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Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques |
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Numéro | No 11, 1985 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Chronique de conjoncture
- D'étroites marges de manoeuvres pour l'Europe - Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Sigogne, Monique Fouet, Françoise Milewski, Michael Cocker, Alain Gubian p. 5-99 Les pays européens ont enregistré au cours des années récentes des performances moins spectaculaires que celles des États-Unis, mais peut-être garantes d'une croissance plus équilibrée à moyen terme. Les politiques budgétaires ont été strictes, ce qui a freiné la progression de l'activité économique et laissé s'accroître le chômage, mais a permis d'amorcer la réduction des déficits structurels. Combinées à des politiques monétaires restrictives, elles ont provoqué un ample mouvement de désinflation malgré le handicap constitué par l'appréciation du dollar. Au cours des prochains trimestres les politiques économiques européennes demeureront vigilantes, mais seront confrontées à une contrainte extérieure moins forte. Notre continent pourrait alors poursuivre une croissance modérée, tandis que les États- Unis tendraient vers la stagnation, puis une légère récession. En France, alors que la demande intérieure, contrainte par les politiques budgétaire et monétaire, a stagné en 1984, l'activité s'est néanmoins accrue grâce au développement des exportations et à une forte production agricole. Au cours des prochains dix-huit mois, en revanche, les croissances des diverses composantes de la demande auront tendance à s'uniformiser ; la politique monétaire restera restrictive, mais la politique budgétaire en particulier fiscale s'infléchira et soutiendra ainsi la consommation des ménages ; les entreprises, dont l'amélioration de la situation financière fut importante en 1984, développeront leurs dépenses d'investissement, même si le redressement des profits est moins soutenu. Le ralentissement américain limitera l'expansion des exportations. A la suite de cette chronique une variante envisage les effets d'une baisse éventuelle du dollar.Economic developments have been less spectacular in Europe than in the United States over the past two years, but have probably laid firmer foundations for sustained growth. Strict fiscal policies have indeed resulted in the beginnings of a decline in structural deficits but have also hindered growth thus leaving room for large increases in unemployment. Moreover, as monetary policies have remained tight, inflation rates have been substantially reduced despite the persistant rise of the dollar. Economic policies will probably remain cautious in the coming months although external factors should be less constraining. Growth, albeit moderate, will therefore continue in Europe whereas in the United States the slowdown will continue and could eventually turn into a mild recession. In France, output increased in 1984 thanks to agricultured production and buoyant exports. Domestic demand remained otherwise sluggish owing to restrictive fiscal and monetary policy. In contrast, over the coming 18 months, the various components of demand will grow at more comparable rates. Monetary policy will remain restrictive but private consumption should benefit from tax cuts. Corporate sector investment will increase although the improvement in profits will be less marked than in 1984. Growth in exports will be limited by the slowdown in the United States.
- Si le dollar baissait... - Jean-Marcel Jeanneney p. 101-103 Si le cours du dollar sur les marchés des changes venait à baisser de 20 % et si les taux d'intérêt pouvaient, grâce à cela, diminuer de 5 points en Europe, les conséquences en seraient bénéfiques pour l'économie française. Des calculs économétriques permettent de mesurer l'ordre de grandeur des avantages qui en résulteraient quant aux prix, aux profits, aux investissements et à la balance des paiements.If the dollar rate were to decrease in exchange markets by 20 % and if interest rates were consequently to decline in Europe by 5 points, consequences for the French economy would be favorable. The order of magnitude of the beneficial effects on prices, profits, investment and the balance of payments may be evaluated by econometric simulation.
- D'étroites marges de manoeuvres pour l'Europe - Département des diagnostics de l'OFCE, Philippe Sigogne, Monique Fouet, Françoise Milewski, Michael Cocker, Alain Gubian p. 5-99
- Encadrement du crédit et politique monétaire - Henri Sterdyniak, Christian Vasseur p. 105-136 Instrument permanent de la politique monétaire française depuis 1973, l'encadrement du crédit a été reformé en 1985. A cette occasion l'article fait le point sur les avantages et les inconvénients du système. L'encadrement du crédit a été l'instrument principal d'une politique visant à ralentir le rythme de progression de la masse monétaire pour lutter contre l'inflation. Mais il n'y a guère de relations spécifiques entre masse monétaire et inflation et la croissance de la masse monétaire est trop influencée à court/ moyen terme par les innovations financières pour être un indicateur fiable de la rigueur de la politique monétaire. Des soucis contradictoires ont abouti à un système bureaucratique et compliqué, qui cependant a amené le développement des marchés financiers, ce qui a permis de tourner l'encadrement. Par contre son impact macroéconomique est plus difficile à cerner. Objectif de masse monétaire, norme individuelle de crédit pour chaque banque, forte pénalisation des dépassements de la norme..., la réforme annoncée ne modifie guère, du moins à court terme, le système de régulation de la distribution du crédit.Credit control has been reformed in 1985 after having been a permanent instrument of the french monetary policy since 1973. On this occasion the article describes the system's advantages and disadvantages. Credit control has been the main instrument of a policy aimed at fighting inflation by decelerating the moneraty growth. But there are scarcely any specific relations between money supply and inflation and the monetary growth is too influenced by financial innovations over a short and medium term to be considered a reliable indicator of monetary policy rigor. Contradictory aims have led to a bureaucratic and complicated system, that nevertheless has enhanced the development of financial markets, thus enabling to avoid control limitations. On the other hand its macroeconomic impact is more difficult to estimate. On considering items such as a monetary growth target, an individual credit standard for each bank, or a severe penalty for exceeding the standard, it appears that this reform shall not substantially modify the regulation system of credit distribution, at least not over the short term.
- Le banquier et le nouveau régime de contrôle du crédit institué en décembre 1984 - Marcel Rist p. 137-152 En 1984 il est devenu de plus en plus clair que le régime d'encadrement du crédit en vigueur avait perdu son efficacité, tout en demeurant aussi compliqué que jamais. Le nouveau régime, plus simple, institué en décembre 1984, a été doté au contraire d'une grande efficacité quant aux possibilités de restriction du crédit qu'il donne aux autorités. Mais sur bien des points il ressemble comme un frère à l'ancien système, notamment par les coûts qu'il impose aux banques en cas de développement «excessif» de leurs encours. La disparition des anciennes « normes » est une simplification administrative importante et d'une certaine portée psychologique, mais ne transforme pas radicalement l'économie du système. On peut certes se féliciter des possibilités que le nouveau système donne aux autorités d'atteindre dans une large mesure simultanément des objectifs considérés dans les régimes de type anglo-saxon ou allemand comme contradictoires. Mais cela est au prix de l'adoption d'un système de rationnement du crédit draconien qui, bien qu'il soit administré par les banques elles- mêmes, s'éloigne à ce point des règles de l'économie de marché qu'une allocation rationnelle des ressources financières peut en être sérieusement affectée. En outre, malgré les apparences, il n'est favorable ni à un véritable assainissement des bilans bancaires, ni à l'indispensable redressement de leurs comptes d'exploitation.By 1984, it was becoming increasingly clear that the system of credit control had lost its efficiency, while remaining as complex as ever. The new and simpler system introduced in December 1984 has on the contrary been so designed as to give the authorities effective powers for restricting credit. But in many respects it certainly takes after the former system, especially with regard to the costs it imposes on banks that « excessively » expand their loans. Repealing the previous « standards » is an important administrative simplification, but it does not substantially alter the system's economy. One may indeed praise the new system for the possibilities it gives the authorities to simultaneously hit targets that are considered contradictory under the Anglo-Saxon or the German systems. But the price to be paid for this is a strict rationning of credit that is so far from the rules governing the market economy that the rational allocation of financial ressources may be seriously affected, even though the system is administered by the thanks themselves. Furthermore in spite of superficial evidence, the system is conducive neither to a true improvement of bank's balance-sheets nor to the badly needed recovery in their operating accounts.
- Déficit budgétaire, solde extérieur et politique macroéconomique : un modèle simple appliqué à la France - Michael Keith Anyadike-Danes p. 153-175 Le déficit budgétaire et le solde de la balance des paiements occupent une importance croissante dans les discussions et la formulation de la politique macroéconomique. Pourtant la nature des liens entre ces soldes et leur relation avec l'activité économique n'apparaît pas toujours clairement. Dans cet article on propose une approche directe d'évaluation de ces relations, fondée sur l'interdépendance entre les comportements de financement des différents secteurs de l'économie. Cette méthode de modélisation intégrée de l'accumulation d'actifs financiers et de la détermination du revenu et de la dépense fournit un instrument simple pour l'analyse des évolutions du déficit budgétaire et du solde extérieur français. Elle permet de mieux comprendre les raisons de la détérioration des échanges commerciaux de la France en 1982 et d'analyser simplement et rapidement les effets sur le déficit budgétaire et la balance des paiements des modifications de la politique financière ou des performances commerciales de l'économie française.The state of the balance of payments and of the government's budget deficit have become increasingly important in the discussion and formulation of macroeconomic policy and yet the nature of the links between these two « targets » and their connection with the functioning of the economy often seems somewhat obscure. A unified treatment of these issues is made possible though, by using the properties of the relationship between flows of private income and expenditure, which yields a relatively precise account of the sources of growth in national income and the associated factors determining the evolution of the balance of payments and the budget deficit over the last two decades. Not only can such an approach help to identify the proximate causes of the unforeseen doubling of France's external deficit in 1982, but it also provides a tool for simply and rapidly examining the implications for the budget and the balance of payments of changes in fiscal policy and in foreign trade performance.
- Transferts de patrimoine dus à l'inflation : 1971-1979 - Jean-Yves Capul p. 177-195 L'inflation est un puissant mécanisme de redistribution des richesses. Elle affecte particulièrement les patrimoines financiers, en induisant des transferts réels entre créanciers et débiteurs. En dépit des difficultés statistiques, il est possible d'évaluer l'ordre de grandeur de ces transferts de richesse sur les principaux éléments du patrimoine financier des secteurs institutionnels. Pour la décennie 1971-1979, au cours de laquelle l'inflation a été très variable et en moyenne assez forte, les évaluations obtenues, bien que probablement sous-estimées, sont loin d'être négligeables, comparées aux variables habituellement considérées dans l'analyse des comportements des agents. Leur prise en compte implique des corrections substantielles de ces variables. Sur les disponibilités monétaires et les crédits les ménages ont été les grands perdants, tandis que les secteurs emprunteurs nets — entreprises et, dans une moindre mesure, administrations publiques — ont bénéficié de gains de pouvoir d'achat sur toute la période. Des estimations plus approximatives concernent la dette obligataire.Inflation is a poweful engine of wealth redistribution. Financial portfolios are particularly affected because of inflation-induced, real transfers from creditors to debtors. In spite of certain data deficiencies, it is possible to evaluate the order of magnitude of wealth transfers on the major elements in the financial portfolios of the various sectors. For the decade 1971-1979, during which inflation has been highly variable and quite strong on average, the resulting estimates, though probably understating the actual amounts, are far from negligible by comparison with the major aggregates traditionnally used in the analysis of economic behavior. Taking such transfers into account implies substantial revisions in these variables as measured in national accounts. With regard to money holdings and bank deposits and credits, the household sector is the major loser at the inflation game, while the net debtor sectors — i.e. enterprises and, to a lesser extent, the public sector — enjoyed real gains all over the period. Similar conclusions apply for obligations, although the corresponding estimates are less precise and reliable.
- Summaries in English - p. 197-199
- Cahier de graphiques - Département des diagnostics de l'OFCE p. 200