Contenu du sommaire : Géopolitique de la Russie
Revue | Hérodote |
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Numéro | no 138, 3ème trimestre 2010 |
Titre du numéro | Géopolitique de la Russie |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial : Vingt ans après.. - Giblin Béatrice p. 3-7 Vingt ans après (ou presque) aurait pu être le titre de ce numéro consacré à la Russie. La Russie reste un ensemble politique vaste et complexe et il n'est pas si facile de prendre la juste mesure de la géopolitique interne russe. Ainsi, où en est-on du mouvement des nationalités dans cette vaste fédération qu'est la Russie ? En a-t-elle fini avec les mouvements sécessionnistes ? À ces questions de géopolitique interne s'ajoutent celles désormais externes puisque les anciennes républiques socialistes sont devenues des États indépendants, mais sans effacer toutefois l'héritage de l'ancien empire. Comment analyser la géopolitique actuelle de la Russie et doit-on y voir une menace pour l'Europe ?Editorial : Twenty Years After... “Twenty years after” (almost) could be the title of this issue devoted to Russia. Russia remains a vast and complex political entity and it is not so easy to take the proper measure of the internal Russian geopolitics. So, what about the movement of nationalities in this vast federation ? Has it done with secessionist movements ? To these internal geopolitical issues now add external ones, since former socialist republics became independent states, but without erasing the legacy of the former empire. How to analyze the current Russian geopolitics and should Russia be seen as a threat for Europe ?
- Caucase : la marche turbulente de la Fédération de Russie - Radvanyi Jean p. 8-26 En dépit de la normalisation autoritaire de la Tchétchénie, le Caucase-Nord demeure la région la plus fragile de Russie, perpétuellement soumise à des tensions récurrentes, attentats, confrontations violentes entre les forces de l'ordre et divers groupes contestataires, nationalistes ou islamistes radicaux. Les tensions récentes survenues dans pratiquement toutes les républiques du Caucase surviennent dans un contexte de crise économique et sociale que n'ont pas encore réduit les importantes dotations budgétaires fédérales. C'est que l'efficacité de l'action gouvernementale se heurte ici à un système de pouvoir qui, plus encore que dans le reste du pays, repose sur des alliances de clans, des pratiques de corruption que dénoncent régulièrement les islamistes. Alors que les interférences entre les deux versants de la chaîne ont été encore accentuées par la guerre d'août 2008, qui a vu la Russie reconnaître la sécession de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud de Géorgie, Moscou peine à dégager une stratégie de stabilisation efficace.The Caucasus : The Turbulent March of the Russian Federation Despite the authoritarian normalisation of Chechnya, the Northern Caucasus remains Russia's most fragile region, perpetually subjected to recurring tensions, assassination attempts, violent confrontations between the forces of order and diverse contestatory groups, nationalists and radical Islamists alike. The tensions that have recently surfaced in practically every republic of the Caucasus arise in the context of a socio-economic crisis that important federal budgetary allocations have not yet contained. The reason : the effectiveness of government action clashes here with a power-system that, even more than in the rest of the country, rests upon clan allegiances, practises of corruption regularly denounced by the Islamists. While the interferences between the two sides of the chain have been further accentuated by the war of August 2008, which saw Russia recognize the secession of Abkhazia and South Ossetia from Georgia, Moscow is struggling to find an efficient stabilization strategy.
- La Russie et les « sécessionnismes » géorgiens - Guénec Michel p. 27-57 Le conflit d'août 2008 a mis un terme final aux espérances des Géorgiens de refaire un jour l'unité territoriale de leur pays. Au lendemain de cette incompréhensible guerre de cinq jours, la Russie s'est de fait emparée de quelque 20% de la Géorgie. L'analyse du processus qui a conduit Moscou à reconnaître les indépendances abkhaze et sud-ossète fait apparaître une politique opiniâtre, décidée et dessinée dès 1992 dans ses grands contours. Si la Russie n'a pas provoqué cette guerre, elle n'a pas non plus cherché à l'empêcher et a patiemment mis en place toutes les conditions qui ne pouvaient un jour que conduire à son déclenchement. La reconnaissance des indépendances est le résultat du mélange d'une longue liste d'intérêts russes, stratégiques, économiques, privés, de la situation géopolitique particulière de cette année 2008 et de la monumentale erreur de jugement faite par M. Saakachvili dans la nuit du 7 au 8 août 2008.Russia and Georgians “Secessionisms” The war in August 2008 put a final end to the Georgians' hopes of one day rebuilding the territorial unity of their country. Following this incomprehensible five-day war, Russia has actually taken possession of about 20% of Georgia. Analysis of the process led by Moscow to recognise the independence of South Ossetia and Abkhazia reveals an obstinate policy, decided and designed from 1992 in its broad outlines. If Russia has not provoked this war, it has not anyway sought to prevent and patiently put up all conditions that could but lead one day to its breaking out. Recognition of independence is the result of the mixing of a long list of strategic, economic and private Russian interests, the special geopolitical situation of this year 2008 and the monumental miscalculation made by Saakashvili in the night of 7-8 Aug 2008.
- Pogroms contre les Ouzbeks à Och au Kirghizstan. . Des dangers de la manipulation politique du nationalisme ethnique - Petric Boris p. 58-65 Le Kirghizstan a fait l'objet d'un véritable marketing : « Suisse de l'Asie centrale » « îlot démocratique », ce pays jouissait encore récemment d'une réputation sans équivalent en Asie centrale auprès de la communauté internationale. Les multiples bailleurs de fonds ont largement copiloté les évolutions politiques depuis 1991 en faisant la promotion d'un modèle politique particulier qui repose sur une libéralisation économique et l'édification d'une démocratie ethnonationale. Malgré un tel soutien, comment ce pays a-t-il pu sombrer dans un chaos généralisé débouchant sur les violences qui secouent le sud du pays ces derniers jours ? En vérité, il ne s'agit pas d'un nouveau conflit interethnique qui puiserait ses racines dans un système politique traditionnel défaillant (tribalisme, ethnicisme). Les pogroms ethniques qui ont touché les Ouzbeks ces derniers jours sont bien modernes et surgissent dans une situation historique liée à l'émergence d'une gouvernance mondialisée qui se met en place après la guerre froide. Ce pays est devenu un territoire où s'affrontent des groupes politico-mafieux. Leur rivalité s'est transformée en affrontement interethnique majeur.The anti-Uzbek Pogroms at Och in Kyrgyzstan, The Dangers of Political Maniputation of Ethnic Nationalism
Kyrgyzstan has been the object of a genuine marketing campaign: “the Switzerland of Central Asia”, a “democratic island”; until recently, this nation enjoyed an unparalleled reputation in Central Asia within the international community. Its multiple silent partners have largely co-piloted its political evolution since 1991 by promoting a particular political model based on economic liberalization and an ethnonational democracy.How is it, then, that despite such support, the nation has fallen into generalized chaos, leading to the violence that has taken hold of the South in recent days? In fact, it's not a question of a new ethnic conflict stemming from a faulty, if traditional, political system (tribalism, ethnicism). The ethnic pogroms directed against Uzbeks in recent days are very modern and have arisen in an historical situation tied to the emergence of the globalized governance put into place after the cold war. This country has become the site of clashes among politico-mafi oso groups. Their rivalry has transformed into a major inter-ethnic conflict. - La flotte russe de mer Noire à Sébastopol : une « forteresse impériale » au sud ? - Limonier Kevin p. 66-78 Symbole historique de modernité impériale et d'héroïsme militaire, Sébastopol constitue aujourd'hui un enjeu majeur pour la Fédération de Russie. Bien plus qu'un simple accord militaire, le renouvellement du bail russe sur la base navale s'expliquerait par la volonté de Moscou de mettre en valeur les minorités russophones de l'étranger dans une perspective d'influence. En effet, les liens profonds qui unissent Sébastopol à sa garnison montrent l'existence d'une identité locale particulière qui illustre les aspirations géopolitiques de la Russie contemporaine.The Russian Black Sea Fleet in Sevastopol : an imperial fortress in the South ? As a symbol of imperial modernity and military heroism, the city of Sevastopol is a major issue for the Russian Federation. More than a simple defence agreement, the renewal of the Russian lease on the naval base could be explained by Moscow's will to highlight the Russian-speaking minorities abroad, with a view to influence. Indeed, the deep connections between the city of Sevastopol and its Russian garrison show the existence of a particular local identity that illustrates the geopolitical aspirations of contemporary Russia.
- L'énergie, l'UE et la Russie - Nies Susanne p. 79-93 Plus de 40% de l'approvisionnement gazier de l'Union européenne provient de la Russie, les fournitures pétrolières jouant également un rôle important, et la Russie étant devenue le troisième partenaire commercial de l'UE, grâce notamment à l'exportation énergétique. Cette dépendance est amenée à croître dans les années à venir. Les débats médiatiques se focalisent sur la question de savoir si la Russie, humiliée dans les années 1990, « de retour » comme puissance énergétique, utilise déjà, ou utilisera dans l'avenir, l'« arme énergétique » dans la relation avec son plus grand client ou quelques États membres. La crise gazière russo-ukrainienne de janvier 2009 a démontré comme aucune autre l'état de la dépendance, et la vulnérabilité des uns et des autres, de l'Europe centrale aux Balkans. Les avis sont partagés concernant les intentions de la Russie, les représentations à cet égard ne coïncident pas, du fait des expériences différentes, en Europe occidentale et centrale. L'UE devrait-elle s'alarmer, et diversifier ses sources d'approvisionnement ? Quels sont les intérêts convergents et divergents entre la Russie et son plus grand client, l'UE ? Cette contribution analyse la relation énergétique UE-Russie dans son contexte historique.Energy, the EU and Russia More than 40% of the European Union's gas supply stems from Russia, oil supply plays an important role too, and Russia has become the third largest trading partner of the EU, with energy predominating. This dependency on energy fourniture will increase further in the next decades to come. Debates in the media and academia thus focus very much on the question of whether Russia, humiliated according to many during the 90s, “back” now as an “energy power”, uses or might use the “energy weapon” against the EU. And it goes without saying that the 2004 and 2007 EU-accession of former Soviet bloc states has increased sensitivity and shed light on their existing overdependence on Russian energy sources. Should the EU be alarmed and diversify away from Russia ? Which are the common interests, where are the differences ? This contribution assesses the current EU-Russia energy relationship.
- L'identité nationale russe : anatomie d'une représentation - Filler André p. 94-108 Le régime politique qui détient actuellement le pouvoir en Russie, incarné par le Premier ministre Vladimir Poutine, avec ses spécificités, telle la bicéphalie extra-démocratique de l'exécutif ou l'imbrication extrême des intérêts politiques et économiques des élites, est en passe d'élaborer sa propre théorie de gouvernance. La verticalité du pouvoir, la démocratie souveraine, autant de concepts brevetés par les idéologues de l'ère Poutine. Une représentation particulièrement sollicitée est celle de l'identité nationale russe. L'article se propose d'analyser la construction de cette nouvelle identité, imposée d'en haut. Sont au centre de la discussion : ses racines historiques ; la récupération des symboles conçus déjà aux époques tsariste (représentations de l'étendue du territoire, l'alliance ontologique entre la société et l'Église orthodoxe) ou soviétique (hymne national, isolationnisme, ambiguïté du rôle des Russes ethniques), ses origines immédiates (le recueil Inoe de 1996, la nationalisation de la politique du second mandat du président Eltsine), et enfin sa spécificité par rapport aux modèles historiques (culte affiché de l'altérité, sacralisation du pouvoir et de l'État).Russian National Identity : Anatomy of a Representation The political regime holding power in contemporary Russia, and incarnated by the prime minister Vladimir Putin, is elaborating its own theory of governance in order to create a notional basis for its specificities, such as extra-democratic bicephaly of the executive power or extreme imbrications of political and economical interests of the elites. The ideologists of the Putin era have already coined such concepts as verticality of power and sovereign democracy. Another highly demanded political representation is that of Russian national identity. The present paper aims to analyze the construction of this new identity directed from above. In the center of our discussion : its historical roots ; the recycling of tsarist or soviet political symbols, its immediate origins (a special discussion is dedicated to an anthology of essays on Russian identity, Inoe, published in 1996, as well as to the ideological “nationalization” policy applied during the second term of the president Yeltsin), and finally the distinct character of the actual concept with its specific highlights (the cult of the otherness of Russian civilization and sacral character of state and power).
- Étouffement et renaissance des oppositions en Russie (2000-2010) - Vaissié Cécile p. 109-126 En octobre 2009, près des trois quarts des Russes considèrent que leur pays a besoin de partis et de mouvements d'opposition. Ce résultat est d'autant plus significatif que, depuis l'avènement de Vladimir Poutine à la présidence, le Kremlin a éliminé les contre-pouvoirs et rétabli la « verticale du pouvoir ». Il a tenté de réduire les contestataires au silence et a fabriqué sa propre « opposition dans le système ». Les oppositions réapparaissent toutefois, très diverses. Le mouvement Une Autre Russie organise les « Marches de ceux qui ne sont pas d'accord » et fait partie d'une opposition « hors système » qui se structure à la fin de 2008. Et 2010 est marqué par la réémergence d'une contestation sociale publique : les manifestations se multiplient dans tout le pays, tandis que le mécontentement se cristallise sur les « accidents VIP », révélateurs de dysfonctionnements anciens. La situation évolue rapidement, tandis que le pouvoir multiplie les comportements contradictoires.The Crushing and the Revival of the Oppositions in Russia (2000-2010) In october 2009, almost three quarters of the Russians consider that their country needs parties and movements in the opposition. This result is all the more significant as, since the accession of Vladimir Putin to the presidency, the Kremlin has eliminated counter-powers and restored the “vertical of the power”. It has tried to silence the contestation and has created its own “opposition within the system”. However, various kinds of oppositions have reappeared. The movement An Another Russia organizes “Marches of those who do not agree” and is part of an opposition “out of the system”, that structurized itself at the end of 2008. And 2010 is marked by the re-emergence of public social contesting : demonstrations take place all over the country, and the dissatisfaction crystallizes on the “VIP accidents”, that are revelations of acute dysfunctions. The situation quickly evolves, whereas the power multiplies contradictory behaviors.
- Extrême-Orient russe, une incessante (re)conquête économique - Gras Cédric, Shvedov Vycheslav p. 127-143 Les Russes d'Extrême-Orient ont vu, depuis la chute de l'URSS, leur niveau de vie tomber sous la moyenne fédérale et disparaître ainsi la principale motivation qui les retenait aux confins de la Chine et sur les rivages du Pacifique. La question du développement de la région afin de fixer, voire d'attirer une population dont la présence en Extrême-Orient est, d'un point de vue géopolitique, vitale pour la Fédération de Russie est ainsi revenue sur le devant de la scène. Dans un contexte où beaucoup d'observateurs parient sur une influence chinoise croissante, les projets de Moscou, qui a repris la main sur une certaine désorganisation locale, sont une énième tentative de gagner la « bataille pacifique » de la conquête économique de l'Extrême-Orient russe qui dure depuis les premiers contacts avec les Mandchous. Les signatures en 2009 et 2010 de deux programmes : un partenariat avec la Chine pour l'exploitation commune des ressources et une Stratégie pour l'Extrême-Orient et la Transbaïkalie, d'amélioration des conditions socioéconomiques, esquissent les défis de la région pour les années à venir.The Russian Far-East : An Unending Economic (Re) conquest Since the fall of the USSR, Russians of the Far East have seen their living standard fall below the federal average, and with it, the principal motivation keeping them on the Chinese border and the Pacific coast. The question of the development of the region in order to stabilize, or indeed to attract, a population – the presence of which, in the Far East, is of vital importance to the Russian federation from a geopolitical perspective – has therefore reemerged as a central issue. In a context where many observers are betting on increased Chinese influence, Moscow's projects, having taken hold again of a certain local disorganization, represent the nth attempt to win the “Pacific battle” of the economic conquest of the Russian Far East that has lasted since the first contact with the Manchu. The 2009 and 2010 signatures on two programmes – a partnership with China for the common exploitation of resources, and a strategy for the amelioration of socio-economic conditions in the Far East and in Transbaikal – outline the difficulties faced by the region in the years to come.
- La région Volga-Oural en Russie . Enjeux nationaux dans une région multiethnique - Le Torrivellec Xavier p. 144-160 S'appuyant sur les résultats du recensement de 2002 et cherchant à anticiper ceux de 2010, notre article évoque les conditions d'existence et les modes d'expression de la topographie identitaire dans le cas emblématique de la région Volga-Oural. Située au carrefour des mondes finno-ougrien, turcophone et slave, cet espace ouvert simultanément sur la Russie européenne et l'Asie centrale offre une image en miniature de la Russie contemporaine, tant par la diversité ethnoculturelle de sa population que par la variété des défis politiques qui s'y trouvent en jeu. L'héritage historique et l'évolution démographique des différents peuples de la région sont analysés dans le contexte russe actuel pour saisir les perspectives les plus probables d'évolution du fédéralisme russe et du projet patriotique de construction d'un État-nation des habitants de Russie.Volga-Urals in Russia, National Issues in a multi-ethnic Region Based on the results of the 2002 Russian census and trying to anticipate those of the next 2010 census, our article focuses on the conditions of existence and on the modes of expression of identity topography in the emblematic case of the Volga-Urals region. Located in the crossroad of Finno-Ugric, Turcic and Slavic worlds, this space opened on both European Russia and Central Asia gives a picture in miniature of contemporary Russia, both by the ethnocultural diversity of its population and by the variety of the political challenges locally engaged. Historical background and demographic changes of the different peoples of the region are analyzed in the Russian context to understand the evolution perspectives of Russian federalism and of the the patriotic project to build a Nation State of the inhabitants of Russia.
- Géographie politique de la Russie de 2010 - Raviot Jean-Robert p. 161-180 Cet article expose le hiatus grandissant entre le gouvernement des territoires et la géographie politique de la Russie de 2010. Jadis dépeinte sous les traits d'un « Empire éclaté », l'URSS a laissé place à la Fédération de Russie, un pays dont la géographie politique présente également toutes les caractéristiques d'un « éclatement » en plusieurs Russie, que cet article décrit par une typologie qui distingue la Russie des métropoles, la Russie des archipels de la rente énergétique, la Russie enracinée des campagnes prospères, la Russie déclassée, la Russie profonde et la Russie des périphéries non russes. Ces Russie sont plus en plus clivées, voire étrangères les unes aux autres, emportées par une lame de fond qui, de toute évidence, ne pourra guère être renversée par le volontarisme politique, aussi fort et modernisateur soit-il, des dirigeants du Centre fédéral.The Political Geography of Russia in 2010 This article exposes the growing hiatus between terrritorial governments and the political geography of 2010 Russia. Formerly depicted as a “shattered empire”, the USSR gave way to the Russian Federation, a country whose political geography also presents all of the characteristics of an “explosion” into several Russia : Russia that the present article describes as a typology distinguishing among metropolitan Russia, the Russia of energy-yielding archipelagos, the deep-rooted Russia of prosperous campaigns, de-classed Russia, deep Russia and the Russia of non-Russian peripheries. These Russia are more and more divided, or even estranged, swept along by a wave that, as far as one can judge, cannot be overturned by the voluntarism – as strong or as modernizing as it may be – of the federal center.
- Hérodote a lu - p. 181-184