Contenu du sommaire : Innovation without patents

Revue Revue économique Mir@bel
Numéro vol. 64, no 1, janvier 2013
Titre du numéro Innovation without patents
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Innovation Without Patents : An Introduction - Liliane Hilaire-Pérez, Christine MacLeod, Alessandro Nuvolari p. 5-8 accès libre
  • Patent-Free Innovation : A Review of Economic Works Including the Analysis of a Recent Work in the Field of Experimental Economics - Dominique Foray p. 9-27 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article est inspiré par l'observation du changement massif d'opinions de la part des économistes quant à l'efficience du mécanisme des brevets en tant que solution proposée au problème d'imparfaite appropriabilité des inventions et du savoir. Ce changement d'opinions est premièrement dû aux observations empiriques des dysfonctionnements du système des brevets, conduisant à des situations où la façon dont les droits de propriété intellectuelle sont utilisés crée plus d'obstacles à l'innovation qu'ils n'en éliminent. Mais ce changement d'opinions est aussi lié à l'observation que dans de nombreuses situations, l'innovation semble ne pas avoir besoin de recourir au brevet pour proliférer. C'est à ces derniers travaux que cet article est consacré. Il examine tout d'abord les travaux d'économie de l'innovation, de management de la technologie et d'économie historique qui étudient des systèmes d'innovation dans lesquels l'absence de propriété intellectuelle ou son affaiblissement ne semblent pas affecter les capacités d'invention. Il porte ensuite sur les travaux théoriques qui explorent les conditions dans lesquelles un marché concurrentiel peut être caractérisé par des propriétés optimales d'allocation de ressources dans le domaine du savoir et de l'innovation. Enfin, il présente un travail d'économie expérimentale qui tente de reproduire un processus d'innovation en laboratoire pour étudier les mérites respectifs de différentes institutions – brevet ou marché – dans leur capacité à stimuler l'innovation. JEL Code: O31; O34
    This article is inspired by the observation of a massive change of opinion on the part of economists regarding the question of the patent as a mechanism allowing an economically acceptable solution to be found to the so-called “imperfect appropriability” problem. This change is due partly to empirical observation of the system's disorientation, leading to situations where the ways in which intellectual property rights are used create more obstacles to innovation than they eliminate. On the other hand, this shift in opinion is also linked with empirical and theoretical analyses of situations where it seems that patents and other intellectual property rights can very well be dispensed with without innovation suffering. It is to these analyses that this article is devoted. It will first review works concerning historical economics and the economics of innovation and technology management that highlight innovation systems in which the absence of intellectual property rights or the weakening of the latter does not seem to undermine the capacity to invent and innovate. It will then move on to theoretical works that explore the conditions in which a competitive market can be characterised by optimal properties of resource allocation in R&D and innovation. Finally it will present works on experimental economics that attempt to reproduce an innovation process in a laboratory with a view to studying the respective merits of different institutions –patent or market– regarding their aptitudes to facilitate innovation.
  • What's Intellectual Property Good for? - Michele Boldrin, David K. Levine p. 29-53 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La controverse sur les droits de propriété intellectuelle (brevets et droits d'auteur) est là pour durer. L'accumulation régulière de données empiriques mettant en doute les bénéfices supposés des droits de propriété intellectuelle pour l'innovation et la créativité conduit un nombre croissant de chercheurs à questionner les idées reçues. Nous avons œuvré en ce sens depuis longtemps, et les recherches récentes semblent justifier à la fois notre analyse et les prédictions que nous avons faites dans ce domaine. En particulier, il devient évident que le renforcement continu des droits de propriété intellectuelle ne provoque pas d'augmentation du taux de l'innovation ni du taux de croissance dans la productivité du travail mais, au contraire, il génère des coûts de transactions et de protection juridique croissants qui réduisent le taux de l'activité inventive. Il est aussi clair que les nombreuses critiques élevées contre les arguments développés dans notre livre Against Intellectual Monopoly tiennent soit d'une compréhension limitée de notre théorie, soit d'une lecture superficielle du livre auquel des intentions sont prêtées de manière erronée. Nous débattrons d'abord des thèmes les plus importants puis de questions les plus à la mode parmi ces critiques, en montrant que, dans presque tous les cas, elles manquent sérieusement de pertinence. Nous conclurons en soulignant qu'à l'instar du cas du libre-échange, l'opposition au monopole intellectuel est solide à la fois en termes de théorie économique et de preuves empiriques, mais elle doit être construite patiemment dans l'arène de l'économie politique car le lobbying, soutenant le système actuel des droits de propriété intellectuelle, est toujours puissant et capable de dominer le débat dans l'arène publique.JEL Code: D41, D42, O3, O4.
    The controversy over Intellectual Property Rights (patents and copyright) is here to stay. The steady accumulation of substantial empirical evidence casting serious doubts on the allegedly beneficial effects that iprs have on innovation and creativity is forcing an increasing number of researchers to question received wisdom. We have been doing this for a long time, and the recent findings seem to be vindicating both the analysis and the predictions we put forth in our research in this area. In particular, it is becoming clear that the continuous strengthening of iprs is not causing a surge in the innovation rate or in the rate of growth of labor productivity but, rather, it is generating ever increasing legal and transaction costs that reduce the rate of innovative activity. It is also clear that a number of criticisms raised against the arguments we developed in our book Against Intellectual Monopoly follow either from a poor understanding of the theory developed there or from a very cursory reading of the book to which claims are attributed that are never in fact made. We debated first the most important and then some of the most fashionable among such criticisms, showing that in almost every case they miss the point rather egregiously. We conclude by pointing out that, as in the case of free trade, the case against intellectual monopoly is clear both as a matter of economic theory and of empirical evidence, still it will have to be built up slowly and patiently in the political economy arena as the lobbying interests supporting the current system of iprs are still overwhelmingly strong and capable of dominating the debate in the public arena.
  • Top-Down Legislation versus Local Traditions : Entrepreneurship and Innovation Strategies in the Lombardo-Veneto Kingdom - Christian Carletti p. 55-68 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article examine la législation autrichienne autour des privilèges qui influençeront le royaume lombard-vénitien et les raisons de la résistance à l'activité de brevetation (d'élargir des brevets) dans cette région. Cette analyse se concentre, en particulier, sur le rôle joué par les chambres locales de l'agriculture et du commerce et évalue leur tentative pour promouvoir le développement économique et scientifique. À travers une comparaison entre les privilèges octroyés par le royaume lombard-vénitien et les prix industriels accordés par les principales académies, cette étude vise à démontrer que l'activité d'innovation des institutions locales proposa une voie alternative, souvent efficace, au système des brevets adoptés par le gouvernement autrichien. JEL Code: O34, N60
    This paper examines the Austrian laws on privileges that affected Lombardo-Veneto Kingdom (1815-1859) and the reasons of the resistance against patenting in this region. The analysis in particular focuses on the role played by the local academies of agriculture and commerce and their endeavour to foster economic as well as scientific advancement. Through a comparison between the privileges issued in the Lombardo-Veneto and the industrial awards granted by the main local academies this work aims to show that the innovation activity of the academies provided an alternative, often successful, route to the patent system adopted by the Austrian government.
  • Seeds Without Patents : Science and Morality in British Plant Breeding in the Long Nineteenth-Century - Berris Charnley p. 69-87 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les domaines de l'innovation dans lesquels les brevets ne pouvaient pas être utilisés ou ne l'étaient pas constituent un défi pour les historiens. D'une part, le cas de l'innovation sans brevet semble montrer que, contrairement aux conceptions traditionnelles, obtenir des brevets n'est pas la seule motivation pour ceux qui innovent. D'autre part, divers exemples révèlent une diversité de stratégies alternatives par lesquelles les inventeurs ont cherché à protéger leurs compétences pour rentabiliser leur travail. À partir de trois cas d'étude dans l'histoire de la production végétale en Grande-Bretagne durant le long xixe siècle, cet article conforte, d'une manière générale, les relectures faites des brevets et de l'innovation, tout en jetant une lumière nouvelle sur une communauté spécifique d'innovateurs qui ont cherché à rémunérer par leur activité. Deux conclusions se dégagent. L'une est que, pendant cette période, la science a joué un rôle important dans les efforts des producteurs d'espèces végétales britanniques pour ajouter à la valeur des variétés. L'autre est que la science pouvait jouer ce rôle seulement grâce à une économie morale préexistante chez les producteurs. JEL Code: O34, N50
    Areas of innovation where patents could not be or were not in use present a challenge to historians. On the one hand, the existence of patent-free innovation seems to show that, contrary to traditional views, obtaining patents is not the only motivation for those who innovate. On the other hand, such places and periods reveal an abundance of alternative strategies by which innovators sought to protect their ability to profit from their work. Drawing on three case studies from the history of British plant breeding in the long nineteenth-century, this paper substantiates the new revisionism about patents and innovation in a general way while at the same time throwing new light on how a specific community of innovators attempted to make their innovative work pay. Two conclusions emerge in what follows. One is that, during the period in question, science played an important part in British plant breeders' efforts to add value to their varieties. The other is that science was able to play this role only thanks to a pre-existing moral economy among the breeders.
  • Going for Gold : Industrial Fairs and Innovation in the Nineteenth-Century United States - B. Zorina Khan p. 89-113 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans cet article, on se propose de comparer l'attribution de prix au système des brevets d'invention. Les données comprennent un échantillon de produits exposés et primés aux expositions de l'industrie organisées par la Massachusetts Charitable Mechanic Association, entre 1837 et 1874. Les résultats révèlent les facteurs qui ont conduit des auteurs d'inventions particulières soit à tenter de bénéficier de retours grâce aux droits de propriété intellectuelle, soit à chercher des institutions alternatives. Les lauréats de prix tendent à appartenir aux classes plus privilégiées que l'ensemble des détenteurs de brevets, comme on peut l'évaluer à partir de la fortune et du statut des inventeurs lors des expositions. De plus, l'octroi de prix est moins systématique que celui de brevets, et n'est pas lié à des critères de productivité de l'innovation comme le capital inventif ou le succès commercial de l'invention. JEL Code: N 71, O31, O 34
    La course aux médailles
    This paper compares the award of prizes to innovation in the patent system. The data set comprises a sample of exhibits and premiums at industrial fairs sponsored by the Massachusetts Charitable Mechanic Association, between 1837 and 1874. The results shed light on the factors that influenced whether specific inventions and inventors attempted to appropriate returns through the protection of intellectual property rights, or through alternative institutions. Prize winners tended to belong to more privileged classes than the general population of patentees, as gauged by the wealth and occupation of inventors at the exhibition. Moreover, the award of prizes was less systematic than that of patents, and unrelated to such proxies for the productivity of the innovation as inventive capital or the commercial success of the invention.
  • The Airplane as an Open-Source Invention - Peter B. Meyer p. 115-132 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Les avions furent inventés après des décennies d'expérimentation dans plusieurs pays grâce à un processus que l'on peut appeler innovation en open-source. Des expérimentateurs, des inventeurs et des rédacteurs ont contribué au développement de l'aviation en partageant l'information dans des publications, des sociétés, en s'écrivant des lettres et en se rencontrant. Les centaines de brevets dans l'aéronautique avant 1900 peuvent être considérés comme des publications, et non pas comme des revendications de propriété intellectuelle. Les inventeurs d'avions copiaient des modèles précédents, de manière analogue aux progrès de l'open-source de nos jours. En 1908, les avions pouvaient être vus dans les expositions publiques, et l'industrie nouvelle de l'aviation a très vite commencé dans plusieurs pays où l'information était publique et non privatisée. Avec l'émergence de ce secteur manufacturier, les brevets acquirent une importance nouvelle dans un contexte de compétition commerciale. JEL Code: O3, N7
    Airplanes were invented after decades of experimentation in many countries through a process we can call open-source innovation. Experimenters, inventors, and writers contributed to the airplane's development by sharing information in publications, in clubs, by writing letters and by visiting. The hundreds of aeronautical patents before 1900 were treated like publications, not like claims to intellectual property. Inventors of modern airplanes copied earlier designs, analogously to advances in open-source software today. In 1908 airplanes were seen to fly in public exhibitions, and a new industry of airplane manufacturers started quickly in several countries based largely on public non-proprietary information. With the appearance of industrial airplane manufacturing, patents assumed a new importance in the context of commercial competition.
  • Are You Open? : An Investigation of the Concept of Openness for Knowledge and Innovation - Julien Pénin p. 133-148 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article s'interroge sur la signification et l'importance du concept d'« ouverture » lorsqu'il est appliqué au processus de production de connaissances. Nous proposons deux définitions d'une innovation ou technologie ouverte : une forte et une faible. Le point commun entre les deux est qu'elles soulignent chacune l'importance des conditions d'accès à la connaissance produite : une connaissance est ouverte lorsqu'elle est rendue disponible à tous, sous des conditions à la fois non discrétionnaires et raisonnables. Notre définition permet ainsi de mettre en avant la différence entre ouverture et gratuité : une technologie peut être considérée comme ouverte même si elle est payante. De surcroît, cette définition permet également d'établir une distinction claire entre le concept d'innovation ouverte à la Chesbrough [2003], qui ne satisfait pas nos conditions d'ouverture, et les concepts d'invention collective (Allen [1983]; Nuvolari [2004]) et, plus généralement, de modèles de production de connaissances dits « open source », qui les satisfont. Nous terminons en discutant des implications managériales et politiques de notre recherche. JEL Code: O34
    This paper investigates the meaning and the importance of the concept of openness for knowledge and innovation. We propose two definitions of openness for a piece of knowledge, a weak one and a strong one. The common point between the two is that they both emphasize the centrality of the conditions of access: a piece of knowledge is open if it is made available to all under conditions that are non-discriminatory and reasonable. Our definition thus stresses the difference between openness and gratuity: a piece of knowledge can be open even though it is not free of charge. Then, we show that this definition of openness enables us to distinguish open innovation à la Chesbrough [2003], which does not fit it, from collective invention (Allen [1983]; Nuvolari, [2004]) and more generally open source models of knowledge production, which do. We conclude with the implications of this work for innovation practitioners and policy makers.
  • The Development of Short Message Services : Standard Organizations as Engines of Innovations - Nicoletta Corrocher p. 149-163 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article examine le rôle des organismes de normalisation comme moteurs de l'innovation. Il étudie l'émergence et l'évolution du sms. L'analyse empirique précise les informations recueillies auprès d'une série d'entrevues réalisées avec les membres des comités de normalisation en charge des services non-voix dans le système mondial de communications mobiles (gsm), et du procès-verbal des réunions où le développement du sms a été discuté. L'objectif est de comprendre les caractéristiques du processus d'invention coopérative qui sous-tend le développement d'un des rares succès commerciaux entre les services non-voix de télécommunication mobile, afin d'évaluer l'importance des organismes de normalisation comme moteurs de l'innovation. JEL Code: O34, L96
    The paper investigates the role of standard organizations as engines of innovation examining the emergence and evolution of the short message service (sms). The empirical analysis elaborates the information collected from a series of interviews carried out with members of the standard committees in charge of non-voice services in the global system for mobile communications (gsm) environment, and from the minutes of the meetings where sms development was discussed. The goal is to understand the characteristics of the process of cooperative invention underpinning the development of one of the few commercially successful, non-voice mobile telecom services, in order to evaluate the importance of standard organizations as engines of innovations.