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Titre Le paradoxe philippin : rétablissement d'un régime démocratique ou restauration d'un régime oligarchique ?
Auteur Antoine Gazano
Mir@bel Revue Revue d'études comparatives Est-Ouest
Numéro vol 28, no 3, septembre 1997 La transition politique en Asie orientale
Rubrique / Thématique
La transition politique en Asie orientale
 III. L'autoritarisme en question : les régimes politiques du Sud-Est asiatique et la poussée des revendications démocratiques
Page 189
Résumé La démocratie philippine était et reste fortement personnalisée. Le "pouvoir populaire" de la révolution de février 1986 n'a abouti qu'au départ de Ferdinand Marcos : il n'a jamais pu se structurer organiquement. Si le processus électoral a joué un rôle réel dans la sélection du personnel politique, il a également permis la résurgence des grandes familles provinciales, autrement dit la démocratie élitiste et clientéliste. Le Congrès, immuablement dominé par l'élite traditionnelle, s'est montré peu enclin à l'adoption des réformes d'envergure, annoncées dans la Constitution de 1987. Les problèmes qu'il incombe au président Ramos de régler sont les mêmes que par le passé : inégalités économiques, conflits fonciers qui subsistent en raison de l'échec de la réforme agraire, industrie encore majoritairement dominée par les monopoles, corruption de la classe politique et élite plus concernée par ses intérêts personnels que par le bien-être public. En réalité, deux éléments font défaut aux Philippines : la continuité des politiques et le sens de l'intérêt national. Le chef de l'État devrait faire abstraction du système existant, démanteler les monopoles et intégrer le phénomène de mondialisation de l'économie, sans pour autant perdre de vue les réformes politiques et sociales indispensables à la liquidation de toutes les formes de contestation armées.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais The Philippine paradox : Restore a democratic or an oligarchie system ? Democracy in the Philippines used to be, and still is, personalized. The "people's power" of the February 1986 revolution forced Ferdinand Marcos out, but was unable to build a structure. Elections have served to choose among politicians, but they have also opened the way for big provincial families to re-emerge in an elitist, patronage democracy. Rigidly controlled by the traditional elite, the Congress has not made much haste toward adopting the sweeping reforms laid down in the 1987 Constitution. The problems President Ramos has to solve have not changed : economic inequality ; land disputes (which still arise because land reform has not worked) ; an industry still mainly in the hands of monopolies ; political corruption ; and an elite more concerned with its personal interests than the public good. Two things are lacking in the Philippines : continuity in policy and the sense of a national interest. The head of state should disregard the existing system, dismantle monopolies and take account of economic globalization ; but he should not lose from view the political and social reforms indispensable for putting an end to armed uprisings.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne https://www.persee.fr/doc/receo_0338-0599_1997_num_28_3_2874