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Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques |
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Numéro | No 42, 1992 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Chronique de conjoncture
- Conflits d'intérêts - Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Sigogne, Monique Fouet, Odile Chagny, Naaman Khoury, Olivier Passet, Christine Rifflart, Françoise Milewski, Bruno Coquet, Jean-Marc Daniel, Hervé Péléraux p. 5-75 Les blocages monétaires et financiers que l'on pouvait au printemps espérer voir rapidement levés ont persisté partout dans le monde industrialisé. Les dérèglements qui s'ensuivent sont d'autant plus vifs que la confrontation a pris le pas sur les velléités de coopération internationale. Aux Etats-Unis, la reprise s'est déroulée jusqu'à l'été 1992 selon un schéma usuel en termes de chronologie mais d'une ampleur inhabituellement faible. Elle s'est interrompue à l'été du fait notamment que la baisse des « fed funds » n'est pas parvenue à entraîner celle des autres taux d'intérêt de manière suffisamment puissante. Ce n'est guère avant le début 1993 que l'économie retrouvera le chemin d'une croissance lente. Au Japon, le dégonflement de la bulle spéculative met en relief le surinvestissement et alourdit le poids des dettes. Le plan de relance, destiné à parer aux risques de déflation avant de pouvoir espérer provoquer une véritable croissance, risque de n'avoir que des effets limités. En Allemagne, face à la réalité des tensions inflationnistes, la Bundesbank n'assouplira pas spontanément sa politique avant la mi-1993. Elle pourrait toutefois être contrainte de le faire avant sous la pression des événements. En effet aussi longtemps que les taux d'intérêt allemands resteront à un niveau trop élevé pour les partenaires européens, et au-delà pour les Etats-Unis, les turbulences sur les marchés des changes et les marchés financiers menacent de dégénérer en véritables effondrements. Tant que les taux d'intérêt allemands n'auront pas baissé de manière significative, les pays européens qui s'infligent par ailleurs pour nombre d'entre eux des plans d'austérité budgétaire traverseront au mieux une stagnation, au pire une récession. Dans un tel contexte c'est une logique de parts de marché qui sera à l'œuvre, non de dynamique européenne. En France, le climat économique au début de septembre 1992 témoigne d'une dégradation de l'activité. Un rebond s'était manifesté au premier trimestre, comme dans les autres pays, mais il fut éphémère. Les entreprises compriment de plus en plus leurs budgets d'investissements et la confiance des consommateurs se dégrade à nouveau. Les agrégats monétaires se tassent, après s'être un peu étendus. Faute de détente financière, la croissance française ne pouvait en tout état de cause dépasser 2 % en 1992. Les désordres monétaires de septembre accentuent le marasme ambiant et l'année 1992 se terminera par un repli d'activité. La formulation d'une prévision à la mi-septembre est périlleuse. Parmi les choix qui s'ouvrent aujourd'hui, on peut faire celui de reporter dans le temps la réalisation de l'hypothèse de révision de la politique économique allemande et décaler ainsi la reprise de l'activité qui en découle. Cela conduit à décrire une croissance française qui ne s'opérerait qu'à partir du milieu de 1993 et qui atteindrait 2 % en moyenne annuelle. Elle est fondée sur une reprise modérée de la consommation des ménages, une croissance décalée de l'investissement des entreprises, une progression des importations et des exportations allant de pair, et une politique budgétaire qui ne comprime pas les dépenses en deçà de la progression du PIB en valeur. Faible hausse des prix et maintien d'un excédent commercial en découlent. Montée du chômage également, que seule l'intensification du traitement social permettra de contenir. Le risque est cependant, par ce parti pris, d'adopter un schéma moyen, qui décrit les mécanismes en œuvre et non les ruptures auxquelles ceux-ci peuvent conduire. Les désordres monétaires et financiers actuels, s'ils se prolongent sans révision des politiques économiques, rendent plus crédible le risque de déflation où le poids croissant de l'endettement des agents limite leurs dépenses courantes et où les réajustements monétaires bouleversent les parts de marché. La croissance française serait alors bien plus faible. Inversement, si les autorités allemandes sont contraintes à un revirement plus précoce et pas seulement symbolique, il n'est pas exclu d'envisager pour 1993 une croissance plus franche.Everywhere in the industrialised world, monetary and financial obstacles to economic growth still persist today. The situation is all the more unsettled as tentative cooperation has been replaced by confrontation in international relationships. In the USA, the recovery has been a typical one, in terms of speed, but its magnitude has been exceptionally small. It had come to stop during the summer because the decrease of the fed funds rate had not been followed by an equal drop in other interest rates. The economy can hardly get back on track of slow growth before the beginning of 1993. In Japan, the speculative bubble is being deflated rather than blown. But that still leaves a bulk of overinvestment while the debt burden grows heavier. Budgetary measures can prevent deflation but will not be able to spur rapid economic growth. In Germany, the Bundesbank will not spontaneously change its strategy before mid-1993 because inflationary pressures are still strong. Nevertheless it might so before then, should events take a menacing turn for Germany itself. As long as German interest rates will remain too high for other European economies, there is a risk that turmoil on exchange and financial markets turn into havoc. Meanwhile many European countries have decided to adopt restrictive budgetary policies. Therefore they are faced with stagnation in the best set of assumptions, probable recessions even if everything does go smoothly. The logic in such a framework is that of competition for market shares, and not the dynamics of European cohesion. In France, the economic climate in September 1992 is clearly deteriorating. In that country as in many others, the surge during spring has proved termporary. Firms are once more cutting their investment plans while consumer confidence is decreasing further. Monetary aggregates have stopped growing. The turmoils of September have made the situation worse, and the year will end with a decline in activity. Should interest rates stay where they are, GDP growth will reach at most 2 % in 1992. Given the uncertainties about foreign economic policies, forecasting is very difficult. One option is to assume that the easing of German monetary policy will only take place around mid 1993. Hence a recovery could only begin in France at the beginning of the second half of that year. In that case, GDP would grow by 2 % should budgetary policy allow for an increase in expenditure of not less than nominal GDP. Household consumption would be the first to recover, and only slowly, followed by investment of the productive sector ; imports and exports would grow at a similar pace. There would still be a small commercial surplus while inflation would be very moderate. Unemployement would increase despite a strong « social treatment ». But this is an average forecast, describing the mechanisms involved instead of the breaking points to which they might lead. Should economic policies in Europe remain unchanged, turmoil will occur again and again. French market shares would then shrink while deflation would actually induce a reduction in expenditures on usual goods and services. GDP growth might be substantially below the 2 % figure. On the other hand, one cannot entirely rule out the assumption under which the Bundesbank changes its attitude, enabling France to enjoy significantly faster growth in 1993.
- Conflits d'intérêts - Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Sigogne, Monique Fouet, Odile Chagny, Naaman Khoury, Olivier Passet, Christine Rifflart, Françoise Milewski, Bruno Coquet, Jean-Marc Daniel, Hervé Péléraux p. 5-75
- La politique salariale de l'État - Jean-Marc Daniel p. 77-93 Depuis 1982, année où fut votée la loi sur le blocage des prix et des salaires, l'Etat a entrepris une politique salariale visant à réduire le poids de la masse salariale des administrations publiques dans le Produit Intérieur Brut. En effet, au cours des années 60 et 70, ce poids n'avait cessé de croître pour passer de 6,45 % en 1957 à 12,9 % en 1984. Il est redescendu à 11,5 % en 1990. Concernant la masse salariale de l'Etat stricto sensu, l'évolution fut de 4 % en 1957 à 6,26 % en 1983 et 5,24 % en 1990. Ce renversement a été obtenu par une modification du mode d'appréciation du pouvoir d'achat des salaires des fonctionnaires et par un fort ralentissement des embauches. Cet article étudie comment en adoptant une analyse du pouvoir d'achat incorporant les effets des mesures catégorielles et de la carrière (GVT), les pouvoirs publics ont réussi à assurer le strict maintien du pouvoir d'achat individuel effectif des agents, mais ont accéléré le décalage entre les salaires du public et ceux du privé. Si cette politique a permis de contenir la dérive de la masse salariale, elle a eu en retour des conséquences négatives sur l'embauche : le nombre de candidats aux concours de fonctionnaires est en nette diminution depuis dix ans et les départs vers le secteur privé se sont multipliés. Comme la contrainte budgétaire qui est à l'origine de cette politique restrictive demeure, l'Etat s'il ne veut pas voir se dégrader gravement la qualité du recrutement, devra chercher des marges de manoeuvre financières dans une réduction des effectifs. Pour être importante, celle-ci ne pourra s'appuyer que sur une reflexion sur les missions et le fonctionnement des services publics à la lumière de la décentralisation et des progrès de l'informatique.Wage Policy in the French Public Administration This paper analyses the wage policy in the French public administration. Since 1982, the government has decided to reduce the burden of public wages in GDP in order to limit the fiscal deficit. Thanks to its action, wage the burden fell from 12,9 % of GDP in 1984 to 11,5 % in 1990. This was mainly obtained by introducing career effects in the calculation of the wage purchasing power. Even if the government can duly pretend that purchasing power has been at least preserved, a growing gap in wages appears between public and private sectors. This difference induces fewer people to apply to civil service positions. Hereafter, the government, still limited by the fiscal deficit, faces two solutions : — either maintaining the restrictive wage policy, with a real risk of damaging the public service quality, — or reducing the total number of civil servants, sharing the corresponding ressources between those who remain.
- Éléments pour une nouvelle politique agricole - Jacques Le Cacheux, Henri Mendras p. 95-134 Conçue pour assurer une expansion des productions agricoles par la modernisation des exploitations et l'intensification, l'ancienne Politique agricole commune (PAC) européenne, dont la réforme suscite aujourd'hui l'inquiétude des agriculteurs, avait dégénéré en un système de gestion du déclin agricole. Malgré les subventions directes et un soutien de plus en plus coûteux des cours, la population agricole a continué de décliner à un rythme soutenu (entre - 2 % et - 3 % par an) ; le revenu moyen ne s'est maintenu que par ce déclin ; de plus les déséquilibres demeurent, puisque les départs n'entraînent pas la résorption des excédents de produits de base, notamment le lait et les céréales. L'ancienne PAC servait donc principalement à nourrir les déséquilibres dont meurent les agriculteurs. La nouvelle PAC tente de remédier à la surproduction agricole en limitant les incitations à la production. De ce fait, elle donne aux agriculteurs le sentiment qu'il s'agit simplement d'organiser leur lente disparition ou, par les aides directes, de « préserver l'espèce », comme on le fait des Indiens dans leur réserve ou des animaux en voie de disparition. La question d'une politique agricole réellement viable à long terme reste en fait ouverte : c'est à la réflexion sur cette autre politique agricole qu'invite cet article, en indiquant quelques pistes pour une véritable ambition agricole.Elements of a new Agricultural Policy Jacques Le Cacheux et Henri Mendras The European common agricultural policy (CAP) had initially been conceived as a device to ensure the expansion of agricultural production thanks to the modernization of techniques and the intensification of agriculture. It had however tended to degenerate into a system of management of agricultural decline. From the point of view of the European objective of self-sufficiency and in terms of export performance, especially for France, this policy may be said to have been a success, as may be ascertained by the various economic indicators availabe. But in spite of direct subsidies and an increasingly costly price support mechanism for basic foodstuffs, the French agricultural population has continued to shrink at an annual rate of 2 to 3 % ; average incomes have been more or less maintained, but only thanks to the declining number of farmers ; and disequilibria have persisted, insofar as this tendency has not led to the disappearance of excess supplies, notably for milk and cereals. Hence, up until the recent reform, the CAP was essentially feeding the disequilibria that have been killing the profession. The new CAP only attempts to remedy the persistant tendency to excess supply by curbing the incentives to produce. It is therefore perceived by farmers as a device meant to accelerate their disappearance or, through direct income support, to « preserve the species », in the same way as has been done elsewhere for native Americans or even threatened animal species. How to design a genuine agricultural policy that would be viable in the long run remains an open issue : although it offers a number of promising directions, the present paper is no more than an invitation to reflect on such an alternative policy.
- La Russie en transition - Frédéric Lerais p. 135-158 Cet article se propose de discuter de la dynamique de la transition de la Russie vers une économie de marché. Si, depuis 1987, les réformes se sont succédées pour tenter d'améliorer la situation économique, celles-ci ont jusqu'à présent entraîné de nombreux déséquilibres. En 1992, suite à l'éclatement de l'Union Soviétique, la Russie s'est s'engagée dans des réformes radicales qui rappellent celles entreprises dans les anciennes démocraties populaires. A court terme, les effets en seront aussi similaires : hausse du chômage, hausse des prix, baisse du pouvoir d'achat des revenus, réduction de la demande adressée aux entreprises. La désorganisation de la production est aggravée par les tensions entre les Républiques. A moyen terme, la croissance dépendra en grande partie du renouvellement d'un capital obsolète, grâce à l'importation de biens d'équipements modernes. Pour cerner les effets d'un tel renouvellement, nous avons construit une maquette décrivant l'économie russe en deux secteurs en déséquilibre. Parmi les principaux résultats, on retiendra que si une aide permet d'améliorer la croissance, une ouverture accrue des partenaires de la Russie aux produits traditionnels serait encore plus favorable car elle allégerait les contraintes de débouchés qui pèsent sur le secteur traditionnel en déclin, tout en autorisant des importations de biens d'équipement modernes.Russia in Transition Frédéric Lerais This paper deals with the Russian transition towards a market economy. Since 1987, many reforms were attempted to improve its economic situation, but they led to large disequilibria. From the time of the break up of the USSR, Russia has launched radical reforms like those of Eastern European countries. In the short run, the negative effects will also be similar to those of its neighbours : prices will rise and real incomes will fall so that demand will constrain firms' output. Moreover, the output disruption will be worsened by conflicts between the Republics. In the long run, growth will mainly rely on the modernisation through imports of investment goods from western countries. To understand the effect of such modernisation and perspectives we have built a model of the Russian economy with two sectors : a traditional one and modern one which relies on western investment goods. The main results are that aid to import investment goods would help Russian growth, but a more favorable effect could be achieved by a boom in traditional exports.
- Bulgarie : les difficultés d'une transition balkanique - Jacky Fayolle p. 159-197 En Bulgarie, l'engagement résolu et cohérent d'une politique de stabilisation et d'ajustement, visant à résorber les déséquilibres hérités de l'ancien système socio-économique et à créer les conditions de réformes structurelles ouvrant la voie à l'économie de marché, date du début de l'année 1991. Cet engagement est ainsi simultané à l'impact de l'effondrement du CAEM et porte le fardeau d'une lourde dette externe, qui obère la capacité d'insertion de l'économie bulgare dans les circuits financiers internationaux. Le « big-bang », inauguré par la politique de libéralisation des prix et de recherche d'ancrages nominaux, interfère avec la dureté des chocs et de la contrainte financière externes pour modeler un cheminement conjoncturel qui témoigne des difficultés de la stabilisation macroéconomique. Ces difficultés renforcent la persistance des comportements associés au système antérieur et l'adaptation microéconomique reste lente, sans que soit pour autant évitée une dégradation prononcée de la situation des ménages. Ce contexte complique les conditions de mise en oeuvre des réformes structurelles, dont l'horizon de maturation reste éloigné. L'analyse du mouvement de l'économie bulgare sur les deux années 1991 et 1992 s'appuie sur les séries statistiques de nature conjoncturelle, encore très courtes, fragiles et partielles, dont peuvent disposer les économistes et les responsables bulgares eux-mêmes. L'élaboration de telles données a cependant sensiblement progressé depuis deux ans, en réponse à la sollicitation exercée par les besoins d'information de la politique économique. Le caractère imparfait et mouvant de l'information statistique constitue au demeurant un des traits de la mutation du système socio-économiqueBulgaria : Difficulties of a Transition in the Balkans Jacky Fayolle In Bulgaria, a resolute and coherent set of decisions had been made as early as the beginning of 1991 in order to stabilise and adjust the economy. The main objectives were to reduce imbalances resulting from the previous social and economic system and to create conditions favorable to the surge of a market economy. Those decisions were made at a time when COMECON was collapsing while Bulgaria was plagued by an important external debt. It has therefore been difficult for that country to find its place in worldwide trade and on international financial markets. The « big bang » through which prices were liberalised under a strong external financial constraint has lead to immediate difficulties in coping with the goal of macro-economic stabilisation. Things are made even more difficult by the resilience of behaviours inconsistent with a market economy. Micro-economic adaptation is slow while the households situation is quickly deteriorating. In that context, structural reforms appear as a distant goal. The analysis of general business conditions is founded on the statistical data available at the present time. They are partial and fragile. Still, the statistical system has been rapidly developped during the past two years as an answer to the needs expressed by the authorities in charge of economic policies. The problems attached to the figures are one illustration of the problems of the economy itself.
- Repenser le soutien de la communauté internationale à l'Europe de l'Est - Michel Aglietta, Michèle Bailly, Christian de Boissieu, Jean-Michel Charpin, Jean-Paul Dessertine, Etienne Lakits, Georges Mink, Jean-Pierre Page, Jacques Sapir, Jean Pisani-Ferry p. 199-248 La transition des pays d'Europe de l'Est vers l'économie de marché sera plus longue et plus coûteuse qu'il n'était prévu à l'origine. En effet, l'effondrement du système communiste s'est accompagnée le plus souvent d'une thérapie de choc comprenant la libération des prix et une ouverture très rapide du commerce vers l'extérieur, tandis que l'on tentait de mettre en place les institutions et les acteurs que requière une économie de marché, notamment au moyen de programmes de privatisations ambitieux. Si ces programmes ont tout d'abord permis une stabilisation économique relative des pays d'Europe de l'Est, il est rapidement apparu que l'interdépendance des économies de l'Est organisée par le régime communiste avait été initialement sous-estimée. La désorganisation économique qu'a provoqué la disparition de l'ex-CAEM s'est traduite par un effondrement des échanges commerciaux entraînant des récessions beaucoup plus fortes que prévu, tandis que la lenteur des réformes structurelles ne permet pas d'entrevoir un redressement rapide. L'effondrement de l'administration communiste s'est également accompagnée d'un tarissement des ressources fiscales. L'ex-URSS, qui était la zone la moins préparée à l'économie de marché, est logiquement la plus atteinte. On étudie dans cet article des mécanismes, en particulier monétaires, qui permettraient aux pays de l'Est de faire entre eux l'apprentissage de l'économie de marché et de l'intégration économique avant d'affronter à découvert la concurrence internationale. Si le succès des programmes de développement suppose que l'on autorise en outre l'accès des pays de l'est aux marchés de l'Ouest, la coordination des programmes mérite d'être améliorée. On se propose donc de redéfinir les conditions et les modalités qui permettraient d'améliorer l'efficacité de l'aide apportée par la communauté internationale.Rethinking on International Aids for Eastern Europe The transition of the Eastern European countries toward market economies will be longer and more difficult that what had been initially imagined. The collapse of the communist system was generally accompanied by violent therapies including price liberalisation and the opening to international trade. Meanwhile there was an attempt to put into place the actors and the institutions required by an open-market economy, particularly through ambitious privatisation programs. While these therapies first permitted a relative economic stabilization of the Eastern European countries, it quickly become clear that the interdependence which had been organized by the communist regime was initially underestimated. The economic disorganization caused by the collapse of the CAEM led to a sharp decline in trade, and to recessions that were more severe than had been forecast. No rapid recovery could then (or even now) be foreseen, due to the slow progress of structural reforms. The collapse of the communist administration also led to a loss of fiscal revenue. The ex-USSR, which least resembled a market economy, was therefore also the most affected. In this paper, we study mechanisms, especially monetary mechanisms, which could help Eastern Europeancountries to learn how to build an open-market economy, and how to solve the problems raised by economic integration, before they encounter international competition. If the success of the development programs for Eastern European countries requires access to western markets, the coordination among these programs needs to be improved. We thus describe the conditions and the means which would improve the efficiency of international aid.
- L'efficience et la formation des anticipations sur le marché des changes - Rahim Loufir, Catherine Bruno, Pascal Jacquinot p. 249-282 L'objet de cet article est d'abord d'analyser les propriétés d'efficience des marchés des changes du franc et du dollar puis de déterminer la nature des anticipations de change sur ces marchés pour des horizons prévisionnels d'un et trois mois sur la période 1980-1990. La mise en œuvre du test d'efficience — fondé sur l'hypothèse jointe d'absence de prime de risque et d'erreurs systématiques d'anticipations — prend explicitement en compte le caractère non stationnaire des données et l'interaction possible entre les devises — le franc, le dollar, la livre, le yen, le mark et la lire. A ce stade de l'analyse, on doit conclure que seuls les marchés des changes du franc vis-à-vis du dollar ainsi que du mark vis-à-vis du franc sont efficients sur la période. Le rejet de l'efficience pour les autres marchés des changes conduit à s'interroger sur la formation des anticipations de change dont la nature est adaptative, régressive ou extrapolative. En effet, l'hétérogénéité des anticipations selon l'horizon prévisionnel constitue une explication possible de l 'inefficience. Plus généralement, la détermination de la nature des anticipations de change permet de mieux connaître l'évolution des taux de change au comptant futurs. A partir d'une modélisation en temps continu présentant notamment l'avantage d'éviter de donner une expression arbitraire à des variables inobservables comme la cible de change, on est amené à conclure que les anticipations de change pour le dollar, la livre, le yen vis-à-vis du franc et pour le mark vis-à-vis du dollar sont régressives pour les deux horizons prévisionnels considérés. Par conséquent, la nature de ces anticipations étant homogène, elle ne peut pas constituer une explication de l'inefficience des marchés des changes correspondants.Efficiency and Formation of Expectations in Exchange Markets The aim of this article is twofold : first to analyse the efficiency properties of the French franc and the American dollar exchange markets : second, to determine the nature of exchange rate expectations in these markets for monthly and quarterly horizons over the period 1980- 1990. The efficiency test — based on the joint hypothesis of no risk and no bias — takes into account the possible non stationarity of the time series and the possible interaction between currencies — the French franc, American dollar, British pound, Japanese yen, Deutsche mark and the Italian lira. We conclude that only the franc- dollar and the mark- franc exchange markets are efficient over this period. The rejection of efficiency in other markets leads us to examine three processes of expectations formation : adaptive, extrapolative and regressive. Actually, the heterogeneity of expectations according to the horizon is a possible explanation of inefficiency. More generally, the determination of the nature of these expectations allows us to understand the evolution of the expected exchange rate. In continuous time modelling where we notably avoid an arbitrary expression of unobservable variables such asthe exchange target, we conclude that exchange rate expectations of the dollar, the pound, and the yen vis-à-vis the franc, and the mark vis-à-vis the dollar are regressive for both horizons — monthly and quarterly. Since the nature of these expectations is homogenous, it cannot be an explanation of the inefficiency of the corresponding exchange markets.
- Summaries in English - p. 283-287
- Cahier de graphiques - Département des diagnostics de l'OFCE, Amel Falah p. 288