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Revue |
Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques |
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Numéro | No 25, 1988 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Chronique de conjoncture
- L'inflation sous calmant - Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Sigogne, Monique Fouet, Jacques Adda, Véronique Riches, Richard Wind, Françoise Milewski, Stéphane Corsaletti, Pascal Garaude, Véronique Przedborski. p. 5-74 Depuis plus d'un an, la croissance économique interne des principaux pays industrialisés a été rapide et s'est accompagnée d'une vive progression de leurs échanges extérieurs. L'investissement s'est redressé de manière généralisée, insuffisamment toutefois pour empêcher une augmentation des taux d'utilisation des capacités productives. L'inflation ne s'est cependant pas accélérée, en raison notamment du comportement modéré des salaires (sauf au Royaume-Uni) et de la conduite prudente des politiques monétaires. Une poursuite de ces tendances conduira sans doute à un ralentissement graduel de l'activité économique en 1989 dans la plupart des pays de l'OCDE. Aux Etats-Unis cela assurerait une poursuite de la lente résorption des déficits budgétaire et extérieur, un maintien de la hausse des prix à un rythme raisonnable et l'absence de perturbations sur les marchés des changes. Il s'agit toutefois d'un équilibre conjoncturel mondial fragile sur fonds de déséquilibres structurels non résolus. En France aussi la croissance a été plus forte qu'initialement prévu. Les entreprises ont développé leurs investissements et accru leurs effectifs, permettant ainsi que la masse salariale progresse sensiblement dans le secteur privé. En 1989 l'économie française continuera à croître au rythme de son environnement extérieur. Une forte demande étrangère et des circonstances internationales favorables (pétrole bon marché, bonnes performances agro-alimentaires, recettes touristiques en hausse) permettent de prolonger l'effort d'équipement, de financer davantage de demande intérieure et donc d'importations. Malgré une forte dégradation du solde des produits industriels, le déficit des paiements courants restera modéré. Le début de reprise de l'embauche qui s'est manifesté au cours des derniers trimestres se prolongera à l'horizon de cette prévision si la politique économique n'est pas infléchie dans un sens restrictif. Cette reprise sera toutefois insuffisante pour endiguer la montée du chômage.Inflation Under Control Département des diagnostics For more than a year, the main industrialised countries have enjoyed rapid economic growth and buoyant external trade. Investment has picked up everywhere, though not fast enough to prevent a surge in capacity utilization. Nevertheless, inflation has not accelerated, owing to the moderate behaviour of wages (except in the United Kingdom) and to prudent monetary policies. The continuation of such trends will probably lead to a gradual slowdown of economic growth in OECD countries in 1989. This would enable the budgetary and external deficits of the United States to shrink further, while prices would increase at a reasonable pace without any major disruption in financial markets. General business conditions worldwide could therefore be balanced ; but the situation remains fragile given the unresolved problem of structural imbalances. In France too economic growth has proved stronger than had previously been forecast. Firms have raised both investment and employment, so that wages have increased significantly in the private sector. In 1989. French economic growth will again follow that of its external environment. A low price for oil, high agricultural exports and increasing income from tourism, combined with growing world imports, will enable France to raise its imports both of equipment and of consumer goods. The current account deficit is likely to remain small despite a larger deficit in manufactured goods. The growth of employment will continue until the end of 1989 if economic policy does not become more restrictive. But it will not be fast enough to prevent a further increase in unemployment.
- L'inflation sous calmant - Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Sigogne, Monique Fouet, Jacques Adda, Véronique Riches, Richard Wind, Françoise Milewski, Stéphane Corsaletti, Pascal Garaude, Véronique Przedborski. p. 5-74
- La Suède et les limites de l'État-providence - Yves Bourdet p. 75-100 Avant la première crise prétrolière, on entendait par modèle suédois une combinaison heureuse entre une politique macroéconomique et de l'emploi des plus actives et un Etat-providence des plus développés. Les crises pétrolières et les différents chocs reçus par l'économie mondiale ont plus atteint la Suède que les autres pays de l'OCDE. Le présent article étudie les raisons derrière cela. Ces raisons sont principalement d'ordre structurel mais relèvent également de l'échec des politiques économiques. On examine ensuite la politique mise en œuvre depuis le début des années quatre-vingt. L'accent est plus particulièrement mis sur la politique active de gestion du taux de change et sur le fait que la Suède n'appartient pas au système monétaire européen. Une attention particulière est aussi portée à la politique de l'emploi qui explique en partie les très bons chiffres du chômage (moins de 2 % de la population active) et le bon fonctionnement du marché du travail. Un autre résultat appréciable de la politique de l'emploi est d'avoir facilité l'ajustement de l'économie suédoise à la nouvelle situation internationale. Les contraintes que l'Etat-providence fait peser sur la politique économique est un autre aspect considéré. La boulimie de l'Etat-providence et les forts taux de prélèvement obligatoire qu'elle entraîne expliquent en partie le plus faible taux de croissance de l'économie suédoise et la surindexation des salaires. En conclusion, on examine brièvement les difficultés que le gouvernement rencontre pour réformer ces pièces du modèle suédois qui créent le plus de tort à l'économie.Sweden: The Limits of the Welfare State Yves Bourdet Prior to the first oil crisis the Swedish model consisted of a successful combination of an active macroeconomic and employment policy and an advanced Welfare State. Since then, the oil crises and the various shocks in the world economy have affected Sweden more than other OECD countries. This paper analyses the reasons for this. These reasons involve structural as well as policy failures. It then examines the economic policy that has been implemented since the beginning of the 1980s. Particular attention is given to the active exchange rate policy and to the fact that Sweden does not belong to the EMS. Emphasis is also placed on employment policy, which is partly responsible for the very low unemployment level — less than two percent — and the relatively well-functioning labour market. Another noticeable result of employment policy is that it has facilitated the adaptation of the Swedish economy to the new world situation. In addition, we analyse the constraints that the Welfare State puts on economic policy. We show how the advanced Welfare State and the high tax rates that it has created are responsible for the slower economic growth and for the over-indexation of wages. Finally, the various difficulties faced by the government in reforming those aspects of the Swedish model that are most damaging to the economy are briefly discussed.
- Salaires et sous-emploi aux États-Unis et au Royaume-Uni - Monique Fouet, Véronique Riches, Richard Wind p. 101-121 L'accroissement rapide de la population active américaine est principalement dû à l'élévation du taux d'activité des femmes. Il va de pair avec une forte création d'emplois qu'il suit et suscite tout à la fois. En Europe par contre la population active s'accroît moins rapidement encore que la population d'âge actif tandis que l'emploi diminue. Parallèlement la progression de la masse salariale réelle, comparable en ampleur, obéit à deux logiques très différentes aux Etats-Unis d'une part, en Europe de l'autre — eř tout particulièrement au Royaume-Uni — . Elle est assurée dans le premier cas par la progression du nombre des emplois, ceux-ci étant assortis d'un pouvoir d'achat déclinant ; et dans le second cas par la progression du pouvoir d'achat attaché à des emplois de moins en moins nombreux.Wages and Underemployment in the USA and in the UK Monique Fouet, Véronique Riches, Richard Wind The rapid growth of the American labour force is due mainly to increase in the female participation rate. It is both a cause and consequence of the surge in employment. In Europe, on the other the labour force grows less rapidly than the population aged over while employment decreases. At the same time the growth of aggregate real wages, though in magnitude, follows opposite patterns in the United States on the hand, and in Europe and particularly in the United Kingdom on other. In the first case, the growing number of jobs more than the decline of individual real wages. In the second, the rise of real wages more than offsets the decline in the number of jobs.
- Dévaluer en Afrique ? - Sylviane Guillaumont Jeanneney p. 123-143 En dépit du flottement des grandes monnaies du monde, la question de l'opportunité d'une dévaluation reste d'actualité pour de nombreuses économies, notamment dans les pays en voie de développement engagés avec le concours du Fonds monétaire et de la banque mondiale dans un « programme d'ajustement structurel ». La dévaluation est l'un des aspects de la conditionnante des crédits du FMI qui a été le plus discuté et a parfois conduit à une rupture des négociations des Etats avec le Fonds. Le présent article étudie le cas d'une petite économie en voie de développement souffrant d'un déséquilibre important et durable de sa balance des paiements dont le rééquilibre impose une baisse du taux de change réel, autrement dit une amélioration durable de la compétitivité vis-à-vis de l'extérieur. Il présente une analyse théorique des conditions et des conséquences d'une baisse du taux de change réel avec et sans dévaluation. Il met en lumière le rôle crucial des anticipations d'inflation dont dépend l'efficacité de la dévaluation. L'analyse théorique est ensuite illustrée par l'étude de l'expérience d'ajustement menée par cinq Etats de l'Union monétaire ouest-africaine depuis 1980. L'originalité de cette politique est d'avoir été menée sans recours à la dévaluation, l'appartenance de ces Etats à une Union monétaire les empêchant de modifier, par une décision unilatérale, leur taux de change. Le trait caractéristique de révolution des taux de change effectifs des pays de l'UMOA est une dépréciation réelle de ces taux supérieure à la dépréciation nominale, alors que l'on constate en général la relation inverse, en raison de l'effet inflationniste de la dévaluation. Cette évolution particulière des taux de change de l'UMOA semble s'expliquer par l'absence d'anticipations inflationnistes, du fait que la dépréciation nominale du taux de change n'a pas résulté d'une dévaluation du franc CFA mais a découlé indirectement de la dépréciation du franc français auquel le franc CFA est rattaché. Il apparaît ainsi que la politique monétaire et budgétaire nécessaire pour faire baisser le taux de change réel n'aurait pas été rendue moins restrictive par une dévaluation. La volonté des gouvernements de l'UMOA d'ajuster leur économie sans dévaluer se trouve donc justifiée. Toutefois cette conclusion ne permet pas de préjuger des décisions souhaitables pour l'avenir qui dépendront de l'évolution de l'environnement international. L'expérience des Etats de l'UMOA, même si elle n'est pas directement transposable, montre que la fixité institutionnelle du taux de change, en réduisant les prévisions d'inflation, accroît l'efficacité du contrôle de la demande globale.Devaluation in Africa ? Sylviane Guillaumont Jeanneney Although main currencies in the world are now floating, the question whether a devaluation is opportune remains a topical suject for many countries. This is especially true for the developing countries which are engaged in « structural adjustment programs » with the International Monetary Fund and the World Bank. Devaluation is one of the most disussed items of the conditionality agenda of IMF agreements, which has often led governments to interrupt négociations with the Fund. This article studies the case of a small developing country with an important and lasting balance of payments deficit whose adjustment implies a drop of the real exchange rate, i.e. a definite increare in economic comptitiveness. It gives a theoretical analysis of the conditions and consequences of a drop of real exchange rate with and without devaluation. It focuses on the crucial role of inflation expectations, on wich the efficiency of the devaluation depends. The theoretical analysis is then applied to the adjustment policies that five countries belonging to the West African Monetary Union have conducted since 1980. The originality of these policies is to have been conducted without devaluation ; indeed that these states belong to a monetary union prevents them from unilaterally changing their rate of exchange. The feature of the evolution of the effective exchange rates of UMOA countries is a higher real depreciation of these rates higher than the nominal ones, the inverse relation being more usual because of the inflationary impact of devaluation. This unusual pattern of UMOA exchange rates seems to be explained by the lack of inflation expectations. This in turn is due to the fact that the nominal depreciation of the currency has not resulted from a devaluation of CFA franc, but indirectly through the depreciation of the french franc to which CFA francs pegged. The consequence is that the monetary and fiscal policy which was needed to have the real exchange rate drop would not have been more restrictive with devaluation. According by the governments of the UMOA States are justified in their whish not to devalue. It is nevertheless impossible to anticipate what could be the right decicion in the future, because of their dependence on the international environement. The experience of UMOA countries, even if it cannot be directly transposed, shows that a steadfast pegging of a currency increases the efficiency of the control of global demand by reducing inflation expectations.
- Les déterminants des prix des matières premières : une analyse économétrique - Gérald Collange, François Guillaumat-Taillet p. 145-171 Depuis le début des années soixante-dix les changements de l'environnement international ont provoqué d'amples variations des prix des matières premières. Les pays en développement se retrouvent ainsi doublement en situation de dépendance : non seulement parce qu'une partie importante de leurs recettes d'exportations provient de la vente de produits primaires, mais encore parce qu'ils subissent la conjoncture mondiale plus qu'ils ne l'influencent en raison de leur poids modéré dans l'activité totale. Nous avons tenté de mesurer l'impact des fluctuations de l'économie mondiale sur les cours des biens primaires non pétroliers exportés par les PVD de 1973 à 1987. L'activité économique des pays industriels — principaux importateurs de ces produits — et les variations du taux de change réel du dollar, qui sont les déterminants essentiels de la demande de produits primaires, rendent compte de manière satisfaisante de l'évolution de l'indice général des prix. L'influence de la variation des taux d'intérêt sur les prix, via les comportements de stockage, est confirmée par l'étude économétrique. L'analyse par grandes catégories de produits primaires donne de bons résultats concernant le prix des matières premières agricoles et minières, très sensible aux évolutions de la demande, alors que les estimations faites sur le prix des produits alimentaires ne sont pas satisfaisantes, ces produits dépendant davantage des conditions de l'offre.The Determinants of Primary Commodity Prices: An Econometric Analysis Gérald Collange, François Guillaumat-Tailliet Since the early seventies the changes in the world environment have induced major variations in the prices of primary commodities. Hence the developing countries find themselves in a state of dépendance for two reasons. Not only does the main part of their export earnings come from the sale of primary products, but also their modest weight in world activity means that they are subject to the state of the world economy far more than they can exert an influence on it. This paper attempts to measure the impact of world economic fluctuations on the prices of non-oil primary commodities exported by LDC's from 1973 to 1987. Economic activity in industrial countries — the main importers of these commodities — and changes in the dollar real exchange rate, which are the principal factors underlying the demand for primary commodities, account adequately for the movements in the overall price index. Our econometric study confirms the influence of changes in interest rates on prices, through inventory holdings. The analysis of the main commodity groups provides good results for the prices of agricultural raw materials and metals, which are both very sensitive to changes in demand, but the estimation results for the prices of food and beverages are not satisfactory, these commodities depending much more on supply-side factors.
- Le modèle de cycle de vie, une approche numérique - Françoise Charpin p. 173-198 Cet article vise à déterminer numériquement les comportements de consommation, d'épargne et d'accumulation résultant de l'application du modèle dit de cycle de vie. Dans sa version élémentaire ce modèle ne comporte qu'un seul taux d'intérêt, c'est-à-dire que les agents peuvent placer et emprunter au même taux. En conséquence leur endettement est excessif, ce qui est logique puisqu'il n'y a pas de coût à l'emprunt. Si l'on veut obtenir des résultats plausibles, il faut donc introduire des taux d'emprunt et de placement différents, le premier étant supérieur au second. La résolution de ce modèle est présentée pour diverses catégories socio-professionnelles. On constate d'autre part que pour certains agents, la consommation peut dépendre du seul revenu courant, ce qui est le cas en macroé- conométrie, mais qui n'apparaissait pas dans le modèle élémentaire de cycle de vie, où la consommation ne dépendait que des revenus cumulés.The Life Cycle Model, a Numericalc Approach Françoise Charpin The purpose of this article in to determinate numerically the behaviour of consumption, saving and accumulation resulting from the application of the life cycle model. In its elementary version this model admits only one interest rate, which means that agents lend and borrow at the same rate. Consequently their debt is excessive, which is logical because there is no price to borrowing. To obtain plausible results, it is necessary to introduce different rates for lending and borrowing, with the first greater than the second. The model is then solved for various categories of workers. We also establish that for some agents consumption may depend solely on current income, which is the case in macroeconometrics, but did not appear in the elementary version of the life cycle model, where consumption depended on cumulated income.
- Summaries in English - p. 199-202
- Index des auteurs - p. 203-205
- Table des matières de la Revue et de la Lettre depuis 1982 - p. 206-215
- Cahier de graphiques - Département des diagnostics de l'OFCE p. 216
- Chronique de conjoncture: la France - p. 34-74 Analyse de la conjoncture française: la croissance des investissements, la montée des profits et le krach boursier, l'emploi et le chomage, l'augmentation des prix, des salaires du privé... Les perspectives pour 1989: une croissance soutenue par les investissements et les exportations.