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Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques |
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Numéro | No 29, 1989 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Chronique de conjoncture
- La détente à mi-parcours - Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Sigogne, Jacques Adda, Olivier Passet, Véronique Riches, Françoise Milewski, Stéphane Corsaletti, Pascal Garaude, Véronique Przedborski p. 5-116 Le rééquilibrage de la croissance économique entre les grands pays industrialisés s'est poursuivi au premier semestre de 1989. Le ralentissement de l'activité aux Etats-Unis a permis de réduire les tensions sur les capacités et sur le marché du travail, tandis que le retournement à la baisse des cours des produits de base à partir du printemps contribuait à écarter la menace inflationniste. La croissance est restée vive en Europe et au Japon, où les capacités approchent de la saturation. L'écart conjoncturel qui s'est ainsi formé avec les Etats-Unis n'a pas entamé la vigueur du dollar, qui a bénéficié d'une politique monétaire toujours prudente de la part de la FED et de la bonne tenue du marché obligataire. Les différentiels de demandes intérieures et les mouvements de termes de l'échange se sont donc conjugués dans la première partie de l'année pour favoriser une diminution du déficit commercial américain et de l'excédent japonais. La RFA, au contraire, a compensé la baisse de son excédent bilatéral vis-à-vis des Etats- Unis par une augmentation des surplus engrangés sur les marchés européens. La demande des pays en développement s'est modérée au premier semestre sous l'effet d'un ralentissement de l'activité en Asie et d'une stagnation économique persistante en Afrique et en Amérique latine. La mise en œuvre de la stratégie renforcée de la dette (plan Brady) ne produira pas d'effets significatifs sur la demande des pays lourdement endettés avant la fin de 1990. La reprise des importations de l'ОРЕР fera néanmoins contrepoids à ces tendances l'an prochain. En 1990 le resserrement des politiques monétaires en Europe et au Japon et l'atterrissage en douceur de l'économie américaine provoqueront une dépréciation du dollar. Ce surcroît de compétitivité permettra d'amortir l'effet sur l'offre américaine du moindre dynamisme du marché intérieur. La résorption des soldes commerciaux en valeur sera néanmoins freinée par le jeu des termes de l'échange. Les tensions inflationnistes seront maîtrisées en Europe et au Japon, au prix d'une activité un peu moins soutenue. L'économie française, comme les autres économies occidentales, a bénéficié d'une forte croissance. La saturation des capacités de production s'est encore accentuée et le déséquilibre des qualifications sur le marché du travail est tel que chômage élevé et pénurie de main-d'œuvre qualifiée vont de pair. Pour tenter d'atténuer ces tensions, les entreprises vont chercher avant tout à étendre leur outil de production, en investissant et en allongeant sa durée d'utilisation. Les dépenses d'équipement ne devraient donc pas être ralenties. Elles seraient tout juste suffisantes pour que l'appareil productif progresse au rythme de l'activité, soit 3 % pour le PIB et près de 3,5 % pour la production industrielle. Les tensions ne s'aggraveraient donc pas, mais une détente est peu probable. Les entreprises devraient avoir encore embauché en 1989 avec la même ampleur qu'en 1988 avant de ralentir quelque peu leurs recrutements l'an prochain. Dans la phase de montée du cycle économique la productivité s'est vivement accrue. Elle se ralentirait progressivement pour retrouver en 1990 sa tendance de moyen terme. Le taux de chômage se stabiliserait, les créations d'emplois étant compensées par la hausse de la population active et un moindre effort de «traitement social» de la part de l'Etat. La progression du revenu réel des ménages s 'appuiera davantage sur celle des salaires grâce à la hausse des effectifs et des salaires individuels réels dans le secteur privé où deux types de pressions sont apparues : celle des salariés des secteurs dont l'appareil de production est le plus sollicité et celle des professionnels qualifiés les plus recherchés par les employeurs. La consommation des ménages subira l'effet modérément restrictif des remboursements à venir des crédits de trésorerie contractés les années précédentes. De moins bonnes perspectives pour l'investissement en logements contribueront à élever un peu le taux d'épargne financière. La saturation des capacités de production industrielles n'étant pas spécifique à la France, on ne doit pas s'attendre à une hausse de la pénétration des importations sur le marché intérieur supérieure à sa tendance de long terme. A l'exportation, les pertes departs de marché de la France seraient progressivement annulées. Mais le solde industriel se creuserait encore cette année, puis se stabiliserait l'an prochain. Malgré un déficit accru du commerce extérieur des marchandises, celui des paiements courants resterait inférieur à un demi point de PIB. La hausse des prix se modérerait l'an prochain. Le ralentissement de l'inflation importée et des baisses supplémentaires de TVA pèseront davantage que les hausses de coûts salariaux unitaires.Balancing of economic growth of the major developed countries continued during the first half of 1989. The slowdown of US activity permitted the relaxing of capacity tensions and labour constraints. Falling prices of raw material in the spring reduced the theat of inflation. Growth was steady in Europe and Japan, bringing equipment to near full capacity. The resulting output gap with the United States did not threaten the strength of the dollar, which was fed by the still cautious monetary stance of the Federal reserve and the buoyancy of the bond market. The domestic demand differentials and exchange rate movements fostered both the reduction of the American external trade deficit and the Japanese surplus. By contrast, Germany offset its reduced bilateral surplus vis à vis the United States with increased ones vis à vis its European partners. Imports from developing countries were curbed during this half-year, by a slackened activity in Asia and enduring economic stagnation in Africa and Latin America. The implementation of the reinforced debt strategy (Brady Scheme) will not significantly enhance the demand of highly indebted countries until late 1990. In 1990, the upswing of imports from OPEC countries will nevertheless counterbalance these trends. More restrictive monetary policies in Europe and Japan, and the soft landing of the American economy, will bring about a dollar depreciation in 1990. The increased competitiveness of American supply will thus cushion the impact on it of a less dynamic internal market. But adverse terms of trade will limit the reduction of external imbalances. Inflationary pressures will be mastered at the cost of less brisk demand. The existing gap with the United States will allow for an improved ratio of exports to imports in real terms, and a smaller current account deficit as a percentage of GDP. Like other developed economies, France has experienced strong growth. Production capacities are more and more saturated. The imbalance between supply and demand of qualified workers leads simultaneously to labour shortages and to still high unemployment. In order to alleviate these tensions, companies will try to develop their facilities through new investment and an increased use of existing equipment. Investment outlays should not be tempered, to permit potential output to be in line with actual growth, i. e. 3 % for GDP and around 3,5 % for industrial production. Neither worsening nor easing of tensions would presumably occur. The business sector is expected to create as many jobs this year as last, then to slow down its hiring in 1990. During the recovery part of the cycle, productivity increased strongly. 1990 would show a return to the medium term trend. The unemployment rate would be stabilized, job creations matching the rise of the labourforce and a less intensive social treatment. The progress of real income will rest increasingly on wages. This stems from higher employment and individual wages. Two kinds of pressures have emerged in the private sector : those emerging from employees operating in highly saturated branches, and those from qualified people most sought by employers. Private consumption will be somewhat impeded by the servicing of the consumer debt. Some slowdown of home purchases could also contribute to a slight rise in the financial saving rate. Given that foreign production facilities are at as high a level as in France, we do not expect an increasing rate of import penetration beyond the medium term trend. The reduction in French market shares should also cease. The industrial trade deficit may still worsen this year, then level off. In spite of an increased trade deficit, the current account deficit would remain under half a percentage point of GDP. The price rise would be curbed next year. Less imported inflation and additional VAT rates reductions will dominate the increase of unit labour costs.
- La détente à mi-parcours - Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Sigogne, Jacques Adda, Olivier Passet, Véronique Riches, Françoise Milewski, Stéphane Corsaletti, Pascal Garaude, Véronique Przedborski p. 5-116
- Une théorie des années quatre-vingt - Jean-Paul Fitoussi, Jacques Le Cacheux p. 117-160 Les années quatre-vingt présentent, pour les analyses macroéconomiques habituelles, des énigmes majeures, dont, aux premiers rangs, la persistance d'un chômage élevé en Europe et la désynchronisation des conjonctures américaine et européennes pendant la première moitié de la décennie. Des «faits» nouveaux, qui distinguent la période considérée sont mal pris en compte par les modèles usuels. Cet article propose une théorie alternative des développements conjoncturels de cette période, qui s'appuie sur une reconstruction de l'analyse de l'économie ouverte. Les évolutions des taux d'intérêt réels et des taux de change réels y jouent un rôle déterminant, en affectant les comportement d'offre et de fixation des marges d'entreprises opérant dans un environnement imparfaitement concurrentiel. L'intuition qui fonde cette analyse est que les liens commerciaux qui unissent les économies américaine et européennes sont trop ténus pour engendrer le synchronisme conjoncturel généralement supposé, mais que les interactions qui transitent par les marchés financiers sont, au contraire, très fortes. La hausse des taux d'intérêt réels et l'appréciation réelle du dollar, en la première moitié des années quatre-vingt, ont incité les entreprises européennes à augmenter leurs marges et à tenter de contenir leurs coûts de production, en particulier les salaires. Or ce qui advient aux marges des entreprises importe tout autant que ce qui en est des salaires : une augmentation «exogène» des unes ou des autres est porteuse de «stagflation», en ce qu'elle détériore les termes de l'arbitrage politique entre inflation et chômage. Il peut s'ensuivre une transmission négative des «chocs» macroéconomiques qu'ont engendrés les politiques pratiquées aux Etats- Unis. Les conséquences ont été accentuées par la dégradation des conditions d'exercice des politiques budgétaires et monétaires en Europe, qui ont contraint les gouvernements à adopter des orientations pro-cycliques. La hausse persistante des taux d'intérêt réels a, en outre, été à l'origine d'importants effets d'hystérésis, qui ont installé la récession européenne dans la durée et freiné la reprise, au moment où la dépréciation réelle de la monnaie américaine et une baisse — modérée, il est vrai — des taux d'intérêt réels favorisaient un nouvel essor européen. L'ajustement lent à un régime de taux d'intérêt réels élevés et le caractère pro-cyclique des politiques européennes qu'encourage un tel régime expliquent à la fois la forte persistance de la récession et la progressivité de la reprise. Cette théorie nouvelle nous avait conduits à prédire, dès 1987, le retour de la croissance en Europe. Elle nous incite aujourd'hui à prévoir qu'elle sera durable, sauf nouvelle hausse des taux d'intérêt, même dans l'éventualité d'une récession aux Etats-Unis.Seen through the lenses of traditional macroeconomic analyses, the 1980s are highly puzzling. It is especially difficult to understand the persistence of high unemployment in Europe and the de-synchronisation of business cycles in the US and in Europe during the first half of the decade. New «facts» have occurred, which currently available models are not able adequately to explain. This paper offers an alternative analysis of business developments during the 1980s, building on a reconstructed theory of the open economy. Changes in real interest rates and real exchange rates play a major role in this reappraisal: they affect supply decisions and mark-up behaviour of firms operating in an imperfectly competitive environment. Intuitively, we contend that trade relations between the European and American economies are actually too tenuous to generate the traditionally assumed synchronisation of business cycles, and instead are dominated by interactions through financial markets. During the first half of the 80"s, both rising real interest rates and the real appreciation of the dollar induced European firms to raise their mark-ups and to attempt to contain production costs, especially labour costs. But what then happens to mark-ups is just as crucial as what happens to wages: an «exogenous» hike in either breeds «stagflation», insofar as it worsens the terms of the inflation unemployment tradeoff. It may thus be that macroeconomic disturbances — in particular the US «policy mix» — are transmitted negatively. The consequences of such adverse effects were aggravated by the resulting worsening in the fiscal and monetary policy environment, European governments then being impelled to go for pro-cyclical policies. Moreover, the persistent rise in real interest rates had major hysteresis effects that explain the protracted character of the European slump. Such effects also slowed down the recovery, at a time when a depreciating dollar and — moderately — declining real interest rates were favouring a renewal of economic activity in Europe. Slow adjustment to a regime of high real interest rates, together with pro-cyclical policies in Europe as a result of such a regime, explain both the strong persistence of the slump and the slowness of the recovery. As early as 1987, this new theory had led us to forecast a recovery in Europe. Today, the same reasoning induces us to predict that it may well last, even in the event of a recession in the US, but provided interest rates do not to rise further.
- Chômage et croissance en France et aux États-Unis. Une analyse de longue période - Lucrezia Reichlin, Catherine Guillemineau p. 161-184 Cet article présente une étude empirique exploratoire sur les déterminants du chômage, en courte comme en longue période, en France et aux Etats-Unis. Les méthodes statistiques utilisées sont celles de la cointégration, qui permet de déterminer si deux variables évoluent conjointement dans le temps, et de la causalité, qui détermine si une série chronologique contient les informations nécessaires à la prédiction de l'évolution d'une autre. La plupart des séries utilisées sont caractérisées par la propriété de persistance, ou encore par un phénomène d'hystérésis, qui implique que leur évolution n'est pas réversible. En d'autres termes, des chocs, même transitoires, laissent des traces permanentes sur l'évolution économique. Les résultats montrent qu'il n'existe pas de relations systématiques entre l'évolution du chômage et, d'autre part, celles des salaires réels, des coûts salariaux, des variables démographiques ou de la demande globale. Aucune causalité n'a pu être découverte entre ces variables. Par contre, il existe bien une relation entre l'évolution du chômage et celle des taux d'intérêt réels, à court comme à long terme, en France et aux Etats-Unis. Ces faits sont suffisamment surprenants pour inviter à reconsidérer les explications traditionnelles du chômage.This paper analyses the causes of unemployment, in the long and in the short-run, in France and the United-States. Our empirical strategy consists of testing for short-run causality and for cointegration. The cointegration analysis seeks to establish whether there exists a common long-run path for each pair of series ; the short- run causality analysis seeks to establish whether one série contains information to predict changes in another série. Many macroeconomic time series can be characterized by persistence, i.e. by hysteresis, which implies that the effects of a shock on economic aggregates are long lasting, in that even small changes lead to large movements in the long term path. The results show that there exists no stable relationship between unemployment and real wages or labour costs, nor between unemployment and demographic aggregates or demand for goods. No causality was found for these pairs of series. On the other hand, we can identify short-term and long-term causality for unemployment rates and real long-run interest rates, both in France and the United States. These results are quite surprising and lead us to question most standard explanations of unemployment.
- Fusions et acquisitions dans l'industrie européenne - Paolo Garella p. 185-219 Au cours des années récentes le nombre et l'importance des fusions ou acquisitions d'entreprises se sont considérablement accrus dans les pays européens. Quels en sont les objectifs ? Quelles en sont les conséquences pour l'entreprise, la croissance et l'emploi ? Cet article s'efforce de répondre, autant que faire se peut, à ces questions, les données pertinentes n'étant pas toujours disponibles. Il s'attache d'abord à donner un bilan chiffré des évolutions récentes, ce qui permet de souligner la spécificité des transformations en cours par rapport aux décennies passées. Il en étudie ensuite les fondements en recherchant les motivations qui inspirent les regroupements d'entreprises par acquisitions ou par fusions. Celles-ci permettraient de substituer des équipes dynamiques à une direction inefficiente, pour le plus grand profit des actionnaires, et de réaliser des économies d'échelle potentielles, notamment en matière de recherche et développement. Elles serviraient aussi à rationaliser la gestion. L'analyse de nombreux cas particuliers, ainsi qu'un survol des études existantes, montre que l'entité issue de la fusion n'est pas toujours jugée par le marché plus rentable que les entreprises préexistantes à l'opération ; que les regroupements peuvent être défensifs, par exemple pour maintenir une position dominante dans la perspective d'une intensification de la concurrence — plutôt que destinée à améliorer la productivité ; que les directions des firmes acheteuses ne sont pas toujours plus performantes que celles des firmes achetées, etc. Parce que l'étude générale ne permet pas vraiment de trancher entre visions optimistes et pessimistes des conséquences des fusions d'entreprises, on examine enfin le cas de secteurs particuliers (sidérurgie et chimie) et celui d'un pays nouvellement membre de la CE (l'Espagne). La complexité des organisations industrielles comme celle des structures de marché n'autorisent pas encore l'élaboration d'une théorie générale du phénomène.In recent years, both the number and the size of mergers and takeovers have risen considerably in European countries. What are their objectives ? What are their effects on the firms themselves, on growth and on employment ? This paper attempts to answer such questions, to the best of our ability, given that relevant data are not always readily available. First, a quantitative picture of recent developments is provided, which serves to emphasize the specificity of currently observed moves, relative to what had happened earlier. The most commonly invoked motives for mergers and takeovers are then reviewed. Such moves would serve to displace inefficient management, for the benefit of shareholders, and to achieve economies of scale, most notably with respect to R & D. A number of case studies and a short survey of the existing literature suggest that the new organisation resulting from the merger is not always regarded by financial markets as potentially more profitable than the existing firms ; that mergers may be induced by defensive motives, such as the desire to maintain a dominant position in a market, in the prospect of enhanced competition — rather than to increase productivity ; that the management of buying firms does not always perform better than that of the targets, etc. Since the results of these general studies do not allow us to reach any definite conclusion in favour of either the optimistic or the pessimistic views with respect to the overall consequences of mergers and takeovers, we turn to some specific industries (steel and chemicals) and to the particular case of a new member-state of the European Community, namely Spain. The complexity of industrial organisations and that of market structures are such as to prevent the development of a general theory of mergers and takeovers.
- Summaries in English - p. 221-224
- Index et table des matières des publications de l'OFCE - p. 225-251
- Cahier de graphiques - Département des diagnostics de l'OFCE p. 256