Contenu du sommaire : Les contrecoups de la crise
Revue | Esprit |
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Numéro | No 11, novembre 2009 |
Titre du numéro | Les contrecoups de la crise |
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- Editorial - Les absences de l'école - Esprit p. 5
Les contrecoups de la crise
- Introduction : Une crise qui n'est pas seulement économique - Olivier Mongin et Marc-Olivier Padis p. 7
1. Après la bulle, un nouveau cycle
A. Une crise économique pas comme les autres
- Ni péripétie, ni cataclysme - Eloi Laurent p. 13 Un double malentendu s'installe au sujet de la crise : pour les uns, la page serait déjà tournée ; pour d'autres, elle ne pourra encore que s'aggraver. Pour reprendre la juste mesure de ce qui nous arrive, il faut distinguer ce qui relève des soubresauts à court terme de la finance, du mouvement plus général de la montée des inégalités et surtout de la longue durée de l'impasse écologique.
- Transformations et diversités du capitalisme (entretien) - Robert Boyer p. 17 Partie du marché immobilier américain et rapidement étendue sur tous les continents, la crise a montré l'interdépendance de l'ensemble des économies. Pourtant, elle met à jour aussi la diversité des formes de capitalisme : des pays ont adopté le même modèle que celui des États-Unis et l'ont payé cher (Grande-Bretagne, Islande, pays Baltes, Hongrie...) ; d'autres, les producteurs de matières premières, misent sur la rente (Arabie Saoudite, Russie, Venezuela...) ; d'autres ont bâti leur croissance sur l'innovation et les secteurs exportateurs (Allemagne, Danemark, Suède...) ; et les derniers, très peuplés, misent sur des économies-continents promises à un bel avenir (Chine, Inde, Brésil...).
- À la recherche d'un modèle de croissance (entretien) - Michel Aglietta et Alain Lipietz p. 28 Dans ce dialogue, les deux économistes de la « régulation » soulignent que les événements de 2007-2008 marquent la fin d'un type de développement, celui du « post_fordisme » et de la valeur actionnariale. C'est donc un autre modèle qui doit lui succéder, moins injuste socialement, qui ne pourra pas ignorer les contraintes environnementales. Comment en dessiner les contours ?
- De la certitude d'être surpris - Jean-Pierre Dupuy p. 47 Et si la difficulté à prévoir le krach ne relevait pas d'un défaut de compétence ni de prudence mais plutôt d'un « catastrophisme diffus » ? Plaidant depuis plusieurs années pour un « catastrophisme éclairé », l'auteur montre pourquoi on ne peut plus considérer les événements extrêmes comme rares et souligne que l'optimisme économique fait partie des mécanismes renforçant la marche à la catastrophe.
- Ni péripétie, ni cataclysme - Eloi Laurent p. 13
B. Les répercussions politiques
- Le G 20 s'attaque à la régulation financière - Christian Chavagneux p. 56 Seul un commentaire lapidaire des travaux du G20 peut laisser croire qu'il ne s'y passe rien. Sans croire, à l'inverse, que la démarche entamée résoudra tous les problèmes, il n'en reste pas moins utile de répertorier et d'analyser les chantiers ouverts et de prendre date sur les engagements pris.
- D'un automne à l'autre : les chantiers de la comptabilité - Valérie Charolles p. 63 Si l'on conclut de la crise que le système financier doit être plus transparent, la question de la comptabilité apparaît centrale. Sans technicité excessive, l'auteur fait comprendre qu'en dépend la création de « valeur » et à l'évaluation de « ce qui compte » dans une entreprise, c'est-à-dire finalement à sa raison d'être et à ce qui peut fédérer les parties prenantes qui s'y retrouvent.
- Europe : le choc de la crise frappe la gauche plus que la droite - Michel Marian p. 76 Dans la panique de l'automne 2008, les clivages politiques se sont estompés mais, une fois la tourmente passée, les partis de gauche se trouvent en difficulté presque partout à travers l'Europe. Si la grille de lecture de la gauche semble trop liée à l'ancien monde industriel pour garder une pertinence aujourd'hui, elle doit désormais s'attacher au défi de l'environnement : comment inventer une nouvelle synthèse démocratique intégrant question sociale et impératif environnemental ?
- La crise : menace ou chance pour les villes ? - Isabelle Baraud-Serfaty p. 83 Partie de l'immobilier, la crise affecte directement l'espace urbain. En s'appuyant sur une comparaison transatlantique, l'auteure observe trois grandes catégories de territoires urbains affectés par la crise : ceux qui se sont inscrits dans une logique de bulle immobilière ; ceux qui sont victimes du ralentissement économique ; et, enfin, les territoires pauvres qui cumulent plusieurs handicaps. La crise peut-elle donner une occasion de bousculer ces trois ensembles et de rééquilibrer les territoires ?
- Le G 20 s'attaque à la régulation financière - Christian Chavagneux p. 56
C. Vu d'ailleurs
- La crise financière en Chine : une divine surprise ? - Jean-Philippe Béja p. 97 Affolement des marchés ou pas, le pouvoir chinois ne perd jamais le nord : il se trouve à l'offensive aussi bien sur la scène internationale, où son rôle apparaît renforcé, que sur le plan intérieur où le risque de trouble social lié à l'explosion du chômage justifie un renforcement des mesures autoritaires.
- Russie : le piège de la rente - Marie Jégo p. 101 La croissance russe a été brutalement sapée au cours de l'année 2008. La fragilité d'une économie portée par l'envolée du cours des matières premières s'est brutalement révélée. Dans ce contexte, que deviendra le contrat implicite qui compensait le recul des libertés par le maintien du développement économique ?
- L'Inde garde le cap de la mondialisation - Eve Charrin p. 104 Le moteur de la consommation intérieure peut-il prendre le relais de la croissance par les exportations ? Avec une population assez nombreuse pour constituer un marché intérieur, le pays n'abandonne pourtant pas l'horizon mondial, qui fascine toujours les élites économiques.
- La crise financière en Chine : une divine surprise ? - Jean-Philippe Béja p. 97
2. Vrais et faux procès du savoir économique
- La crise, les économistes et le prix Nobel d'Elinor Ostrom - Jérôme Sgard p. 107 Quand une discipline savante joue un rôle aussi central que l'économie à l'échelle mondiale, il est inévitable que l'usage qui en est fait dans l'espace public soit la source de nombreuses interrogations. Comment la discipline peut-elle entrer en dialogue avec d'autres démarches elles aussi rigoureuses ? Le cas du prix décerné cette année à Elinor Ostrom offre justement un bel exemple d'une rencontre fructueuse entre science économique et philosophie politique.
- Une discipline sur la sellette (entretien) - Michel Aglietta p. 118 Alors que la recherche se développe essentiellement sur le plan microéconomique, Michel Aglietta, l'un des rares chercheurs familiers de la macroéconomie, souligne qu'en dépit d'avancées ? celles qui sont permises par la théorie de l'information par exemple ? les modèles macroéconomiques restent sous l'hypothèse de l'efficience des marchés. Mais il en appelle également à la nécessité de pouvoir accéder à des données (financières ou autres) jusqu'ici non accessibles.
- S'interroger sur le savoir économique (entretien) - Robert Boyer p. 124 « Quitte à forcer le trait, écrit Robert Boyer qui défend l'idée d'une économie indissociable du droit, de la philosophie morale et de l'histoire, l'économie politique est devenue analyse économique puis s'est à son tour transformée en une mathématique économique. Aussi, la dernière décennie a été caractérisée par un déclin marqué des articles théoriques au profit de traitements statistiques de plus en plus sophistiqués. »
- Une pensée devenue Monde - Nicolas Bouleau p. 130 C'est en mathématicien spécialiste des marchés financiers que l'auteur s'intéresse ici à la manière dont les mathématiques sont sollicitées dans l'économie contemporaine : démonstrations incomplètes, résultats locaux extrapolés sans justification, diagrammes schématiques... L'usage des calculs masque une dogmatique qui ne s'avoue pas comme telle mais dont il faut rediscuter les présupposés dont les effets pratiques sont dévastateurs.
- La crise, les économistes et le prix Nobel d'Elinor Ostrom - Jérôme Sgard p. 107
3. Enquête
- Leçons d'une crise et chantiers ouverts. - Esprit p. 147
Articles
- Face à la fétichisation du patrimoine. Introduction - Olivier Mongin p. 190
- Le patrimoine en questions - Françoise Choay p. 194 L'Allégorie du patrimoine se présentait déjà en 1992 comme une généalogie de cette notion. En proposant dans un nouveau livre des extraits de divers textes « classiques » consacrés au patrimoine, Françoise Choay attire l'attention sur ces deux phénomènes décisifs : d'une part, le glissement sémantique qui a conduit du concept de «monument » (de monere : rappeler, avertir... ce qui renvoie à un vécu commun) à celui de «monument historique » au XIXe siècle, et qui est à l'origine d'une véritable fétichisation (muséification) du patrimoine ; d'autre part, l'application au patrimoine mondial du concept de « monument historique » dont l'histoire est spécifiquement européenne. À ce double titre, ce texte (qui constitue l'introduction de son anthologie) éclaire bien des débats sous-jacents à l'appréhension de la culture contemporaine alors même que le budget que le ministère de la Culture accorde au patrimoine l'emporte largement sur tous les autres.
Journal
- Face aux suicides professionnels - Francis Ginsbourger p. 223
- L'intégration vue de banlieue - Jenny Bacry p. 225
- Des microbes et des hommes. Journal de l'année de la grippe (II) - Guillaume Le Blanc p. 230
- La déontologie des magistrats, un nouveau pacte pour la justice - Dominique Charvet p. 233
- Église catholique : l'illusion autoprotectrice - Jean-Claude Eslin p. 237
- Un prophète, de Jacques Audiard - Jean-François Pigoullié p. 241
- Quand James Bond ressent la violence du crime - Olivier Mongin p. 245
- Un dialogue essentiel. Hunger, de S. McQueen - Olivier Mongin p. 247
- Tags et graffitis - Véronique Nahoum-Grappe p. 248
Repères
- Controverse - Emballements et déballages (Polanski-Mitterrand) - Olivier Mongin p. 251
- Coup de sonde - Conservation et changement au Maroc - Jean-Pierre Peyroulou p. 255