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Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest |
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Numéro | Vol. 17, 1, 1986 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Nouvelle Section
- Les forces stratégiques soviétiques : perspectives pour les années quatre-vingts - William T. Lee, Richard F. Staar p. 5-19 Le XXVIIe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS), qui s'ouvrira à la fin de février 1986, approuvera des décisions déjà prises en matière de production des systèmes d'armements durant le prochain plan quinquennal. Les tendances établies ces dernières vingt-cinq années servent de base aux projections concernant les forces stratégiques soviétiques jusqu'à la fin de la décennie en cours. Depuis 1981, les dépenses militaires totales ont augmenté de 6 à 7 % par an et les acquisitions d'armements de 10 % au moins. L'auteur parvient à la conclusion que les armes défensives s'accroîtront plus rapidement que les armes offensives afin de combler l'écart entre les exigences de la théorie et de la stratégie et les forces disponibles. Les tableaux I et II illustrent l'effet des nouveaux programmes de missiles balistiques stratégiques, basés sur terre et sur mer. Le tableau III propose une extrapolation des acquisitions d'armements antiaériens et antimissiles (Voiska PVO) tandis que les tableaux IV et V ont été élaborés à l'aide de projections, tirés de la construction des navires de surface et des sous-marins. Le tableau VI présente, en résumé, l'acquisition de tous les systèmes d'armements en fonction de la mission qui leur est affectée. On en arrive à une estimation totale minimum de 105 et maximum de 167 systèmes d'armements contre 100 systèmes majeurs environ acquis au cours de la décennie précédente. Pour les armes stratégiques défensives, l'estimation maximum des acquisitions représente le double des armements mis en service au cours des années soixante-dix. L'équipe au pouvoir ne semble envisager aucune révision de la théorie et de la stratégie militaires soviétiques, du moins aucune révision susceptible de bouleverser les perspectives développées dans cet article.Soviet Strategic Force Prospects for the 1980s. The Twenty-seventh Congress of the Communist Party of the Soviet Union (CPSU), which opens the end of February 1986, will approve decisions already made on weapons systems to be produced in the course of the next five-year plan. Trends established during the past quarter-century are on the basis of strategic force projections through the end of the current decade. Total military spending since 1981 has been growing by 6 to 7 percent each year ; weapons procurement, by at least 10 percent. This article concludes that defensive weapons will increase more rapidly than their offensive counterparts in order to fill the gaps between requirements of doctrine strategy and force capabilities. Tables 1 and 2 show the effects of new land- and sea-based strategic ballistic missile programs. Table 3 extrapolates anti-air and anti-missile {Voiska PVO) weapons procurement, whereas Tables 4 and 5 project construction of surface ships and submarines. Table 6 summarizes the acquisition of all weapons systems by mission. The minimum and maximum estimated totals for such systems in the 1980s are between 105 and 167 ; only about 100 major systems were procured during the preceding decade. The maximum procurement predicted for strategic defensive weapons systems in the current ten-year period will be double that acquired throughout the 1970s. In terms of fundamental military doctrine and strategy, no revision that might change the foregoing prospects appears to be contemplated by the current leadership.
- La réforme du système économique soviétique depuis l'arrivée au pouvoir de Gorbatchev : possibilités et limites - Lu Nanquan p. 21-29 A la mort de Brejnev en 1982, l'Union soviétique était confrontée entre autres à une série de problèmes économiques. Bien que depuis 1983, grâce aux efforts d' Andropov, l'économie nationale soviétique ait été améliorée, de nombreuses difficultés subsistaient lorsque Gorbatchev est arrivé au pouvoir. Outre ses problèmes « classiques », l'Union soviétique doit faire face à trois défis majeurs : une nouvelle phase de la course aux armements avec le programme américain de « guerre des étoiles », une nouvelle révolution technique dans le monde et les réformes des systèmes économiques des pays est-européens et de la Chine. Selon l'auteur, il existe deux moyens de résoudre les principaux problèmes économiques soviétiques : une accélération du progrès scientifique et technique et une réforme du système économique en vigueur. Mais quelles sont les véritables possibilités de réforme ? Et quelles en sont les limites ? C'est ce que l'auteur essaie d'établir avant de prévoir les principales orientations que pourrait prendre la réforme.The Reform of the Soviet Economie System Under Gorbachev : Possibilities and Limitations. At Brezhnev's death in 1982, the Soviet Union was faced with a series of economic problems, among others. Although since 1983, thanks to Andropov's efforts, the Soviet national economy has been improved, many difficulties remained after Gorbachev came to power. Apart its « classical » problems, the Soviet Union has to deal with three serious challenges : a new round of arms race characterized by the American « star war » program, a new world technological revolution and the reforms of economic systems in East European countries and in China. In the author's view, there are two ways to resolve the main Soviet economic problems : an acceleration of scientific and technological progress and a reform of the present economic system. But what exactly are the possibilities of a reform ? And which are its limits ? This is what the author tries to establish as well as the main directions of the reform.
- Contribution au modèle hongrois de l'économie de marché socialiste - Béla Csikós-Nagy p. 31-42 L'auteur analyse successivement les motivations de la réforme économique et son évolution depuis 1968, le système de planification en vigueur, le mécanisme des prix, la monétarisation de l'économie et le rôle du marché dans l'économie hongroise.A Contribution to the Hungarian Model of Socialist Market Economy. The author analyses successively the motives of the economic reform and its developments since 1968, the planning system, the price mechanism, the monetarization of the economy and the role of the market in the Hungarian economy.
- Taux de change et parité de pouvoir d'achat : évolutions récentes dans les pays du CAEM - Jean-Charles Asselain p. 43-68 La fixation arbitraire des taux de change et la surévaluation des monnaies socialistes sont souvent considérées comme un fait d'évidence, à valeur permanente. Mais les comparaisons entre taux de change et parité de pouvoir d'achat — notamment Y International Comparison Project des Nations Unies — révèlent une réalité plus complexe. La rigidité générale des taux de change a fait place depuis les années 1970 à des politiques bien plus diversifiées au sein même du CAEM. Le clivage le plus visible, opposant les trois pays qui ont adopté un taux de change « réaliste », Hongrie, Pologne et Roumanie, aux autres pays du CAEM, dont les ajustements à la marge tendent simplement à stabiliser l'unité monétaire par rapport à un « panier » de devises occidentales, n'est sans doute pas le plus significatif. Car la politique du taux de change ne saurait être dissociée de l'ensemble des évolutions internes, et le cas de la Hongrie est le seul où l'unification et la réactivation du taux de change s'inscrivent dans une tentative globale de réouverture sur l'économie mondiale ; les implications de ce choix à long terme dominent de plus en plus tous les aspects de la politique économique hongroise. L'expérience de la Hongrie suggère notamment que l'acceptation d'une forte sous-évaluation de la monnaie nationale par rapport à sa PPA (ainsi que d'un taux d'inflation proche de l'inflation mondiale) constitue le prix à payer pour le rétablissement de liens intenses et directs avec les économies occidentales.Rates of Exchange and Parity of Purchasing Power : Recent Developments in the Comecon Countries. The arbitary fixing of exchange rates and the over-valuation of socialist currencies are often looked upon as a self-evident fact, a constant in the economic context. But comparative studies of rates of exchange and parity of purchasing power — particularly the International Comparison Project of the United Nations — reveal a more complex reality. Since the 1970's, the general rigidity in rates of exchange has given way to much more diversified policies within Comecon itself. The most obvious difference, that which separates the three countries (Hungary, Poland and Rumania), which have adopted a « realistic » exchange rate, from the other Comecon countries, where marginal adjustments tend simply to stabilize the monetary unit by relation to a « pool » of western currencies, is doubtless not the most significant. For the policy in respect of the exchange rate cannot be viewed in isolation from the overall pattern of internal developments, and the case of Hungary is the only one in which unification and reactivation of the exchange rate are part of an overall attempt to re-entry on the world economic stage : the long term implications of this choice are playing an increasingly dominant part in all aspects of Hungarian economic policy. In particular, the Hungarian experience suggests that acceptance of a considerable underevaluation of the national currency in relation to its PPP (and also of a rate of inflation approaching the world scale) is the price which has to be paid for restoration of close and direct links with the economies of the West.
- Le système international du rouble et les relations monétaires et financières Est-Ouest - Michel Lelart p. 69-97 Le rouble transférable, utilisé entre les pays du Comecon, a fait l'objet de bien des controverses : dans quelle mesure est-il une véritable monnaie ? Dans quelle mesure est-il au centre d'un système monétaire international socialiste ? L'auteur examine les différentes fonctions du rouble transférable : il est l'unité de compte pivot d'un système de prix plus que d'un système de changes entre les pays du Comecon. Il facilite les règlements au sein de la communauté socialiste et l'activité de la BICE entraîne une véritable création monétaire internationale, bien que l'utilisation du rouble transférable rencontre de sérieuses limites. Il est aussi avoir de réserve, résultat d'un processus d'accumulation lié aux opérations de la BICE et de la BII. Mais son expansion est parfaitement maîtrisée. On peut, certes, parler d'une monnaie internationale, mais on ne peut la comparer ni à l'Écu ni au DTS bien qu'il s'agisse chaque fois d'un panier de monnaies. On peut parler d'un système monétaire international socialiste, mais il n'a rien de commun avec le système international du dollar.The Ruble-based International System. The transferable Ruble, used by all the Comecon countries, has been the subject of numerous controversies, concerning especially these issues : to what extent is the Ruble truly a currency ? And to what extent is the Ruble the basis of an international monetary system of socialist countries ? The author examines the various functions of the transferable Ruble. These include its role as a unit of account more for a pricing system than for a system of exchange of Comecon currencies. Its role in facilitating settling of accounts between the socialist countries. This second role facilitates the activity of the I BEC and the creation of a true though limited international monetary system. The Ruble is also a reserve asset resulting from the accumulation of assets relating to the activities of the IBEC and the IBI. This accumulation is, however, under good control. The transferable Ruble can be considered to be an international currency, but is comparable neither to the Ecu nor to the SDR, even though these currencies, like the Ruble, are baskets of currencies. One can speak of an international monetary system of socialist countries, but it is profoundly different from the dollar-based system.
- L'ajustement du commerce extérieur dans les pays endettés de l'Europe de l'Est, de l'Amérique latine et de l'Extrême Orient - Joanna Poznanski p. 99-114 Nous entendons comparer ici les politiques de six pays est-européens et de onze pays en voie de développement, y compris le groupe des économies nouvellement industrialisées, quand à leur dette envers le monde occidental. L'accent sera mis sur les ajustements du commerce extérieur et non sur les politiques économiques internes (à savoir consommation, investissements, prix et autres). L'étude couvre la période 1980-1985 au cours de laquelle tous les pays endettés se sont efforcés de maîtriser leur endettement. Elle est essentiellement fondée sur les données publiées par l'OCDE et le Department of Commerce des États-Unis. Les divers pays ont procédé à deux types d'ajustements destinés à réduire l'endettement : l'un est dynamique et l'autre restrictif, ce dernier ayant plusieurs variantes. Le groupe des 17 pays pris globalement est analysé du point de vue de la politique adoptée. On espère mieux comprendre ainsi les modes de comportement de chaque économie. On cherche également à déterminer les implications potentielles des ajustements effectués sur les perspectives à long terme de la croissance économique et de la modernisation de ces pays.Foreign Trade Adjustment in the Indebted Countries of Eastern Europe, Latin America and the Far East. The goal of this analysis is to compare the policies of six Eastern Europe and eleven developing countries, including the group of the newly industrializing economies, in their dealing with debts to the western world. The main focus is on the foreign trade adjustments, not internal economic policies (i.e., consumption, investment, prices and others). The study covers the period of 1980-1985, when all the indebted countries have struggled to put their debts under control. It is based mainly on the trade data published by the OECD and the U.S. Department of Commerce. The paper identifies two types of adjustment aimed at debt reduction : dynamic and restrictive, and some variants of the latter. This group of seventeen countries altogether is analyzed from the point of view of the policy chosen. This analysis should help to better understand the behavioral features of particular economies but also to assess the possible implication of the current adjustments on the long-run prospects for economic growth and technological modernization in those countries.
- Les aspirations ukrainiennes à l'indépendance : points de vue polonais - Stanislaw Skrzypek p. 115-126 L'article évoque le rôle de la question ukrainienne dans l'histoire polonaise, depuis les guerres cosaques (XVIIe siècle) jusqu'à nos jours et les attitudes des Polonais envers les aspirations ukrainiennes à l'indépendance. Selon l'auteur, les Ukrainiens ont généralement manifesté plus de sympathie à l'égard des Russes qu'à celui des Polonais et leurs tentatives de créer un État indépendant ont essentiellement échoué en raison de la faiblesse de la conscience nationale des masses ukrainiennes. L'auteur estime que toute nation a le droit à l'autodétermination mais que les Polonais ne devraient pas vouloir jouer le rôle de « constructeurs de l'Ukraine », cette activité risquant de placer la Pologne dans une situation dangereuse vis-à-vis de l'Union soviétique. L'auteur pense également que la cause de l'Ukraine n'est pas perdue mais que la dure réalité politique actuelle s'oppose à la concrétisation des aspirations ukrainiennes.Polish Attitudes Towards Ukrainian Aspirations to Independence. The article presents the role of the Ukrainian question in Polish history from the Kossacs wars (XVIIth century) to the present day and the attitudes of the Poles towards the Ukrainian aspirations to independence. In the author's opinion, the Ukrainians tended to show more sympathy to the Russians than to the Poles and their attempts at creating an independent state failed mainly because of the weakness of national consciousness among the Ukrainian masses. The author argues that every nation has the right to selfdetermination but that the Poles should not try to play the role of the « builders of Ukraine ». Such an action could place Poland in a dangerous situation vis-à-vis the Soviet Union. In the author's opinion, the Ukrainian cause is not lost but, at present, the cold political facts are against the realisation of the Ukrainian aspirations.
- Les forces stratégiques soviétiques : perspectives pour les années quatre-vingts - William T. Lee, Richard F. Staar p. 5-19
Revue des livres
- Robert charvin, Les États socialistes européens - Pierre Lavigne p. 129-130
- Henry Rollet, La Pologne au XXe siècle - Jedrzej Bukowski p. 131-133
- Jerzy Lerski, Emisariusz «Jur» (Emissaire «Jur») - Maciej Siekierski p. 134-137
- Patrick Michel et Georges Mink, Mort d'un prêtre. L'affaire Popieluszko - Madeleine Tchimichkian p. 138-140
- Veselin djurdjevac, La Yougoslavie. Socialisme et non-alignement et Stefano bianchini, La diversità socialista in Jugoslavia - Paolo A. Brera p. 141-143
- Xavier Richet, Le modèle hongrois. Marché et plan en économie socialiste - Krystyna Szymkiewicz p. 144-145
- Résumés des articles - p. 147-153