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Revue |
Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) Titre à cette date : Observations et diagnostics économiques |
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Numéro | No 4, 1983 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Chronique de conjoncture
- Premiers pas de reprises échelonnées - Philippe Sigogne, Monique Fouet p. 5-42 Les économies européennes, affectées de manière différente par les dérèglements des dix dernières années, y ont d'abord répondu par des politiques économiques fort diverses. Sous la pression de la contrainte extérieure, toutes sont à présent engagées dans un assainissement qui a atteint des stades très inégaux. Des zones de reprise se préciseront durant le second semestre 1983, mais ce n'est guère avant la mi-1984 que pourrait s'amorcer un véritable processus cumulatif de reprise dans l'environnement européen de la France. Plus que d'autres pays la France a connu dans le passé une forte croissance, tirée par la consommation, mais aussi par le logement. Celui-ci est l'une des grandes victimes de la crise ; avec son déclin s'estompe un puissant stimulant de l'épargne des ménages. Le report sur les placements financiers ne s'effectue que très incomplètement et limite la baisse de la consommation. La compétitivité des exportations mérite un diagnostic nuancé : ni bonne, ni mauvaise, mais en lente convalescence. Ce ne sont pas les parts de marché de la France qui se réduisent, mais la demande mondiale, généralement surestimée. Le déficit extérieur ne disparaîtra pas avec la reprise étrangère, mais pourrait être réduit de plus de moitié d'ici un an.European economies have been diversely hit by the shocks of the past ten years owing to structural differences. Initial reactions resulted in a great variety of economic policies. More recently, external constraints have induced adjustment policies in all countries. The process is unevenly underway, so that economic growth can not yet resume everywhere. Signs of recovery will strengthen during the second half of 1983, but no real generalised recovery can be expected in Europe before mid-1984. In the early 1970's, France experienced particularly fast growth whose driving forces were household consumption and residential building. More recently, the latter has been severely hit by the economic crisis. As it declines, so does a powerful incentive to save. As savings are not completely reoriented towards financial assets, the fall of consumption is limited. Export competitiveness calls for a balanced judgment : it is neither good nor bad but, rather, slowly improving. Although market shares are slightly increasing, exports are weak because world demand is contracting at a pace often underestimated. The trade deficit will not vanish with a recovery abroad, but it could very well be halved in a year's time.
- Premiers pas de reprises échelonnées - Philippe Sigogne, Monique Fouet p. 5-42
Prévisions quantitatives
- Perspectives étrangères et françaises pour 1983 et 1984 - Départements des Diagnostics et d'Économétrie p. 43-51 The forecast results fall into three categories : —those concerning the world economy : the evolutions expected in the USA, Germany, UK and Italy and also in world demand ; —the short-term outlook for France, as determined by the econometric model « OFCE-Annual » along with graphs illustrating the current analysis of business conditions ; —finally, the uncertainties concerning some elements of the forecast are considered viz. the impact stronger world growth would have on the French economy.
- Perspectives étrangères et françaises pour 1983 et 1984 - Départements des Diagnostics et d'Économétrie p. 43-51
- La politique économique depuis mai 1981 : un premier bilan - Alain Fonteneau, Pierre-Alain Muet p. 53-80 Trois phases successives ont caractérisé la politique économique du gouvernement de gauche. La première, qui s'étend de mai 1981 à la dévaluation de juin 1982 est marquée par une politique expansionniste accompagnée d'une politique spécifique de l'emploi. Cette politique est partiellement corrigée par les mesures de financement des déficits de la Sécurité Sociale et de l'Unedic. La seconde phase s'ouvre avec les mesures d'accompagnement de la dévaluation de juin 1982, qui marquent un premier tournant vers une politique de lutte contre l'inflation. Elle coïncide avec la prise de conscience du caractère durable de la récession mondiale, qui a modifié les objectifs de la politique conjoncturelle. La dernière phase, qu'inaugure le plan de rigueur de mars 1983, donne la priorité au rééquilibrage des échanges extérieurs. La quantification à l'aide du modèle économétrique OFCE- Annuel de l'impact macro-économique des plans successifs montre que la politique économique a, en moyenne annuelle, stimulé la croissance de 0,4 point en 1981 et 0,7 point en 1982. Le plan de rigueur de mars 1983 annule les effets expansionnistes de la politique antérieure et des dévaluations, mais l'impact global sur le chômage resterait favorable, du fait de la politique spécifique de l'emploi. L'aggravation du déficit extérieur en 1982 (40 milliards) résulte pour moitié de la politique économique et pour moitié de la déflation mondiale et de la hausse du dollar par rapport à l'Ecu. En 1983, l'impact du plan de rigueur de mars resterait modéré, comparé à l'ampleur du déficit.The evolution of the economic policies of the socialist government can be divided into three phases. The first, from May 1981 to the devaluation of June 1982, can be characterized as expansionist and aimed specifically at reducing unemployment. This expansionist policy was partially offset by measures to reduce the « Sécurité Sociale » and « UNEDIC » deficits. The second phase began with the measures which accompanied the devaluation which indicated a shift in the emphasis of policy towards the fight against inflation. This coincided with a growing recognition that the inanticipated durability of the world recession necessitated a re-ordering stabilization policy priorities. While in the latest phase, initiated by the « plan de rigueur» of March 1983, top priority has been given to reducing the balance of payments deficit. Our annual econometric model has been used to provide a quantitative assessment of the macroeconomic impact of the successive policies. The results of this exercise show that the government measures added 0.3 % to the economy's rate of growth in 1981 and 0.7% in 1982. As far as 1983 is concerned, the « plan de rigueur » will cancel the expansionary effects of the devaluation and the other previous policies but the overall impact on unemployment remains favorable. One half of the worsening of the external deficit in 1982 can be attributed to economic policy, the other to world recession and the rise of the$ US. In 1983, the impact of the « plan de rigueur » on the external deficit will be weak compared to its magnitude.
- Les erreurs de prévision économique pour 1982 - Alain Fonteneau p. 81-97 L'examen des prévisions faites entre juin 1981 et juillet 1982 montre que la montée du dollar et l'ampleur de la récession mondiale n'ont été prévues ni par les organismes internationaux (OCDE, CEE) ni par les instituts de prévision français. En 1982, le PNB des pays de l'OCDE a baissé d'environ 0,5 % tandis que les prévisions élaborées avant la fin de l'année 1981 tablaient sur une croissance de 2%. Les exportations françaises ont reculé de 3,7% en volume, alors que la quasi-totalité des instituts prévoyait, avant décembre 1981, une croissance proche de 5 %. Les diverses prévisions établies pour la France montrent que, de manière générale, la politique économique n'a pas été anticipée ou, lorsqu'elle l'a été, ses conséquences ont été le plus souvent mal appréciées. Il en est ainsi de l'impact inflationniste de la relance qui a été surestimé, alors que la croissance de l'investissement et de la consommation a été sous-estimée. Les conséquences des mesures d'accompagnement de la dévaluation de juin 1982 ont également été mal perçues. Les prévisionnistes ont surestimé l'impact récessif des mesures de rigueur sur la croissance du second semestre alors qu'ils ont sous-estimé le ralentissement des hausses nominales dû au blocage des prix et des revenus.An examination of forecasts made between June 1981 and July 1982 by international organizations (OECD, EEC) and major French forecasters shows that neither group had forecasted the rise of the $ US nor the severity of world recession. In 1982 the GNP of the OECD countries fell by 0.5 % while forecasts made before the end of 1981 were predicting an increase of 2.0%. A similar mistake was made about the growth of the volume of French exports, a 5 % growth was forecast while a fall of 3.7 % was actually experienced. The different forecasts for France show that, generally, the change in economic policy had not been anticipated, and when it was, its consequences were often incorrectly assessed. For example, the inflationnary impact of the expansionary policies were over-estimated, and the growth of investment and consumption were under-estimated. Moreover, consequences of the measures which accompanied the June 1982 devaluation of the Franc were also badly forecast : the deflationary of these measures on growth during the last six months of 1982 over-estimated while the slow down of the rise in wages and prices under-estimated.
- Politique de l'emploi et réduction de la durée du travail - Jean-Paul Fitoussi, Daniel Szpiro p. 99-116 Que la réduction de la durée du travail apparaisse comme un moyen privilégié de lutte contre le chômage est symptomatique d'une évolution qui a conduit les gouvernements européens à s'accommoder de la récession actuelle, à inscrire leur politique dans ce qui est devenu au niveau international une « concurrence par la dépression ». La logique du partage du travail est en effet celle de l'adaptation de l'offre de travail à l'emploi, celle d'une autre répartition d'un volume donné de chômage. Si elle est conquête sociale, la réduction de la durée du travail devrait s'accompagner d'une modification de la répartition des revenus entre toutes les catégories sociales. Considérée comme une politique de l'emploi, elle implique une redistribution de la seule masse salariale entre personnes employées et chômeurs. Dans cet article, on s'interroge sur les conditions de réussite d'une telle politique, sur les effets probables qu'une réduction de la durée du travail aura sur l'emploi. Les résultats des simulations, convergents pour la plupart, qui ont été effectuées au moyen de modèles économétriques dans plusieurs pays européens, sont alors analysés. Mais au-delà des efforts de quantification, l'incertitude demeure quant aux effets d'une telle mesure sur les processus de production et les comportements des agents. Une analyse à la fois théorique et empirique de ces effets est présentée et elle conduit à douter de ce que la réduction de la durée du travail constitue réellement une réponse au problème de l'emploi.That the reduction in the length of the working-week seems to be the preferred mean of combatting unemployment is symptomatic of an evolution which has lead European governments to an acceptance of a permanently lower level of economic activity, and to formulate policies most aptly described at an international level as « competition by deflation ». The logic of work sharing is the adaptation of the supply of labour to the existing amount of employement. It is therefore a redistribution of a given amount of unemployment. If it is to be a genuine social advance, the reduction in the working week should be accompanied by a change in the distribution of income between all social groups. But when seen as an employment policy, it clearly implies only a redistribution of the existing wage bill between the employed and unemployed. In this article, we investigate the conditions necessary for the success of such a policy and its probable effects on employment. The results of the simulations of econometric models which have been performed for a number of European countries — similar for the most part — are then analysed. But despite these efforts of quantification, a great uncertainty remains as to the effects of such a policy on both production processes and the behaviour of agents. Moreover a further theoretical and empirical analysis of these effects leads us to doubt that the reduction in the length of the working week provides any answer to the problem of unemployment.
- Pétrole : un repli stratégique - Philippe Sigogne p. 117-122 Le pétrole présente ce paradoxe d'être extrait en priorité là où il revient le plus cher. Ce détournement de flux révèle les difficultés de l'OPEP à imposer un prix de monopole. Les principales causes en sont l'inflexion des perspectives de croissance, l'arrivée de nouveaux producteurs et les difficultés financières d'une partie du cartel. Dans la perspective actuelle de quasi-stagnation de la consommation de pétrole d'ici à l'an 2000, l'OPEP verrait sa part diminuer inexorablement, sauf à ramener ses prix aux environs du coût d'exploitation des concurrents. L'OPEP conserve cependant ses possibilités d'arbitrage de l'offre à court terme. L'accord de Londres a montré qu'un très fort déstockage peut être absorbé avec une baisse de prix limitée. Ce qui laisse place à des raffermissements ultérieurs de cours. Volatilité à court terme et baisse à long terme pourraient donc se combiner dans l'avenir.That oil production should currently be concentrated in the least cost-effective areas is a paradox which reveals the fragility of OPEC's price monopoly. The explanation lies in poorer prospects for growth, the emergence of new producers and the financial difficulties of some members of the cartel. Unless OPEC's prices are re-aligned on the production costs of competitors, its market share wMI inevitably shrink given current prospects of stagnation in oil consumption up to the year 2 000. However, OPEC remains the arbiter of supply in the short term. The London agreement showed that a massive reduction of stocks can be absorbed with only a limited fall in prices, leaving room for a subsequent strengthening of the market. In the future, a short-term instability of prices could therefore be combined with a long-term fall.
- Plaidoyer pour une politique de développement rural - Henri Mendras p. 123-144 II est saisissant d'observer que la politique agricole de la France et de la Communauté européenne conçue lors des « Trente Glorieuses » ne s'est, dans ses principes, guère modifiée alors que se sont accomplies tant de profondes mutations. Et en premier lieu celle des structures socio-économiques : la cellule familiale et la cellule de l'exploitation ne se confondent plus. On remarque en effet un développement croissant de la pluri-activité des membres de la société rurale laquelle connaît une renaissance spectaculaire. Dans le même temps, les institutions d'encadrement des agriculteurs et des collectivités rurales se sont diversifiées... S'il est vrai que la force politique des agriculteurs leur a longtemps permis de bénéficier d'un soutien général de l'État, l'heure n'est-elle pas venue désormais de promouvoir une politique de développement rural qui ne soit pas exclusivement agricole et dont l'objectif soit plus social qu'économique ?It may be found surprising that the principles underlying French and, for that matter, EEC agricultural policy, conceived during the period of the post-war expansion have hardly been modified despite the profound changes that have taken place since then. In the socio-economic structure for example, the family group and the group working a farm are no longer the same and the marked revival in rural society has been accompanied by the entry into different spheres of activity by members of that society. At the same time, farmers' organizations and those representing rural communities were becoming more significant... If it is true that the political strength of the farmers has helped them to gain governmental support, may not the time have now come to promote a policy of rural development which is not concerned exclusively with agriculture, a policy which has social rather than solely economic objectives ?
- Summaries in English - p. 145-148
- Cahier de graphiques - Département des diagnostics de l'OFCE p. 148