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Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques |
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Numéro | No 17, 1986 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Chronique de conjoncture
- La croissance entrevue - Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Sigogne, Monique Fouet, Jacques Adda, Philippe Aroyo, Véronique Riches, Richard Wind, Françoise Milewski, Dujust, Alain Gubian, Véronique Przedborski. p. 5-96 Les effets bénéfiques de la baisse du prix du pétrole pour les pays de l'OCDE, accentués, hors les Etats-Unis, par la dépréciation du dollar, ont tardé à se manifester. Les ménages ont accru leur taux d'épargne avant de dépenser leur surcroît de revenu, tandis que les entreprises, dans l'attente de nouvelles baisses de prix, ont stocké aussi peu que possible. Cela a amplifié le marasme du commerce mondial de produits manufacturés. Un retournement de certaines de ces tendances, opéré durant l'été, laisse à présent attendre une accélération de la croissance. Elle ne sera sans doute qu'un sursaut aux Etats- Unis. Par contre en Europe une dynamique plus durable pourrait s'enclencher dans plusieurs pays, l'investissement des entreprises venant s'adjoindre à la consommation des ménages ; elle sera toutefois tempérée par la poursuite des politiques d'assainissement des finances publiques. En France la croissance du PIB atteindrait 2,8 % en 1987, grâce à la reprise de la demande extérieure et à la bonne tenue de la demande interne. L'investissement des entreprises s'accélérera et surtout se diffusera à l'ensemble des activités, gagnant les petites et moyennes entreprises. Des profits encore en hausse et une demande finale soutenue se combineront pour que les entreprises étendent leurs dépenses d'équipement, tout en se désendettant. Le revenu réel des ménages pourrait encore progresser au rythme de 3 % l'an, et permettre que la consommation s'élève en même temps que le taux d'épargne. L'Etat pourra comprimer son déficit tout en allégeant la fiscalité. Cependant l'excédent commercial dégagé en 1986 laisserait place à un quasi-équilibre l'an prochain, du fait d'une nouvelle contraction du solde industriel et, malgré une légère croissance des effectifs employés, la montée du chômage ne serait pas enrayée.The favourable impact on OECD countries of the decline of oil prices, amplified in most cases by the depreciation of the US dollar, have been long awaited for. Households have increased their savings rate before starting to spend their additional income. Entreprises, anticipating additional decreases in the prices of inputs, have kept their inventories at the lowest possible levels. All this aggravated the stagnation of international trade of manufactured goods. An acceleration of economic growth can now be anticipated after the reversal of some of these trends during the summer. It will probably be transient in the United States. A longer lasting process could emerge in some european countries as investment demand would combine with households consumption expenditures. But its magnitude will be restricted by rather restrictive fiscal policies. In France, the GDP rate of growth might reach 2,8 % in 1987 owing to the upturn of foreign demand and the continuing growth of internal demand. The increase of productive investment will accelerate as it will spread to all sectors and to small firms. Entreprises will be able to increase their plant and equipment expenditures and at the same time reduce their indebtedness, thanks to growing profits and a strong final demand. Real disposable income of households could increase at an annual rate of 3 %, giving room to an increase of both consumption expenditures and the savings rate. The public deficit could be reduced while the fiscal pressure might be alleviated. But the external trade surplus that appears in 1986 might vanish next year as the surplus in manufactured goods will shrink further. Besides, unemployment will keep on growing despite a small increase in employment.
- La croissance entrevue - Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Sigogne, Monique Fouet, Jacques Adda, Philippe Aroyo, Véronique Riches, Richard Wind, Françoise Milewski, Dujust, Alain Gubian, Véronique Przedborski. p. 5-96
- Hong-Kong et Singapour : deux modèles non exemplaires - Monique Fouet p. 97-126 Ноng-Коng et Singapour, villes créées au XIXe siècle par les Britanniques, et de population majoritairement chinoise, ont un niveau de vie comparable à celui des pays d'Europe du sud. Leur croissance économique, exceptionnellement rapide depuis vingt ans, s'est effectuée dans le cadre de systèmes politico- économiques radicalement opposés : libéralisme à Hong-Kong, interventionnisme à Singapour. L'industrie, au-delà de différences stratégiques et sectorielles, est dans les deux cas quasi exclusivement tournée vers l'exportation. Elle ne représente que le tiers de l'activité économique de ces cités-Etats qui, fondamentalement, sont des plaques tournantes à vocation tertiaire, et qui fournissent par là- même des modèles de développement inimitables par les pays voisins. Les difficultés macro-économiques récentes, plus profondes à Singapour (liée à I 'ASEAN) qu'à Hong-Kong (tournée vers l'Occident et la Chine) ne sonnent pas le glas d'un miracle. Il n'y a pas eu de miracle. Une croissance certes plus modérée, mais néanmoins substantielle, est susceptible de reprendre dans quelques semestres.The cities of Hong-Kong and Singapore, of british origin and Chinese population, enjoy a standard of living comparable to that of southern Europe. They have both experimented an exceptionally fast growth over the past twenty years within opposite social and political frames : liberalism in Hong- Kong, interventionism in Singapore. The manufacturing sector, differing in strategy an sectorial structure, is in both cases almost wholly export-oriented. It accounts for only a third of Gdp. Economic activity mainly relies on international trade and services and therefore cannot be imitated by neighbour economies. Recent macro-economic difficulties are worse in Singapore, linked with Asean countries, than in Hong-Kong, linked with OECD countries and mainland China. They do not mean the end of a miracle. Their growth was no miracle, and is likely to pick up in the near future, although at a slower pace.
- Mise à jour et rectificatif: Les prix récents des matières premières et du pétrole - Jean-Marcel Jeanneney p. 127-130 Les indices disponibles depuis la parution en juillet de l'article intitulé « Quels lendemains à une conjoncture extérieure sans précédent ? » confirment l'anomalie d'une baisse du dollar ne provoquant pas encore de hausse sensible des prix en dollars des matières premières et du pétrole.Data available since the publication in July of the article entitled « What will follow and unprecedented international economic situation ? » confirm the uniqueness of a depreciation of the dollar that has not yet induced an increase in dollar termes of the prices of raw materials and oil.
- De la valeur effective des créances bancaires sur les PVD - Gérald Collange, Christian Vasseur p. 131-165 Lorsque surgit en 1982 ce qu'il est convenu d'appeler la « crise de l'endettement », certains observateurs purent craindre que la récession mondiale n'entraîne une crise financière internationale. Si les événements postérieurs à 1983 ont dans une certaine mesure rassuré les milieux bancaires, il reste que les ratios d'endettement de nombreux pays en développement demeurent élevés, faisant réapparaître périodiquement le « syndrome d'un krach financier ». Toutefois, contrairement à ce qui s'était passé dans l'entre-deux-guerres, les créanciers internationaux ont pu éviter les situations de défaut généralisé grâce à la mise en place de procédures de rééchelonnement. Celles-ci interdisent en principe d'apprécier directement l'étendue des pertes subies par le système bancaire dans les années quatre- vingt. Cet article propose une méthode indirecte d'évaluation de ces pertes, à partir d'une enquête reflétant l'opinion subjective des banquiers quant aux risques encourus. Après avoir mesuré la dimension du problème en étudiant l'évolution de l'endettement international et de la répartition géographique des créances bancaires des pays industrialisés au cours des dernières années, nous verrons en quoi l'analyse permet d'éclairer et de dédramatiser la relation qu'entretiennent créanciers et débiteurs. La méthode de quantification du risque de défaut élaborée permet de mesurer la dépréciation des créances détenues sur les pays en développement par les banques françaises, allemandes, anglaises et américaines. Une telle évaluation, à notre connaissance inédite, doit être considérée comme exploratoire. Elle constitue un premier pas vers un chiffrement de la position extérieure nette des pays industrialisés corrigée du caractère douteux de certaines créances. Le point de vue des pays industrialisés est volontairement privilégié, au détriment de celui des pays en voie de développement. L'analyse ne peut donc tenir lieu de diagnostic général sur le problème de l'endettement, qui devrait prendre en compte les conséquences sociales des politiques d'ajustement pour les pays en voie de développement.When the « debt crisis » started in 1982, some observers feared that the worldwide recession could bring about a large scale financial crisis. Although the events after 1983 have in some respect reassured the banking community, the debt ratios of many developing countries remain high and make the financial krack syndrom periodically reappear. However, unlike what happened in the thirties, international creditors have avoided the occurrence of generalised defaults, thanks to rescheduling procedures. Thus, a direct appraisal of the losses suffered by the banking system in the eighties is in principle impossible. This paper elaborates an indirect method to estimate these losses, with the help of a survey representing the subjective beliefs of bankers about the assumed risks. After having assessed the size of the problem by a look at the recent evolution of the international debt and the international assets of industrialised countries, we shall see how the theoretical literature enlighte as the creditor-debtor relationship. Then, a quantitative method for assessing risks and a valuation of international banks' portfolios will be proposed. Such a method, as far as we know unprecedented, must be hold as experimental. It is a first step towards an estimation of industrialised countries' net external position, taking account of default risks. We are thus interested in the first place in these countries' point of view, and shall not try to elaborate a diagnosis of the debt problem, which would imply an examination of the welfare consequences of debtors' adjustement policies.
- Des conséquences patrimoniales de la désinflation - Henri Sterdyniak p. 167-208 La baisse rapide et forte du rythme de l'inflation que l'économie française vient de connaître a des conséquences patrimoniales : la suppression des transferts et des distortions causés par l'inflation modifie, pour chaque agent économique, la relation entre revenu, épargne et accumulation patrimoniale. Qu'en résulte-t-il pour l'activité économique ? Les conséquences patrimoniales de la désinflation passent par quatre canaux. La réduction du seigneurage dont bénéficiaient les banques ne permet pas au taux d'intérêt de baisser comme l'inflation ; le taux d'intérêt réel s'élève donc. Du fait de l'inertie des frais financiers les agents endettés à long terme à taux fixe sont perdants. A situation inchangée, le nominalisme de la fiscalité entraîne une baisse de l'impôt sur les bénéfices, mais aggrave la hausse du taux d'intérêt réel. Enfin, l'inadaptation du formalisme comptable aboutit à ce que la comptabilité d'entreprise indique fictivement une dégradation du profit net, une amélioration de l'autofinancement et du ratio d'endettement. Selon les conventions de la comptabilité nationale ce sont les entreprises (et à un degré moindre les administrations) qui gagnent à la désinflation, les perdants étant à court terme les ménages, à moyen terme les institutions de crédit. La prise en compte des plus-values sur actifs modifie complètement ce point de vue : ce sont les ménages qui sont gagnants. A court terme, ce sont les entreprises et les administrations qui perdent ; à moyen terme les institutions de crédit. Considérés isolément les effets patrimoniaux de la désinflation devraient provoquer une relance de la consommation au détriment de l'investissement, tandis que l'Etat serait amené à pratiquer une politique budgétaire plus restrictive. Toutefois le formalisme comptable peut masquer la dégradation de la situation des entreprises et les ménages peuvent ne pas être conscients de leurs gains patrimoniaux.The strong and fast decrease of inflation rate, that French economy had just experienced, has large patrimonial consequences. Inflation brings about reallocations and destortions, the cancelling of which alters, for each economic sector, the relation between income, saving and patrimonial accumulation. What will result for economic activity ? Patrimonial consequences of desinflation pass by four channels : the cutting down of the « seigniorage », which profited to banks, does not allow that interest rate decrease as much as inflation rate ; so real interest rate increases. By of interests payment inertia, the sectors in debt at fixed rates are at a loss. Ceteris partibus, the fiscal nominalism induces a decrease of taxes on income but worsens the increase of the real interest rate. At last, the misfitting of accounts concepts causes that the firms accounts show wrongly a fall of net profit, a rise of cash-flow and an improvement of debt ratio. According to National Accounts concepts, the firms are the main winners and the administrations also win ; the losers are the households in the short run ; the financial sector in the medium run. To take into account the financial assets depreciation alter strongly this result : the winners are the households. The losers are the firms and the administrations in the short run, the financial sector in the medium run. By themselves, the patrimonial consequences of desinflation would cause an increase of consumption prejudice to the detriment of capital formation ; in the same time, the government would be induced to restrain the fiscal policy. However, the accounting concepts may conceal the degradation of the firms situation and households may not be fully aware of their patrimonial earnings.
- Un exemple de modélisation et de prévision en Afrique - Pierre-Alain Muet, Alain Fonteneau, Raymond Ndong-Sima, René Ziza, Didier Boulay p. 209-233 A la demande des administrations économiques de certains pays africains, le département d'économétrie de l'OFCE a été amené à concevoir et mettre au point des modèles de prévision à court et moyen terme de nature différente de ceux couramment en usage dans les pays industrialisés. Cet article présente le modèle élaboré pour le ministère du Plan et le ministère de l'Economie et des finances de la République gabonaise. La première partie développe quelques considérations méthodologiques sur la modélisation associée à l'élaboration des budgets économiques. La seconde présente les principales caractéristiques du modèle « MEGA » (abréviation de Modèle de l'économie gabonaise). Le modèle présente deux originalités. D'une part il intègre non seulement les comptes nationaux (TES, TEE) mais également les finances publiques (en nomenclature budgétaire), la balance des paiements et l'endettement public extérieur et intérieur. D'autre part trois modes de bouclage du compte de l'Etat sont possibles : on peut solder soit sur l'investissement public, soit sur l'endettement extérieur, soit sur le Trésor. L'étude de la croissance de l'économie gabonaise au cours des cinq dernières années montre que le fonctionnement du modèle avec investissement public endogène retrace assez fidèlement le comportement observé.As requested by the economic administrations of some African countries, the OFCE Econometric Department was led to build and finalize short and medium term forecasting models different from those currently used in the developed countries. This paper presents the model built for the Planning Agency and the Ministry of Economy and Finance of the gabonese Republic. The first part develops a few methodological points on the modelling associated with the building of the economic budget. The second one presents the « MEGA » model main characteristics (Modèle de l'Economie gabonaise). This model features two major specifics. On the one hand, it includes not only national accounts but also public finance (in budget item), balance of payments as well as internal and foreign public debt. On the other hand, three means of State Account loops can be considered : the adjustment can be made either on public investment, or foreign debt or on the Treasury. Studying the growth of the Gabonese Economy over the past 5 years, shows that the functioning of the model with endogeneous public investment traces the observed behaviour rather closely.
- Dorénavant le social entraîne-t-il l'économique ? - Henri Mendras p. 235-250 Les transformations radicales subies par la société française depuis vingt ans conduisent à envisager d'un œil neuf les rapports entre l'économique et le social. Dans la période de croissance économique très rapide, l'enrichissement massif a été la condition de changements sociaux, mais sans qu'une causalité directe puisse le plus souvent être identifiée. La transformation des rapports d'autorité n'était pas prévisible. L'inflation a eu une influence certaine sur la structure sociale, quelle sera celle de la désinflation ? Des mouvements démographiques tels la baisse de la nuptialité ou l'allongement de l'espérance de vie, dont on ignore les causes, ont des conséquences économiques. On doit se demander si dorénavant les mouvements sociaux ont plus d'influence sur l'économie que l'inverse.In the last twenty years the French society has been affected by radical transformations which should be taken into account when studying the links between economy and society. During the period of very rapid economic growth, the massive enrichment has been the condition of social changes, but a direct causality link could seldom be identified. The transformation of authority relations was not predictable. Inflation has have a definitive influence on social structures ; what about desinflation ? Demographic movements such as the falling of marriage rate or the increasing life expectancy, the causes of which are not known, have economic consequences. One can therefore wonder whether social changes have more influence on the economy than the opposite.
- Summaries in English - p. 251-254
- Index - p. 255-272
- Table des matières - p. 273-280
- Cahier de graphiques - Département des diagnostics de l'OFCE p. 280