Contenu du sommaire : Le monde à l'ère de la vitesse
Revue | Esprit |
---|---|
Numéro | No 6, juin 2008 |
Titre du numéro | Le monde à l'ère de la vitesse |
Texte intégral en ligne | Accès réservé |
- Editorial - Impossible réforme ? - p. 4
Articles
- Pierre Vidal-Naquet, un intellectuel hors pair - Olivier Mongin et Jean-Pierre Peyroulou p. 6 Pierre Vidal-Naquet aimait se présenter comme un intellectuel engagé/dégagé. Historien, il rappelait qu'il l'était de quatre manières différentes : historien de la Grèce, historien des crises et des crimes contemporains, historien des Juifs mais aussi historien de « l'histoire de l'histoire ». Il était encore un homme de fidélité dont les Mémoires accordent les engagements à une histoire familiale qui est l'un des ressorts de son œuvre. C'est pourquoi, suivre son parcours, c'est faire écho à l'histoire intellectuelle de la France et à l'histoire tout court.
- L'élément de la parole: à partir de Jean-Toussaint Desanti - Joël Roman p. 45 Militant du parti communiste dans les années 1950, auteur de nombreux articles dans La Nouvelle critique, Jean-Toussaint Desanti a longtemps adhéré à l'idéologie communiste. Une fois quitté le parti, il s'est interrogé sur les raisons pour lesquelles on succombe ainsi à la croyance et à la « servitude volontaire ». Fidèle à la tradition phénoménologique, il se demande si la déduction conceptuelle n'est pas propice à oublier l'événement, le singulier, et à nourrir l'idéologie.
- Prendre en compte les connexions. À propos de Françoise Choay et Jean-Toussaint Desanti - Olivier Mongin p. 54 En 1971, l'historienne de l'urbanisme Françoise Choay et le philosophe des sciences Jean-Toussaint Desanti publiaient ensemble un petit volume (aujourd'hui introuvable) intitulé Connexions. Ils réfléchissaient aux évolutions des approches abstraites – au sens mathématique – de l'espace et à leurs applications concrètes, notamment dans l'urbanisme. En rupture avec l'idée de circulation et d'organisation de l'espace qui caractérisait la société industrielle, cette réflexion anticipait déjà nombre de nos questions actuelles.
- Qu'est-ce qu'un espace abstrait? - Jean-Toussaint Desanti p. 59 «Dans la nature, écrit Jean-Toussaint Desanti dans ce texte introuvable, ce que nous appelons par simplification un “état” est un jeu de possibles, un système ouvert de communications. Connaître, c'est alors dresser le réseau des relations et définir les structures dans lesquelles un “état” peut être cerné avec le degré de précision mathématique maximal. » Si les espaces sont d'autant mieux connus qu'ils sont abstraits, surgit la question de savoir qu'en faire et comment les rendre concrets. C'est ainsi que, chez Desanti, le philosophe des mathématiques et le phénoménologue coexistent.
- L'idée de nation d'un point de vue cosmopolitique - Pierre Guenancia p. 67 Pour sortir de l'opposition entre cosmopolitisme et nationalisme, il faut envisager l'appartenance au monde comme une modification du regard. De Montaigne à Kant, le cosmopolitisme désigne un « point de vue » que nous prenons sur nous-mêmes et qui relativise nos allégeances nationales. Le passage du « je » au « nous » est donc d'abord une expérience de pensée où la conscience de soi devient reconnaissance d'appartenir à quelque chose de plus grand que soi.
- Généraliser la gratuité des musées nationaux? Une mauvaise réponse… à une mauvaise question - Françoise Benhamou p. 83 Alors qu'une expérimentation sur la gratuité s'achève pour quatorze musées et monuments nationaux, faut-il envisager de rendre tous les musées nationaux gratuits ? L'opposition simple du gratuit et du payant n'apparaît pas très éclairante : mieux vaut pouvoir moduler des formes de gratuité et des niveaux de tarif en fonction des publics et d'objectifs correspondant aux missions du service public ou à des ambitions culturelles précises.
- Pierre Vidal-Naquet, un intellectuel hors pair - Olivier Mongin et Jean-Pierre Peyroulou p. 6
Le monde à l'ère de la vitesse
- Introduction. Perte de la représentation du futur et sentiment d'accélération de l'histoire - Esprit p. 110
- Les équivoques du présentisme - Paul Zawadzki p. 114 Comment caractériser notre conscience historique ? Notre rapport au temps est pris entre, d'un côté, la dimension libératrice d'un temps qui n'est plus rivé à la répétition des traditions et, de l'autre, la tyrannie de l'instant, la crise des finalités. Avons-nous pour autant perdu un rapport complexe au passé et au futur, que semble indiquer le terme de « présentisme » ?
- Petite philosophie de l'accélération de l'Histoire - Olivier Remaud p. 135 Au sein de continuités longues, des moments historiques particuliers donnent à ceux qui les vivent le sentiment que tout s'accélère, que leurs repères habituels deviennent obsolètes. Ces changements de cadences, vécus dans la surprise, nous déstabilisent mais raniment aussi l'existence en commun car ils valorisent l'effort par lequel nous tentons d'accorder différents rythmes au sein d'un même ensemble politique et social.
- Maître et esclave de la vitesse: le tachysanthrope - Gil Delannoi p. 153 Qui est « l'homme de la vitesse » ? Les moeurs et les idées de cet individu qui vit en accéléré restent à découvrir : ses objets préférés, sa manière d'agir, ses repères temporels. Sans précipitation, ce premier portrait esquisse une manière d'être qui est déjà la nôtre.
- Le sentiment d'accélération de l'histoire moderne : éléments pour une histoire - Alexandre Escudier p. 165 Le sentiment que nous vivons un moment où tout s'accélère est-il une illusion ou une impression condamnée à rester imprécise ? Ce thème présente-t-il une consistance historique ? On peut au moins tenter d'en faire une histoire, qui part du thème de l'approche de la fin des temps et nous entraîne jusqu'aux utopies contemporaines de la décélération.
Journal
- L'irrésistible ascension du Hezbollah et l'irakisation du Liban - Olivier Mongin p. 192
- Pourquoi la droite s'impose-t-elle en Europe? - Marc Lazar p. 194
- Présidentielles américaines: des primaires interminables mais mobilisatrices - Alice Béja p. 197
- La figuration narrative - Jean-Paul Louis p. 200
- Un Desproges bien trop consensuel - Olivier Mongin p. 204
- Le premier venu, de Jacques Doillon - Claude-Marie Trémois p. 205
- Dans la vallée d'Elah, les frontières se brouillent - Olivier Mongin p. 208
- Retour au désert. À propos de Jarhead, Into the wild, No country for old men et There will be blood - Stéphane Girardon p. 209
Repères
- Controverse - «Traces du sacré» au Centre Pompidou - Jean-Louis Schlegel p. 212
- Coup de sonde - Les destinées municipales - Jérôme Giudicelli p. 218