celle du Mouvement des nationalistes arabes d'où sont principalement issus le Front populaire de libération de la Palestine et le Front démocratique de libération de la Palestine. Tous représentent une petite bourgeoisie intellectuelle dont la dynamique repose sur une volonté d'accès au politique qui lui a été refusé dans les sociétés arabes d'accueil et qui l'a poussée à prendre la direction du Mouvement de libération nationale. Elle a pu, grâce à la lutte armée, parvenir à une large mobilisation du peuple des camps et s'est imposée par l'activisme et le populisme. Pour la première fois dans l'histoire des Palestiniens, l'OLP représente un embryon de centre politique intégré mais où les structures mêmes de l'organisation et les buts stratégiques poursuivis, indissociables des rapports fluctuants avec les régimes arabes, sont les enjeux des conflits internes de pouvoir.The history of thé Middle East in the 20th century is that of the building of states. Palestine, caught up in Zionist colonialism, missed the turn of statehood during thé decade 1936-1948. Since 1948, however, new political elites emerged in and through the diaspora, structured within the framework of the Palestine Liberation Organization. The PLO has succeeded in acquiring an exclusive national legitimacy for the Palestine people and posing the issue of the state in the often unfavorable multi-Arab state context. The political socialization of the leaders of the armed organizations took place following a double path, that of the Fatah and that of the Movement of Arab nationalists, which gave birth to the Popular Front of the Liberation of Palestine and the Democratie Front for
Notes Bibliographiques
- BOURDÉ (Guy), MARTIN (Hervé) - Les écoles historiques. - Odile Rudelle p. 352-353
- RIST (Charles) - Une saison gâtée, Journal de la guerre et de l'occupation, 1939-1945. Etabli, présenté et annoté par Jean-Noël Jeanneney. - François Goguel p. 354-357
- LEYS (Simon) - La forêt en feu. Essai sur la culture et la politique chinoises. - Jean-Luc Domenach p. 357-359
- DUVERGER (Maurice) - La République des citoyens. - Jacques Chapsal p. 359-362
- LACHARRIÈRE (René de) - La Ve, quelle république ? - Jacques Chapsal p. 362-363
- BOTHOREL (Jean) - Histoire du septennat giscardien. Vol. 1. Le Pharaon, 19 mai 1974 - 22 mars 1978. - Jacques Chapsal p. 363-364
- DUHAMEL (Alain) - Les Prétendants. - Jacques Chapsal p. 364-365
- DAGNAUD (Monique), MEHL (Dominique) - L'élite rose. Qui gouverne? Les cabinets ministériels. Conseillers, experts et militants. Sociologie du pouvoir socialiste. - Jacques Chapsal p. 365
- MAUS (Didier) - Textes et documents sur la pratique institutionnelle de la Cinquième République. MAUS (Didier) - Les grands textes de la pratique institutionnelle de la Cinquième République. - Jacques Chapsal p. 366
- AVRIL (Pierre), GICQUEL (Jean) - Chroniques constitutionnelles françaises 1976-1982, D'un septennat à l'autre. - Jacques Chapsal p. 366-367
- QUERMONNE (Jean-Louis) - Le Gouvernement de la France sous la Ve République. - Jacques Chapsal p. 367
- LONG (Marceau) - Les services du Premier ministre. Conférences. Avant-propos de Louis Favoreu. - Jacques Chapsal p. 367-368
- LANCELOT (Alain) - Les élections sous la Cinquième République. - Jacques Chapsal p. 368
- CADART (Jacques) et al. - Les modes de scrutin des dix-huit pays libres de l'Europe occidentale et leurs résultats comparés. Elections nationales et européennes. - Jacques Chapsal p. 368-369
- Informations bibliographiques - p. 370-402
Résumés des articles/ Abstracts
- LA CLASSE OUVRIERE BRITANNIQUE ET LE PARTI TRAVAILLISTE - René Salles p. 403
- - p. 403
- Belonging to French Catholicism. A sociolog1cal point of view - p. 403
- La Democratie Chretienne ou les infortunes de la vertu. Les elections italiennes de juin 1983 - Geneviève Bibes p. 404-405
- - p. 404
- The British Working Class and the Labour Party - p. 404
- - p. 405
- Anti-zionism - p. 405
- - Yohanan Manor p. 406
- - p. 406
- Genesis of the Palestinian political elites, 1948-1982 - p. 406
- - Nadine Picaudou p. 407