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Revue Annales de géographie Mir@bel
Numéro no 681, 2011/5
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • La Belgique à la croisée des chemins. Une géohistoire des grandes infrastructures de transport du Plat Pays à l'aune de ses frontières - Antoine Beyer p. 465-485 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La Belgique est née et a prospéré de sa vocation de pays de transit. Sa fonction de transport reste incontestée au sein de l'Union Européenne, grâce notamment à la puissance, toujours renouvelée, du hub logistique anversois. Or dans un pays réputé ouvert et au cœur d'une zone de commerce intense, la tension frontalière est une constante historique. Elle recouvre en fait deux réalités distinctes et successivement actives : les frontières étatiques internationales, négociées au XIXe siècle, qui furent la base d'une stratégie d'équipement industriel et commercial, au moment où il s'agissait pour la Belgique d'affirmer l'existence d'un pouvoir naissant face à ses voisins ; plus récemment les frontières émergentes qui tendent à séparer de manière croissante des entités fédérées, et à partir desquelles tend désormais à s'organiser la réalité des transports du pays. L'analyse de la question des frontières que l'on pensait obsolète dans une perspective européenne, garde en fait toute sa vigueur pour la compréhension de la construction et de la reconstruction des systèmes territoriaux de la Belgique, en inscrivant les infrastructures de transport dans le temps long des espaces nationaux.
    Belgium at the Crossroads. Transport infrastructure and border effects considered in a geohistorical approach Belgium has prospered as a transit zone for the continental core of Europe. In recent decades, transport and logistics activities have maintained and even strengthened their very central role in the regional economy. This is especially the case in Antwerp, the second largest port in Europe (but the leader for value added activities). In Belgium, traffic management and transport infrastructure have always been regarded as a national priority since the creation of the modern state in 1830. As strange it may sound for a country commonly depicted as being “wide open”, the borders, especially with its competing Northern neighbour, are a key feature in the country's transport organization. From this perspective, they have to be considered in two senses : first, the state borders established in the 19th century, the basis of national unity, and second and more recently, the emerging borders between the federal entities. It might be thought that the border effect belongs to the past since the establishment of the common market. On the contrary : the Belgian case helps us understand how borders remain highly significant for constructing and re-constructing transport infrastructure within national territories.
  • Les investisseurs privés et la recomposition du rapport centre-périphérie à Phnom Penh (Cambodge) depuis les années 1990 - Céline Pierdet p. 486-508 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Au début des années 1990, la reconstruction des infrastructures de Phnom Penh s'engage dans un contexte de stabilisation progressive de la vie politique, en premier lieu dans les quartiers centraux couverts par les réseaux. Mais la forte spéculation foncière et immobilière des années 2005-2008 se traduit par la mise en chantier de new towns, de tours de bureaux et de condominiums hors d'échelle, tant au centre qu'à la périphérie, et destinés à mettre Phnom Penh en concurrence avec les grandes métropoles des pays voisins. De petits propriétaires fonciers de la périphérie cèdent alors leurs terres à des investisseurs privés. La municipalité cède elle aussi une partie de son domaine à ces investisseurs en échange de la réalisation d'infrastructures publiques. Ces mutations sont en grande partie sous-tendues par des investissements directs étrangers, autrement dit par les capitaux de Chinois d'Asie du Sud-Est qui s'associent à des citoyens khmers. Une recomposition du rapport centre-périphérie s'engage alors au détriment des plus pauvres, exclus de façon brutale des quartiers centraux. Faute de capitaux, et face à une nécessité de modernité, à une demande d'urbanité, la municipalité ne peut préserver leurs territoires de vie. Les limites de ce développement contrôlé par des capitaux étrangers apparaissent pourtant avec le ralentissement économique survenu en 2008.
    Private investors and the reconstruction of the center-periphery relations in Phnom Penh (Cambodia) since the 1990's In the early 1990s, the reconstruction of infrastructure in Phnom Penh was embarked on in a context of gradual stabilization of political life, primarily in the central districts covered by the networks. But the high land and property speculation for years 2005-2008 became reflected in the launching of new towns, office towers and out of scale condominiums, both in the centre and at the periphery. These were intended to put Phnom Penh on a competitive footing with the big cities of neighbouring countries. Small landowners then come to sell their land at the periphery to private investors, as the municipality of Phnom Penh, which assigns a portion of its estate to investors in exchange for the realization of public infrastructure. These mutations are largely underpinned by foreign direct investment, i. e. by the capital of Chinese people living in Southeast Asia who are associated with Khmer citizens. Reconfiguration of centre-periphery relations is thus being set in train to the detriment of the poor, abruptly excluded from city center areas. Lacking of capital, and faced with a need for modernity, a demand for urbanity, the municipality cannot protect their living territories. However, limits to this foreign-capital controlled development appeared with the 2008 economic slowdown.
  • La gouvernance métropolitaine écartelée entre adaptation économique et spatiale à la globalisation et respect de la démocratie locale, l'exemple de la fusion de Toronto (Canada) - Guillaume Poiret p. 509-527 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'agglomération torontoise a connu de considérables mutations politico-administratives dans les années 1990, dont la plus emblématique demeure la fusion opérée entre Toronto et sa proche banlieue pour créer une seule ville. Cette opération visait à adapter le territoire urbain aux dynamiques économiques de la globalisation en offrant aux investisseurs un espace plus vaste et mieux administré. Elle s'est heurtée à l'opposition forte d'une partie de la population qui craignait qu'on ne la marginalise au profit des seuls intérêts économiques. La fusion cristallise ainsi l'opposition entre deux conceptions de la gouvernance métropolitaine qui peinent encore à être conciliées. Il semble nécessaire dix ans après d'établir un bilan, à la fois humain, économique et financier de cette opération tout en voyant comment s'articulent désormais les deux visions, à l'heure où les métropoles françaises connaissent elles aussi une réflexion sur leur mode de gouvernance.
    Metropolitan governance torn between economic and spatial adaptation to globalization and respect for local democracy, with the example of municipal amalgamation in Toronto In 1997, the city of Toronto was amalgamated with the 5 surrounding municipalities. The amalgamation was presented by the Progressive Conservative provincial government as a way to deal with the economic and spatial changes provoked by globalization. The project had to face strong contestation, led by the organization Citizens for Local Democracy C4LD. Citizens feared that the local power they had through the elections would be weakened by the new structure which was built for economic purposes only. The amalgamation symbolizes the opposition between two conceptions of the governance of a city which are difficult to reconcile. Since 2003 however, the new mayor of Toronto, David Miller has been trying to develop a new vision for Toronto which is a combination of the two concepts. In that perspective, it would be informative to assess the economic, social and financial consequences of this operation in order to understand what has changed in Toronto.
  • Agriculture familiale et développement durable en milieu amazonien protégé : le cas de l'APA do Igarapé Gelado (sud-est du Pará, Brésil) - Évelyne Gauché p. 528-553 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La présente contribution, participant au programme interdisciplinaire DURAMAZ, a pour but de présenter une expérience de développement durable menée chez des agriculteurs familiaux de l'Amazonie orientale brésilienne, au sein d'une Aire de Protection Environnementale (APA) située en plein cœur de l'arc de la déforestation. La remise en cause des pratiques traditionnelles de gestion du milieu par la réglementation environnementale a été à l'origine de la mise en œuvre de divers projets de développement durable au sein de cette aire protégée, qui passe ici par le soutien à l'agriculture familiale au détriment de l'élevage bovin et de l'expansion des fronts pionniers. Ces projets ont engendré des mutations importantes dans les systèmes de production paraissant aller dans le sens des orientations souhaitées, mais ils amènent toutefois à reconsidérer, entre autre, la question de la justice sociale à travers leur coût de mise en œuvre, et celle de la transmissibilité générationnelle des principes du développement durable.
    Family farming and sustainable development in a protected Amazonian area: the case of the Apa do Igarapé Gelado (south-eastern Pará in Brazil) This contribution is part of the DURAMAZ interdisciplinary programme. It aims to present a sustainable development experiment conducted with a community of family farmers in the eastern Amazon of Brazil, in an Environmentally Protected Area (APA) right in the heart of the “arc of deforestation”. The calling into question of traditional resource management practices by environmental regulation resulted in the implementation of various sustainable development projects within this protected area. This included support to family–owned farms at the expense of cattle ranching and further pioneer fronts. These projects brought about massive changes regarding production systems, seemingly along the same lines as those of the orientations wished for. Nevertheless, they prompt reconsideration of the issue of social justice owing to the cost of their implementation, and also that of the passing on of sustainable development principles to subsequent generations.
  • Quand le printemps arabe redessine la Méditerranée - Pierre Beckouche p. 554-571 accès libre
  • Comptes rendus - p. 572-574 accès libre