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A la racine de l'inquiétude contemporaine, le sentiment d'être non point « embarqués » mais « emportés », comme par le flot d'une rivière en crue. Ni l'économie, ni les technologies, ni la communication médiatique ne semblent plus gouvernées par la volonté humaine. Nous nous sentons confrontés à ce que Marx nomme un « processus sans sujet ».

La sagesse moderne n'a pas mis la vérité en tête de ses valeurs ; en revanche, elle a promu l'authenticité. Faute de pouvoir bâtir sur le roc, soyons sincères avec nos sentiments, vivons l'authenticité du moment présent, cueillons les roses de la vie. Mais, pour que durent le bonheur de vivre et la satisfaction de construire, il faudrait un fondement plus ferme !

Entendons-nous vraiment les voix de la douleur, celle des exclus, des précaires, de ceux qui souffrent ? Savons-nous reconnaître leur existence ? La question ne devrait pas nous laisser en repos, quel que soit le lieu de la société où nous nous trouvons. En dépit d'efforts certains pour leur donner individuellement la parole, il semble que nous soyons assez sourds.

La difficulté principale des jeunes acteurs des violences dans les banlieues, c'est leur manque de mobilité ! Ces jeunes passent toute leur scolarité, de 2 à 16 ans, en bas de chez eux. Lorsque, plus tard, ils trouvent un emploi qui nécessiterait un trajet, ils le laissent filer ! Pour l'éducation à la mobilité, la carte scolaire est une entrave.

Le besoin d'exister suppose, pour l'individu ou le groupe, la permanente lisibilité de son existence par les autres. D'où de constants rappels, au moins déclaratoires. L'expression « tenir son rang » décrit assez bien ce comportement. C'est parmi les Etats-nations qu'aujourd'hui le besoin de tenir son rang se manifeste le plus clairement comme affirmation d'existence.

L'Europe s'est créée contre la guerre. Le point commun qui lie les Européens, c'est la réticence à user de la force et la tendance à promouvoir la norme. Si l'on croit que ce qui compte, c'est la force des Etats, l'Europe ne compte pas. Mais si l'on estime que les problèmes du monde ne sont jamais réglés par la seule force, l'Europe a ses chances.

La vie quotidienne des Palestiniens n'est pas seulement un face-à-face avec les voisins juifs, mais bien une relation à plusieurs : les Américains en sont partie prenante, tandis que les Européens brillent par leur absence. Quant aux « frères » arabes, voici bien longtemps que leurs gouvernements instrumentalisent ce conflit, pour détourner l'attention.

Si « être chrétien » implique l'expérience d'une communion entre ceux et celles qui confessent le nom de Jésus-Christ, il faut tenir que le dialogue de l'Eglise catholique avec les autres Eglises ou confessions demeure une priorité essentielle. Il y va d'une exigence interne au christianisme, mais aussi de sa crédibilité au regard des autres croyants comme des incroyants.