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Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Mir@bel
Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques
Numéro No 30, 1990
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Pauvretés ancienne et nouvelle en France - Jean-Hugues Dechaux p. 7-33 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    La pauvreté, parce que sa notion est relative aux normes de consommation et de bien-être de la société, ne peut être définie que de façon conventionnelle. Si on la conçoit comme un phénomène purement monétaire, le nombre de pauvres en France, après avoir baissé jusqu'en 1979, augmente depuis en dépit de l'amélioration et de la généralisation de la protection sociale. La diversification et le renouvellement des populations qui recourent à l'assistance font que la pauvreté se transforme. Alors que la pauvreté traditionnelle, qui s'enracine et se reproduit aux marges de la société, s'atténue, une nouvelle apparaît. D'état stable et endogène, constituant un monde à l'écart de la société, elle devient le résultat de mécanismes de marginalisation engendrés par le système social. On naît pauvre plus rarement, mais on le devient par la conjonction de handicaps dus au travail et à la famille. L'absence de soutien du conjoint ou de la parentèle proche y fait tomber les ménages dont le chef est au chômage ou rencontre des difficultés d'insertion professionnelle. Pour l'instant on ne sait pas si la majorité de ces nouveaux pauvres vont s'enfoncer dans la pauvreté traditionnelle et rejoindre le quart- monde ou s'ils parviendront à en sortir plus facilement qu'il n'était possible auparavant.
    Poverty can only be defined by convention or as a relative notion. It is related to norms of consumption and to the well-being of society. If poverty is defined in monetary terms, then the number of poor in France decreased until 1979, and has been increasing since then. This occured despite the improvement and the generalisation of social welfare. Poverty has been modified by the fact that new and different groups now depend on social welfare. Although traditionally poor people were born poor, they nowadays tend to fall into poverty because of the conbination of handicaps due to work and family. Traditional poverty used to be rooted within the fringe of society and to reproduce itself from generation to generation. It was a stable and endogenous situation constituting a world apart from the mainstream of society. A new form of poverty appeared in the last decades as a result of mechanisms of marginalisation generated by the social system. The lack of support from the partner within the couple or from close relatives lead to poverty when the head of the family is unemployed or in a precarious situation. So far, we do not know if the majority of these new poor will succeed in going out of poverty more easily than in the past.
  • Répartition et formation du revenu disponible dans cinq grands pays - Jérôme Henry, Frédéric Lordon p. 35-61 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    L'étude de la répartition du revenu national est le plus souvent limitée à celle du partage de la valeur ajoutée entre salaires et profits, dont les déterminants essentiels sont les évolutions de la productivité et des salaires réels. Pourtant, l'analyse du partage du produit intérieur brut, incluant l'ensemble des impôts indirects, puis du revenu national disponible qui comprend le solde des opérations avec l'extérieur, permet de mieux prendre en compte le rôle redistributif des opérations de répartition — revenus de la propriété, fiscalités directe et indirecte, cotisations et prestations sociales. La présente étude retient cette seconde démarche pour cinq grands pays de l'OCDE (Etats-Unis, Japon, RFA, Royaume- Uni et France) et couvre la période 1970-1986. Les secousses de 1975 et 1980, consécutives aux chocs pétroliers, et le retournement de 1982 affectent dans tous les pays la part des salaires, qu'elle soit mesurée par le poids des salaires bruts ou des rémunérations brutes dans le PIB ou dans la valeur ajoutée. Le recours à des indicateurs différents modifie en revanche sensiblement la hiérarchie internationale obtenue : les caractéristiques structurelles nationales décrites par les taux d'imposition directe, de salarisation, de prestations et de cotisations sociales sont autant de causes de divergence. L'étude du partage du revenu fait apparaître une structure que l'on peut qualifier d '«européenne» — part des ménages plus faible et des administrations plus forte — face aux répartitions américaine et japonaise. Entre 1970 et 1986 les modifications de la structure de répartition du revenu disponible concernent essentiellement les parts des ménages et des entreprises, celle des administrations restant en général stationnaire, malgré l'augmentation des prélèvements obligatoires en pourcentage du PIB, à l'exception notable des Etats-Unis où elle décroît tendanciellement. L'ajustement au profit des entreprises depuis le début des années quatre-vingt a emprunté des voies très différentes selon les pays. Le calcul du rapport entre le revenu final des ménages et leurs salaires bruts montre une convergence impressionnante des différents pays, mais l'analyse détaillée — prestations sociales, cotisations employeurs et employés, impôts directs... — confirme, sur fond de socialisation croissante du revenu des ménages, l'utilisation d'instruments divers : pression sur les salaires en France ou moindre évolution des revenus de la propriété au Japon par exemple. L'analyse en termes de répartition des «fruits de la croissance» et de contribution des composantes à la formation du revenu des ménages montre que l'idée d'une «norme européenne» de répartition semble perdre de sa pertinence depuis 1982, la France et la RFA conservant cependant des structures assez proches.
    The analysis of National Income distribution is often restricted to that of the shares of wages and profits in value added, the main determinants of which are changes in productivity and real wages. This is because a study first focused on G.D.P, thus including all indirect taxes, then on National disposable Income, which includes the external balance as well, allows a better understanding of the redistribution effects due to direct and indirect taxes, social contributions and benefits and property incomes. This paper follows such a strategy for the five larger economies of the OECD (the United States, Japan, Germany, the United-Kingdom and France) and deals with the period from 1970 to 1986. In every country the wage share was subject to two upward swings around 1975 and 1980, right after the oil crisis, but it has dropped since 1982. This is true no matter what is the method used to compute the wage share. Nevertheless, the use of various indicators significantly modifies the international ranking obtained: structural national characteristic such as the rates of direct taxes create discrepancies as does the ratio of employees to labour force or the financing of social security. This study reveals that there exists a pattern which might be called european-specific — characterized by weaker shares for households and government — and that can be contrasted to that which prevails in the United States and Japan. Between 1970 and 1986 the changes in the structural shares of the National Disposable Income essentially affected households and firms, the share of government was generally roughly constant, in spite of the rising tax burden. The United States is the only exception to this rule with, on the contrary, a decreasing trend. The adjustment of the early eighties in favour of firms has taken various paths, depending on the country. Although the ratio of households disposable income to wages does converge remarkably, a component-by- component analysis — social benefits and contributions, taxes... — confirms that there is, beyond the general growing socialization of the income of households, a variety of parts : the pressure on wages in France or the quietening down of property income in Japan for instance. In terms of sharing the benefits of growth and of contribution to the constitution of households income, the idea of an «european-specific pattern» has become less relevant since 1982, though France and Germany still remain very much alike.
  • Convergences et diversités des sociétés européennes occidentales - Michel Forsé p. 63-83 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Les événements que nous connaissons actuellement à l'Est sont l'occasion de s'interroger à nouveau sur l'unité de l'Europe occidentale. La diversité est évidente, elle se manifeste par l'économie, les langues, les religions, etc. D'ailleurs à l'intérieur d'une même nation peuvent exister des contrastes régionaux plus forts que ceux qui séparent deux pays. La plupart des observateurs notaient au milieu des années soixante-dix que l'industrialisation n'avait pas réussi à uniformiser les modes de vie. Schématiquement on pouvait toujours distinguer entre une aire septentrionale et une aire australe. Aujourd'hui le diagnostic est différent. L'opposition persiste mais elle s'atténue. Passant en revue quelques-unes des grandes évolutions de l'Europe de l'Ouest sur des sujets aussi divers que les inégalités de développement économique, le travail et l'emploi, la famille, le vieillissement, les modes de vie, la religion, les préférences politiques et les valeurs, on constate qu'un processus de convergence est à l'œuvre. Partout l'élévation des niveaux de vie s'est accompagnée d'une transformation des modes de vie qui aboutit à une relative homogénéisation. Sur bien des points les différences nationales, toutes choses égales par ailleurs, sont, dès à présent, plus faibles que les différences socio-démographiques. Il n'en resulte pas une uniformité absolue. Dans la plupart des cas les changements ont d'abord affecté le Nord avant de se diffuser au Sud. Or au Nord ils sont le prolongement de tendances antérieures, alors qu'au Sud ils en prennent le contrepied, ils correspondent souvent à une remise en cause de la tradition. Si une ouverture plus parfaite des frontières, à l'intérieur du marché commun, doit avoir pour conséquence d'intensifier les échanges, notre Vieux Continent a toutes les chances d'approfondir son identité culturelle.
    The recent events in Eastern Europe offer a new opportunity to rise the question of Western Europe unity. Diversity is obvious as shown by economies, idioms, religions... Even within the same nation, regional contrasts can be more important than differences between two countries. In the mid 70's most of observers thought that industrialization did not succeed in making life style uniform. Two big areas, North and South, could be schematically distinguished. Today the diagnostic has rather changed. This distinction still exists but is vanishing. Looking at important trends of societal transformation in Western Europe on topics as various as economic inequalities, employement, family, aging, life style, religion, political opinion and values, we see that a convergence process is taking place. Everywhere, higher standard of living have involved a transformation of life style in the sense of a growing relative homogeneity. On many indicators, national differences are now less important than social or demographic differences. This does not imply an absolute uniformity. Most of the changes began in Northern Europe before spreading in the South. However, while in the North they are the continuation of old trends, in the South, they are very often in opposition with traditions. If the opening of the borders within the Common Market has to intensify various kinds of exchange beetween the nations, our Old Continent is likely to deepen its cultural identity.
  • De la reprise de l'investissement à la croissance du capital - Olivier Passet, Véronique Przedborski, Véronique Riches p. 85-120 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    En 1989, après quatre à cinq années de dépenses soutenues d'investissement en France, en Allemagne, aux Etats-Unis et au Japon, les ajustements nécessaires à une croissance durable ont-ils pour autant été réalisés dans les secteurs productifs ? La reprise de l'investissement, partout effective dès 1985, a été principalement initiée par les entreprises. Celles-ci ont privilégié les dépenses en équipement et notamment celles de matériels de bureau et d'informatique, dont les prix baissaient. Ainsi un montant équivalent d'investissement a-t-il permis d'acquérir davantage de moyens de production et donc une plus grande efficacité. En Europe comme aux Etats-Unis la reprise de l'investissement n'a pas encore permis une élévation de la croissance du volume de capital fixe brut productif. Mais l'amélioration de la qualité du stock de capital, en partie due à une diffusion accélérée de biens à haute technologie dans le processus de production, a pu compenser sa moindre croissance et incite à relativiser le handicap supposé d'une insuffisante accumulation. La baisse tendantielle de la productivité apparente du capital qui s'est intensifiée au Japon, s'est interrompue en Europe et aux Etats-Unis, où la substitution du capital au travail s'est ralentie. Dans le tertiaire l'industrialisation des services a permis que la productivité du capital cesse de se dégrader à partir de 1983, sauf au Japon. Dans l'industrie manufacturière elle s'est rapidement accrue aux Etats-Unis mais continue de baisser en Europe et reste notablement plus faible qu'ailleurs. Plus que l'effort d'investissement, c'est l'efficacité de l'appareil productif européen qui est en cause.
    In the last five years there has been sustained investment in France, Germany, the United-States and Japan. Have the adjustments required for steady growth yet been made in industry ? The investment recovery, worldwide since 1985, has been mainly brought about by the productive sector. Firms gave priority to their spending on machinery, especially on office and business machines whose prices have been decreasing. Thus larger capital inputs could be financed with given resources, leading to higher efficiency. In Europe, as well as in the United-States, the growth of the productive gross fixed capital stock has hardly increased in real terms. Nevertheless a speeded-up spread of high-tech goods through production processes, designed to improve the quality of the capital stock, may have offset its slower growth. The alleged impediments due to insufficient accumulation should therefore be revalued downwards. The downward trend in capital productivity increased in Japan, but disappeared in Europe and the United-States where capital-labour substitution slowed. Industrializing the service industry allowed the capital productivity in this branch to stabilize since 1983, Japan excepted. In the manufacturing industry productivity improved in the United-States but kept decreasing in Europe where its level is by far the lowest. As Europe tends to invest more than Japan and the US, this leads one to question the efficiency of its production process.
  • Endettement public et taux d'intérêt. Une étude empirique - Alexandre Mathis p. 121-136 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    L'objet de ce travail est d'étudier empiriquement l'influence de la croissance de la dette publique sur un ensemble de grandeurs macroéconomiques, plus particulièrement le taux d'intérêt. L'approche utilisée fait appel à l'analyse des séries chronologiques vectorielles et diffère donc de l'économétrie classique. On montre qu'une accélération de la croissance de la dette publique a des effets défavorables sur la balance des paiements courants par l'intermédiaire d'une augmentation induite du revenu. Le besoin de financement provoque alors une hausse du taux d'intérêt.
    The aim of this paper is to study empirically the influence of the growth of public debt on a set of macroeconomic variables, especially the interest rate. The approach used is that of vectorial time series analysis and not that of classical econometrics. We show that an acceleration of the growth of public debt has pernicious effects on the current account balance though an increase in national income. Hence in order to finance this an increase in the interest rate must occur.
  • MIMOSA, une modélisation de l'économie mondiale - Equipe MIMOSA, Jean Pisani-Ferry, Henri Sterdyniak, CEPII, OFCE, Marie-Hélène Blonde, Virginie Coudert, Henri Delessy, Murielle Fiole, Hélène Harasty, Jérôme Henry, Jean Le Dem, Sébastien Paris-Horvitz, Sanvi Avouyi-Dovi, François Lecointe, Elizabeth Krem p. 137-197 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    MIMOSA, modèle macroéconomique de l'économie mondiale, construit en commun par le CEPII et l'OFCE est maintenant opérationnel. Le présent article en présente les principales caractéristiques ainsi que quelques propriétés variantielles. Les économies des six plus importants pays industrialisés sont décrites en détail par des modèles d'inspiration néo-keynésienne ; le découpage en cinq branches permet d'isoler l'énergie, le secteur agricole, le secteur abrité, le secteur non-marchand et l'industrie où la fonction de production, de type putty-clay, permet d'assurer la cohérence des comportements d'emploi, d'investissement, d'accumulation de capacités de production. Ces modèles autorisent une analyse fine des diverses mesures de politiques budgétaires ou monétaires. Neufs zones, analysées plus sommairement, regroupent le reste du monde : le modèle intègre en particulier les contraintes de financement qui pèsent sur les possibilités d'importations des pays en développement. Les interdépendances commerciales sont décrites en quatre produits. L'article analyse comment le modèle rend compte des effets différenciés sur l'économie considérée et sur l'économie mondiale d'une hausse des dépenses publiques survenant dans un des grands pays. Il étudie ensuite les conséquences d'une baisse du dollar, puis d'une baisse généralisée des taux d'intérêt. Bien qu'il reste, à certains égards, en construction, le modèle MIMOSA constitue déjà un outil utile pour comprendre le fonctionnement de l'économie mondiale et prévoir son évolution.
    Mimosa, a macroeconomic model of the world economy, jointly built by the CEPII and the OFCE, is now operational. This article presents its main features and describes some monetary and fiscal multipliers. The economies of the six bigger industrialised countries are described in great detail by neo-keynesian models : a five product disaggregation distinguishes the energy sector, agriculture, the non-traded sector, the government sector and the industrial sector for which a putty-clay production function ensures compatibilities between employment, investment and production capacity behaviour. These models allow a precise analysis of the consequences of many kinds of monetary or fiscal policies. The rest of the world is divided into nine zones, more succinctly modelled : the model reveals in particular the financing constraints which bear on the imports of the less developed countries. International trade is analysed through a four product disaggregation. The article shows the model's properties while describing the impacts, in the country and abroad, of an increase in public expenditure in one of the major countries. It studies the consequences of a decline of the value of the dollar and finally the implications of a woldwide decrease in interest rates. Although it remains, in some respects, work in progress, the Mimosa model is already a useful tool for understanding the functioning of the world economy and for predicting its evolution.
  • Indices des taux de change réels : mise à jour

  • Chronologie 1989 - Sylvie Le Golvan p. 201-224 accès libre
  • Summaries in English - p. 225-228 accès libre