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Revue Revue Française de Science Politique Mir@bel
Numéro 38e année, n°2, 1988
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • In Memoriam Aline Coutrot, 1927-1987 - René Rémond p. 180 accès libre
  • Opinions sur la constitution des États-Unis

    • Dissidence et orthodoxie dans l'interprétation de la politique constitutionnelle des États-Unis - Terence Marshall p. 181-207 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Une réflexion sur les contradictions que révèlent les études actuelles des universitaires américains au sujet des origines constitutionnelles des Etats-Unis conduit à s'interroger sur les intentions originelles des constituants, et donc sur les contradictions entre démocratie et constitutionnalisme. L'analyse de l'argumentation de James Madison à la Convention constitutionnelle sur le problème des « factions » a été suffisamment mise en relation avec ce que Le Fédéraliste appelle les passions et les intérêts, dont on devait tenir compte dans l'élaboration des institutions et des quatre grands objectifs du projet institutionnel : un gouvernement populaire respectueux des droits des minorités, de la stabilité politique et de la « compétence » gouvernementale. Pour concilier ces intérêts concurrents dans l'intérêt général, il a fallu transformer une société agraire en République commerciale au sein d'un vaste territoire fédéré. Les solutions apportées par les Pères fondateurs à ces problèmes révèlent une relation intime entre la multiplication des « factions » et les dispositions de la Constitution sur le commerce, la séparation des pouvoirs et le fédéralisme. Par le biais d'institutions politiques décentralisées et de la politique commerciale, les ambitions rivales furent multipliées atténuant ainsi l'ampleur de leur concurrence et permettant une modé­ration politique, source de consensus national et de gouvernement raisonnable au plus haut niveau de l'Etat. Cette solution est-elle la meilleure ? Toute étude des politiques publiques contemporaines qui excluerait ces considérations de prudence risquerait de déformer la perception des problèmes politiques et sociaux des Etats-Unis.
      Contradictions in currently dominant academic views on the Constitutional founding of the United States induce us to reexamine the deliberate reasoning informing its institutions, and thus to rediscover the problematic tension which exists between constitutional and democratie government. Madison's well-known argument at the Constitutional Convention on the problem of factions has been insufficiently related to what The Federalist calls the motives of passion and interest, which must be considered both in the elaboration of institutions and in respect to the fourfold aim of the Constitutional design : a popular government that is nevertheless attentive to the requirements of minority rights, political stability, and governmental competence. The solution to these competing aims of the common good led to the willful transformation of an agrarian society to a commercial republic in a vast federal territory. In examining this solution by the American founders to the problem of constitutional statescraft, one may see the symbiotic relation between the task of multiplying factions and the Constitution 's provisions for commercial growth combined with the separation of powers and federalism. Under decentralized political institutions and a commercial political economy, the multiplication of occasions for rival ambitions and interests attenuates their effects by diminishing their scope, in a way permitting that political moderation which is the condition for giving place, under the requisite degree of national consensus, for deliberate reasoning in the highest levels of government. This solution to the problem of constitutional rule requires, therefore, policies which promote equality of individual opportunity ; but it also requires opposition to policies leading to equality of result. Whether or no.t this solution be the best possible, contemporary studies which abstract from these considerations of prudence risk distorting thereby the perception of American political and social questions.
    • Interprétation de la Constitution américaine : au-delà de la dissidence et de l'orthodoxie. Commentaires à propos de l'article de Terence Marshall - Shannon C. Stimson p. 208-217 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Dans cette réponse, l'auteur conteste que les termes « orthodoxie dominante » et « dissidence » puissent être utilement appliqués pour décrire les débats qui ont lieu actuellement aux Etats-Unis au sujet de la Constitution américaine. Il conteste l'idée selon laquelle l'influence de Charles Beard continue à orienter l'étude universitaire de la Révolution américaine et des origines de la Constitution. Ce sont les travaux de Louis Hartz, plus que ceux de Beard, qui dominaient encore récemment la recherche dans ces domaines aux Etats-Unis. La force du paradigme « consensuel » de Hartz a été affaiblie par les preuves, apportées plus récemment encore par des historiens et des spécialistes des idées politiques, d'une variété significative à la fois des conceptions et des changements de conception lors des débats de l'époque du Fondateur de la Constitution américaine. La tendance dominante des travaux récents sur la Constitution a dépassé les deux termes de « dissidence » et « orthodoxie » utilisés par Terence Marshall.
      This comment takes issue with the applicability and usefulness of the terms « dominant orthodoxy » and « dissidence » to describe contemporary American debate over the Constitution. It challenges the suggestion that the influence of Charles Beard still gives direction to academic study of the American Revolution and the Constitutional Founding. It is the work of Louis Hartz, rather thon that of Beard, which has until recently directed the mainstream of contemporary American scholarship on the Constitutional era. However, the strength of Hartz's consensus paradigm has been weakened by evidence developed by more recent historians and political theorists, of significant conceptual variety and conceptual change at work in the debates of the Founding era. The thrust of recent scholarship on the Constitution has thus moved well beyond the influence of Charles Beard and the categories of dissidence and orthodoxy utilized by Terence Marshall.
    • La modernité de la révolution américaine - Dick Howard p. 218-231 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'auteur résume les principales lignes de l'interprétation politique de la Révolution américaine développées dans son étude sur La naissance de la pensée politique américaine. L'accomplissement théorique de cette Révolution dans la Constitution de 1787 et son interprétation par Le Fédéraliste n'expliquent pas les deux phénomènes qui marquent jusqu'à nos jours la vie politique américaine : la naissance d'un système de partis politiques et le contrôle de constitutionnalité par une Cour non élue. Il faut donc expliquer comment ces deux pratiques, inventées lors de la «Révolution de 1800» qui porta Jefferson au pouvoir, se sont développées sur la base de la théorie politique qui sous-tendait la Révolution elle-même.
      The author summarizes the principal theses developed in his political interpretation of the American Revolution published under the title, La naissance de la pensee politique américaine. The theoretical conclusion of that Revolution in the Constitution of 1787 and in its interpretation by The Federalist Papers does not explain the two phenomena which continue to define American political life : the birth of a System of political parties, and the practice of judicial review by a non-elected Supreme Court. It is thus necessary to explain how these two phenomena, invented at the time of the « Revolution of 1800 » which brought Jefferson to the Presidency, could develop on the basis of the political theory on which the Revolution itself was founded.
  • « La démocratie mexicaine » et son parti dominant : genèse et développements - François Chevalier p. 232-248 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Le Parti libéral mexicain, issu indirectement de la Révolution française, a été, sous une forme ou sous une autre, pendant le dernier tiers du 19e siècle, le parti du pouvoir. En 1928, dans les séquelles de la Révolution, le général Galles va rassembler «la famille révolutionnaire » dans un Parti national révolutionnaire, libéral-jacobin d'Etat, qui commence à se structurer de façon autonome. En 1934, un président «socialiste», le général Cárdenas, renforce le parti et, malgré son charisme personnel, quitte la présidence à la fin de son sexennat : son exemple fait de la « non-réélection » un principe absolu. Sous ses successeurs économistes ou technocrates, le pouvoir va se concentrer dans les mains d'un président tout-puissant qui, en fait, contrôle le parti, devenu Parti révolutionnaire institutionnel d'Etat, et désigne son successeur. A partir de 1982, la crise économique va être le révélateur de la contestation montante, liée elle-même aux progrès d'une classe politique élargie qui veut voter librement. De là une opposition croissante dans les Etats contigus aux Etats-Unis et dans les grandes villes. Le régime doit évoluer s'il veut survivre.
    The Mexican Liberal Party, indirectly the offspring of the French Revolution, was, in one form or another during the last third of the 19th century, the party in power. In 1928, in the aftermath of the Revolution, General Galles gathered « the revolutionary family » in a National Revolutionary Party, a state liberal-jacobin party, which began to organize autonomously. In 1934, a « socialist » president, General Cárdenas, strengthened the party and, despite his personal charisma, gave up the presidency at the end of his 6-year term. His example made « non-reelection » an absolute principle. Under his economist or technocrat successors, power was to be concentrated in the hands of an all-powerful president who, in fact, controlled the party, which had become the state Institutional Revolutionary Party, and chose his successor. Starting in 1982, the economie crisis was to reveal the rise of contestation, linked to thé progress of a broader political class which wants to vote freely. This led to a growing opposition in the states neighboring the United States and in the major cities. If it wants to survive, the regime must change.
  • La problématique démocratique dans le discours abolitionniste de Victor Schoelcher. Essai de philosophie politique - Philippe Alain Blerald p. 249-271 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Victor Schoelcher s'impose à la postérité comme le plus célèbre des anti-esclavagistes français du 19e siècle. Restait à analyser l'enracinement philosophique de sa pensée politique. Sa condamnation de la barbarie esclavagiste, sa réfutation de l'idéologie raciste expriment non seulement la conscience morale mais aussi et surtout les principes de liberté et d'égalité. L'œuvre politique de Schoelcher ne s'achève pas une fois acquise l'abolition de l'esclavage. Plus égalitariste que libéral, il se bat pour l'instauration dans les « vieilles colonies » d'une citoyenneté intégrale d'ordre et politique et social. En sorte qu'il incarne, singulièrement aux yeux des populations de couleur, l'idéal d'assimilation à une République laïque et généreuse, et constitue, de ce fait, l'un des accoucheurs de la « démocratie sociale ».
    Victor Schoelcher has gone down in history as thz most farnous of the French anti-slavery leaders in the 19th century ; the philosophie roots of his political thinking remained to be analyzed. His condemnation of the barbarity of slavery and his refutation of the racist ideology reflected his moral conscience, but even more the principles of liberty and equality. Schoelcher's political work did not end with the victory gained in the abolition of slavery. More egalitarian than liberal, he fought for the instauration in « the old colonies » of a political and social citizenship. He embodies, especially in the eyes of colored populations, the ideal of assimilation in a secular and generous Republic and can thus be considered one of the founders of « social democracy ».
  • Alain et les siens. Sociabilité du milieu intellectuel et responsabilité du clerc - Jean-François Sirinelli p. 272-283 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    L'influence pacifiste du philisophe Alain reste aujourd'hui controversée. Mais l'intérêt historique du cas Alain dépasse cette controverse. A travers ce cas, c'est, en fait, le problème de l'influence d'un intellectuel et de ses éventuelles incidences sur l'engagement de « disciples » qui est posé. L'objet de cet article est d'analyser le statut d'« éveilleur » d'Alain et d'évaluer l'amplitude de l'influence exercée avec, en toile de fond, la question de la responsabilité de l'intellectuel. Dans le cas d'Alain, cette influence a cristallisé autour de deux points essentiels : la résistance aux « pouvoirs » et, surtout, le pacifisme. D'où la nécessité de bâtir une typologie des itinéraires des « disciples » pacifistes confrontés à la montée des périls puis à la seconde guerre mondiale.
    The philosopher Alain's pacifist influence remains controversial. But the historic interest of the Alain « case » goes beyond this controversy. Through it, the problem of an intellectual's influence and his possible impact on his «followers » commitment is posed. The article analyzes Alain's status as an « awakener » and his influence, against thé background of thé issue of the intellectual's responsibility. That influence crystallized around two essential points : resistance to the powers-that-be and, above all, pacifism. It is therefore necessary to construct a typology of the itineraries of pacifist «followers » confronted with the rise of dangers and with the Second World War.
  • Notes Bibliographiques

  • Informations bibliographiques - p. 294-319 accès libre