Contenu du sommaire : Liens de famille. La royauté française

Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales Mir@bel
Numéro vol. 56, no 2, avril 2001
Titre du numéro Liens de famille. La royauté française
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Liens de famille. Noms, alliances, patrimoines

    • Le nom comme signe corporel : L'exemple des femmes de la noblesse yéménite - Gabriele Vom Bruck p. 283-311 accès libre avec résumé
      Il est courant, tant dans les cultures euro-américaines que dans celles du Moyen-Orient, que les noms constituent la personne sociale et lui assignent une catégorie sexuelle spécifique. Malgré l'importance accordée à une appellation appropriée selon l'appartenance sexuelle, la conception de l'honneur due au statut et celle du corps féminin requéraient que les femmes de la dernière dynastie royale yéménite portent un nom d'homme. Au cours de leurs interactions avec certaines catégories d'hommes, les femmes devaient dissimuler leur nom féminin, tout comme les parties de leur corps. Étudiant le lien de dépendance existant entre les activités sociales et le nom, cet article souligne un paradoxe qui se situe au c?ur de cette pratique d'appellation. En acquérant un nom masculin, ces femmes à la fois se soumettaient aux impératifs sociaux de l'ancienne hiérarchie fondée sur le statut et accroissaient leur pouvoir d'action. L'article examine la théorie performative des noms de Judith Butler, selon laquelle les pratiques discursives telles que l'appellation ne contribuent pas nécessairement à assigner une appartenance sexuelle à des êtres biologiques de sexe féminin, et l'appellation d'une femme par un nom de sexe opposé n'altère pas non plus son identité en tant que membre du sexe féminin.
    • L'état monarchique et la famille (XVIe -XVIIIe siècle) - André Burguière p. 313-335 accès libre avec résumé
      La monarchie française du XVIe au XVIIIe siècle a été peu absolutiste à l'égard de la famille. Respectueuse de la diversité coutumière de la France, elle a contribué, par la stabilité sociale et économique qu'elle a su maintenir, à figer la géographie des formes domestiques. Hostile en principe aux réseaux féodaux mais aussi lignagers des barons qui défiaient son autorité, elle a appelé auprès d'elle un personnel politique issu du monde robin, qui a souvent implanté dans l'appareil d'État de puissants clans familiaux, fondés strictement sur la parenté. Si les nobles d'épée, désormais soucieux de renommée personnelle, se souviennent surtout de leurs parents qui les ont marqués, la bourgeoisie et bientôt les paysans éduqués s'inventent des généalogies valorisantes. Si l'État envahit progressivement la famille, c'est à contre-c?ur, pour répondre à une demande grandissante de prise en charge.
    • Parenté et marché foncier à l'époque moderne : une réinterprétation - Bernard Derouet p. 337-368 accès libre avec résumé
      Les analyses du marché foncier consacrées aux sociétés rurales européennes de la fin du Moyen âge et de l'époque moderne sont amenées à s'intéresser particulièrement à l'articulation entre ces transferts et les relations de parenté qui peuvent exister entre les acteurs de l'échange. Il sera suggéré ici qu'une meilleure compréhension de ces problèmes passe par une reformulation des termes mêmes dans lesquels la question est généralement posée. Dans la mesure où les relations de parenté ne tiennent pas partout la même place et sont utilisées selon des voies spécifiques dans les différentes sociétés rurales ? notamment en rapport avec la variété des pratiques d'héritage et des modes de reproduction sociale ? , l'étude de leur interférence avec le marché foncier nécessite elle-même une analyse plurielle. Cela concerne aussi bien les circonstances qui donnent lieu à de tels transferts, que le problème de la formation du prix de la terre en pareil cas. Tout en tenant compte de l'infinie variété des situations locales, deux « modèles » opposés peuvent être mis en lumière à cet égard. Chacun d'eux représente une réponse particulière au problème du prix des transactions foncières, et traduit des modalités spécifiques des relations entre parents, tant entre collatéraux qu'entre ascendants et descendants, au sujet de la terre.
    • Réflexions sur le « système » européen de la parenté et de l'alliance (note critique) - Gérard Delille p. 369-380 accès libre
  • La royauté française. Mises en scène du discours politique

    • L'évangile du roi Joinville, témoin et auteur de la vie de Saint Louis - Christopher Lucken p. 445-467 accès libre avec résumé
      Cet article prend comme point de départ la question qui traverse le Saint Louis de Jacques Le Goff, « Saint Louis a-t-il existé ? », et le statut accordé à la Vie de Saint Louis de Joinville, qui lui permet d'y répondre positivement. Ce texte apparaît en effet le plus souvent chez les historiens et les critiques littéraires comme une sorte de « Mémoires », soit un témoignage fidèle dépourvu de toute ambition hagiographique ou littéraire autre que celle de rapporter les gestes et les paroles du roi tels que son auteur les a vus ou entendues. Mais peut-on s'en tenir là ? L'analyse du récit consacré au débarquement du roi à Damiette et la comparaison avec d'autres descriptions de cette même scène nous invite à mettre en doute l'exactitude des détails rapportés par Joinville. N'y aurait-il là, toutefois, qu'un peu d'exagération romanesque sans véritable conséquence ? Cet épisode répond cependant à la revendication formulée dans le prologue de cette oeuvre selon laquelle Louis IX aurait mérité d'être reconnu comme martyr et pas seulement comme saint. Mais plutôt que de mourir en Terre sainte lors de sa première croisade, Saint Louis serait remonté de l'enfer afin d'accéder, au sein du royaume de France, à une fonction royale pensée sur le modèle christique. Raison pour laquelle Joinville se serait opposé à la seconde croisade du roi. À quoi répond cette Vie de Saint Louis où le témoignage de Joinville est pris dans une perspective qui fait de ce dernier davantage qu'un simple mémorialiste, l'auteur de la vie exemplaire d'un roi-martyr mort et ressuscité afin de mener son peuple en cette nouvelle terre promise qu'est devenue la France.
    • Mon ami le saint roi : Joinville et Saint Louis (réponse) - Jacques Le Goff p. 469-477 accès libre
    • L'ordre du rituel et l'ordre des choses : l'entrée royale d'Henri II à Rouen (1550) - Michael Wintroub p. 479-505 accès libre avec résumé
      En 1550, Henri II fit son entrée royale dans la ville de Rouen. Dans le cadre de cette entrée, qui comprenait la participation d'une cinquantaine d'authentiques Brésiliens, les Rouennais construisirent l'exacte réplique d'un village brésilien. L'article explore le contexte culturel et social dans lequel cette entrée fut écrite et jouée. Il se focalise, en particulier, sur le lien entre la représentation du Brésil et les pratiques qui animaient les cabinets de curiosités. Il montre également que les collections, les entrées royales et les pratiques de rhétorique peuvent être comprises sous l'angle de stratégies de distinctions sociales et d'auto-définition propres à l'ascendance d'une nouvelle élite urbaine en France.
    • Versailles, le phantasme de l'absolutisme (note critique) - Alain Guery p. 507-517 accès libre
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