Contenu du sommaire : Les migrants connectés

Cet article se propose d'engager une réflexion sur le web matrimonial des migrants (WMM) en tant que forme inédite de commerce ethnique posant l'égalité « faire du commerce » = « faire du réseau » (et non plus s'appuyer sur des réseaux ethniques préexistants). Le WMM est fondée sur une économie du profilage singulière puisque dépendante d'une ethnicisation des profils (et donc des utilisateurs) : « faire du réseau » = « ethniciser ». Enfin, le WMM implique mobilité et migrations (avec des différences capitales en terme de genre) : « faire du réseau » = « naviguer, bouger, migrer ».

Favorisée par le gouvernement local depuis 1974, l'émigration philippine touche tous les niveaux de la société, les femmes et les travailleurs qualifiés étant en nombre grandissant parmi ces Overseas Filipino Workers. L'auteur développe pour décrire la communication des migrants un modèle de la triple hélice qui prend en compte les modes de relation entrecroisés entre le pays d'accueil, les Philippines et d'autres territoires étrangers. Il montre également comment la communication électronique contribue à atténuer les tensions familiales, même si elle ne remédie pas toujours à la solitude des individus qui restent souvent enfermés dans leur logique professionnelle.

Depuis 2005 et l'accord passé entre les opérateurs téléphoniques au congrès de Barcelone, un changement radical est intervenu dans les procédures de transfert d'argent opérés par les migrants. Les banques proposent désormais des services par téléphone. En identifiant le type de relation entre le migrant et le destinataire, ainsi que les montants des transactions, les auteurs montrent que cette nouveauté a accru l'autonomie des personnes qui se trouvent détachées de la pesanteur sociale et de ce qui constituait uns sorte d'engagement informel. Du coup, elles peuvent clairement séparer la transmission d'argent aux familles et la constitution d'une épargne personnelle dans le pays d'origine.

Certains travailleurs, notamment marocains, « transmigrants-migrants nomades » utilisent le téléphone mobile et Internet pour des transactions destinées mettre en place une stratégie de soins qui concerne à la fois les médecins « pendulaires » et les médicaments. Ce type de réseaux que les technologies n'ont pas inventé, mais reconfiguré, concerne aujourd'hui un nombre de personnes accru greffées à une économie parallèle que l'auteur considère comme de plus en plus fragmentée et de plus en plus démocratique. Quant aux itinéraires géographiques ils sont au nombre de six et partent des ex-républiques asiatiques de l'URSS, du Caucase, de La Géorgie, de l'Afghanistan et d'Asie du sud-est.

La Communauté européenne développe par rapport aux migrants une stratégie sécuritaire qui va à l'encontre de la volonté de nombre d'entre eux de ne pas privilégier un pays particulier pour s'y installer définitivement. L'utilisation des immigrés dans le cadre de besoins économiques précis conduit l'Europe et les Etats membres à construire des « frontières intelligentes » permettant de repérer les personnes considérées à risque autour d'un « Visa Information System ». D'autre part, une obsession de la fraude amène à utiliser la biométrie dans une stratégie proactive plus sophistiquée que celle qui régit l'ensemble de a problématique sécuritaire, davantage réactive.

Cette étude porte sur l'évolution de la représentation spatiale de l'État palestinien sur la Toile. Après un espace Web national officiellement reconnu, cette représentation spatiale a partiellement disparu dans les espaces Web 2.0, puis a été reconstruite en tant qu'espace généré par les utilisateurs. En examinant les frontières virtuelles de la Palestine sur diverses plates-formes d'établissement de cartes Web 2.0, ainsi que la figuration (ou non-figuration) de la Palestine en tant que pays sur les listes de procédure d'inscription pour les applications Web 2.0 populaires, nous verrons que l'inclusion ou non de la Palestine dépend d'un processus ascendant.

L'article analyse la manière dont la mise en ligne d'une chanson « Bonjour Vietnam » a pu participer de la reconfiguration identitaire du Viet Nam. Il analyse ce qu'a été sa circulation sur la toile et les différents types de réception que la chanson, portée par les expatriés, a suscités. Certains l'ont considérée comme trop naïve, d'autres comme émouvante. La cyber-vietnanimité est un lieu de contradictions et d'hybridité. L'interprète de la chanson est considérée comme une nouvelle figure sociale mêlant deux formes d'imaginaire idéologique et utopique et croisant le nationalisme traditionnel à un ancrage dans le monde.

L'histoire récente des Hmong, minorité montagnarde originaire de Chine, a été marquée par deux vagues migratoires : la première en Indochine au début du XIXe siècle, la seconde après 1975 dans une large diaspora mondialisée. L'auteur montre comment les frontières entre un “nous” hmong et d'autres non-hmong sont reproduites sur Internet, à travers les interactions d'un forum de discussion dédié à la communauté hmong francophone. L'affirmation de ce “nous” autant que ses paradoxes participent à la construction d'un imaginaire collectif fortement nourri par l'écriture d'une histoire collaborative. L'émergence de ces pratiques communautaires nuance déjà la portée du Web 2.0.

Dans une approche de sociologie pragmatique, nous avons voulu comprendre les mécanismes de non-médiatisation à travers le travail journalistique et les stratégies de mobilisation des sources. Entre naturalisme et constructivisme, ce travail interroge les pratiques journalistiques quant aux activités de cadrage de l'occurrence, de sélection de l'information, ainsi que les formes de jugement à l'œuvre pour évaluer l'attractivité de l'information dans une perspective de sociologie des modes de production de l'information.Il s'agit d'une première réponse à la critique des médias prenant pour cible, depuis une dizaine d'années, les « silences médiatiques ».