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Revue Revue Française de Science Politique Mir@bel
Numéro 43e année, n°4, 1993
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  • Articles

    • La fabrication administrative des opinions politiques : votes, déclarations de candidature et verdict des préfets (1852-1914) - Eric Phélippeau p. 587-612 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Les analyses et commentaires électoraux traitent aujourd'hui communément des votes ou des candidatures posées en termes d'opinions politiques : en pareille matière, c'est le commerce intellectuel avec des catégories toutes faites ou des nomenclatures politiques préconstituées qui tient lieu par conséquent de connaissance de l'objet. Une réflexion à partir de l'étude des opérations de classification dans lesquelles sont engagés les préfets à la fin du siècle dernier lors des renouvellements électoraux ? c'est à ces fonctionnaires qu'il revient en effet périodiquement de classer des candidats à partir d'épithètes consti­tutives de nomenclatures politiques définies et imposées par les agents du ministère de l'Intérieur ? permet d'élucider trois séries de questions. Quelles sont les conditions pratiques qui permettent la constitution d'un savoir administratif de la classification politique des candidats en lice pour l'occupation de postes électifs? Comment s'opère la mise en forme systématique de ces opérations de marquage à travers le façonnement progressif de nomenclatures politiques standardisées ? Quels sont enfin les effets induits par la routinisation de ces pratiques taxinomiques ? Conduites à partir du dépouillement ? dans divers dépôts d'archives départementaux ? des dossiers électoraux établis par les préfets lors d'élections législatives, ces investigations portent plus particulièrement sur la période 1852-1914. L'enquête permet de montrer que l'intelligence des opinions de candidats ou d'électeurs, tout comme leur indentification politique, ne sont ni naturelles ni spontanées. La redécouverte de ces opérations de codification offre de surcroît l'occasion d'observer la fabrication collective d'un ordre politique légitime, tant par l'analyse de la standardisation progressive d'un répertoire de labels politiques qu'à partir du repérage des effets consécutifs de la reproduction de ces activités aussi bien dans l'espace que dans le temps.
      The administrative determination of political opinions in France. voting, candidacies and the Prefects' decisions, 1852-1914 Electoral analyses and comments now deal commonly with votes and candidacies set in terms of political opinions ; an intellectual operation, with ready-made categories or preconstituted political nomenclatures, thus substitutes for knowledge of the object. A reflection based on an analysis of the classifications done by prefects at the end of the 19th century for each election in their departement to the Chamber of Deputies ? it was the prefects' duty to periodically classify candidates according to epithets found in the political nomenclatures defined and imposed by agents of the Ministry of the Interior ? leads to a clarification of three sets of questions. What political conditions made possible the constitution of an administrative body of knowledge concerning the political classification of candidates to elective positions ? How did these labeling opérations take shape systematically through the gradual fashioning of standard political nomenclatures ? What, finally, were the effects of the routinization of these taxonomic practices ? Based on an examination, in various departmental archives, of the electoral files drawn up by prefects for parliamentary élections, the investigation deals mainly with the years 1852-1914. It shows that understanding the candidates and the voters' opinions and identifying then politically are neither natural nor spontaneous. The rediscovery of thèse codification opérations moreover provides an opportunity for obser-ving the collective manufacturing of a legitimate political order, through an analysis of the gradual standardization of a repertory of political labels and an identification of the subsequent effects of these activities' reproduction in both space and time.
    • Représenter les minorités par le découpage électoral. L'exemple de la nouvelle charte de New York - Catherine Pouzoulet p. 613-634 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'adoption en 1989 par voie référendaire d'une nouvelle charte municipale s'est traduite à New York par la mise en place d'une structure gouvernementale qui dote de pouvoirs accrus le Conseil municipal. Ce rééquilibrage institutionnel s'est doublé d'une volonté d'ouverture du processus politique aux minorités raciales et linguistiques dont la représentation politique fut maximisée par un découpage électoral qui, en ménageant des circonscriptions minoritaires à 80 %, a permis l'élection de 21 conseillers noirs ou hispaniques. Comment s'affrontent de façon sous-jacente des conceptions différentes de la représentation ? Quelle est la finalité d'une démarche qui essentialise la culture politique, peut-être au détriment de la capacité à infléchir les priorités gestionnaires de la ville ?
      Minority representation through redistricting. The example of New York city's new charter As a result of the 1989 charter revision, by reférendum, the city of New York was endowed with a new government structure which strengthened the City Council as a legislative counterpower to the executive office of the Mayor. This government reform was coupled with an opening up of the political process to racial and linguistic minorities whose représentation was maximized by an affirmative gerrymandering of Council districts ; a record number of safe districts (80 % minority) made it possible to elect 21 black or Hispanic councillors. This article probes the conflicting approaches to political representation and asks whether the identity politics attached to such a redistricting process may not further balkanize the city, to the detriment of the capacity to orient the city's managerial priorities.
    • Les questions écrites des députés. Analyse des usages d'une procédure parlementaire - Charles Henry p. 635-654 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      En place depuis 1909, la pratique des questions écrites des députés a connu des évolutions dont la perspective juridico-institutionnelle ne rend compte que partiellement : la croissance du nombre de questions ? moins de 5 000 par an entre 1958 et 1965, entre 15 et 20 000 par an depuis 1980 ? tient peu au cadre institutionnel. Plus important, la construction d'un point de vue sociologique à partir de travaux consacrés à la « carrière » politique permet de montrer que les variations inter- et intra-annuelles sont fortement liées aux échéances électorales : les législatives bien sûr, mais aussi les élections intermédiaires dans la mesure où nombre de députés sont également maires et/ou conseillers généraux. En déplaçant le regard de la procédure vers les auteurs des questions, le recours à cette pratique apparaît très inégal : 10 % d'entre eux posent moins de 0,5 % du total des questions alors qu'à l'autre extrême 10 % en posent plus de 40 %. L'examen statistique renseigne sur les « lois » de la distribution : plus le député est un élu récent, moins il cumule d'autres mandats, en particulier celui de maire, et plus il pose de questions, quelle que soit l'étiquette partisane. Enfin, la fonction de la question est moins de contrôler l'activité gouvernementale que d'attester la relation d'échange entre l'élu et l'électeur, ce dernier se contentant souvent de la question sans avoir la réponse qui n'intervient que dans un tiers des cas dans le délai réglementaire des deux mois.
      are also mayors and/or members of departmental assemblies. Looking at the questions' authors, rather than the procedure, use made of this practice appears quite unequal : 10 % ask less than .5 % of the questions, whereas at the other extreme 10 % ask more than 40 %. The statistical analysis provides information on the " laws " of distribution : the more recently elected, the fewer additional mandates, in particular of mayor, and thé more a deputy asks questions, whatever his party label. Ultimately, the function of the question is less to control governmental activity than to attest the exchange relation between the representative and the voter, who often seules for the question and ignores the answer, which is provided within the prescribed two months in only one third of the cases.
    • Le Nouveau Management Public en Grande-Bretagne depuis 1979 : un échec relatif - Philippe Keraudren p. 655-672 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Le fait massif de la réforme administrative à travers le monde depuis la fin des années 1970 est le « Nouveau Management Public », doctrine qui mêle des principes de gestion moderne à des enseignements tirés de la théorie du choix public. Mais si la souche intellectuelle de la réforme administrative est presque partout la même, la mise en œuvre du Nouveau Management Public varie d'un pays à l'autre et devrait obliger les réformateurs à réviser leurs outils intellectuels. L'« échec relatif» de l'importante réforme de l'adminis­tration centrale britannique sous M. Thatcher fournit l'occasion d'une telle réévaluation à l'aune d'une expérience pratique. Une analyse à la fois institutionnelle et historique du Civil Service permet de mieux comprendre cet « échec relatif ». Les deux piliers de la grandeur politique du Civil Service entre 1900 et 1960, l'organisation et l'éthique, ont été remis en cause et progressivement sapés par la revendication du pouvoir d'Etat par quelques acteurs influents de l'élite politique britannique depuis plus de trois décennies. Cette revendication s'est appuyée sur une logique d'instrumentalité impliquant le contrôle trans-organisationnel du Civil Service par l'élite politique et la direction politique des fonctionnaires, et a en fait favorisé l'effondrement de l'identité politique et sociale des fonctionnaires. Dernier avatar de cette logique d'instrumentalité, le Nouveau Management Public, prôné depuis 1979 par M. Thatcher et son successeur n'a pu qu'élargir le fossé entre une réforme visant à l'efficacité et des fonctionnaires dont l'identité administrative est de plus en plus obstinément niée par cette réforme même.
      Great Britain's new public management since 1979 : a relative failure The New Public Management has been the most important trend in administrative reform since the 1970s. As a doctrine, it encompasses principles of modem management and lessons drawn from public choice theory. But even if reformers in many countries share the same intellectual understanding of administrative reform, the implementation of New Public Management has varied from one country to another. This chequered process should compel reformers to reassess the validity and the usefulness of their intellectual tools. The institutional and historical analysis of the " relative failure " of the significant reform of the British Civil Service under Mrs Thatcher's reign gives an opportunity to reassess New Public Management. The two great pillars of the traditional Civil Service between 1900 and 1960, organization and ethics, have largely been eroded for the last thirty years through the action of sortie influent members of the British political elite trying to accaparate state power. This attempt has given birth to instrumentality, i.e a complex and sometimes unclear policy combining trans-organizational control of the Civil Service and strict prescriptions on political attitudes of the civil servant, which has undermined the tradional political and social identity of the civil servant. As yet another step into further instrumentality, the New Public Management advocated since 1979 by Mrs Thatcher and her successor has only widened the gap between an administrative reform aiming at efficiency and the civil servants whose administrative identity is more and more obviously denied by the reform itself.
  • Données

    • Le vote des femmes en France (1945-1993) - Janine Mossuz-Lavau p. 673-689 accès libre avec résumé avec indexation
      Le passage des femmes de la phase d'apprentissage puis de décollage et enfin d'autonomie en ce qui concerne l'exercice du droit de vote.
  • Lectures critiques

  • Revue des revues - p. 717-721 accès libre
  • Informations bibliographiques - p. 722-742 accès libre