Titre | Les sociétés mixtes en Europe de l'Est : considérations théoriques, examen des faits et leçons pour la Chine | |
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Auteur | Egon Neuberger | |
Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest | |
Numéro | vol. 21, no 1, 1990 | |
Page | 22 pages | |
Résumé |
L'article définit un type original d'organisation micro-économique la société mixte qui est un enfant né du « mariage » de deux organisations et conçu après une évaluation très précise des avantages dont chacun des géniteurs pourra bénéficier. Les diverses formes de sociétés mixtes, à savoir la société à capital mixte opposée à la société mixte contractuelle (sans personnalité propre), nationale/internationale, à gestion conjointe/à partenaire dominant, créée pour transférer la technologie/créée pour accroître les parts de marché et leurs différences sont analysées.
Pour expliciter le « mariage » de deux partenaires dont l'un provient d'une économie de marché occidentale et l'autre d'une économie socialiste centralement planifiée, on se sert de deux outils théoriques : 1) l'approche par les coûts de transaction et l'internalisation qui permet d'analyser la nature du partenaire socialiste d'une société mixte et de comparer les motivations des conjoints de l'Est et de l'Ouest et 2) la théorie des jeux qui permet d'analyser les sociétés mixtes socialo-capitalistes et le processus de négociation qui précède la création de l'entreprise. On examine la puissance relative de marchandage des partenaires socialiste et capitaliste à chaque étape du processus en accordant une attention particulière au rôle joué dans ce contexte par l'État socialiste.
L'auteur fait un bref historique de la participation des pays socialistes à des sociétés mixtes de 1922 à nos jours. Il montre que les sociétés mixtes domiciliées en Occident ont toujours eu la faveur des dirigeants socialistes, mais que les entreprises domiciliées dans leurs propres pays ont eu une histoire mouvementée. Elles ont fleuri en Union soviétique de 1922 à 1930 avant que les autorités y voient la réincarnation du diable. Elles n'ont réapparu qu'en 1972 dans les pays du bloc soviétique, à commencer par la Hongrie et la Roumanie, et c'est en 1987 seulement que la création des premières sociétés mixtes a été autorisée en U.R.S.S., Tchécoslovaquie et Pologne. La forte augmentation du nombre de sociétés mixtes cette même année est imputable aux nouvelles sociétés créées dans ces pays, mais surtout au bond en avant qu'elles ont effectué en Hongrie. L'auteur examine ensuite le nombre et la taille des sociétés mixtes (très faibles comparativement à celles qui sont localisées en Chine ou dans les économies de marché) et les aspects juridiques de leur activité.
Cette étude montre que les sociétés mixtes en Europe de l'Est sont peu importantes en nombre et en taille, qu'elles ont commencé à se développer parallèlement à la perestroïka et qu'elles étaient plus nombreuses et plus performantes dans des pays comme la Hongrie ou la Yougoslavie qui sont les plus éloignés du modèle centralement planifié traditionnel. La principale leçon à en tirer est que la probabilité de mener à son terme un accord portant création d'une société mixte et de voir ultérieurement la firme développer avec succès ses activités dépend de la nature des deux partenaires, une entreprise socialiste étant un meilleur conjoint qu'un service administratif. Elle dépend encore plus de la nature du régime ou du système économique du pays où la société est domiciliée, la Hongrie, la Chine ou la Yougoslavie s'avérant des partenaires plus séduisants que la Roumanie, qui a résisté aux réformes jusqu'à la dernière minute. Source : Éditeur (via Persée) |
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Résumé anglais |
Joint ventures in Eastern Europe : theoretical considerations, survey of facts and lessons for China
The paper defines a unique type of micro-economic organization the joint venture, a child born of a "marriage" of two organizations, and one based on careful calculation of the benefits derived by each one of the founding organizations. The differences among various key types of joint ventures, e.g. equity vs. non-equity, national vs. international, shared management vs. one party dominance, and joint ventures established to transfer technology vs. those established to gain market power are analyzed.
To illuminate the "marriage" of two partners, one from a Western market economy and the other from a socialist centrally planned economy, two theoretical strands are brought together : I) the transactions costs and internalization approach is used to analyze the nature of socialist partners in the joint venture and compare the motives of the Eastern and Western partners, and 2) a game-theoretic analysis of socialist-capitalist joint ventures is used to analyze the negotiation process in the setting up of the joint venture. The relative bargaining powers of the socialist and capitalist partners at different stages of the process are examined, and special attention is given to the role played by the socialist state in the process.
The paper surveys the historical record of socialist participation in joint ventures from 1922 till the present. It finds that joint ventures domiciled in the West have always been popular with socialist leaders. It is those domiciled in their own countries that have had a checkered career. They were popular in the Soviet Union between 1922 and 1930, and then became anathema to Soviet leaders. Only in 1972 were these ventures again allowed to be established in the Soviet bloc, beginning in Hungary and Romania. It was as late as 1987 that the first joint ventures were permitted in the Soviet Union, Czechoslovakia and Poland. The large increase in the number of joint ventures in that year resulted from new ventures in these countries, but even more from a major spurt in Hungary. The number and the size of the ventures (very smal compared to those located in China or market economies), the activities they are engaged in (mainly manufacturing), and the legal aspects are considered.
This survey shows that joint ventures in Eastern Europe are small in number and importance, gained in importance only when perestroïka began, and were most numerous and successful in the countries, like Hungary and Yugoslavia which had departed furthest from the traditional centrally planned model. The major lesson is that the likelihood of a successful agreement to form a joint venture and its subsequent successful operation depends on the nature of the two partners, with socialist firms being better partners than government bureaus, but even more on the nature of the government and economic system of country in which the venture is domiciled, with Hungary, China or Yugoslavia being better partners than a country like Romania that has resisted reform. Source : Éditeur (via Persée) |
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Article en ligne | https://www.persee.fr/doc/receo_0338-0599_1990_num_21_1_1446 |