Contenu du sommaire

Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Mir@bel
Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques
Numéro No 20, 1987
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Chronique de conjoncture étrangère

    • Espagne : la recherche d'un nouveau développement grâce à la dynamique européenne - Roland Colin p. 5-100 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'entrée de l'Espagne dans la Communauté européenne le 1er janvier 1986 a résulté de longues négociations où s'étaient affrontés partisans et adversaires de l'intégration. Au bout d'une première année d'expérience les choses commencent à se clarifier quelque peu. D'une part, on s'accorde sur la nécessité pour l'Espagne d'assurer sa modernisation économique dans la Communauté. D'autre part, en termes géopolitiques, l'harmonisation de l'Europe des douze, devenue plus ardue, appelle plus que jamais le renforcement des mécanismes de décision que l'Acte Unique laisse augurer pour 1992. Cette année cinquième centenaire de la découverte de l'Amérique, rappelle le passé prestigieux de l'Espagne contrastant avec une histoire ultérieure difficile. Après la reconquista, qui n'abolit pas les marques de l'Islam, puis le faste du « Siècle d'Or », la monarchie espagnole reçut le choc de l'invasion napoléonienne. Au XIXe siècle l'émergence laborieuse de la révolution industrielle fut à plusieurs reprises contrariée par la résurgence de modèles du passé. Cependant la modernisation plus précoce de la Catalogne et de la côte Nord-Atlantique contrasta avec les pesanteurs des systèmes agraires traditionnels du centre et du sud. En 1936 la guerre civile vint ravager l'expansion récente de l'économie, laissant des cicatrices sociales profondes. Le franquisme imposa le silence au delà du drame, avec une poigne de fer, et s'enferma d'abord dans un protectionnisme idéologique et politique autant qu'économique. A partir des années soixante l'ouverture s'imposa : c'est le « miracle économique » espagnol, qui n'entama pas la dictature. Après la mort de Franco, en 1975, le « miracle politique » d'une démocratisation réussie, sous l'impulsion inespérée du roi Juan Carlos, se heurta successivement aux deux « chocs pétroliers ». L 'économie dut se plier à de douloureux et nécessaires réajustements. La restructuration industrielle, préalable au « projet européen », s'accompagna du taux de chômage le plus élevé d'Europe, culminant à 22 % au début de 1986. La crise agricole a opposé le versant agroexportateur méditerranéen aux espaces encore archaïques du centre et du sud. La « tertiarisation » du pays constitue la dominante de l'économie nouvelle impulsée particulièrement par les performances du tourisme. Au moment de l'entrée dans la Communauté européenne, sous la ferme direction du gouvernement socialiste de Felipe Gonzalez poursuivant, non sans affrontements sociaux, la politique d'ajustements économiques, les chances de l'Espagne, désormais reconnues, se heurtent à de rudes obstacles. Les « points chauds » de l'économie et de la société espagnoles signalent une série de problèmes : comment établir un nouvel équilibre social, venant à bout du chômage, assurant la participation économique et sociale des femmes, des jeunes, des « exclus » ? Comment maîtriser la régulation interne et externe d'un système économique en mutation et éviter qu'il soit satellisé aux niveaux inférieurs d'une nouvelle division européenne du travail ? Comment répondre aux « vocations extérieures » de l'héritage arabo-méditerranéen et ibéro-américain, tout en faisant droit aux « vocations intérieures » inscrites dans la dynamique des « Communautés autonomes » : dix-sept Espagnes dans l'Espagne ? Comment enfin éviter le risque du quasi monopole institutionnel d'un pouvoir tout entier dévolu au PSOE dans une société en pleine mutation économique où n'apparaît aucun signe crédible d'alternative ou d'alternance potentielles ? Cette chronique de l'économie espagnole, partant d'une analyse historique et politique, s'attache à décrire le système des structures économiques et son mode de régulation avant et depuis l'entrée dans la Communauté européenne. L'intention est de mettre en évidence les termes d'une problématique qui concerne les partenaires européens de l'Espagne autant que les Espagnols eux-mêmes.
      In Search of a New Start Thanks to the European Dynamics Roland Colin Spain's entry into the European Community on 1st January 1986 was the result of lengthy negotiations involving the proponents and opponents of integration. Now, after a year of experience, evidence on some of the issues is becoming a little clearer. On the one hand, there is agreement that Spain's economic modernisation in the Community is a must. On the other hand, in geopolitical terms, the harmonisation of a twelve-nation Europe has been made yet harder, and hence increases the need for the reinforcement of the decision-making process which the Single European Act envisages for 1992. That year, the five hundredth anniversary of the discovery of America, recalls Spain's prestigious past, a contrast with its subsequent difficult historical evolution. After the Reconquest, which did not abolish the marks of Islam, followed by the « Golden Century », the Spanish monarchy suffered the shock of the Napoleonic invasions. During the XIXth century the difficult process of industrial revolution was several times disturbed by the resurgence of past models. The advanced modernisation of Catalonia and the north Atlantic coast lays in sharp contrast with the traditional agricultural systems in the centre and south. In 1936 the Civil War put an end to the nascent expansion of the economy, and left deep social scars. Francoism imposed silence beyond the drama with an iron fist, and introduced a protectionism which was as idealogical and political as it was economic. From the sixties, an opening up of the economy became essential : the Spanish « economic miracle » did not however bite into the dictatorship. After Franco's death, in 1975, the « political miracle » of a successful démocratisation under the unexpected impulse of King Juan Carlos had to face the two successive « oil shocks ». The economy had to adjust to painful and necessary new conditions. And more generally the industrial restructuring, a prerequisite of the « European project », was accompanied by Europe's highest unemployement rate, wich reached 22 per cent at the beginning of 1986. The agricultural crisis has opposed the farm exporting Mediterranean side to the still archaic parts of the centre and the south. The « tertiarisation » of the country constitutes the dominant feature of the new economy resulting partly from the performance of tourism. At the time of entry into the European Community — under the strong leadership of Felipe Gonzalez' Socialist government which was pursuing, not without social clashes, an economic adjustment policy — the opportunities for Spain, henceforward well recognised, are facing serious hurdles. The « hot segments » of the Spanish economy and society signal a range of problems : how to establish a new social equilibrium, so as to overcome unemployment, ensure the economic and social participation of women, youth, and the « left out » ? How to regulate, internally and externally, an economic system which is in a state of trasformation, and how to prevent its « satellisation » at a lower level of a new European division of labour ? How to respond to the « external vocation » of the Arabo-Mediterranean and Ibero-American heritage, while also incorporating the « internal vocation » written into the dynamics of the « Autonomous Communities » : seventeen Spains into Spain ? How also to prevent the risk of quasi institutional monopoly of power in the hands of PSOE in an economically evolving society in which there are no signs of credible or potential alternatives ? This chronicle of the Spanish economy, building on a historical and political analysis, attempts to describe the system of economic structures and its regulators made before and since the entry of Spain in the European Community. The intention is to highlight the terms of a « problématique » which concerns the European partners of Spain as well as the Spainsh themselves.
  • CEE, Etats-Unis, Japon : une comparaison de leurs commerces extérieurs - Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Aroyo, Véronique Riches, Richard Wind, Monique Fouet p. 101-147 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Les trois principaux pôles du commerce mondial sont la Communauté économique européenne considérée comme une entité (c'est-à-dire abstraction faite des échanges entre ses douze membres), les Etats-Unis et le Japon. La CEE demeure le premier exportateur malgré la percée du Japon. Elle n'est désormais que le second importateur, les Etats-Unis l'ayant dépassée depuis 1984. La CEE est relativement moins tournée vers les pays industrialisés que ne le sont les deux autres pôles. Elle est plus insérée dans son environnement géo-économique, c'est-à-dire le reste du continent européen, l'Afrique et le Moyen-Orient. C'est avec cette zone d'influence qu'elle réalise la majeure partie de ses échanges, et c'est grâce à elle qu'elle a réalisé en 1986 un excédent unique au cours des vingt années considérées. C'est sur elle qu'elle est parvenue à préserver sa part de marché, tandis que les Etats-Unis réussissaient à ne pas en perdre sur leur propre zone d'influence. Des « chasses gardées » subsistent clairement face à la poussée ancienne du Japon et plus récente des NPI asiatiques qui réalisent leur percée de deux autres manières : d'une part sur la zone d'influence de la CEE au détriment des Etats-Unis et sur celle des Etats-Unis au détrirrrent de la CEE ; d'autre part directement sur les marchés intérieurs de ces deux pôles. L'amélioration récente du solde commercial de la CEE est due à la fois aux produits énergétiques (à l'importation et à l'exportation), aux matières premières et produits alimentaires (au détriment des Etats-Unis) et aux produits manufacturés. Pour ces derniers la CEE apparaît moins spécialisée que les Etats- Unis et le Japon dans les hautes technologies et ses résultats sont meilleurs à l'importation qu'à l'exportation. Elle parvient à contenir ses importations, mais non à accroître fortement ses exportations. Son excédent apparaît donc fragile dans une période où les Etats-Unis disposent à nouveau d'un taux de change bas et considèrent, comme d'ailleurs les pays asiatiques, que la CEE constitue le débouché extérieur le plus prometteur pour les prochaines années.
    The External Trade of the EEC, Japan and the United States : A Comparison Division de l'environnement international du département des diagnostics de l'OFCE The three main poles of world trade are the European Economic Community regarded here as a whole (i.e. after excluding the internal trade between its twelve members), the United States and Japan. The EEC remains the first exporter in spite of the Japanese breakthrough. As far as imports are concerned the United States overtook the Community in 1984 which from then has been in the second position. The EEC directs much less its trade towards the industrialized countries than the other two do. The Community is indeed much more linked to its geographical and economic environment, which can be defined as the remainder of the European continent plus Africa and the Middle East. This area of influence enabled the EEC to record in 1986 (and for the first time in twenty years) an overall trade surplus. The EEC has succeeded in maintaining its market shares on its priviledged zone while the US have managed to avoid any reduction in theirs on their own area of influence. Therefore the buoyancy of Japan and the NIC's have not yet been able to evict the EEC and the US from their respective traditional outlets. However Japan and the NIC's broke through in other ways. They successfully competed with the US on the European area of influence and with the EEC on the United States'. Besides they increased their market shares both in Europe and in the United States. So far the Community has achieved relatively better results in controlling the import growth than it has in promoting exports. Therefore the European external surplus appears frail especially at a time when the dollar exchange rate is low and when the European market is more and more regarded by the US and the Asian countries as the most attractive outlet for the years to come.
  • Changes réels et compétitivité de la France, l'Italie, la RFA et les Etats-Unis - Jacques Le Cacheux, François Lecointe p. 149-187 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    L'étude de la compétitivité internationale d'une économie est notoirement délicate, en ce qu'elle doit prendre en considération à la fois des éléments que l'on peut considérer comme exogènes à l'entreprise — tels que les taux de change et les coûts de production — et, dans une certaine mesure, des aspects qui résultent de leurs comportements — la fixation de leurs marges et leurs objectifs de parts de marché en particulier. Les évolutions nominales observées depuis quelques années sont trop disparates pour que l'on puisse en induire les modifications des positions concurrentielles. Cet article propose une formalisation simple de la détermination des prix sur des marchés imparfaitement concurrentiels et géographiquement cloisonnés, caractéristiques qui semblent correspondre aux échanges commerciaux de bon nombre de produits manufacturés. Dans ce cadre d'hypothèses les entreprises réagissent aux variations de coûts ou de change à la fois en modifiant leurs marges et en enregistrant des gains ou pertes de parts de marché. Par ailleurs cette étude présente un nouvel indicateur du taux de change effectif réel du dollar et de trois grandes monnaies européennes, le franc, le mark et la lire. La comparaison de cet indicateur avec ceux qui sont couramment utilisés conduit à moduler sensiblement le jugement porté sur les mouvements réels de ces monnaies. Enfin la mise en parallèle des évolutions de plusieurs mesures complémentaires des positions concurrentielles et des modifications du partage du marché américain et des taux de couverture manufacturiers des pays étudiés révèle l'intérêt, mais aussi les limites, de la démarche adoptée.
    Real Exchange Rates and Competitiveness : France, Italy, the FRG and the USA Jacques Le Cacheux, François Lecointe The study of an economy's international competitiveness is notoriously difficult, in that it has to simultaneously take account of factors that can be regarded as exogenous to the firm — such as exchange rates and production costs — and of aspects that result from the firm's behavior — their mark-up rates and their desired market shares in particular. The nominal evolutions observed in recent years have been too diverse to allow any immediate inference of possible modifications in relative competitive positions. This paper presents a simple modelling of price determination on imperfectly competitive and geographically distinct markets, a characterization that seems to fit the actual trade of many manufactured goods. In such a framework firms react to variations in their costs or in the exchange rates both by altering their mark-up and by witnessing gains or losses in their market shares. A new indicator of the real effective exchange rates of the US dollar, the French Franc, the Deutsche Mark and the Italian Lira is also presented and discussed. Comparing it with several commonly used indicators leads to a more nuanced judgement about real movements of these currencies in recent years. Eventually a tentative reading of the changing market shares in the US and of the trend in the ratio of exports to imports of manufactured goods for these countries is proposed in the light of observed evolutions in various complementary measures of competitiveness. This last exercise reveals the power, but also the limitations, of the approach.
  • Les défauts des comptes à prix constants - Françoise Charpin p. 189-207 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Bientôt les comptes nationaux en base 1980 seront disponibles. Ce changement de base devenait indispensable. En effet l'ancienneté de la base des comptes peut être très gênante dans un contexte où les prix relatifs de certains biens varient fortement. Depuis 1970 le prix du pétrole et le prix des biens d'équipement ont beaucoup évolué relativement à l'ensemble des prix, l'un à la hausse et l'autre à la baisse. Il en résulte que les évolutions, en volume et en prix, des importations et de l'investissement des entreprises calculées à partir de comptes aux prix 1970 sont biaisées ; dans les deux cas les volumes sont surestimés et les prix sous-estimés. Cependant, changer de base relativement souvent ne résout pas le problème de la mesure des évolutions à long terme. Les comptes aux prix 1980 ne décriront pas les évolutions réelles du volume et du prix des importations et de l'investissement des entreprises au cours des années soixante-dix. Entre des périodes éloignées les comparaisons de volume et de prix d'agrégats ne peuvent valablement se faire qu'en utilisant un indice chaîne, comme il est d'usage pour les indices conjoncturels (l'indice des prix à la consommation par exemple). Toutefois cette méthode ne permet pas d'obtenir des comptes équilibrés. Les résultats des deux méthodes d'évaluation des volumes sont comparées sur la période 1970-1985, leurs avantages et inconvénients respectifs discutés.
    Pitfalls in Constant Price Accounting Françoise Charpin Very soon, the national accounts at 1980 prices will be available. This change of the base-year was badly needed. As a matter of fact the farther the past the base year, the more troublesome it becomes, because the relative prices of some goods have varied enormously. Since 1970 oil and equipment goods prices have changed considerably relative to the general price level, the former increasing and the latter decreasing. This causes biases in the measurement of volumes and prices of imports and industrial investment as evaluated at 1970 prices ; in both cases volumes are over-estimated and prices under-estimated. However, changing the base quite often does not solve the problem of measurement of long-term evolutions. The accounts at 1980 prices will not describe the true variations of volume and price of imports and industrial investment in the seventies. When comparing volume and prices of aggregates between two distant periods chain index numbers have to be used, as it is normally done for conjoncturel index numbers (consumer price index for instance). Nevertheless, this method does not lead to balanced accounts. The results of both methods for evaluating volumes are compared over 1970-1985 period and their respective advantages and drawbacks discussed.
  • Summaries in English - p. 209-212 accès libre