Contenu du sommaire : Golfe/ Élections
Revue | Revue Française de Science Politique |
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Numéro | 43e année, n°2, 1993 |
Titre du numéro | Golfe/ Élections |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Golfe
- La citoyenneté à l'épreuve : les musulmans pendant la guerre du Golfe - Dominique Schnapper p. 187-208 Les musulmans, dans l'ensemble, ont exprimé une sympathie limitée avec Saddam Hussein, mais une forte solidarité avec le peuple irakien. Peu sensible aux passions politiques, cette sympathie pour la « cause arabe » s'est traduite de manière privilégiée par l'hostilité à la guerre elle-même et par la condamnation des Américains jugés directement responsables de son déclenchement. Malgré des opinions qui tranchaient avec l'opinion majoritaire, ils ont su contrôler l'expression de leurs sympathies et leurs comportements à l'intérieur des règles de la vie politique. Reste que la majorité d'entre eux a eu le sentiment de vivre une épreuve. Ils ont eu le sentiment que s'ouvrait « l'ère du soupçon ». De cette épreuve toutefois, ils n'ont pas tiré la conclusion qu'ils devaient s'organiser en « communauté musulmane » à l'intérieur de l'espace public.Testing citizenship : Muslims [in France] du ring the Gulf war The Muslims generally expressed limited sympathy with Saddam Hussein but strong solidarity with the Iraqis. As they were little prone to political passion, their sympathy for the " Arab cause " meant mainly hostility to the war itself and condemnation of the Americans whom they judged directly responsible for its outbreak. In spite of opinions opposed to those of the majority of the French, they managed to keep both expression offeelings and behavior within the accepted bounds of politics. Most of them nevertheless felt they were going through an ordeal which opened an " era of suspicion ". From that ordeal, however, they did not draw the conclusion that they had to organize themselves in a " Muslim community " within the public space.
- Identité et citoyenneté : juifs, arabes et pieds-noirs face aux événements du Golfe - Chantal Benayoun p. 209-228 Quelle a été l'attitude en France de populations diversement concernées par la guerre du Golfe ? Comment l'identité et la mémoire, fortement sollicitées par le contexte, ont-elles été mobilisées par les juifs, les arabes, les pieds-noirs ? Quelle répercussion ces événements ont-ils eue sur les conceptions et pratiques de la citoyenneté et sur les positions politiques des intéressés ? Une enquête réalisée « sur le vif » et dans une problématique construite autour de la dynamique entre fidélité au groupe d'origine et implication dans la cité, révèle deux grandes tendances qui traversent les spécificités de chaque population : l'une s'organisant plutôt autour de l'impératif identitaire et de la solidarité avec la communauté d'origine, l'autre plutôt autour de l'exigence de réaffirmation du lien civique et social. La variété des attitudes enregistrées, l'éventail des choix politiques et leurs ressorts émotionnels et rationnels sont analysés pour révéler l'exercice de la citoyenneté. L'émergence de courants communautaristes et la recherche de nouvelles modalités d'expression politique des particularismes se manifestent dans ce contexte. Les événements exceptionnels du Golfe sont ici révélateurs de l'évolution et des termes d'un plus large débat sur la société pluriculturelle.involvement reveals two major tendencies which overlap the specificities of each population : one operates around the imperatïve of identity and solidarity with the original community ; the other more around the demands for reqffirmatîon of the civic and social link. The variety of attitudes recorded, the range of political choices and their emotional and rational springs are analyzed to reveal the exercise of citizenship. The emergence of communitarian trends and the search for new ways of political expression become manifest in that context. The exceptional events in the Gulf are revealing of the development and the limits of a broader debate on multicultural Society.
- La citoyenneté à l'épreuve : les musulmans pendant la guerre du Golfe - Dominique Schnapper p. 187-208
Élections (Allemagne, Amérique latine, France, Grande-Bretagne, Inde, Italie)
- Italie 1993 : vers la Seconde République? - Mario Caciagli p. 229-256 Depuis l'année 1992, la plus difficile de son histoire, la République italienne se trouve dans une situation de transition. Celle-ci pourrait déboucher sur une Seconde République, si les forces politiques ne parviennent pas à un accord pour mener à bien les réformes des institutions, en particulier la réforme du système électoral. Cinq défis ont conduit le système italien au bord de l'effondrement : la crise financière, la violence de la grande criminalité organisée, la corruption politique et les scandales, le déclin des partis traditionnels, enfin l'irruption des Ligues sur la scène politique. Ces dernières, surtout la Lega Nord, ont triomphé dans les élections parlementaires du 5 avril 1992. Le nouveau président de la République, Oscar Luigi Scalfaro, et le nouveau gouvernement du socialiste Giuliano Amato n'ont pu améliorer que partiellement la situation. Le changement de régime est pour tout le monde inévitable, même si les solutions restent imprévisibles.Since 1992, the most difficult year in its history, the Italian Republic has been in transition. This could lead to a Second Republic if the political forces do not manage to reach an agreement to carry out institutional reforms, particularly of the electoral System. Five challenges have led the Italian system to the brink of collapse : the financial crisis, the violence of big organized crime, political corruption and the scandals, the decline of traditional parties, and the emergence of the Leagues on the political scene. The Leagues, especially the Lega Nord, scored a triumph in the Parliamentary election of 5 April 1992. The new President of the Republic, Oscar Luigi Scalfaro, and the new socialist government of Giuliano Amato, have only partially improved the situation. A change of regime seems inevitable to all, even if the solutions remain unpredictable.
- Pourquoi les travaillistes ont-ils (à nouveau) perdu ? - Ivor Crewe p. 257-281 Aux élections législatives britanniques de 1992, les conservateurs l'ont emporté pour la quatrième fois consécutive, avec leur troisième plus forte majorité électorale depuis 1945. Ce résultat a surpris tout le monde, étant donné l'échec de la poil fax, la grave récession économique, les traits nouveaux de modération, d'unité et de professionnalisme du Parti travailliste. Plusieurs explications sont avancées : les images des dirigeants des partis, le parti pris droitier de la presse populaire et le problème de la fiscalité. L'analyse montre que la victoire des conservateurs est due moins à un facteur spécifique qu'à la persistante méfiance des Britanniques envers la compétence économique du Parti travailliste, ainsi qu'au déclin déjà ancien de sa base électorale. Les élections de 1992 semblent confirmer l'hégémonie conservatrice dans un système de parti dominant.distrust in the Labour party's general economic competence and to long-term decline in the Labour party's electoral base. The 1992 election apears to confirm a Conservative hegemony in a dominant-party system.
- Les élections législatives britanniques de 1992 : approche cartographique - Michèle Théry, Monica Charlot p. 282-300 L'analyse cartographique des résultats électoraux ne fait pas partie des méthodes usuelles d'étude des comportements électoraux en Grande-Bretagne. Elle n'est pourtant pas sans intérêt. Elle permet ainsi de montrer que la progression travailliste, aux élections de 1992, se fait dans des régions où les conservateurs étaient de plus en plus puissants depuis 1979 : Midlands Est, East Anglia, région de Londres surtout. Une progression insuffisante, cependant, pour gagner, compte tenu du nombre de fiefs conservateurs qu'il aurait fallu faire tomber pour assurer l'alternance.The 1992 British parliamentary elections : cartographical approach A geographical analysis of electoral results, although unusual in the UK, is not without interest. It shows that the Labour advance in the 1992 election occurred in the areas where the Conservatives vote had been growing since 1979 : East Midlands, East Anglia, and above all London. The progress made was not however sufficient for Labour to win given the number of Conservative strongholds that needed to fall for the pendulum to swing.
- Voter en Inde : symboles électoraux, système de partis et vote non individuel - Christophe Jaffrelot p. 301-316 Le taux élevé d'analphabétisme en Inde a conduit cette démocratie (qui a organisé dix élections générales depuis l'indépendance) à élaborer une procédure électorale reposant sur l'usage de symboles : l'acte de vote consiste à cocher dans l'isoloir le symbole correspondant au candidat et à la formation politique de son choix. Ce dispositif a eu des effets induits importants puisque l'attribution définitive d'un symbole aux partis réunissant un certain nombre de voix au niveau national ou régional a contribué à institutionnaliser le système des partis. Au-delà du recours aux symboles, la commission électorale s'est efforcée d'entourer l'acte de vote du plus grand nombre de garanties possibles pour assurer le secret du vote et le préserver des influences extérieures, de manière à réunir les conditions d'un vote rationnel et individuel. La sophistication des mesures prises paraît toutefois en décalage, d'une part, avec les formes concrètes de l'exercice du suffrage, les électeurs tendant à sélectionner leur candidat de façon collective (au niveau de la communauté religieuse ou de la sous-caste), d'autre part avec le vrai défi que constitue la montée des violences autour des bureaux de vote.Voting in India : electoral symbols, party system and non-individu al voting The high rate of illiteracy in India has led that democracy (which has had ten legislative elections since independence) to work out an électoral procedure based on the use of symbols : the voting act consists in checking on the ballot the symbol corresponding to the candidate and the political group of one's choice in the voting booth. This System has had many secondary effects, since the definitive attribution of symbols to parties obtaining a certain number of votes on the national or regional level has contributed to the institutionalization of the party system. Beyond the use of symbols, the Election Commission has endeavored to surround the voting act with the maximum of possible guarantees in order to ensure secrecy and to preserve it from outside influences so as to fulfil the conditions for rational and individual voting. The sophistication of the measures taken seems however, on one hand, to lag behind the concrete forms of exercising the suffrage, as the voters tend to select their candidates collectively (at the religions community or the subcaste level) ; on the other hand, it lags behind the real challenge, that of the rise of violence around voting places.
- Italie 1993 : vers la Seconde République? - Mario Caciagli p. 229-256
Données
- Les élections des comités d'entreprise - Dominique Labbé p. 317-326 Présentation et commentaire des résultats par branche d'activité, par syndicat. (Tableaux, cartes, graphiques)
- Les élections des comités d'entreprise - Dominique Labbé p. 317-326
Lectures critiques
- Sur l'analyse des élections britanniques de 1992 - Gérard Grunberg p. 327-331
- Les études électorales en Italie - Geneviève Bibes p. 331-334
- Les études électorales en Allemagne - Henri Ménudier p. 334-338
- Voter en Amérique latine - Bérengère Marques Pereira p. 338-342
Comptes rendus
- Ozouf (Jacques), Ozouf (Mona) - La République des instituteurs. Avec la collaboration de Véronique Aubert et de Claire Steindecker. - Yves Deloye p. 343-347
- Touraine (Alain) - Critique de la modernité. - Pierre Muller p. 347-349
- Revue des revues - p. 350-351
- Informations bibliographiques - p. 352-371