Contenu du sommaire
Revue | Revue Française de Science Politique |
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Numéro | 40e année, n°5, 1990 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Avant le conservatisme et au-delà. Les idéologies et la vie politique américaines dans les années 1990 - Théodore J. Lowi p. 669-698 En quoi a consisté la « révolution reaganienne » et sur quelles transformations pourrait-elle déboucher ? Jusqu'aux années 1930, un libéralisme partagé en deux courants (Vieux et Nouveau) est la seule philosophie politique dominante. A ce consensus sur « la tradition libérale » succède, à partir des années 1930, un Nouveau libéralisme beaucoup moins hostile à l'Etat. A côté du libéralisme dominant, il avait toujours existé un conservatisme, compatible avec le Vieux libéralisme, mais tourné exclusivement vers le local (parochial). Ce conservatisme devient, avant même la victoire de Reagan, un « néo-conservatisme » ? que Reagan n'a pas créé mais auquel il a donné beaucoup plus d'impact en le transportant du niveau des politiques locales au niveau des politiques nationales (par exemple en matière de déréglementation, de décentralisation des politiques de Welfare, de privatisation des services publics). C'est à travers la nouvelle orientation donnée à la jurisprudence de la Cour suprême fédérale par son président, le juge Rehnquist, qu'on se rend compte de ce qu'est réellement le Nouveau conservatisme. Ce Nouveau conservatisme a-t-il un avenir ? Il semble traduire moins un réalignement électoral, comme en 1936 et 1948, qu'un réalignement institutionnel, les Républicains contrôlant durablement la Présidence et les Démocrates le Congrès. La Présidence l'emporte souvent sur le Congrès et les assemblées locales restent puissantes, du moins assez pour conduire des politiques substantiellement conservatrices.Before conservatism and beyond. American ideology and politics in the 1990s What was the scope of the « Reagan revolution » and what changes could it lead to ? Until the 1930s, one liberalism, split in two schools (Old and New), was the dominant political philosophy. This consensus on the « liberal tradition » gave way, starting with the 1930s, to a New Liberalism, much less hostile to the government, Next to the dominant liberalism there was always a conservatism, compatible with the Old Liberalism, but essentially parochial. This conservatism became, even before R. Reagan's victory, a « neo-conservatism », that Reagan did not create but to which he gave greater impact by transporting it from the level of local policies to that of national policies (for example concerning deregulation, the decentralization of welfare and the privatization of public services). Through the new direction given to the Supreme Court's rulings by Chief Justice Rehnquist it is possible to see what the New Conservatism really is. Does it have a future ? It seems to reflect less an electoral realignment, as in 1936 and 1948, than an institutional one, with the Republicans controlling the Presidency and the Democrats controlling the Congress. The Presidency often gains over the Congress and the local governments remain powerful, sufficiently at least to carry out substantive conservative policies.
- La pensée constitutionnelle du général de Gaulle à « l'épreuve des circonstances » - Véronique Alibert-Fabre p. 699-713 Le général de Gaulle se faisait, comme chacun sait, une « certaine idée de la France », laquelle est sans aucun doute à l'origine de la conception gaullienne de l'Etat, c'est-à-dire un Etat légitime, démocratique et respecté, comme de la conception toute particulière du chef de l'Etat dont l'autorité naturelle mesurée et hiérarchisée, et l'arbitrage actif constituent les deux éléments essentiels. Pour autant, la pensée constitutionnelle de Charles de Gaulle a tenu le plus largement compte des circonstances. Ainsi, la pratique institutionnelle inaugure indéniablement une évolution de la conception de la fonction présidentielle, d'un chef de l'Etat « qui en est un », consacrée par la réforme de 1962, sans pour autant exclure une lecture démocratique des institutions gaulliennes.General De Gaulle's constitutional thinking: the test of circumstances General de Gaulle entertained, as everyone knows, a « certain idea of France », which is undoubtedly at the origin of his concept of the state ? a legitimate, democratic and respected state ? as well as of his very personal concept of the Head of State, the two essential components of which are natural, moderate and hierarchic authority and active arbitration. Charles de Gaulle's constitutional thought nevertheless took circumstances into account to a large extent. Thus, his institutional practice inaugurated a growth of his concept of the presidential function, of a Head of State « who is really that », reaffirmed by the 1962 reform, without however excluding a democratic reading of the Gaullist institutions.
- Crise urbaine et développement économique local en Grande-Bretagne : l'apport de la nouvelle gauche urbaine - Patrick Le Galès p. 714-735 En Grande-Bretagne, la crise des centres urbains et le mécontentement engendré par la gestion des gouvernements travaillistes des années 1960 et 1970 ont favorisé l'émergence de la « nouvelle gauche urbaine ». Celle-ci possède une double originalité : d'une part, elle s'est investie et affirmée dans la politique locale, dite « basse politique » ; d'autre part, elle a proposé un nouveau modèle de gestion du gouvernement local qui s'opposait à la fois au modèle de travaillisme municipal traditionnel et au modèle prôné par le gouvernement conservateur. L'exemple des politiques interventionnistes de développement économique local illustre l'originalité et la portée de cette nouvelle gauche urbaine. L'intérêt des classes moyennes salariées du public pour le développement économique local en Grande-Bretagne n'est pas sans rappeler la situation française.Urban crisis and local economic development in Great Britain : the contribution of the new urban left In Great Britain, the inner city crisis and the dissatisfaction brought about by the management of the Labour governments of the 1960s and 1970s paved the way for the « new urban left ». Its originality is two-fold : it has invested and asserted itself in local politics, called « low politics » ; in addition it. has proposed a new model of local government management different from both the traditional Labour municipal model and that advocated by the conservative government. The example of the interventionist local economic development policies illustrates the originality and the scope of this new urban left. The interest of the British wage earning middle classes in the public sphere presents analogies with the French situation.
Notes Bibliographiques
- D. Labbé : Le vocabulaire de François Mitterrand - P. Lafon p. 736-737
- F. Burdeau : Histoire de l'administration française, XVIIIe-XXe siècles - D. Chagnollaud p. 737-738
- V.-Y. Ghebali : La diplomatie de la détente. La CSCE d'Helsinki à Vienne (1973-1989) - P. Gerbet p. 738-739
- Informations bibliographiques - p. 740-765