Contenu du sommaire : Transferts de communication et développement (sous la direction de Yvonne Mignot-Lefebvre)

Sous couvert de "transfert de technologie", en matière d'éducation et de développement. Les systèmes d'informations de plus en plus complexes et difficilement maitrisés ont conduit à une conception mercantiliste de l'information "bien immatériel" qui destabilise les projets et les réalisations des états du Tiers-Monde, en les déculturants et en introduisant dans "chaque foyer" le mode de consommation du Nord-Industriel.

L'informatique aborde depuis les années 80 sa troisième decennie; après l'option des centres informatiques centralisés (1964-1974) et des politiques nationales de l'informatique (1974-1984); elle doit maintenant se développer au niveau mondial selon des "poles régionaux" qui seuls permettent la mise en valeur de l'informatique comme élément moteur d'une politique industrielle et culturelle.

Les politiques nationales du Tiers-Monde se heurtent à une double contrainte, car l'informatique fonctionne comme un "complexe industriel transnationalisé" qui oppose la logique du marché mondial à celle des structures productives nationales. Les états doivent choisir entre leur exclusion du marché mondial qui les coupent de l'innovation et leur intégration qui permet aux multinationales de s'introduire dans les marchés nationaux.

Un paradoxe en matière de développement: les Nations-Unis prone la conception du "village mondial" alors que les politiques des états et des multinationales vont de plus en plus vers un développement introverti de la "TRIADE" U.S.A.-Europe-Japon, seul marché solvable et capable d'innover et de financer la recherche. Le Tiers-Monde ne représente que 10% du marché des télécoms.

Les médias audio-visuels, sont l'objet dans les pays du Nord-industriel, d'une restructuration de leur activité et le lien d'une recherche de valorisation des capitaux à des taux plus substantiels. Le Tiers-Monde, bien que marginalisé, doit veiller à réagir car outre ses industries, embryonnaires, c'est ses cultures qui risquent de se voir imposer un modèle et un contenu mercantiliste et standardisé.

Les enseignants doivent prendre conscience des postulats qui induisent le développement de certaines technologies, dont l'idéologie implicite mise à faire admettre le caractère inéluctable de la technologie et le caractère "naturel" de la relation entre les affaires, l'éducation et de l'existence de besoins en médias. Cela aboutit à une fragmentation du marché qui met en valeur une vision fragmentaire de la connaissance.

L'éducation au Mexique est un problème politique, qui est lié à l'incapacité de l'état à proposer un projet cohérent et suivi. L'introduction du micro-ordinateur à des fins éducatives est révélatrice de l'impéritie de l'état, dans un contexte de crise économique, politique et sociale: alors que des acteurs privés ont déjà développé une expérience adaptée en ce domaine et apte à répondre aux besoins de la population.

En Asie du Sud, la pénétration de la vidéo a creusé le fossé entre les riches en information qui ont les moyens financiers et culturels de traiter l'information et les pauvres en information qui sont préoccupés par leur survie et qui sont isolés par plus de sept cent langues et parlers différents. Le comportement ostentatoire des élites et la faible capacité de production-innovation des états ont accentué leur dépendance technologique.

Un pays économiquement dépendant devient un enjeu culturel pour les multinationales. Se pose alors l'identité culturelle du peuple qui subit l'entrée massive de produits standardisés destinés au marché mondial. La préservation de cette identité, ne peut se réaliser qu'en s'appuyant sur les traditions culturelles pour permettre à un pays de ne pas perdre son identité.

Toute politique de communication doit nécessairement considérer l'impact culturel. La culture est cet élément subtil qui détermine l'acceptation ou le refus d'une politique de développement économique par les populations rurales. En Afrique, la tendance du progrès est à l'abandon de la culture matérielle locale au profit de la culture occidentale.

Depuis les années 70, des organisations internationales ont commencé a préconiser des mesures pour redresser le déséquilibre des communications culturelles entre le Nord et le Sud et entre le Sud et Sud. Les accords de LOME III vise à promouvoir le développement des infra structures et la distribution des produits culturels des pays A.L.P. au sein de l'Europe.

L'utilisation de la vidéo comme moyen d'échange d'information et de coopération plutot que comme activité de controle permet aux communautés de devenir les acteurs des décisions sociales, au lieu d'en etre seulement les objets.

Les technologies nouvelles liées à l'information ont donnés lieu à leur naissance à de nombreux mythes sur le thème d'une vie meilleure à venir; générés par les promoteurs de ces technologies. Dans les faits, elles ne font que renforcer les situations des pouvoirs en place tout en réduisant la liberté de choix des pays pauvres et du citoyen. Une alternative existe.

L'expérience actuelle en matière de communication de l'Inde montre qu'il existe une forte cohérence et d'étroites relations entre les structures sociales, la communication et le processus de développement. L'Inde doit tout à la fois promouvoir les différentes cultures nationales, en meme temps qu'une intégration nationale.

L'Afrique subsaharienne doit exercer un controle endogène sur le rythme d'acquisition et de développement des technologies d'information et de communication. Une dépendance existe au niveau de la fourniture des pièces détachées étrangères. D'où l'importance d'un effort systématique d'éducation endogène pour créer une capacité technique locale.

Le caractère du satellite brésilien de télécommunication a été fortement influencé par ses liens institutionnels qui l'ont forcé à évoluer dès le départ d'un projet de développement social à un outil commercial de télécommunications. Une technologie ne peut remplacer une politique pour régler des problèmes sociaux.

Le satellite Arabsat est une technologie avancée de l'Espace, cependant son transfert constitue un échec dans la mesure où ce satellite n'a rien à voir avec le monde arabe car il a été conçu, fabriqué, supervisé et controlé par d'autres. Il risque meme de devenir un moyen de pénétration culturelle des sociétés arabes par des programmes de l'extérieur.

Sous le terme de dérégulation, de démonopolisation se cachent des enjeux stratégiques et économiques. Le tiers-monde, simple utilisateur, devra essayer de controler l'évolution d'une organisation coopérative comme INTELSAT qui gère de manière économique les investissements spatiaux.

Les réseaux internationaux de communication, établis pour aider à des changements structurels dans l'ordre international ne peut fonctionner à cause des dirigeants autocrates et élitistes du tiers-monde. D'où la nécessité de contourner les structures institution afin de démocratiser le domaine de la communication internationale.

La politique actuelle du Tiers-Monde en informatique est incapable de traiter de façon adéquate, les problèmes imminents de la restructuration industrielle et de la commercialisation des services au risque de maintenir un développement dépendant.

Ce n'est pas la supériorité d'un produit choisi par des consommateurs individuels sur des marchés parfaitement compétitifs qui donne l'avantage à une multinationale, mais sa capacité de persuasion à l'égard des pays concernés qui renforceront cette position privilégiée par des barrières protectionnistes envers les multinationales rivales.

L'extension du commerce des services subordonné désormais la diffusion du logiciel (création intellectuelle), en tant que produit d'un investissement, économique parfois considérable à la loi du marché.

L'ambiguité éthique et la tension qui règne aujourd'hui dans le domaine de la communication sont dues surtout au fait que la prolifération et le transfert des technologies progressent plus vite que notre connaissance de leurs avantages et de leurs couts à long terme.