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Revue |
Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques |
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Numéro | No 24, 1988 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Monnaie et mécanismes monétaires en France de 1878 à 1939 - Jean-Marcel Jeanneney p. 5-53 Pendant les années 1878 à 1938 la France a expérimenté les principaux systèmes monétaires possibles. Cela permet d'apprécier le degré d'efficacité des mécanismes régulateurs qu'ils mettent en jeu, ainsi que leurs effets perturbateurs. De 1878 à 1914 le franc a fondé sa valeur sur des pièces d'or, qui circulaient en même temps que des billets convertibles, d'un montant plus élevé. Grâce à ce système une parfaite fixité des cours du change du franc en les autres monnaie-or fut assurée et, grâce aussi à quelques facteurs fortuits, une remarquable stabilité du coût de la vie fut obtenue. Les liquidités furent toujours adaptées aux exigences des affaires. Certes les excédents de la balance des paiements courants furent excessifs, aux dépens de la croissance, mais la responsabilité en incombe à des facteurs sociologiques. De 1914 à 1928 le franc fut une monnaie de papier, abstraite. De 1919 à 1926 son pouvoir d'achat s'amenuisa, davantage à cause de dépréciations spéculatives du cours du change que d'émissions excessives de monnaie. De décembre 1926 à juin 1928 une spéculation à la hausse du franc, qui était stabilisé en fait, provoqua d'amples entrées de capitaux, dont les effets furent inflationnistes. De 1928 à 1936 la convertibilité des billets, à un taux fixe, en lingots d'or, sans circulation de pièces d'or, n'évita pas que la balance des paiements courants soit d'abord largement excédentaire, puis fortement déficitaire. Elle n'empêcha pas une ample modification du cours du franc en livre sterling en 1931 et en dollar en 1933. Elle n'assura pas une stabilité des prix, qui furent d'abord en hausse, puis en baisse, à l'inverse de ce qui advenait dans le même temps à l'étranger. De 1936 à 1938 le franc fut à nouveau un papier monnaie, dont le pouvoir d'achat interne se détériora rapidement et le taux de change bien plus encore. La restauration de mécanismes régulateurs résultant de la circulation de pièces d'or étant aujourd'hui irréalisable, on doit se résigner à l'usage de monnaies abstraites, en dépit de mécomptes récents comme anciens. Pour tenter de doter néanmoins les économies de bonnes monnaies on ne peut plus espérer qu'en l'institution de banques centrales indépendantes des pouvoirs politiques et coopérant étroitement entre elles.Money and Monetary Mechanisms in France from 1878 to 1938 Jean-Marcel Jeanneney Many monetary systems are possible. The main ones have been tested in France during the period 1878-1939. They can therefore be assessed as regards the efficiency of the regulating mechanics they involve and the disruptions they bring about. From 1878 to 1914 the value of the franc was based on gold coins circulating at the same time as higher-value convertible notes. Exchange rates between the franc and other gold currencies were completely fixed while, fortuitously, consumer prices were remarkably stable. Liquidity kept place throughout with business needs. Surpluses of the current balance were admittedly excessive, at the expense of economic growth ; but they were due to sociological factors. From 1914 to 1928 the franc was an abstract paper-money. Its purchasing power declined from 1919 to 1926, as a result more of speculative depreciations than of excessive issues of money. A speculative appreciation followed from December 1926 to June 1928, prompting large capital inflows with inflationary consequences. From 1928 to 1936 the convertibility at a fixed rate of notes in gold ingots, while no gold coins were circulating, could not prevent the occurrence first of large surpluses of the curred account of the balance of payments, and then of deep deficits. It was also unable to prevent huge changes in the exchange rate versus the pound in 1931 and the dollar in 1933. Neither could it produce price stability. Contrary to what was happening in other countries, prices first increased and then fell. From 1936 to 1938 the franc was again a paper money. Its purchasing power shrank rapidly, while the exchange rate deteriorated even faster. Restoring the regulating mechanics brought about by the circulation of gold coins is infeasible today. Despite all old and more recent disapointments, abstract money has to be put up with. Nevertheless, to provide economies with adequate monetary system central banks must be independent of the political autorities, and must cooperate closely with one another.
- Le SME : performances et perspectives - Daniel Gros, Niels Thygesen p. 55-80 Cette étude propose, dans une première partie, une analyse du fonctionnement passé du Système européen (SME), mettant l'accent sur les contributions du système à l'objectif — prioritaire en Europe ces dernières années — de stabilité monétaire. La position de la RFA et la nature asymétrique du SME en ont été les ingrédients essentiels. Les contrôles de mouvements de capitaux destinés, au contraire, à sauvegarder une certaine autonomie monétaire des pays à monnaie réputée faible, n'ont peut- être pas été aussi efficaces qu'on le croit. Dans le passé des périodes turbulantes et des périodes « tranquilles » ont alterné. Les autorités monétaires disposent, pour tempérer l'instabilité des taux des changes, de trois instruments : les interventions sur les marchés pour soutenir les devises attaquées, le maniement des taux d'intérêt et, en dernier recours, les changements de parité. La détermination de défendre la parité fait apparaître la notion de crédibilité attachée au SME. Le fonctionnement du système paraît caractérisé par un biais déflationniste, à travers le maintien de taux d'intérêt réels élevés, qui pèsent sur les politiques budgétaires des Etats participants. Une seconde partie s'attache aux perspectives qui se profilent à l'horizon de 1992. Bien que le SME se soit révélé plus robuste que prévu, le dernier réalignement de janvier 1987 souligne l'insuffisance de sa gestion en cas de poursuite de la chute du dollar et d'une ouverture de tous les marchés des capitaux, deux facteurs qui favorisent les substitutions de devises. A terme ce phénomène de substitution pourrait remettre en cause la maîtrise des agrégats monétaires et l'efficacité de la politique monétaire. Ne devrait-on pas alors favoriser le développement de Г Ecu comme monnaie refuge ? Il ne peut s'agir d'un problème immédiat, car il faudra d'abord résoudre le problème de la participation de la livre sterling et de la peseta à l'accord de change du SME. Pour l'avenir la question est de savoir si un régime de changes fixes est compatible avec les évolutions qui se dessinent : un moindre recours à des politiques de lutte contre l'inflation, voire leur abandon ; un besoin persistant de modification des prix relatifs ; des disparités entre les dettes publiques, financées dans certains pays membres par une création monétaire plus rapide. Le système monétaire européen a relativement bien fonctionné jusqu'à présent, et cela malgré les violentes perturbations qui l'ont secoué et ont mis à rude épreuve sa souplesse de gestion. Désormais les contraintes qui pèsent sur son fonctionnement se sont modifiées et le système doit faire face à de nouveaux défis, tant sur le plan intérieur qu'extérieur. L'enjeu est primordial pour l'avenir des relations économiques, non seulement européennes, mais aussi internationales.The EMS : Achievements and Perspectives Daniel Gros, Niels Thygesen In the first part of this paper, we examine the past functioning of the EMS. We raise a number of issues concerning the contribution of the system to monetary stability, a major objective of European policies till now. We then draw a number of precise conclusions on the German position vis-à-vis the EMS and on the nature of asymétries arising in a hierarchical system. Capital controls are viewed as a necessary instrument in order to insulate domestic variables and retain some degree of monetary autonomy. However, they probably have not been particularly effective in lessening the tensions between domestic and foreign factors. The rules of management of the EMS have allowed for exchange- rate realignments in order to prevent persistent distorsions. « Turbulent » and « tranquil » episodes alternate. Monetary authorities must react to exchange rate instability with three instruments : exchange-market interventions, in order to support currencies under attack ; interest rate changes ; and, in the last resort, parity changes. We then adopt a broader perspective, no longer confined to monetary elements. In the context of fiscal policy, it is argued that the EMS has resulted in too high real interest rates and has an intrinsic deflationary bias, which burdens national fiscal policies and undermines the coordination that is required in order to fight current imbalances in the real economic performances of the member states. In the second section, we analyse the prospects of the EMS at the horizon of 1992. Even though the system has so far performed better than expected, the January 1987 realignment has also pointed to weaknesses in its management, when the dollar falls and capital markets are free and integrated, both of these factors encouraging currency substitution. Ultimately, currency substitution could threaten the control of domestic monetary aggregates, and hence the effectiveness of domestic monetary policies. Should not the development of the Ecu be favoured, as a parallel currency ? The issue does not however seem urgent, insofar as other problems — such as full participation of sterling and the peseta in the EMS exchange-rate mechanism — will have to be solved first. We are concerned mostly with the compatibility of a fixed exchange-rate system with : — a lesser priority given to anti-inflation policies, or even their abandonment ; — the need for relative price changes ; — the differences in the levels of public debt, which has, in some member states, been financed in the past through monetary creation and inflation.
- La libération des prix des services : une solution pour l'emploi ? - Eric Bleuze, Michel Gilles, Thierry Pujol p. 81-102 L'article analyse d'abord les conséquences de la libération des prix des services, pour le secteur regroupant les services peu exposés à la concurrence internationale puis en mesure les effets macroéconomiques, en utilisant une maquette néokeyné- sienne et le modèle trimestriel de l'OFCE. La reconstitution des taux de marge, consécutive à la libération totale des prix des services, améliore la profitabilité du secteur qui était en baisse depuis plusieurs années. Mais compte tenu des comportements de consommation, elle ne devrait pas inciter les producteurs à augmenter considérablement leurs capacités et donc l'emploi. Une estimation économétrique permet d'évaluer à 10 000 environ les créations d'emplois entamées par la libération des prix dans les deux sous-secteurs hôtels-cafés-restaurants et réparation automobile. A court terme l'impact inflationniste est limité (0,3 à 0,5 point pour l'année 1987) et le prélèvement s'opère essentiellement aux dépens des ménages, comme le montre une analyse de surplus. L'évolution de l'économie à moyen terme soulève de nombreuses interrogations. Dans une économie bien indexée comme celle de la France, où les salaires suivent les prix et où les entreprises répercutent la hausse de leurs coûts, l'avantage initial du secteur des services est progressivement effacé, à moins soit d'une rupture d'indexation soit d'une reconduction des hausses de prix des services. Dans ce dernier cas le rythme d'inflation de l'économie serait plus élevé. En supposant un choc ponctuel sur les prix des services et une bonne indexation des salaires et des prix de production, la libération des prix des services aurait un effet dépressif, d'autant plus important si le taux de change est fixe (26 000 emplois perdus au total à l'horizon 1990). Une plus grande flexibilité du taux de change permettrait de modérer l'impact récessif des pertes de compétitivité, mais avec une inflation plus forte.Liberation of Prices : a Solution for Employment ? Eric Bleuze, Michel Gilles, Thierry Pujol The article analyzes first the consequences of the liberation of the prices of the services most affected by international competition, and then analyses the macroeconomic impact of that liberation using both a neokeynesian model and the OFCE quarterly model. The restoration of margins following the total liberation of prices in services improved the profitability of this sector, which for several years had been declining. But, taking into consideration the behaviour of consumption, it seems unlikely to induce producers to increase capacity and employment very much. An econometric estimate suggests an increase of 10 000 in the number of jobs in catering and car repairing in 1987 following the liberation of prices. In the short term the impact on the consumer price index is limited (0.3 to 0.5 of a percentage point in 1987) and the transfer is mainly from households to the service producers. Over the medium term, developments will depend on several factors. With widespread indexation, as in France, where salaries follow prices and companies' prices are indexed on costs, the initial advantage obtained by services is slowly disappearing, unless there should be a break in indexation or a continuing increase in the prices of services. In this case the inflation rate would definitely increase. On the assumption of an initial shock to prices in services and close indexation of salaries to production prices, the liberation of prices in services would be likely to exert a depressive effect, the more so if the exchange rate is fixed (26 000 jobs lost at the dawn of 1990). Greater flexibility in the exchange rate would moderate this depressive impact of the decrease in competitiveness, but with more inflation.
- Deux partages du revenu national des grands pays de l'OCDE - Jérôme Henry, Jacques Le Cacheux p. 103-124 Deux décompositions alternatives du revenu national sont généralement proposées : le partage de la valeur ajoutée entre les principaux acteurs du processus de production, qui permet l'étude de la répartition des revenus primaires ; la décomposition de la demande, qui fait apparaître l'affectation de ces revenus aux diverses catégories de dépenses (consommation, investissement, etc.). Ces deux optiques sont ici confrontées dans une étude comparative incluant Etats-Unis, France, Italie, Japon, RFA et Royaume-Uni — et couvrant la période 1970-1987. Au cours de ces années le partage de la valeur ajoutée a subi des déformations considérables : une hausse sensible de la part des salaires jusqu'au début de la présente décennie, une baisse, généralement du même ordre de grandeur, depuis lors. Récemment une nouvelle inversion semble être intervenue à l'étranger et, si l'on en juge d'après les nouvelles données de comptabilité nationale, en France ; mais l'ampleur et la persistance de cette remontée de la part salariale sont incertaines. Les modifications du partage de la valeur ajoutée reflètent les mouvements de la productivité apparente du travail et ceux du coût salarial réel, qui, les uns et les autres, présentent des profils extrêmement divers selon les pays et selon les époques. Les évolutions de prix relatifs influencent en outre fortement ce partage et les comportements des principales catégories d'agents économiques. Or, sous l'effet des variations de taux de change et des chocs pétroliers, les divers prix relatifs ont considérablement varié au cours de la période étudiée. Ils ont en particulier introduit des divergences, par moments sensibles, entre le coût réel du travail, en termes de prix des produits, et le revenu salarial brut réel, en termes de prix de la consommation. La structure de la dépense nationale dans les différents pays s'est trouvée, elle aussi, profondément modifiée pendant cette période, sans que l'on puisse toujours expliquer ses déformations par celles du partage des revenus. Ainsi, par exemple, les variations du taux d'investissement des grands pays de l'OCDE n'apparaissent pas étroitement liées aux évolutions de la part de la valeur ajoutée qui revient aux entreprises. Cette étude conduit à s'interroger sur les politiques menées ces dernières années, en particulier, sur le dosage entre politique salariale et politique de change.Two Decompositions of National Income in the Major OECD Countries Jérôme Henry, Jacques Le Cacheux Two alternative decompositions of national income are commonly undertaken : the division of value added amongst major actors of the production process, i.e. the distribution of gross income ; and the decomposition of demand, which shows expenditure by category of expenditure (consumption, investment, etc.). These two approaches are confronted in this comparative study of six large OECD countries — Germany, France, Italy, Japan, the United States — over the period 1970-1987. During these years, factor shares have changed considerably : a marked increase in the wage share is observable everywhere until the beginning of the 1980s, followed by a decrease of about the same magnitude. Recently, wage shares have been on the rise again everywhere, including in France according to the new national accounts. The size and persistence of the most recent increase are however uncertain. Changes in the way value added is shared reflect variations in labor productivity and in the product wage, the time profiles of which have been extremely diverse across the various countries. Factor shares are also affected by relative price changes. And, due to exchange rate fluctuations and oil price shocks, the various relative prices have moved considerably during the period covered by this study. This has resulted in — sometimes large — divergences between the product wage and the real wage in terms of consumption goods. The structure of national spending in the various countries has also been profoundly altered during this period ; however, these changes appear to be only loosely related to those of income shares. Thus, for instance, the changes in investment rates in major OECD countries do not seem to be closely correlated with the variations in gross profit shares in value added. Our conclusions raise questions about the combined effects of the policies that have been pursued in the recent years. In particular, they bear upon the choice of the right mix of incomes policy and exchange- rate policy.
- Taux d'intérêt, rationnement du crédit et déséquilibres macroéconomiques - Jean-Marc Tallon p. 125-161 Cet article propose un modèle du comportement bancaire expliquant pourquoi, dans certains cas, la banque a intérêt à rationner le crédit qu'elle distribue, en laissant inchangé le taux d'intérêt plutôt que d'augmenter ce taux. Ce rationnement, provenant de la particularité du contrat de crédit, est expliqué sans avoir recours à l'hypothèse d'information asymétrique entre le prêteur et l'emprunteur. Les conclusions résistent assez bien. à l'introduction dans le modèle d'un marché financier et d'une certaine forme de concurrence bancaire. Le modèle permet également d'étudier les principales implications d'une variation du taux du marché monétaire. Une seconde partie présente les répercussions macroéconomiques du rationnement du crédit à la suite d'une hausse du taux du marché monétaire. Le mécanisme essentiel de propagation du « déséquilibre financier » vers la sphère réelle est la faillite d'entreprise et la baisse de l'offre de biens qui s'ensuit, due au non respect des contrats de vente, faute du crédit nécessaire pour les honorer. Cette propagation peut cependant être enrayée grâce à une politique économique appropriée, mais délicate à mener. Une troisième partie confronte aux faits les discussions théoriques. La mise en perspective de la récession américaine du début des années quatre-vingt et de la stagflation française fait apparaître l'importance, comme facteur dépressif, de la baisse du crédit distribué aux entreprises et donc, le caractère malsain pour l'économie mondiale d'une situation où les taux d'intérêt réels demeurent excessivement élevés.Credit Rationing, Interest Rates and Economic Activity Jean-Marc Talion This paper presents a model of banking behaviour to show why, in some cases, banks prefer to ration credit to their customers, rather than to increase the interest rate they charge. This rationing, which is due to the specificity of the credit contract, is modeled without any assumption of informational asymetry between the lender and the borrower. Our conclusions are fairly robust with respect to the introduction of financial markets into the model, as well as to that of some kind of competition amongst banks. Our model also allows us to study the major implications of a change in the money-market rate. In the second section, we discuss the macroeconomic consequences of credit rationing, in the case of a money-market rate increase. The fundamental transmission mechanism from the « financial disequilibrium » to real economic activity is firms' bankruptcy — and the resulting reduction in the supply of goods — due to sales contracts not being fulfilled when credit is insufficient. This effect may be avoided through an appropriate economic policy, but this would however have to be carefully carried out. The theoretical apparatus is then put to use with some empirical data. Our reading of the US recession in the early 1980s and of the French stagflation during the same period emphasizes the role of shrinking credit to business firms in these two recession episodes ; it shows the perverse character of excessively high real interest rates in the world economy.
- Coût relatif capital-travail et substitution : existe-t-il encore un lien ? - Jérôme Henry, Véronique Leroux, Pierre-Alain Muet p. 163-182 Le ralentissement de la croissance économique intervenu après chacun des chocs pétroliers s'est accompagné en France d'une réduction simultanée des productivités du capital et du travail. Cette évolution, contradictoire avec les effets de substitution qu'auraient dû entraîner la forte montée des taux d'intérêts réels et la stagnation du salaire réel depuis le début des années quatre-vingt, explique notamment les difficultés à metttre en évidence un impact significatif du coût du capital sur l'investissement dans les estimations économétriques incorporant les années récentes. L'article montre que l'évolution des productivités moyennes des facteurs de production redevient compatible avec celle de leur coût relatif dès lors qu'on prend en compte deux effets : d'une part l'impact des délais d'ajustement du capital au ralentissement de la croissance et d'autre part la diminution des effets favorables de la mobilité intersectorielle des facteurs. Après avoir examiné différentes hypothèses relatives à l'importance des effets de substitution, on propose un bilan quantitatif des différents éléments susceptibles d'influencer l'évolution des productivités du travail et du capital. L'étude ne mettant pas en évidence de ralentissement marqué du progrès technique, la croissance potentielle de l'économie française devrait rester élevée.Relative Cost of Capital to Labour and Substitution : Does the Link Still Exist ? Jérôme Henry, Véronique Leroux, Pierre-Alain Muet In France, the slowdown in economic growth which occurred after each oil shock has been followed by a simultaneous reduction of the productivity of both labour and capital. This is contrary to the substitu- tion that should have occurred since the early 1980s, on the basis of the sustained increase in real interest rates and the stagnation of wages. It helps to explain the difficulties faced when trying to identify econometrically a significant impact of capital cost investment in recent past years. The article shows however that the evolution of the average factor productivity becomes consistent with the movement of relative factor costs once two effects are taken into account : on the one hand the impact of delays in the adjustment of capital to slower growth ; and on the other hand the less favourable effects of inter-industry factor mobility. We first analyze different hypotheses related to the magnitude of the effects of substitution, and then present a quantitative assessment of the different influences which are likely to affect the evolution of both labour and capital productivity. As this study does not find any marked slow-down of technical progress, it would seem that the potential growth of the French economy may remain strong.
- Investissements français à l'étranger et rendements - Paule Arnaud-Ameller, Franck Portier, Ghislaine Salmat p. 183-202 Cet article met en perspective les investissements directs français à l'étranger et les désinvestissements sur la période 1976-1986. Ces flux sont examinés dans une ventilation géographique et sectorielle, en liaison avec les taux de rendements économiques de chaque zone géographique et de chaque secteur d'activité. L'analyse ainsi faite dégage une liaison positive, mais avec un décalage de deux années environ, entre le niveau d'investissement et son rendement économique. Par contre ce lien ne semble pas vérifié pour les désinvestissements, où un effet de cliquet est mis en évidence. Ces résultats sont à chaque fois confirmés par une analyse factorielle des correspondances.French Investment Abroad and Rates of return Paule Arnaud-Ameller, Franck Portier, Ghislaine Salmat This paper deals with French direct investment and disinvestment abroad during the period 1976-1986. These flows are linked to economic rates of return in a geographical and sectorial breakdown. The analysis shows that the level of investment has a positive effect on the economic rate of return, with a two yearlag. Disinvestment on the other hand apparently produces no such effect. These results are confirmed by factor analysis.
- Summaries in English - p. 203-207