Contenu du sommaire : Produire la démocratie
Revue | Quaderni |
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Numéro | N° 79, automne 2012 |
Titre du numéro | Produire la démocratie |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- Avant-propos : penser la participation publique comme une politique de l'offre, une hypothèse heuristique - Guillaume Gourgues p. 5-12
- The emergence of citizen panels as a de facto standard - Nina Amelung p. 13-28 Au cours des dernières décennies, l'intérêt grandissant pour l'organisation de la délibération et la participation des citoyens s'est accompagné d'innombrables designs et d'« instruments prêts à l'emploi », tels que les conférences de consensus, les ateliers de scénario, les sondages délibératifs, les jurys de citoyens ou les cellules de planification. Le développement de ces « innovations démocratiques » a eu pour corollaire l'apparition d'une communauté professionnelle regroupant consultants, praticiens, décideurs et experts scientifiques, impliqués dans le design, la mise en oeuvre, l'évaluation et le marketing de ces nouveaux outils. Cet article vise à comprendre comment trois innovations spécifiques (les cellules de planification, les conférences de consensus et les jurys citoyens) ont été l'objet d'une standardisation, portée par ce type de communauté professionnelle.
- « La participation en kit » : l'horizon funèbre de l'idéal participatif - Julia Bonaccorsi, Magali Nonjon p. 29-44 L'article souhaite éclairer un angle de la participation encore trop peu exploré, celui de la part ingénierique de la participation engageant des médiations trop souvent naturalisées. La posture méthodologique choisie articule approche sociologique et sémiologique des pratiques et des supports développés aujourd'hui par certains professionnels de la participation. Cette recherche s'intéresse ainsi à l'émergence d'une participation en « kit ». Elle met en relief la professionnalisation du secteur de la participation, ses dynamiques d'homogénéisation et de standardisation des pratiques, en analysant notamment le processus de naturalisation des liens entre outils et participation mis en scène par les consultants. Elle souligne également que les formats choisis pour élaborer ces « kits » produisent eux-mêmes des effets : ils renforcent par exemple la réduction de la participation à l'outil ; ils exacerbent la part consacrée par les professionnels à penser en amont les moyens d'assurer la « monstration » de la participation.
- Administrer la participation : l'invention d'un métier entre valorisation du militantisme et professionnalisation de la démocratie locale - Alice Mazeaud p. 45-58 L'institutionnalisation d'une offre publique de participation s'est traduite par l'apparition d'une nouvelle catégorie d'agents territoriaux ayant spécifiquement pour mission d'administrer la participation (concevoir, organiser, animer les procédures participatives). L'analyse croisée du cas des agents en charge du Budget participatif des lycées de Poitou-Charentes et de rencontres professionnelles des agents territoriaux de la participation, souligne que ces agents, dont la fonction et la position au sein de l'administration sont largement indéterminées, inventent leur métier en érigeant la figure idéal-typique du fonctionnaire wéberien en figure repoussoir. Par leur engagement, ils contribuent ainsi à redéfinir les normes et les pratiques légitimes au sein des administrations territoriales.
- Des sciences de la participation : paysage participatif et marché des biens savants en France - Cécile Blatrix p. 59-80 L'article est centré sur un angle mort de l'histoire sociale de la démocratie participative, à savoir la contribution spécifique des chercheurs à la construction et la consolidation de l'édifice participatif français. Cette contribution propre est analysée ici en combinant une approche diachronique et un point de vue synchronique sur ce que l'on propose d'appeler les sciences de la participation. Le paysage participatif français a évolué dans le temps et s'est reconfiguré en intégrant partiellement les connaissances produites par les sciences sociales sur les dispositifs et leur fonctionnement. L'analyse de ces reconfigurations, et des formes variées que peut prendre l'implication des chercheurs, permet de comprendre pourquoi la contribution propre du champ scientifique au développement de la participation du public en France est à la fois centrale, et largement occultée.
- Des assemblages incertains aux technologies de démocratie : deux modalités de l'expérience démocratique - Brice Laurent p. 81-98 Cet article se penche sur la notion d'« expérience » en matière de démocratie participative. L'analyse est fondée sur le cas des nanotechnologies, où l'incertitude sur les objets et sur les publics permet de mettre au jour deux modalités de l'expérience démocratique. D'une part, l'expérience comprise comme un assemblage dans laquelle la réalité technique et sociale s'invente. D'autre part, l'expérience comme mobilisation d'une « technologie de démocratie », dont la mise en oeuvre fait appel à des experts. Le passage d'une modalité à l'autre exige de réussir des épreuves de réplication, au cours desquelles les technologies de démocratie peuvent être distinguées des particularités des situations sur lesquelles elles sont appliquées. Cette approche permet de mettre au jour les opérations de construction de la légitimité démocratique, en ouvrant à l'examen critique la politique des expériences démocratiques.
Politique
- Publics « forts » et « faibles » du web : le cas des consultations permanentes de la Commission Européenne - Romain Badouard p. 99-108
Communication
- Les chaînes publiques et privées en Europe après la Seconde Guerre mondiale - Catherine Ghosn p. 109-118 Après la Seconde Guerre mondiale, le projet de mettre en oeuvre une action culturelle européenne grandit afin de bâtir l'Europe sur des consolidations solides. Une littérature conséquente en Sciences de l'information et de la communication, en Histoire, en Sociologie a rendu compte des évolutions des télévisions européennes. Nous nous sommes appuyé sur certains des ces travaux pour mener une étude comparative entre quelques pays et analyser les résultats qui traduisent les tendances politiques alors en oeuvre dans la mise en place des chaînes publiques et privées. Ces résultats permettent ensuite de mieux évaluer la place occupée par la France dans la politique de service public/privé qu'elle choisit de mener.
- La métropole parisienne mise en images sur Internet : regards publics et prismes médiatiques - Dominique Pagès p. 119-128
- Les chaînes publiques et privées en Europe après la Seconde Guerre mondiale - Catherine Ghosn p. 109-118
Livres en revue
- Aux défis de l'appartenance - Julie Voldoire p. 129-136
- Réjane Sénac, L'invention de la diversité - Éric Keslassy p. 137-138