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Titre « Mieux vaudrait après tout se perdre avec Lénine que se sauver avec Albert Thomas ». Construire une voie révolutionnaire face au socialisme réformiste (1917-1924)
Auteur Adeline Blaszkiewicz
Mir@bel Revue Le Mouvement social
Numéro no 272, juillet-septembre 2020
Page 41-58
Résumé La naissance de la Section française de l'Internationale communiste (SFIC) résulte notamment de la condamnation de l'attitude d'une partie des socialistes pendant la Première Guerre mondiale. Ce discours, qui se construit au sein de la minorité de guerre, perdure et se reconfigure jusqu'à constituer l'une des matrices idéologiques de la SFIC naissante. Albert Thomas fait figure de personnalité honnie dans le discours communiste en cours de structuration dans la période consécutive à la révolution russe : il est le chef de file des réformistes de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO), entré au gouvernement d'Union sacrée en 1915 au poste stratégique et symbolique de ministre de l'Armement, puis à partir de 1919 directeur du Bureau international du travail, considéré comme « l'agence réformiste de l'impérialisme mondial » par les dirigeants de la IIIe Internationale. L'article, fondé sur les articles de L'Humanité, la littérature grise des premiers temps du communisme et les archives personnelles d'Albert Thomas, explore l'opposition entre ces deux « frères ennemis » du socialisme mondial. La SFIC se constitue dans un cadre politique national et international hostile qui entraîne une radicalisation des discours, mais qui n'empêche pas le maintien de dialogues et d'observations mutuelles. Cette matrice idéologique se mue soit en une force mobilisatrice au cœur de la concurrence militante – partisane et syndicale –, soit en une forme de codépendance idéologique nécessaire à chaque courant pour construire sa légitimité politique.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The French Section of the Communist International (SFIC) was born notably from condemnation of the position of some socialists during the First World War. This discourse, which developed within the pacifist minority during the war, persisted and evolved until it became one of the ideological matrices of the nascent SFIC. Albert Thomas was a despised individual in the communist discourse then taking shape in the wake of the Russian Revolution. Thomas was the leader of the reformist wing of the French Section of the Workers' International (SFIO), and he later joined the Sacred Union government in 1915 by taking on the strategic and symbolic role of Minister of Munitions. After 1919, he became the Director of the International Labour Organization, which the leaders of the Third International regarded as the ‘reformist agency of global imperialism'. This paper—based on articles in L'Humanité, grey literature from the early communist period, and Albert Thomas' personal papers—explores the opposition between the two ‘enemy brothers' of global socialism : Thomas and Lenin. The SFIC took shape in hostile national and international political circumstances that caused discourses to become more radical, but did not prevent dialogue and mutual observations. This ideological matrix evolved into either a mobilising force at the heart of rival forms of party and trade union activism, or a form of ideological co-dependency that both currents needed in order to build their political legitimacy.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=LMS_272_0041