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Jon Elster: Critique des analogies socio-biologiques. Plaidoyer pour l'autonomie des sciences. En proposant une critique des tentatives récentes ? en sociobiologie, en éthologie et en fonctionalisme ? pour approcher l'une de l'autre la biologie et la sociologie, l'auteur voit le fait de Yintentionnalité comme le trait spécifique de l'adaptation humaine. Tandis que l'adaptation biologique (ou téléonomique) n'est capable que de réaliser les maxima locaux, l'homme ? par sa capacité de choisir parmi les possibles et non seulement parmi les étants ? est capable de comportements indirects et stratégiques pour réaliser les maxima globaux. Cette distinction révèle à la fois l'impossibilité d'une certaine forme de réductionisme biologique et l'absence de fondement de la sociologie fonctionaliste.

Alain Wolfelsperger : De la contestation de l'orthodoxie à la tentation du sociologisme. Plus que toute autre science sociale, sans doute, la science économique s'est caractérisée, à chaque époque, par une nette prédominance d'une conception donnée de la discipline. Traditionnellement, cependant, en France, cette orthodoxie, dominante dans le reste du monde, a toujours été minoritaire. C'est la nature de cette orthodoxie (avec ses subdivisions en programmes de recherches au sens de Lakatos) et la forme particulière prise, à l'heure actuelle, par la contestation dont elle fait l'objet dans notre pays qui sont analysées ici. Si la sociologie en effet fascine depuis longtemps les économistes français lassés des schémas intellectuels de la théorie économique traditionnelle, c'est plus spécifiquement aujourd'hui le sociologisme qui semble les séduire, ainsi que le montre un examen critique des ouvrages récents de Greffe et de Guillaume pris comme exemples particulièrement significatifs. Pourtant le rejet par les économistes «hérétiques» de tout individualisme méthodologique traduit, plus fondamentalement, leur refus de se placer sur le même terrain épistémologique, celui de l'instrumentalisme, que les économistes orthodoxes. C'est ce qui rend si confus et probablement sans solution le conflit perpétuel qui opose les uns aux autres.

Rémi Clignet : Rôles matrimoniaux et fécondité en Afrique Noire. Le but du présent article est de démontrer les erreurs attachées à la plupart des modes d'analyse de la relation existant entre type de mariage et fécondité. Portant sur les données brutes du recensement du Cameroun Occidental (1964), l'article cherche à montrer l'importance de la distinction entre premières et « petites » co-épouses. Il apparaît en effet évident que s'il existe des différences dans la fécondité des femmes monogames et polygames, le nombre total d'enfants mis au monde par ces dernières varie lui-même en fonction du rang matrimonial, c'est-à-dire en fonction des caractéristiques que chaque épouse apporte avec elle au moment de son entrée dans le foyer polygame et des exigences spécifiques propres au rôle domestique qui lui est imparti. Dans la mesure où de telles variations sont culturellement et historiquement relatives, il en ressort que les recensements devraient être précédés par des études ethnographiques en profondeur sur la notion de rang matrimonial et ses conséquences.