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Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques |
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Numéro | No 31, 1990 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Chronique de conjoncture
- L'Europe se crée des besoins - Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Sigogne, Monique Fouet, Jacques Adda, Olivier Passet, Véronique Riches, Françoise Milewski, Pascal Garaude p. 5-65 L'Europe, quoique traversant effectivement une phase de ralentissement conjoncturel, pourrait être au cours des deux prochaines années le pôle de dynamisme de l'économie mondiale. Elle se trouve en effet face à des États-Unis arrivés en fin de cycle et embourbés dans leurs déficits et face à un Japon pénalisé par des dérèglements financiers. Elle est par ailleurs potentiellement dynamisée par ouverture à l'Est. La RFA jouera un rôle de locomotive en Europe. Sa demande intérieure sera soutenue par la réforme fiscale et par la réuni fication. Elle exportera moins et importera plus. Toutefois sa politique monétaire restrictive influencera celle des autres pays européens. Pour ceux-ci, dans un contexte de capacités productives encore saturées, les exportations y évinceront les demandes intérieures. Il y aura donc en 1990 un ralentissement de l'activité en même temps qu'une amélioration des soldes courants. Le moindre dynamisme des pays asiatiques, lié notamment au ralentissement nord-américain, sera en partie compensé par le redressement de la demande de l'OPEP. Le commerce mondial décélérera, mais selon une structure géographique moins désavantageuse à l'Europe en général et à la France en particulier. La France continuera à se fixer des objectifs de quasi-équilibre de sa balance courante et de réduction de son déficit budgétaire. Avec une politique modérément restrictive, cela implique une décé- lération de la demande des ménages. Face à un ralentissement des débouchés globaux et à l'apparition de difficultés de financement, l'investissement productif enregistrera lui aussi un ralentissement de son taux de progression. La croissance de la production fléchira en 1990 et se redressera légèrement en 1991. Le délai d'ajustement des effectifs à la production étant court en raison de la précarisation du marché du travail, cela permettra à la productivité de se redresser mais le taux de chômage élèvera.Though Europe is indeed going through an activity slowdown, it could stand as the most dynamic area during the next two years. It will probably benefit from the opening of eastern Europe whereas the United States, still entangled in their twin deficits, are reaching the end of business cycle and Japan is facing financial disorders. Germany will act as locomotive for Europe. Both the fiscal reform and the reunification will push its internal demand up. It will therefore export less and import more. But on the other hand, its restrictive mone tary policy will impose itself upon other countries. There, as capacity utilisation rates are still high, exports will somewhat evict internal demand. Consequently, productions will slow down while current accounts will improve. Production and imports will become less dynamic in Asian developing countries, as they will be hampered by the american slowdown. But OPEC countries will increase their imports. All in all, world trade will decelerate but along geographical pattern that will benefit Europe in general and France in particular. France is still pursuing goals of balanced current account and a reduced budget deficit. Economic policy being moderately restrictive, household's consumption will decelerate. Faced with gradually weaker final demand and renewal of financial difficulties, firms will not increase their capital expenditures as fast as in 1989. The rate of growth of production will diminish in 1990 and pick up in 1991. As the labour market is relatively flexible, job creation will rapidly adapt to the fluctuations of production. Thus productivity will increase, but so will unemployment.
- L'Europe se crée des besoins - Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Sigogne, Monique Fouet, Jacques Adda, Olivier Passet, Véronique Riches, Françoise Milewski, Pascal Garaude p. 5-65
- La reprise de la croissance était-elle prévisible ? - Pierre-Alain Muet p. 67-90 La reprise de la croissance en Europe depuis 1986 a principalement son origine dans les effets directs et induits (desserrement des contraintes des politiques économiques) du contre-choc pétrolier. De fa on mineure, transitoire et quelque-peu inattendue, elle a été accentuée par le desserrement des politiques monétaires à la suite du krach boursier de l'automne 1987. Alors que cette reprise de la croissance et les mécanismes qui l'ont rendu possible (accompagnement de la reprise par les politiques budgétaires et effet d'accélération de l'investissement) avaient été correctement anticipés dans les scénarios à moyen terme publiés dans cette revue en avril 1986, les prévisions à court terme réalisées au cours des trois dernières années par OECE et les principaux instituts de conjoncture fran ais et étrangers ont au contraire continûment sous-estimé celle-ci. Les scénarios réalisés en avril 1986 montraient en effet que l'impact moyen terme de la baisse du prix du pétrole et du cours du dollar dépendait très largement des réactions des politiques économiques européennes à la situation nouvellement créée. Si le surplus de recette était principalement utilisé par les gouvernements pour se désendetter (scénario «désendettement») la croissance pouvait être supérieure à celle des années qui précédaient le contre-choc mais sans dessiner une véritable reprise (2,7% en moyenne de 1988 à 1990). Au contraire si le surplus de recette était utilisé dans les pays industrialisés pour réduire les prélèvements obligatoires (scénario de «relance concertée») la croissance française s'accélérait moyen terme pour atteindre 3,7% en moyenne de 1988 à 1990, sans accélération de l'inflation et avec une forte reprise de l'investissement des entreprises (7,6% de 1988 à 1990). L'étude rétrospective développée dans la première partie de l'article montre que, du fait du retard d'ajustement dans les politiques économiques, le scénario désendettement a prévalu en 1987 alors que les bénéfices du contre-choc ont été massivement utilisés dans les années suivantes pour accom pagner et conforter la reprise, conformément au scénario de «relance concertée». La seconde partie de l'article analyse les erreurs réalisées dans les prévisions à court terme au cours de cette même période par les principaux instituts de prévision des pays industrialisés et publiées régulièrement dans la revue Economie Forecasts. Ces erreurs découlent d'une trop grande pondération accordée au passé récent (en outre fort mal connu) et de l'influence réciproque qu'exercent les prévisionnistes des différents pays les uns sur les autres : chacun prévoyant une croissance faible parce que la croissance prévue par ses partenaires est faible. Cette influence réciproque reproduit en quelque sorte dans le domaine des prévisions, la situation équilibre non coopératif (équilibre de Nash) qui fut à l'origine de la longue période d'austérité et de stagnation qu'ont connu les pays européens et dont ils ne sont sortis que par des chocs externes (le contre-choc pétrolier en 1986, la peur d'une récession la suite du krach boursier en 1987-1988, l'immigration venue de Est en 1989).The major cause of European growth since 1986 has been the direct and indirect effects of the fall in oil prices. A less important cause, which was unanticipated and had only transitory effects, was the expansionary monetary policy which was implemented as response to the stock market crash in the fall of 1987. While the medium term scenarios published in this Journal in April 1986 correctly anticipated the return of growth and the mechanisms which have caused it, short-term forecasts of the last three years published by the OFCE and other major French and foreign forecasting institutes have consistently under-estimated it. Scenarios realized in April 1986 show that the medium-term effect of the decrease in oil prices and in the value of the dollar were largely dependent on the response of European economic policies to the new situation. Two scenarios were considered. In the first, the surplus would have been used to decrease the level of public indebtness («debt-reduction» scenario). In this case the rate of growth would have been larger than the pre-beneficial oil-shock years, but without stimulating real recovery (2.7% on average from 1988 to 1990). In the second, the surplus would have been used by industrialized countries to reduce total tax revenues («co-ordinated reflation» scenario). In this case, the French rate of growth would have accelerated in the medium run to reach an average rate of 3.7% from 1988 to 1990, with no acceleration of the inflation rate and with strong recovery of business investment (7.6% from 1988 to 1990). The retrospective study of the first part of the article shows that, because of the delay in adjusting fiscal policies, the «debt-reduction scenario» has prevailed in 1987. On the other hand, the effects of the decline in oil prices have been massively exploited in the following years in order to stimulate the recovery as in the «co-ordinated reflation» scenario. The second part of the article analyses errors in short-run forecasts for the same period by major forecasting institutes of industrial countries which are regularly published in the journal Economic Forecasts. These errors depend on the excessive weight given to the recent past and on the influence that forecasters have on each other : each one forecasted slow recovery because everybody else did. This reciprocal influence represents, in the forecasting context, the case of non-cooperative equilibrium (Nash equilibrium) that was at the origin of the long phase of austerity and stagnation in Europe and from which European countries got out as consequence of external shocks (the oil price decline in 1986, the fear of recession as the consequence of the stock market crash in 1987-1988, the immigration from the East in 1989).
- Quinze ans de politique de l'emploi - Gérard Cornilleau, Pierre Marioni, Brigitte Roguet p. 91-120 Confrontés depuis 1974 à une grave crise de l'emploi, et à une aggravation sans précédent du chômage en France, les gouvernements qui se sont succédés ne sont pas restés inactifs. D'importantes mesures ont été prises au cours des quinze der nières années tant pour stimuler l'emploi, que pour limiter la pro gression de la population active. L'ensemble de ces interventions publiques constitue ce qu'il est convenu d'appeler, depuis une dizaine d'années, la politique de emploi. La mesure des effets de cette politique était jusqu'à présent rendue difficile par l'absence de données statistiques synthétiques. Cet article a pour objet de combler cette lacune en procédant pour la première fois une évaluation des principaux «stocks» moyens de bénéficiaires de la politique de l'emploi depuis quinze ans. Il devient alors possible d'évaluer les conséquences sur le chômage et les principales grandeurs macroéconomiques des dispositifs mis en oeuvre. Les résultats obtenus montrent que cette politique a permis, au coeur de la crise de l'emploi, d'éviter le chômage plusieurs centaines de milliers de personnes. Cependant, les mécanismes de régulation macroéconomique ont eu comme conséquence de réduire le «rendement» des systèmes de gestion sociale du chômage. Une politique alternative de stimulation des créations d'emplois par la baisse du coût du travail (obtenue par réduction des cotisations sociales par exemple) n'aurait pas été à même de se substituer efficacement au «traitement» social du chômage aux pires moments de la crise de l'emploi. Pourtant, le retour de la croissance depuis quelques années permet d'envisager un redéploiement progressif de la politique de l'emploi dans cette direction.Since 1974, the government has been facing bad employment crisis and an unprecedent aggravation of unemployment. The response to this situation has been the implementation of active policies for employment creation and for limiting the increase of the labor force. This is what, in the last ten years, has been conventionally called «employment policy». Until recently, it has been difficult to quantify the effect of the employment policy because synthetic data were not available. The purpose of this article is to fill this gap by evaluating, for the first time, the number and the type of receipients of employment poleies in the last fifteen years. This allow us to evaluate the effect of these policies on unemployment and other macroeconomic indicators. Our results show that, in the middle of the employment crisis, the use of employment policies has allowed several hundreds of thousands of people to avoid unemployment. However, macroeconomic mechanisms have tended to decrease the «returns» of the system of «social management» of unemployment .The claim of our paper is that in the worst moments of the employment crisis, the alternative policy of stimulation of employment through decrease of labor costs (obtained, for example, through reduction of social contributions) would not have been as effective as direct social management of unemployment. On the other hand, we suggest that in the high growth situation of recent years, employment policy should move in that direction.
- Vers une fiscalité européenne ? - CEPII, OFCE, Marie-Hélène Blonde, Gérard Cornilleau, Pascal Helwaser, Jacques Le Cacheux, Jean Le Dem, Henri Sterdyniak, Bill Robinson, Stephen Smith p. 121-189 L'achèvement prochain du grand marché intérieur européen a fait apparaître l'urgence de l'harmonisation de certains impôts. Mais le débat a porté jusqu'à présent, pour l'essentiel, sur les impôts qui peuvent avoir une incidence directe sur l'instauration de la libre circulation des biens et des capitaux : les taxes indirectes et l'imposition des revenus de placements. Bien que probablement modeste dans un premier temps, cette remise en cause des fiscalités nationales devrait être l'occasion pour les différents pays membres de repenser globalement la rationalité de la structure de leurs prélèvements obligatoires et d'organiser une certaine convergence de leurs systèmes fiscaux et para-fiscaux. Une telle reconsidération devrait tenir compte à la fois des impératifs de l'intégration et de spécificités nationales durables, différences dans les évolutions démographiques ou dans le degré de socia lisation de certaines consommations ou prestations, par exemple. En outre, la perspective de l'unification monétaire incite à s'inter roger sur les instruments et le partage des tâches en matière de stabilisation conjoncturelle. Cet article fournit des éléments de réflexion destinés à éclairer les décisions tendant à favoriser l'émergence en Europe d'une fiscalité harmonisée, compatible avec l'intégration complète des marchés des biens et des capitaux, qui concilie les principes d'efficacité économique avec des objectifs de justice sociale, tout en autorisant des spécificités nationales liées des pré férences ou des conditions objectives différentes, structurelles ou conjoncturelles. Après une analyse des principales différences entre les systèmes fiscaux des pays membres de la CE, des États-Unis et du Japon, et une présentation des finances publiques communau- taires, les principes généraux de la fiscalité sont brièvement passés en revue. La conciliation des nécessités de l'harmonisation de la préservation de l'essentiel des souverainetés nationales et d'une conformité aussi étroite que possible entre les systèmes fiscaux et les objectifs qu'ils poursuivent, a des implications sur les choix d'harmonisation, qui sont étudiées dans la troisième section. Ces orientations générales sont ensuite appliquées à une étude plus détaillée des impôts dont l'harmonisation peut sembler souhaitable -impôts sur les revenus de placements, impôts sur les bénéfices des sociétés, TVA et accises- ou dont on pourrait envisager le transfert à l'échelon communautaire, dans le cas où le budget européen verrait son importance s'accroître. Enfin les conséquences macroéconomiques à court et moyen termes de plusieurs modalités d'harmonisation sont étudiées à la lumière des résultats de simulations, réalisées avec le modèle MIMOSA.As the deadline for completion of the European internal market approaches, tax harmonisation becomes the major concern on the European policy agenda. Until now, the debate has only focused on the taxes which have direct incidence on the process of removing fron tiers barriers : indirect taxes and taxation of income from financial assets. Though the changes are likely to be very small and partial in the short term, the need for some modifications in national tax systems offers good opportunity for more general reflexion about the rationale of tax structures in Europe. This reflexion has to take into account the constraints induced by complete market integration and the necessities of allowing for some national specificities that are likely to persist, such as differences in demographic trends or in the degree of public sector involvment in the supply of certain goods and social services. Moreover, the prospect of monetary unification calls for discussion of how instruments and responsabilities ought to be shared in matter of stabilisation policy. First we analyse the major differences between existing national tax systems in Europe, the United-States and Japan, and present the current state of Community finance. We then briefly discuss the general economic principles of taxation. In the third section different ways of harmonising taxes are explored, trying to reconcile the constraints of harmonisation and the national specificities and sovereignties. These general conclusions are then applied to more detailed study of those taxes that ought to be harmonised taxes on financial assets income, corporate income taxes, VAT and excise duties or possibly transfered to the Community level in the event of an increase in the size of the Community budget. Finally we use the MIMOSA multinational macromodel to simulate the short and medium run macroeconomic consequences of various harmonisation hypotheses.
- Summaries in English - p. 190-192
- Cahier de graphiques - Département des diagnostics de l'OFCE p. 192