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Revue |
Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques |
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Numéro | No 26, 1988 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Stratégies industrielles et stratégies de change : le cas des États-Unis - Monique Fouet p. 7-69 Les échanges extérieurs de produits manufacturés américains étaient devenus excédentaires en 1897. Leur taux de couverture a continué à s'améliorer jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale ; le mouvement de baisse ensuite amorcé a laissé réapparaître un déficit en 1972. Celui-ci a été temporairement comprimé par la dépréciation du dollar des années soixante-dix. La surévalutation des premières années quatre-vingt a assurément aggravé la situation en termes de solde ; en contraignant les entreprises à se rationaliser et à se spécialiser plus encore sur les technologies avancées, elle a toutefois en partie enrayé le processus de déclin industriel à l'œuvre depuis plusieurs décennies. Suivie d'une dépréciation brutale, elle rend bon nombre de produits américains fortement compétitifs au seuil des années quatre-vingt. Ces mouvements du change ont été tantôt voulus, souvent acceptés, parfois subis. Ils ont joué un rôle important pour façonner la nature de l'industrie et son insertion tant dans les autres activités intérieures que dans l'environnement international. Exerçant leurs effets par le jeu des prix, ils ne peuvent concerner toutefois que les produits ayant des substituts proches. C'est pourquoi ils auraient été peu pertinents durant les décennies cinquante et soixante face à des concurrents européens et japonais qui avaient un retard technologique à combler. C'est pourquoi aussi ils ont atteint aujourd'hui la limite de leur efficacité face au continent asiatique caractérisé par des salaires faibles. Une dépréciation additionnelle du dollar, qui n'est pas impossible, ne permettrait pas à elle seule d'enrayer la perte de vitesse de l'industrie américaine. Le redressement de la situation requiert une inflexion profonde des politiques budgétaire et monétaire, nécessaire pour permettre un ajustement intérieur de la demande et une réorientation géo-sectorielle internationale.A surplus had appeared in 1897 in the external trade of US manufactured goods. Exports continued to increase faster than imports up to the end of World War II, after which the reversal of this trend led to a deficit in 1972. During the 70s the deficit was contained by the depreciation of the dollar. During the first half of the 80s appreciation undoubtedly worsened the situation as far as the external balance was concerned. But at the same time it served to check the relative decline of the manufacturing sector by compelling firms to rationalize and to specialize on more advanced technologies. As it was followed by a massive depreciation, many American goods are nowadays tremendously competitive. These exchange rates movements were sometimes welcomed and sometimes had to be put up with. They played a major role in shaping the manufacturing sector's structures and competitiveness. Since the mechanisms involved affect relative prices, products are affected only to the extent that they have substitutes. This is why exchange rate movements would have been ineffective during the 50s and 60s, a time when European and Japanese competitors were trying to close the technological gap. This is also why they are ineffective today against Far Eastern countries where wages are low. A further depreciation of the dollar is not unlikely. But it would not be able by itself to restore the strength of the american manufacturing sector. Other means are required, among which is a shift in the economic policy mix.
- Fluctuations et croissance en Europe : une analyse empirique - Lucrezia Reichlin p. 71-93 L'objet de cet article est de déterminer les caractéristiques statistiques des principaux indicateurs macroéconomiques des quatre grands pays européens : Allemagne, France, Italie et Royaume-Uni. L'analyse est centrée sur l'étude de la nature des composantes tendancielles de ces séries et distingue le trend de la moyenne de celui de la variance. De plus, on s'efforce de déterminer si les indicateurs ont évolué le long du même sentier de croissance (co-intégration) dans les différents pays étudiés. Les conclusions sont les suivantes. Les séries sont toutes caractérisées par un trend de la variance et la plupart par un trend de la moyenne. Dans chaque pays les différentes séries ne suivent en général pas un sentier commun à long terme, exception faite de la production industrielle et du PNB réel. Une analyse plus poussée des caractéristiques des données de l'industrie, révèle l'existence de chocs importants et peu fréquents, à des dates différentes d'un pays à l'autre. Les résultats montrent que le processus d'ajustement aux chocs, de même que le profil de la croissance, ont différé d'un pays à l'autre, ce qui incite à la prudence dans la coordination des politiques économiques.The purpose of this article is to establish the statistical characteristics of main macroeconomic indicators of the four major European countries : Germany, France, Italy and the UK. The data considered are quarterly and the period is 1960-1988. The analysis concentrates on the nature of the trend component of these series and distinguishes between trends in mean and in variance. Additionally, it examines whether the same indicators have evolved along a common path (cointegration) in the different countries examined. The conclusions are the following. All series are characterized by trends in variance and most of them have a trend in mean as well. Generally, there is no long-run common path for different series across different countries. Exceptions are industrial production and real GDP. Further investigation of characteristics of data of the industrial sector indicate the presence of large unfrequent shocks at dates which are not synchronized across countries. The results indicate that the adjustment process to shocks as well as the pattern of growth has varied across countries, which implies that coordination policies should be considered with caution.
- Vers une monnaie commune en Europe ? - Catherine Mathieu, Henri Sterdyniak p. 95-126 L'union monétaire européenne est de nouveau à l'ordre du jour. Soutenue par la France, soucieuse à la fois d'affirmer l'irréversibilité de son choix d'une politique de franc fort et de limiter l'actuelle domination monétaire de la RFA, l'unification n'est concevable du point de vue allemand que sous des conditions garantissant le maintien d'une politique monétaire autonome et rigoureuse. Trois catégories de voies sont envisageables. Celles qui privilégient le développement d'une monnaie parallèle, n'apparaissent guère susceptibles d'aboutir à une disparition totale des monnaies circulant effectivement. Celles, que nous regroupons sous le terme « méthode douce », qui consistent à transférer progressivement les pouvoirs monétaires des banques centrales nationales à un institut fédéral autonome, supposent une phase transitoire difficile, où la France perdrait de son autonomie monétaire sans bénéficier de meilleures facilités de financement. Enfin la « méthode brutale », difficilement réalisable pour des motifs politiques, propose que l'union soit réalisée sans aucune phase transitoire. Quel que soit le processus considéré, les avantages — meilleure circulation des fonds en Europe, baisse des taux d'intérêt en France — doivent être pesés face aux dangers — création d'un pouvoir monétaire autonome plus sensible à la stabilité des prix qu'à la croissance, risque de pertes durables de compétitivité — et aux incertitudes car selon sa configuration institutionnelle, le système permettra une plus grande autonomie des poltiques budgétaires ou au contraire les enfermera dans un carcan monétaire.European monetary union has again been the subject of debate in recent months. The supporters are mainly French, the reasons being that France wishes, on the one hand, to assert its will to manage a strong national currency and, on the other hand, to limit the monetary leadership of West Germany. The latter would be in favour of monetary unification only if monetary policy would meet the standard of the German one. Three kinds of processes can be distinguished. First, those favouring the development of a European parallel currency competing with national currencies. Second, those opting for the progressive shift of monetary powers from national monetary authorities to an autonomous European institution. The third is completion of the union without any transitory stage. Whichever process is considered, the gains — such as easier capital flows within the Community and a decrease in French interest rates — cannot be assessed without taking into account the potential dangers — monetary authorities that would pursue a price stability objective rather than economic growth — as well as the uncertainties due to the fact that monetary union, depending on its institutional characteristics, could mean that budgetary policies would be more autonomous or, conversely, would be more constrained by a monetary discipline.
- Pour une monnaie européenne - Jean-Marcel Jeanneney p. 127-134 Une monnaie européenne est souhaitable, car elle accroîtra la mobilité des facteurs de production entre les pays l'utilisant et elle équilibrera la puissance du dollar et du yen. L'écu ne doit pas être une monnaie parallèle aux monnaies nationales, dont la valeur risquerait d'évoluer différemment, mais s'y substituer et être unique. Il ne sera pas défini par une panier de monnaies, ni par un poids d'or. Sa valeur sera initialement fixée par référence aux monnaies nationales disparaissant. Son cours légal le fera accepter dans tous les paiements. Et il sera admis comme réserve de valeur si la Banque centrale européenne le gère convenablement. Cette Banque devra être indépendante des gouvernements, ne pouvoir faire des prêts aux Etats et assurer des conditions de crédit à court terme identiques dans tous les pays utilisant sa monnaie. La création de l'écu, en tant que vraie monnaie, est urgente, parce que le SME, malgré ses mérites, a de graves inconvénients, les taux pivots de change étant révisables et le franc se trouvant, en fait, subordonné au mark. L'autre solution, qui consisterait à dévaluer périodiquement le franc, soit au sein du SME, soit en en sortant, serait néfaste pour l'économie française. L'adoption de l'écu impliquerait certes, en apparence, le renoncement à une souveraineté monétaire nationale. Mais celle-ci a toujours été plus ou moins illusoire. Déléguée et partagée au sein d'une institution européenne, elle serait, sous une autre forme, plus réelle.A european currency would increase the mobility of the factors of production between the countries involved. It would also offset the power of the dollar and the yen. It is, therefore, desirable. The ecu must not be just another currency being used at the same time as national currencies, whose values would probably take different courses. It must take their place and be unique. It will be defined neither as a permanently weighted average of the national currencies nor as a weight of gold. Its value will be determined once and for all on the basis of the national currencies just before they vanish. As it will be legal tender, it will be used as a means of payment. Furthermore it will be accepted as a reserve currency if the European central bank managed it adequately. This Bank must be independent of governments and unable to grant loans to the states. It must enforce identical short-term credit conditions in all the countries using its currency. Creating the écu as a genuine currency is a matter of urgency. The EMS certainly has advantages, but its drawbacks are considerable as exchange rates can be reviewed and the French franc is subordinated to the DM. The alternative solution consists recurrent devaluations of the franc either in the frame work of the EMS or out of it would be counterproductive for the french economy. It is true that accepting the ecu on the face of it implies giving up national monetary sovereignty. But this sovereignty has always been more or less illusory, and would in fact be stronger should it be delegated and shared in the Framework of a European institution.
- Interdépendance et coopération : les leçons d'une maquette - Franck Amalric, Henri Sterdyniak p. 135-156 Le problème de la coordination se pose avec une acuité particulière en Europe du fait de la forte interdépendance des nations européennes et de la multiplicité des centres de décision. Grâce à une maquette à deux pays, pouvant se différencier par leurs propensions à l'inflation ou par leurs préférences en matière d'objectifs de politique économique, nous montrons que si chaque pays définit de façon autonome sa politique économique, il en résulte une situation inefficace au niveau mondial, les pays ayant tendance à essayer d'exporter leur inflation ou leur déficit commercial ce qui est globalement impossible. Bien que difficile à mettre en œuvre, la coordination des politiques économiques permet d'améliorer la situation des deux pays. Cette coordination apparaît d'autant plus souhaitable que les préférences des deux pays sont proches, du fait des politiques de taux de change concurrentielles qu'ils mèneraient sinon. Mais les négociations menant à la coordination des politiques économiques sont difficiles ; on peut donc leur préférer des règles telles que celles du SME. On montre, dans le cadre de notre maquette, que le SME conduit à une amélioration de la situation des pays par rapport à l'équilibre non-coopératif sans toutefois remplacer une véritable coordination.The need for economic policy coordination is particularly great in Europe given both the strong interdependence between European countries and the multiplicity of policymakers. With a two-country model, in which the countries can differ in their propensity to inflate or in their economic policy objectives we show that if each country chooses autonomously its economic policy, the world economic situation is non- optimal. Each country tries to export its inflation or its deficit on current account, which globally is impossible. Economic policy coordination improves the situation of both countries. This coordination is more fruitful when the countries have the same economic policy objectives, on account of the costly competitive exchange rate policies that they would otherwise pursue. But negociating for coordination is not easy, so rules such as those of the EMS are more desirable. We show, in our model, that the EMS leads to an improvement in comparison with the non-cooperative equilibrium, without being a perfect substitute for cooperation.
- Les achats français de valeurs étrangères de 1963 à 1987 - Françoise Marnata p. 157-163 Les Français consacrent relativement moins de ressources que leurs voisins européens à la croissance de leur portefeuille de valeurs étrangères, malgré le niveau de plus en plus élevé des achats nets effectués depuis dix ans. La majeure partie des transactions, dont le montant est considérable, est affectée à une activité d'arbitrage entre les composants du portefeuille. Les opérations des résidents français sont décrites au total en distinguant actions et obligations ainsi que celles portant non seulement sur des valeurs américaines, allemandes, japonaises qui sont les plus importantes, mais aussi sur les anglaises, canadiennes et néerlandaises.France allocates a smaller proportion of its resources to the purchase of foreign financial assets than do other European countries, not with standing the increase in net acquisitions over the past 10 years. The bulk of transactions, and this is a considerable amount, is devoted to portfolio arbitrages. This article describes the operations for bonds and stocks, dealing for the most part with the most important ones : American, German an Japanese, but considering also the less importants ones such as British, Canadian and Dutch assets.
- Erratum - p. 163
- L'investissement direct des Etats-Unis dans les pays occidentaux depuis 1980 : une évaluation économétrique - Jérôme Henry p. 165-188 Depuis 1980 les investissements directs des Etats-Unis dans les pays occidentaux ont connu des fluctuations spectaculaires. En Europe et au Canada un réinvestissement substantiel a récemment succédé au désengagement massif du début des années quatre-vingt. Nous proposons un cadre d'explication qui décompose la décision d'investissement direct à l'étranger en deux étapes : l'allocation du capital productif et le financement de l'investissement. Selon le degré d'autonomie des filiales vis-à-vis de leur maison-mère nous obtenons deux formulations possibles du modèle. Quelle que soit la formulation retenue, les tests économétriques effectués sur la période 1962-1986 mettent en avant dans tous les pays (Canada, Royaume-Uni, RFA, Pays-Bas, France et Italie) le poids du rendement des implantations. Les autres variables prises en compte (coûts des facteurs et demandes locales) jouent un rôle moindre dans l'accumulation du capital délocalisé. De plus nous testons l'hypothèse d'un effet d'entraînement entre la part des exportations dans la production et le rythme d'accumulation des investissements directs à l'étranger. Vers le Canada, les Pays-Bas, la France et l'Italie on constate bien l'existence d'une telle relation entre les exportations de biens et de capitaux américains.Since 1980 the direct investments of the United States in western developed countries have fluctuated considerably. The large disinvestment of the early eighties in Europe and Canada has been recently followed by substantial reinvestments. This paper introduces a theoretical explanation of the decision to invest abroad, considered as a two-step process : the allocation of productive capital and the financing of investment. Depending on how foreign subsidiaries are bound to their parent, we get two possible modelling formulations. Whatever modelling method is chosen, the econometric tests performed for every country (Canada, United-Kingdom, West-Germany, the Netherlands, France and Italy) over the period 1962-1986 stress the financial return of setting up production abroad. The other variables considered (factor costs and local demands) play a minor part in the accumulation of capital abroad. In addition, we test the hypothesis of a common evolution of the share of exports in production and the accumulation of direct investment abroad. On the basis of the figures for Canada, the Netherlands, France and Italy, we observe that such a relation does exist between exports of US goods and US capital.
Note méthodologique
- Les taux de change effectifs des grandes devises - Jacques Le Cacheux, François Lecointe p. 189-196 Des indicateurs de taux de change effectifs ont été publiés dans la Lettre de l'OFCE de novembre 1988 et le seront désormais périodiquement. La présente note a pour but d'en préciser les méthodes de construction et de fournir une sélection des séries calculées et disponibles à l'OFCE.New indicators of effective exchange rates were published in the November issue of the OFCE monthly newsletter; this will be continued on a regular basis. The purpose of this note is to state the methods used to build these indicators and to present a selection of the series calculated and available at OFCE.
- Les taux de change effectifs des grandes devises - Jacques Le Cacheux, François Lecointe p. 189-196
- Chronologie 1988 - Sylvie Le Golvan p. 197-211
- Summaries in English - p. 212-215