Contenu du sommaire : Cultures écrites en Afrique

Revue Annales. Histoire, Sciences Sociales Mir@bel
Numéro vol. 64, no 4, septembre 2009
Titre du numéro Cultures écrites en Afrique
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Cultures de l'écrit en Afrique. Anciens débats, nouveaux objets - Éloi Ficquet, Aïssatou Mbodj-Pouye p. 751-764 accès libre
  • Écritures africaines et sociétés coloniales

    • Écrire le pouvoir en Angola : Les archives ndembu (XVIIe -XXe siècles) - Catarina Madeira Santos p. 767-795 accès libre avec résumé
      Les chefferies ndembu du groupe Mbundu en Angola ont été longtemps considérées par l'historiographie comme des sociétés largement éloignées des pratiques de l'écrit. Cependant, elles ont créé des archives d'État depuis le XVIIe jusqu'au XXe siècle. Les documents qui y sont réunis attestent les contacts entretenus avec le royaume du Congo, le gouvernement colonial de l'Angola, mais aussi les rapports entre chefs et autres dignitaires africains eux-mêmes. Dans cet article, les archives sont d'abord considérées comme des objets matériels (supports, matériaux de l'écrit, et organisation graphique sur le papier). Au-delà de l'apparent désordre de l'accumulation documentaire existent une logique et un imaginaire des collections. Dans un deuxième temps, nous identifions les producteurs et les conservateurs de l'archive à travers une approche sociopolitique. Les secrétaires sont les spécialistes de l'écriture de l'État, instaurant de nouvelles formes de transmission des savoirs qui viennent perturber les hiérarchies des sociétés ndembu fondées sur les lignages. Enfin, un retour au document permet d'en entreprendre une lecture internaliste. Cette analyse identifie les manières dont la société ndembu a innové dans les usages et la forme de l'écrit, à travers les formules, l'accumulation d'énoncés, la coexistence entre langues, les emprunts lexicaux et les « bricolages » linguistiques.
    • Itinéraires de sable : Parole, geste et écrit au Soudan central au XIXe siècle - Camille Lefebvre p. 797-824 accès libre avec résumé
      Insérée dans un projet scientifique global de découverte, de mesure et de parcours de l'ensemble du monde, l'exploration de l'Afrique de l'Ouest a pour objectif de révéler à la science européenne le plus grand nombre d'espaces possibles, par le parcours et la compilation de données géographiques. Ce projet pousse les explorateurs à recueillir auprès des populations locales des éléments de leurs savoirs géographiques. De leurs voyages, certains ont rapporté des itinéraires et des cartes réalisés par leurs informateurs africains. Ces matériaux hybrides reflets de l'interaction et des enjeux de cette rencontre permettent de questionner les usages sociaux de l'écrit au Soudan central au XIXe siècle. À partir de l'analyse de ces documents et des pratiques dont ils sont issus, il est possible de comprendre les liens entre formes d'écriture, parole et geste. Cette observation d'un usage social de l'écrit et des pratiques qui l'entoure révèle l'imbrication de ces trois sphères et invite à rouvrir le débat sur la culture écrite dans l'Afrique musulmane du XIXe siècle.
    • « Je suis une Africaine... j'ai vingt ans » : Écrits féminins et modernité en Afrique occidentale française (c. 1940-c. 1950) - Pascale Barthélémy p. 825-852 accès libre avec résumé
      À travers l'analyse des premiers textes produits par des Africaines en Afrique occidentale française dans les années 1940 et 1950, cet article explore les conditions et les usages de l'écriture par les femmes en situation coloniale ainsi que les rapports entre écrit et modernité. L'étude de manuscrits scolaires, de correspondances, d'articles de presse signés par une minorité de femmes diplômées de la section sages-femmes de l'École de médecine et de l'École normale de jeunes filles de Rufisque, permet de montrer l'émergence d'une culture de l'écrit partagée, fondée sur des réseaux tissés pendant les années d'études. Bien qu'elle soit le plus souvent suscitée par les autorités coloniales, la prise d'écriture féminine n'en comporte pas moins une dimension autonome et participe d'une subjectivité en construction.
  • Écriture de soi, écrits publics

    • Tenir un cahier dans la région cotonnière du Mali : Support d'écriture et rapport à soi - Aïssatou Mbodj-Pouye p. 855-885 accès libre avec résumé
      Cet article repose sur une ethnographie des pratiques de l'écrit menée dans un village de la zone cotonnière du Mali. Dans cette région, l'alphabétisation, très inégale, est diverse dans ses formes et dans les langues utilisées à l'écrit (bambara, français, arabe). L'article porte sur une pratique commune qui consiste à recueillir sur un cahier un ensemble de notations personnelles. Son propos est d'éclairer la signification anthropologique de cette pratique par l'examen attentif du support d'écriture. Le cahier est à la fois un objet à soi, le lieu d'une appropriation de modèles scripturaux, et un espace graphique dont les scripteurs se saisissent de manières diverses, d'une mise en ordre de différentes figures de soi à des formes moins organisées de recueil. Ces différentes dimensions en font un lieu d'expérimentation de nouveaux rapports à soi.
    • Dieu par décret : Les écritures d'un prophète africain - Julien Bonhomme p. 887-924 accès libre avec résumé
      Cet article s'intéresse à d'étranges graffitis qui couvrent les murs de Libreville (Gabon). Leur scripteur, André Ondo Mba, est un personnage excentrique, prophète autoproclamé qui prétend accomplir la création divine à travers ses écritures publiques. Ses graffitis manifestent, sous une forme excessive, une idéologie de l'écriture dont l'origine est à chercher dans la situation coloniale, notamment dans les deux pivots du pouvoir colonial que sont la mission et l'administration. Situés au croisement du document officiel et des Écritures saintes, les graffitis d'Ondo Mba possèdent en outre une forte charge contestataire : ils défient les autorités en place. Toute la question est alors de savoir si Ondo Mba parvient à faire entendre son message. L'article s'intéresse ainsi à la réception des graffitis. Aussi extravagante soit-elle, la mythologie personnelle d'Ondo Mba fait appel à un imaginaire, notamment politico-religieux, qui trouve en réalité de nombreux échos dans la société gabonaise contemporaine.
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