Contenu du sommaire : Les politiques d'ajustement : Orthodoxie ou hétérodoxie (sous la direction de Moïses Ikonicoff)

La théorie de l'ajustement: une théorie orthodoxe. Est-il possible de controler la masse monétaire? La dévaluation permet-elle de corriger le déficit extérieur? La politique d'ajustement est-elle récessionniste?

En Amérique Latine l'étude de l'inflation a donné naissance à la "théorie de l'inflation inertielle" qui distingue les facteurs qui déclenchent, ou accélèrent l'inflation et ceux qui la perpétuent. Les plans austral et cruzado, dont l'application à réussi, à la différence de ceux du FMI, doivent leur succès à la démocratie qui seule permet l'intégration active de la société civile à la politique anti-inflation de l'Etat.

En Amérique Latine, s'est développée la dollarisation qui se définit comme une substitution des monnaies (fuite de capitaux) et par le role nouveau joués par les titres indexés sur le dollar comme unité de compte à la place des monnaies nationales. De nouvelles politiques économiques, sont apparues au Brésil et en Argentine qui visent à réduire fortement l'inflation en gelant les prix, d'initier la réindustrialisation dans un cas et de poursuivre la croissance dans l'autre, tout en assurant un service minimal de la dette extérieure.

L'ajustement des économies latino-américaines est gravement obéré par le rythme annuel élevé de l'accroissement de leur dette et par une accumulation de dettes sans commune mesure avec les trois dernières décennies porteuses d'un incontestable progrès économique, compromi par la grave récession des années 80. Paradoxalement, face à la dette,ces pays connaissent une sortie nette de devises qui compromet leur autonomie.

L'enjeu des mesures orthodoxes imposé par le F.M.I., est la normalisation d'économies périphériques qui doivent accepter les règles d'un système international en crise. Le F.M.I. mise à la libéralisation du système commercial et un retour à l'équilibre dans la gestion du système productif. Cette action qui ne tient pas compte du contexte local, tend à favoriser la spéculation et les intermédiaires aux dépens des activités de production créatrices de valeurs.

Deux pays voisins, de meme culture swahili, anciennes possessions britanniques qui connaissent au plan extérieur deux évolutions parallèles. Derrière deux politiques économiques orthodoxes et des memes réformes se cachent en fait des enjeux sociaux internes et régionaux. Sous l'imicité apparente de l'état, évoluent des affrontements internes et des restructurations hégémoniques, à la faveur des pressions internationales.

L'inflation élevée au Brésil et en Argentine ont donné naissance à un concept original: "l'inflation inertielle" qui est l'aboutissement des recherches menées en 1950 par le CEPAL, le centre de gravité des recherches actuelles se déplace des causes initiales de l'inflation à l'étude des mécanismes qui la perpétuent et l'accélèrent, afin de démontrer l'hyperinflation, réalité actuelle d'une grande partie de l'Amérique Latine.

Le plan "austral" est original car il retient pour base de son analyse "l'inflation inertielle". Il combine des aspects purement orthodoxes et d'autres plus hétérodoxes, comme le controle des prix et la création d'une nouvelle monnaie. Malgré la relance, le gouvernement a préféré une action qui permet une surveillance de l'inflation en concertation avec le secteur privé. La réapparition de l'inflation est lié à l'action de l'Etat qui s'est vu bloqué par ses engagements envers la société civile.

La réussite actuelle du plan Cruzado au Brésil met fin à un passé inflationniste et une tradition d'intervention de l'Etat. Cependant reste un débat entre "modéré" d'inspiration libérale et monétariste et "radicaux" pour qui le plan Cruzado n'est que le prélude d'une réaffectation des fonctions de l'Etat au profit d'une politique nouvelle industrielle et au dépend de l'assistanat. La capacité du Brésil à se situer sur le marché mondial dépend de l'issue de ce débat.

Le plan "Cruzado" basé sur "l'inflation inertielle" explique l'inflation brésilienne par son indexation croissante, d'où une perpétuation du phénomène. Une fois ces mécanismes détruits ou réduits, on voit que le plan "Cruzado" est un succès à court terme, il reste encore une forte composante inflationniste dans la répartition du revenu. L'inflation reprend, hier cachée par l'indexation, aujourd'hui dans les conflits plus transparents de la société civile.