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Revue | Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques — RSPT |
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Numéro | Tome 90, no 3, 2006 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- Aux origines de la polémique anticopernicienne (II) : Martin Luther, Andreas Osiander et Philipp Melanchthon - Michel-Pierre Lerner p. 409-452 Dans le second volet de cette étude consacrée aux origines de la polémique anticopernicienne, on étudie les premières réactions vis-à-vis de l'héliocentrisme dans le monde protestant. Martin Luther a-t-il véritablement dénoncé l'absurdité de la doctrine héliocentrique dans un célèbre Propos de table de 1539 ? Sans exclure absolument que Copernic ait pu être la cible de Luther, on avance une hypothèse non dénuée de probabilité sur l'identité de l'auteur que ce dernier aurait pu tout aussi bien critiquer. On évoque ensuite les idées d'Andreas Osiander : considérant que l'hypothèse de Copernic ne saurait décrire la structure réelle du monde, Osiander a placé en tête du De revolutionibus un avertissement anonyme dans lequel il défend une lecture « instrumentaliste » de la doctrine héliocentrique. S'il a sans doute ce faisant protégé l'œuvre de Copernic contre les attaques de certains théologiens, il a aussi fourni aux tenants de la tradition un argument contre les adeptes de l'héliocentrisme. On aborde en troisième lieu la réaction de Philip Melanchthon, qui critique dans les Initia doctrinae physicae l'héliocentrisme en tant que doctrine cosmologique fausse. Mais Melanchthon ne rejette pas Copernic en bloc. Ses préoccupations eschatologiques le conduisent à tenir pour réelle la (prétendue) diminution de l'excentricité solaire postulée par l'auteur du De revolutionibus, l'interprétant comme un des « signes » envoyés par Dieu aux hommes pour les avertir de la fin proche des temps. On trouve ainsi dans les Initia un éloge appuyé des observations et de la partie mathématique de la nouvelle astronomie mise au service de la foi réformée. Cela explique que Melanchthon ait fortement encouragé les études coperniciennes, notamment en soutenant la publication des Tables pruténiques d'Érasme Reinhold. En conclusion, on dresse une comparaison rapide des conséquences pratiques qu'a entraînées, jusque dans les années 20 du XVIIe siècle, l'anticopernicianisme d'inspiration biblique pour les philosophes et les astronomes exerçant en milieu protestant et dans le monde catholique romain.The Origins of the Anti-Copernican Controversy (II)In the second half of this study on the origins of the anti-Copernican controversy, the Protestant world's first reactions to heliocentrism will be looked at. Did Martin Luther really denounce the absurdity of heliocentrism in his famous Table Talk of 1539 ? Without absolutely excluding the possibility that Copernicus may have been Luther's target, we here put forward a hypothesis, not entirely devoid of probability, on the identity of the person involved, someone whom Luther could quite as well have criticised. We then proceed to evoke the ideas of Andreas Osiander, according to whom Copernicus' theory could not describe the real structure of the world. Osiander had inserted at the beginning of the De revolutionibus, an anonymous notice to the reader, in which he defended an « instrumentalist » reading of heliocentrism. If doubtless in doing this, he protected Copernicus' work from the attacks of certain theologians, he also provided the upholders of tradition with an argument against the defenders of heliocentrism. The third part of this paper deals with the reaction of Philipp Melanchthon. In his Initia doctrinae physicae, he criticized heliocentrism as a false cosmological doctrine. But Melanchthon did not totally reject Copernicus. His eschatological interests led him to consider as real the (supposed) diminution of solar excentricity postulated by Copernicus. This Melanchthon interpreted as one of the « signs » sent to men by God to warn them of the coming end of time. In the Initia there is emphatic praise of the observations and of the mathematical part of the new astronomy, held, as it were, to advance the cause of the Reformation. This explains why Melanchthon strongly encouraged Copernican studies, especially in giving his support to the publication of Erasmus Reinhold's Prutenic Tables. To conclude, a rapid comparison is drawn of the practical consequences of a biblically inspired anti-Copernicanism for philosophers and astronomers working in a Protestant milieu and for those in the Roman Catholic world, up until the 20's of the XVIIth century.
- « Trinité immanente » et « Trinité économique » selon Karl Barth : Les déclinaisons de la distinction et son dépassement (Aufhebung) - Emmanuel Durand p. 453-478 Les débats contemporains sur le rapport entre la « Trinité immanente » et la « Trinité économique », bien qu'ils soient contrastés, trouvent leur racine commune dans la théologie trinitaire de Karl Barth dès les années 30. Tout le premier volume de la Kirchliche Dogmatik, en ses différentes parties, peut être soumis à un questionnement sur le rôle de fondation et de prototype fréquemment imparti à la Trinité. Aussi cette étude dégage-t‑elle les divers points de doctrine où Barth négocie des articulations créatives entre « Trinité immanente » et « Trinité économique », y compris dans son épistémologie. Ce sont autant de lieux où la distinction se révèle indispensable tout en exigeant d'être dépassée, conformément à l'Aufhebung accomplie dans l'Incarnation du Fils. L'intelligence théologique de la paternité divine et de la communion dans l'Esprit s'en trouve corrélativement approfondie.« Immanent Trinity » and « Economic Trinity » According to Karl Barth
The Contemporary debates on the relation between the « immanent Trinity » and the « economic Trinity », though contrasting, find their common roots in the Trinitarian theology of Karl Barth dating to the 1930's. The entire first volume of the Kirchliche Dogmatik, in its various parts, may be submitted to an inquiry about the role of foundation and of prototype frequently granted to the Trinity. So this study brings out the various points of doctrine where Barth negotiates the creative connections between the « immanent Trinity » and the « economic Trinity », including in his epistemology. These are all places where the distinction shows itself indispensable, all the while demanding to be passed by, in accordance with the Aufhebung accomplished in the Incarnation of the Son. The theological understanding of divine paternity and of communion in the Spirit are hence correlatively deepened.
- Aux origines de la polémique anticopernicienne (II) : Martin Luther, Andreas Osiander et Philipp Melanchthon - Michel-Pierre Lerner p. 409-452
Notes
- Conformer le droit volontaire au droit naturel : La position de Leibniz - Jérémie Griard p. 479-494 Cette note vise à rendre compte de la conception leibnizienne de la perfectibilité du droit. En complétant l'analyse de la fonction normative de la cité de Dieu opérée par Werner Schneiders dans un article canonique publié en 1977 dans les Studia Leibnitiana, nous tenterons de montrer comment cette perfectibilité du droit se ramène à la recherche d'une conformité du droit volontaire au droit naturel et à quelles conditions elle est réalisée. Nous donnerons ainsi une nouvelle justification, d'un point de vue juridico-politique, de la continuité entre le monde naturel et le monde moral que Leibniz n'aborde explicitement que d'un point de vue métaphysique.Conforming positive law to Natural Law
This note aims to account for the Leibnizian conception of the improvability of law. In completing Werner Schneiders' great analysis of the normative function of the city of God published in 1977 in Studia Leibnitiana, we show that this improvability is nothing but an agreement between positive and natural laws. We also show how this agreement may be realized. Since Leibniz deals with the continuity between natural and moral worlds only from a metaphysical point of view, we give for the first time a new justification of this continuity from a legal and political point of view. - Quelques réflexions ecclésiologiques sur l'Histoire du concile Vatican II de G. Alberigo - Hervé Legrand p. 495-520 Travail d'une équipe internationale de 27 auteurs, dirigée par G. Alberigo, l'Histoire du concile Vatican II en cinq tomes (1997-2005) réussit à rendre compte de ce qui fut un événement spirituel, par la méthode la plus historienne : celle d'une « histoire globale », conjuguant l'analyse des mentalités et du phénomène d'assemblée, avec ses procédures, ses intrigues et l'élargissement de l'horizon de ses membres.Le peu de recours aux Acta Synodalia trahit le privilège accordé à la catégorie d'événement, au détriment de la restitution de la genèse des textes. Cette dernière aurait pu invalider l'appel bien faible à « l'esprit du concile », dissiper des malentendus répandus dans la réception : ainsi LG n'a pas adopté le concept d'Ursakrament ni porté de jugement de foi sur la valeur des ordinations protestantes. Bien des controverses post-conciliaires en auraient été éclairées : le sens de subsistit in (LG 8), ou de in quibus et ex quibus (LG 23). Ce choix historiographique reconduit aussi l'énigme d'un concile de réforme de l'Église, ne se souciant pas du droit canon. Sans répondre à tous les desiderata d'un théologien, l'Histoire constitue un préalable indispensable à une future histoire doctrinale de Vatican II.A few Ecclesiological reflections on G. Alberigo's Histoire du concile Vatican IIThe work of an international team of 27 authors directed by G. Alberigo, the Histoire du concile Vatican II, in five volumes (1997-2005), succeeds in taking stock of what was a spiritual event by the most historical of methods: that of “global history”, combining analysis of mentalities with the phenomenon of assembly, with all its procedures, its intrigues and the expansion of its members' horizons.Sparseness of recourse to the Acta Synodalia betrays the privilege accorded the category of event, this to the detriment of the reconstruction of the genesis of the texts. The latter could have demolished the lame appeal to the « spirit of the council » and dissipate misunderstandings spread in its reception: LG did not adopt the concept of Ursakrament, nor did it pass a judgment of faith upon the value of Protestant ordinations. More than a few post-conciliar controversies would have been clarified: the meaning of subsistit in (LG 8), or of in quibus et ex quibus (LG 23). This historiographic choice also extends the enigma of a council of reform of the Church, unconcerned with canon law. Without responding to all of a theologian's desiderata, the Histoire constitutes an indispensable preliminary to any future doctrinal history of Vatican II.
- Conformer le droit volontaire au droit naturel : La position de Leibniz - Jérémie Griard p. 479-494
Bulletins
- Bulletin de patrologie : Manuels et monographies sur les IIe et IIIe siècles principalement - Bernard Meunier p. 521-555
- Bulletin de théologie littéraire - Jean-Pierre Jossua p. 557-586
Recension des revues
- Recension des revues - p. 587-610
- Notices bibliographiques - p. 611-616