Contenu du sommaire : L'Uruguay gouverné à gauche, une voie singulière en Amérique latine ?

Revue Problèmes d'Amérique Latine Mir@bel
Numéro No 74, automne 2009
Titre du numéro L'Uruguay gouverné à gauche, une voie singulière en Amérique latine ?
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  • L'Uruguay gouverné à gauche, une voie singulière en Amérique latine ?

    - Dossier coordonné par Alain Labrousse et Denis Merklen
    • L'Uruguay gouverné à gauche, une voie singulière en Amérique latine ? - Alain Labrousse et Denis Merklen p. 7 accès libre avec indexation
    • Les tupamaros, de la lutte armée à la voie électorale (1964-2009) - Alain Labrousse p. 17 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La désignation de José Mujica comme candidat du Frente Amplio en vue des élections présidentielles d'octobre 2009 traduit une situation inédite en Amérique latine. Il s'agit en effet d'un des leaders historiques du Mouvement de libération nationale (MLN)-Tupamaros écrasé par l'armée au début des années 1970 et dont la grande majorité des militants, durant plus de dix ans, a été emprisonnée ou a connu l'exil. L'auteur montre comment, contrairement aux autres mouvements de lutte armée du Cône Sud comme l'ERP et les Montoneros en Argentine, le MIR au Chili, etc., les Tupamaros, sans pour autant renier leur passé, ont désormais décidé d'œuvrer pour le changement dans le contexte des luttes démocratiques et sont devenus la principale composante du Frente Amplio.
      The appointment of José Mujica as the Broad Front candidate for presidential elections in October 2009 reflects an unprecedented situation in Latin America. He is indeed one of the historic leaders of the National Liberation Movement (MLN)-Tupamaros crushed by the army in the early 1970s and whose vast majority of activists have been imprisoned or have experienced exile for more than ten years. The author shows how, unlike other movements of armed struggle in the Southern Cone (such as the ERP and the Montoneros in Argentina, the MIR in Chile, etc.) the Tupamaros, without denying their past, have now decided to work for change in the context of democratic struggles and they have become the main component of the Broad Front.
    • Le système et les partis politiques après la victoire du Frente Amplio - Jaime Yaffé p. 37 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      La victoire du Frente Amplio lors des élections présidentielles de 2004 a représenté un changement très important dans l'histoire politique de l'Uruguay. Pour la première fois les citoyens uruguayens ont confié à la gauche la tâche de gouverner. Dans cet article, nous décrivons le fonctionnement du système politique uruguayen depuis le « retour à la démocratie » suite à la fin de la dictature (1973-1985). Nous analysons ensuite le processus de changement qui aboutit à l'arrivée de la gauche au pouvoir. C'est alors que nous passons en revue les principales innovations observées pendant le gouvernement du Frente Amplio et leurs impacts sur le système politique. Enfin, nous décrivons le climat électoral avant les élections législatives et présidentielles dont le premier tour aura lieu en octobre 2009.
      The victory of the Frente Amplio in the presidential elections in 2004 represented a very important change in Uruguay's political history. For the first time in its history, the uruguayan citizens decided its government should turn to the Left. In this article I will first present a brief description of the uruguayan political system during the democratic restoration after the dictatorship regime (1973-1985). Secondly, the article analyzes the process of political change that facilitated the Left's access to the government in 2005. Thirdly, I review the main innovations made during the Frente Amplio's government and its impact on the political system. The text finishes describing the pre-electoral scene, facing the presidential and parliament elections that will take place in October.
    • Un modèle économique en mutation ? L'Uruguay dans le contexte économique régional et international - Daniel Olesker p. 63 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Daniel Olesker, économiste réputé et membre du cabinet du ministre de la Santé, répond aux questions concernant le bilan de la gestion de Tabaré Vázquez. Mais auparavant il rappelle quel a été l'héritage des gouvernements de droite qui l'ont précédé. Il indique ensuite que la première tâche de la gauche a été de « remettre de l'ordre dans la maison », avant de mettre en œuvre son programme au centre duquel se trouvait une profonde redistribution des revenus en faveur des secteurs les plus défavorisés, en particulier à travers le Plan d'équité. Il passe ensuite en revue les grandes réformes réalisées au cours des quatre premières années : réforme de la santé, de l'éducation et de l'impôt. Enfin il détaille ce que devrait accomplir la gauche si elle était reconduite au pouvoir en octobre 2009 : reformulation du modèle de croissance, approfondissement de la politique de l'emploi mise en œuvre par Vázquez et orienter la politique économique davantage sur la région, notamment à travers le Mercosur.
      Daniel Olesker, a renowned economist and member of the Cabinet of the Minister of Health, assesses Tabaré Vázquez's administration. He first recalls the legacy of right-wing governments that preceded it. Then he states that the first challenge of the Left has been to “restore order in the house” before implementing the program whose main objective was a profound redistribution of income in favor of the most disadvantaged, particularly through the Equity Plan. He then reviews the major reforms undertaken during the first four years: health reform, educational reform and tax reform. Finally he explains what the left should do if reelected in October 2009: reformulating the economic growth model, deepening employment policy implemented by Vázquez and orienting economic policy more towards the regional level through Mercosur.
    • L'action sociale du gouvernement du Frente Amplio - Mariela Quinones et Marcos Supervielle p. 79 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Le gouvernement du Frente Amplio a entrepris une véritable réforme sociale à l'échelle du pays. Revenant sur les tendances libérales qui avaient dominé les politiques publiques depuis la dictature (1973-1985) et sous les gouvernements civils jusqu'en 2004, il a renoué avec la tradition sociale qui avait caractérisé l'Uruguay depuis le début du siècle. Pour ce faire, le gouvernement de gauche a agi dans trois domaines. Dans un premier domaine qui a permis aux politiques classiques d'assistance de s'attaquer à l'extrême pauvreté et à l'« urgence » sociale résultant de la profonde crise économique des années 2002-2004. Il faut en particulier relever ici le Plan d'urgence puis le Plan d'équité avec création d'une sorte de revenu minimum universel. Dans un second domaine, non moins classique, de politiques de protection le gouvernement a redonné à l'État son rôle d'intervention sociale. Est à souligner ici la profonde réforme du système de santé qui rend plus homogène et universel l'accès à la protection. Enfin, dans un troisième domaine, des politiques de type « sociétal » sont intervenues dans le sens d'une véritable régulation des hiérarchies sociales et du marché. Ainsi, la remise en place des « conseils des salaires », la réforme de l'impôt, la réforme du système scolaire avec un plan d'accès universel à l'informatique dès le primaire, l'augmentation considérable des salaires des catégories les plus défavorisées, parmi lesquelles, outre les retraités et ceux qui perçoivent le salaire minimum, les infirmiers, les policiers et les enseignants.
      The Frente Amplio government undertook a genuine social reform across the country. Reversing the liberal tendencies that dominated public polices since the dictatorship (1973-1985) and under the civilian government until 2004, it revived the social tradition that had characterized Uruguay since the beginning of the century. To this end, the left-wing government has been active in three areas. First through classical welfare policies that tackled extreme poverty and social “emergency” resulting from the deep economic crisis of 2002-2004. The Emergency Plan and then the Equity Plan, which created a kind of universal minimum income, should be mentioned here. Then through a second and no less classical set of welfare policies, the government restored the social role of the state. It should be emphasized here that the reform of the health system made access more homogeneous and universal. Third, “societal” interventions have enabled a genuine regulation of the market and social hierarchies such as the renewal of wage boards, the reform of the tax system, of the education system (including a plan for universal access to computers from elementary school upwards), a substantial increase of wages for the most disadvantaged (pensions, minimum wage, and the salary of nurses, policemen and teachers).
  • Varia

    • Chili-Chine : une continuité diplomatique entre opportunisme et pragmatisme (1970-2007) - Elodie Brun p. 97 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      L'émergence économique de la Chine sur la scène mondiale est l'une des principales tendances de ce début de siècle. Ce géant asiatique apparaît alors comme un nouveau partenaire inédit pour l'Amérique latine avec les États-Unis et l'Union européenne. Lors de la naissance de la République populaire de Chine en 1959, quelques pays latino-américains parmi lesquels le Chili, prirent contact avec le nouveau régime afin d'établir des relations diplomatiques. Mais les pressions nord-américaines dans le contexte de la Guerre froide empêchèrent ces premiers efforts, hormis dans le cas particulier du Cuba castriste. La relation entre la Chine et le Chili mérite cependant une attention particulière en raison de sa continuation temporelle et ce malgré les changements internes chiliens. C'est pourquoi il semble intéressant de se pencher un peu plus longuement sur la place de la République populaire de Chine dans la politique extérieure chilienne contemporaine afin d'observer si celle-ci correspond avec les objectifs chiliens en fonction des changements de régimes qu'a connus ce pays depuis 1970. L'étude se base surtout sur des articles académiques des pays concernés, et suit un plan chronologique au fil des événements politiques chiliens.
      The economic emergence of China on the international scene is one of the main trends of the 21st century. This country turns out to be a new partner for Latin America together with the United States and the European Union. When the People's Republic of China was created 1959, a few Latin American countries tried to establish diplomatic relations with the new regime – among which, Chile. But the Cold War-steered pressure from the US interrupted those first attempts, except in the case of Cuba. However, the relationship between China and Chile has been engaging attention hence its continuity over time and political changes in Chile. Therefore our special focus on the place of China in Chilean foreign policy and on determining whether it has matched / it has tallied with Chile diplomatic objectives since 1970. The present work is based mostly on academic articles from the named countries, and is developed following the political events in Chile.
    • Mouvements sociaux, matrices sociopolitiques et nouveaux contextes en Amérique latine - Maristella Svampa p. 113 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
      Depuis quelques années, l'Amérique latine est en train de vivre un changement d'époque. Divers processus sociaux et politiques ont peu à peu concouru à créer de nouvelles configurations : la crise du consensus néolibéral, la relégitimation des discours critiques, la montée en puissance de différents mouvements sociaux, et finalement, l'émergence de gouvernements autodénommés « progressistes » et de centre-gauche, qui valorisent la construction d'un espace latino-américain, sont quelques-uns des éléments distinctifs d'une étape de transition qui semble s'opposer de toute évidence à la période antérieure, celle des années 1990, marquée par la soumission au Consensus de Washington au nom d'une mondialisation univoque et irrésistible. Pour restituer la complexité du nouveau contexte actuel, l'article présente, depuis une perspective comparative, l'analyse de quatre tendances. Premièrement, on souligne les progrès des luttes indigènes et les projets politiques contemporains qui leur sont associés (État plurinational). Deuxièmement, on signale l'apparition de nouveaux modèles de militantisme en ce qui se rapporte aux mouvements sociaux. Troisièmement, on distingue les différentes manières par lesquelles se (ré)actualise la tradition nationale-populaire. Enfin, se pose la problématique des ressources naturelles du fait de l'expansion et de la généralisation du modèle extractif-exportateur.
      In recent years Latin America has been experiencing a change of era. Various social and political processes have been shaping new scenarios: the crisis of the neoliberal consensus, the re-legitimization of critical discourses, the emergence and empowerment of various social movements, and finally the emergence of governments calling themselves “progressives” and center-left that value the construction of a Latin American space, are some of the hallmarks of a transition that clearly seems to contradict the previous period, the decade of the ‘90s, marked by submission to the Washington Consensus policies on behalf of an unequivocal and overwhelming globalization. To restore the complexity of the new current context, the article presents an analysis of four trends from a comparative perspective. First, we highlight the progress of indigenous struggles and the ongoing political projects associated with them (the Multicultural State); secondly, we underline the emergence of new models of activism related to social movements; third we distinguish how the national-popular tradition is updated; finally, we stress the issue of natural resources given the extension and generalization of the extractive-export economic model.