Contenu du sommaire
Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest |
---|---|
Numéro | Vol. 18, 2, 1987 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Compétition et coopération : la science et la technologie dans les relations Est-Ouest - Mihály Simai p. 5-21 En cette fin du XXe siècle, l'importance de la science et de la technique s'est beaucoup accrue dans les relations internationales. Les techniques nouvelles exercent une influence majeure sur la production, la consommation, le commerce, la compétitivité, la course aux armements, etc. De nombreux problèmes d'ordre général de même que leur solution possible sont étroitement liés au progrès technique. La technique est l'un des facteurs fondamentaux de la coopération et de la compétition entre pays à systèmes socio-économiques différents. La compétition des systèmes et celle des entreprises ne se recoupent pas tout en étant intimement liées. Les pays socialistes européens ont créé d'importantes capacités scientifiques et techniques. Ils sont renforcé leur position dans le cadre des relations techniques internationales. Il existe néanmoins de grandes différences entre les pays et entre les divers secteurs au sein d'un même pays. L'inefficacité de la gestion économique, les imperfections de la coopération internationale, l'absence de liens structurels souples dans les domaines de la recherche, du développement, de la production, de la commercialisation, etc. ont provoqué de graves problèmes en matière de science et de technique auxquels les pays est-européens se trouvent confrontés en cette fin du XXe siècle. L'accroissement des capacités d'innovation de ces sociétés nécessite une transformation des systèmes de gestion et de planification, du rôle des stimulants et de la coopération internationale. Le progrès technique et les conséquences socio-économiques qui en découlent impliquent une intensification de la compétition de même qu'un net renforcement de la coopération au niveau social.The increasing role of science and technology in international relations The role of science and technology in international relations increased substantially at the late 20th Century. The new technology has a widespread influence on production, consumption, trade, international competitiveness, arms race, etc. Many global problems as well as their potential resolution are closely tied to technological change. Technology became a very important factor in the cooperation and competition between countries belonging to the different socio-economic systems. While systemic competition and competition between firms are different notions, they are interrelated. The socialist countries in Europe developed important scientific and technological capabilities. They strengthened their position in the international technological relations. There are however great differences between countries and within the countries between the different sectors. As the result of inefficient economic management, the shortcomings of international cooperation, the lack of flexible structural interconnections between research, development, production, marketing, etc. the East-European countries are facing major problems in the late 20th Century in the field of science and technology. The increase of innovative capacities of their societies require basic changes in the system of planning and management, incentives, and international cooperation. The path of technological change and socio-economic consequences its imply intense competition as well as the increasing importance of global cooperation.
- Politique économique et planification dans les pays du CAEM - László Csaba p. 23-55 Dans la première partie, l'auteur se penche sur les paradoxes théoriques de la coopération au sein du CAEM. Bien que la coopération au niveau de la planification, en principe déterminante, ne coordonne pas « tout » ex ante, les pays est-européens se caractérisent par certains parallélismes de leur développement découlant aussi bien de leurs similarités politiques et systémiques que de la pratique d'une concertation régionale. Le rôle de la planification est fondamentalement différent de ce qu'il devrait être en théorie puisque dans la réalité l'harmonisation ex post des intérêts n'a rien d'exceptionnel même si le rôle des autorités hiérarchiques reste dominant. Ces dernières quinze années, la principale force d'induction de l'intégration intra-CAEM a été déterminée par l'intérêt des entreprises décidées à maintenir et à étendre les structures existantes pour éviter des ajustements douloureux face au marché mondial. La seconde partie analyse les tentatives de repli sur soi du CAEM, les contraintes accompagnant son activité au cours des années 1980 et les différences d'approche nationales. L'agriculture a été reléguée à une place tout à fait secondaire tandis que le secteur énergétique était propulsé à l'avant malgré des déclarations prônant une politique opposée. La section III explique pourquoi une coordination plus intense des activités commerciales sur les marchés tiers et un rôle accru de la coopération interfirmes entre pays membres du CAEM ? deux idées qui ont le vent en poupe parmi les chefs- d'entreprise ? ne sont pas réalisables dans les conditions de fonctionnement actuelles du CAEM. La section IV est consacrée à la coopération telle qu'elle se pratique depuis le sommet de Moscou (1984). Depuis cette date et depuis l'arrivée au pouvoir de la nouvelle direction soviétique, le pluralisme des voies nationales a été accepté institu- tionnellement. Le rôle de l'Union soviétique en tant que partenaire commercial s'accroît 1 tandis que l'impact des relations multilatérales diminue pour les pays est-européens. Les limites des méthodes traditionnelles de coopération sont devenues évidentes : seule une transformation radicale des méthodes de planification nationales et régionales serait capable de créer les conditions d'une coordination plus efficace et durable des intérêts des pays et des entreprises. Les grands traits de ce renouveau sont esquissés.Economie policy and planning in the CMEA The first part of the article deals with the theoretical paradoxes of CMEA cooperation. Although the formally omnipotent cooperation in planning does not co-ordinate « everything » ex ante from above, strong parallel features of development emerge in Eastern Europe due to policy and systemic similarities as well as to regional concerting activities. The role of planning is fundamentally different from the conventionnally presumed one ; in fact a large degree of ex post interest-harmonization takes place, although the role of the hierarchy remains dominant. In the last 15 years it is the strong interest of enterprises, related to maintaining and expanding existing structures and to avoiding painful adjustments to world markets that has become the principal driving force of CMEA integration. The second section analyzes endeavours at a more inward-looking CMEA and its constraints in the 1980's and characterizes typical national approaches and their differences. The role of agriculture has been relegated to the background and that of the energy sector came to the fore, despite policy statements to the contrary. Section three explains why a more intensive coordination of commercial activities on third markets and a larger role of interfirm cooperation between the member states, the two most fashionable ideas among business executives, are not really practicable under present CMEA arrangements. Section four is devoted to cooperation practice following the 1984 Moscow Summit. Since then and under the new Soviet leadership the pluralism of national ways has been institutionally accepted as a lasting feature. The role of the Soviet Union as a trading partner grows, while the impact of multilateral fora diminishes for the East European countries in the rest of the 1980's. The limits to the traditional methods of cooperation have become obvious : only a fundamental renewal of national and regional planning methods is able to create the preconditions for a more efficient and continuous coordination of national and company interests. Outlines for such a renewal are sketched.
- Le socialisme : système de gestion, rationalité économique et objectifs sociaux - Mieczyslaw Nasilowski p. 57-74 L'auteur début son article en comparant les traits fondamentaux de l'économie socialiste, opposant le système d'allocation imperative des ressources et le système de marché planifié qu'il propose. Cette comparaison concerne 16 caractéristiques et catégories économiques existant dans les deux systèmes mais fonctionnant de manière diamétralement opposée. Il analyse ensuite la nature du système impératif, dont il relève les faiblesses, avant de présenter le modèle de marché planifié. Il montre à quel point son application si nécessaire ne sera pas facile dans les conditions socio-économiques actuelles de la Pologne.System of management, economic rationality and social objectives of socialism The author begins with a comparison of the basic features of the socialist economy opposing the directive allocation system and the proposed market-planning system. This comparison uses 16 basic features and economic categories which exist in both systems but function in a diametrically different manner. He then analyses the essence of the directive allocation system, pointing to its weaknesses, and presenting in his third section the final model of the market planning system which implementation, though necessary, will not be easy to realize given the critical economic and social situation of Poland.
- La place des syndicats dans le processus de normalisation en Pologne - François Bafoil p. 75-91 Les syndicats nouveaux créés en Pologne après le 8 octobre 1982 ont été posés comme les fers de lance de la normalisation par les autorités soucieuses de les voir jouer un rôle d'intégrateur des travailleurs. Quatre ans après leur création rien ne permet d'affirmer qu'ils ont rempli leur tâche. Pire, ils ont, par leurs désordres de toutes sortes, provoqué le mécontentement de ceux dont ils étaient pourtant censés assurer le soutien. Ceci se caractérise à trois niveaux : ? d'abord à celui des effectifs. La faiblesse numérique qui les frappe se traduit, notamment, par un faible engagement des membres du parti en leur sein ; ? ensuite, au niveau des échelons du mouvement (fédérations, organisations régionales, confédération) traversés de désordres divers et d'oppositions ; ? enfin, au niveau des relations avec les divers partenaires dirigeants des entreprises. A cet égard, l'auteur classe les nombreux conflits auxquels sont mêlés les syndicats en conflits liés aux situations propres des unités de travail et en conflits liés à la crise générale. Les premiers mettent en jeu le syndicat opposé au Directeur souvent en l'absence de l'organisation politique et pour des raisons qui tiennent dans la plupart des cas au fonctionnement courant des entreprises. Les seconds font se heurter deux visions du syndicalisme, la partie adverse étant représentée soit par le Conseil ouvrier soit par l'ensemble des partenaires. A travers ces conflits, on peut lire le refus partiel du parti de renforcer le syndicat et la volonté de s'en démarquer, rompant ainsi avec l'image classique de la courroie de transmission. Dans cette période de redéfinition des pouvoirs dans l'entreprise, le syndicat ne semble pas avoir trouvé sa place.The position of the unions in the normalization process in Poland The news unions created in Poland, after the 8th October 1982, were introduced as spearheads of normalization by the authorities, who were anxious to see them fulfilling an integrating role with the workforce. Four years after their introduction, there is no reason to believe that they have fulfilled their task. .Worse still, they have, thanks to all manner of dissension in their midst, generated discontent among those whose mainstay they were intended to be. This is evident at three levels : ? firstly, recruitment. The numerical weakness which affects them is reflected especially in the lack of party members in their ranks ; ? secondly, at echelon level in the trade union movement, where federations, regional organizations, confederations, are riddled with the manner of dissension and opposition ; ? lastly, at the level of relations among the various partners in enterprise management. In this connection, the author categorizes the many conflicts in which the unions are engaged as conflicts relating to the particular situation of work units, and conflicts resulting from the general economic crisis. Those in the first category involve the union in opposition to the Director, often in the absence of political organization, and for reasons which in the main arise from the current management problems in enterprises. The second category involves conflict between two different views of trade unionism, the opposing party being represented either by the workers' council or by the combined partners. Behind these conflicts can be seen a partial refusal by the party to strenghten the unions, and a desire to dissociate itself from them, thus destroying the classic image of the transmission belt. In a period when the distribution of power within the enterprise is being redefined, the union does not appear to have found its place.
- Régulation et fluctuations cycliques de l'investissement en U.R.S.S - Gérard Roland p. 93-113 Cet article examine la relation entre les mécanismes de « régulation par la pénurie » et les fluctuations cycliques des investissements dans l'économie soviétique. Dans une première partie, l'auteur fait un bref rappel des théories du cycle d'investissement dans les économies socialistes, en insistant tout particulièrement sur l'apport fondamental de l'école hongroise. Le lien dialectique entre l'aspect « régulation » et l'aspect « fluctuations » des cycles est mis en avant et analysé. Les cycles sont indissociables du mécanisme existant de « régulation par la pénurie » et cette dernière ne prend son sens qu'en vertu de l'existence de forces systémiques endogènes qui poussent à la croissance et à la pénurie. Ces forces sont reliées au rapport de production fondamental du « mode de production soviétique » : le rapport de subordination, instauré par les mécanismes administratifs de la planification, en vue d'atteindre une croissance macroéconomique maximale. Dans une deuxième section, l'auteur développe un modèle mathématique simple en vue d'analyser quelques propriétés de la « régulation par la pénurie ». Sous différentes hypothèses, ce mécanisme de régulation a des propriétés stabilisantes, car il engendre généralement des fluctuations cycliques amorties. On notera également que si la pénurie est cumulative, des fluctuations cycliques apparaissent, même lorsque l'investissement s'ajuste sans délai à la pénurie observée. Finalement, les résultats principaux d'une analyse économétrique de la « régulation par la pénurie » de la croissance des investissements en U.R.S.S. sont présentés. Les résultats empiriques confirment, pour l'essentiel, l'analyse théorique. Le résultat économétrique amène cependant à rejeter l'hypothèse d'une rétroaction négative ex post entre la pénurie dans le secteur de la consommation et la croissance des investissements. S'il y a déplacement de ressources de la consommation vers l'investissement, celui-ci est contrôlé directement ex ante par le planificateur et ne procède donc pas de la logique de la « régulation par la pénurie ».Regulation and cyclical fluctuations of investment in the USSR This paper examines the relation between mechanisms of « regulation by shortage » and cyclical fluctuations of investment in the Soviet economy. After a survey of investment cycles theories, mainly those of the Hungarian school, the author sets up a very simple mathematical model to examine some properties of « regulation by shortage ». With varying assumptions, this regulation mechanism seems to generate mostly damped fluctuations. Finally, the main result of an econometric analysis of the « regulation by shortage » of investment growth in the Soviet Union is presented and commented. Though the theory is mainly confirmed by the empirical results, is must be revised with regard to the link mostly assumed between investment growth and shortage in the consumption goods sector.
- Légitimité et rôle des maires ruraux en R.D.A: Intérêt soudain de la littérature ou décentralisation des pouvoir? - Benoît Petit p. 115-141 Les maires des communes rurales en R.D.A. pourront-ils un jour être élus tout en restant fonctionnaires de l'État ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais une réforme administrative est sans doute en cours et la presse officielle ne manque pas de préciser les rôles et le statut des responsables municipaux dans le cadre de la démocratie et d'un État centralement planifié. Cela permet de rappeler la procédure de nomination et la représentation populaire à partir de quelques textes législatifs. L'auteur cherche ensuite quelques informations sociologiques comme le rajeunissement progressif et la féminisation relative de cette tâche qui reste une profession à temps plein. Le rôle économique semble faible, du fait que la commune reçoit surtout des dotations d'équipements et n'a pas de budget autonome ni de patrimoine. De plus, les responsabilités honorifiques de représentation et de contre-pouvoir dépendent inégalement de la taille de la commune et du poids d'autres personnalités (comme de l'influence des responsables d'industrie ou des coopératives...). La modification des équilibres économiques et le renforcement de l'éducation vont-ils entraîner des modifications dans la nomination des maires ou dans leurs pouvoirs ; une plus grande place dans la négociation ou plus de contestations locales ? La participation des citoyens et la représentation des élus pourraient devenir un enjeu dans et pour la transformation des campagnes.The legal status and role of the mayor in rural East Germany : a sudden literary interest, or decentralization of authority ? Will it some day be possible for mayors of rural communes in the GDR to be elected, while remaining State civil servants ? It is too soon to say, as yet, but some administrative reform is certainly under way, and the official press have lost no time in making plain the role and status of local functionaries within the context of democracy and a centrally planned state. This affords an opportunity for reminding readers of the procedures for nomination and popular representation, in the light of certain legislative texts. The author then" turns his attention to certain sociological aspects, such as for example, the progressive drop in age, and the relative increase in the number of female holders of the post, which remains a full-time profession. The economic importance seems slight, owing to the fact that the rural commune receives, in the main, grants of equipment and supplies, having as such no budget or properties. Furthermore, the responsibilities of office, and the degree of influence which can be exerted, depend unequally on the size of the commune, and the importance of other individuals (for example, the influence of leading personalities in industry or the the co-operatives). Will the change in economic balances, and improvements in education, bring about changes in the nomination of mayors and their power, greater scope for négociation or more local opposition ? Citizens' participation, and the voice of their elected representatives, could become an issue affecting the evolution of rural districts.
Revue des livres
- Wlodimierz Brus, Histoire économique de l'Europe de l'Est (1945-1985) - Alec Nove p. 145-146
- Marie Lavigne (éd.), Les relations Est-Sud dans l'économie mondiale - Marcel Drach p. 147-148
- Ivan T. Berend et György Ranki, The Hungarian Economy in the Twentieth Century - Xavier Richet p. 149-151
- Y. bouchut, J.H. Jacot, S. Latchinian (sous la direction de), Nouvelles technologies et enjeux sociaux - Xavier Richet p. 152-154
- Moshe Lewin, The Making of the Soviet System. Essays in the Social History oflnterwar Russia - Francis Kessler p. 155-156
- Franz Loeser, Die unglaubwürdige Gesellschaft, Quo vadis DDR ? - Francis Kessler p. 157-158
- Mark E. Schaffer (éd.), Technology Transfer and East-West Relations - Carlos Padro p. 159-163
- Résumés des articles - p. 165-172