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Revue | Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques — RSPT |
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Numéro | Tome 98, no 2, 2014 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- La logique comme science du langage chez Albert le Grand - Bruno Tremblay p. 193-239 En plus de caractériser le sujet de la science logique en termes d'intention seconde, d'argument et de syllogisme, Albert le Grand s'exprime souvent comme si la discipline portait en fait sur le langage verbal et l'appelle même une science du langage (scientia sermocinalis). Une rapide analyse des trois sens principaux que l'expression « sujet de la science » peut prendre pour Albert suggère que les autres caractérisations du sujet de la logique sont plus strictes et essentielles, et que la logique n'étudie le langage que dans la mesure où il imite les choses conçues qu'il signifie, et qu'on peut lui attribuer, comme à un signe, leurs propriétés logiques. La considération logique du langage demeure toutefois absolument nécessaire, car le langage, selon Albert, non seulement rend possible l'étude des intentions secondes en les manifestant au sens, mais est aussi une condition de l'existence ou, à tout le moins, du développement du discours de la raison lui-même. C'est pour de telles raisons qu'Albert, même comme disciple d'Avicenne, semble tout à fait à l'aise pour suivre l'usage plus traditionnel en Occident de compter la logique parmi les scientiae sermocinales, lesquelles sont ici comparées et distinguées, avec une insistance plus particulière sur la relation entre la logique et la grammaire.Aside from characterizing the subject matter of logic in terms of second intentions, argument and syllogism, Albert the Great often writes as if verbal language were in fact the object of its consideration and he even calls the discipline a “language science” (scientia sermocinalis). A very brief review of the senses that the expression “subject of a science” can have for Albert indicates that : 1) the previous characterizations of the subject matter of logic are stricter and more essential ; 2) logic studies language only inasmuch as it imitates the concepts it signifies and as logical properties can be attributed to it as to their sign. Logic's consideration of language remains absolutely necessary, however, for language according to Albert not only makes second intentions manifest to the senses and thus renders it possible for the logician to study them, but also is a condition to the very existence or at least full development of rational discourse. That is why Albert, even as a disciple of Avicenna, seems perfectly at ease with the Western usage of including logic among the scientiae sermocinales. The latter are here compared and contrasted, with a special emphasis on the relationship between logic and grammar.
- Carl Schmitt : un contre-messianisme théologico-politique ? - Bernard Bourdin p. 241-259 La théologie politique de Schmitt est celle d'un juriste et non celle d'un théologien. Par sa théorie du droit, il n'entend pas développer une pensée du messianisme chrétien ayant un impact politique. Il s'agit au contraire de réinscrire le christianisme dans l'histoire par une théorie juridico-politique institutionnaliste, décisionniste puis de l'ordre concret. Ce faisant, il lui faut reléguer l'eschatologie au-delà de l'histoire. C'est par cette relégation qu'il est permis d'accréditer un contre-messianisme. Ce contre-messianisme vient conforter le refus schmittien de la neutralisation de l'histoire. À cette fin, Schmitt articule l'eschatologie à l'Incarnation et au katechon. Par cette articulation, il peut réconcilier le christianisme avec une conscience historique qui lui permet de légitimer sa pensée du politique dont le critère décisif est celui de l'ami/ennemi. Toutefois, ces trois « images chrétiennes de l'histoire » ne sont pas sans impliquer le risque d'absorber le christianisme dans l'histoire. En lieu et place d'une théologie politique, ne vaudrait-il pas mieux orienter la réflexion du côté d'une théologie « du » politique ?Schmitt's political theology is that of a jurist and not of a theologian. With his theory, of law, he does not intend to develop an analysis of Christian messianism that has a political impact. On the contrary, he aims to reinscribe Christianity within history through a legal-political theory that is institutionalistic, decisionistic and concrete. In so doing, he must relegate eschatology beyond history. It is this relegation that invalidates counter-messianism. This counter-messianism reinforces the schmittian refusal of the neutralization of history. To this end, Schmitt articulates the eschatology around the Incarnation and the katechon, through which he can reconcile Christianity with a historical conscience that enables him to legitimize his political thinking, the crucial criterion of which is the friend/foe. However, these three « Christian images of history » contain the risk of absorbing Christianity in history. Instead of a political theology, would it not be better to direct the reflection toward a theology « of » politics ?
- L'affaire Chenu : 1937-1943 - Étienne Fouilloux p. 261-352 En février 1942, la brochure du père Marie-Dominique Chenu, Une école de théologie : Le Saulchoir est mise à l'Index par la Congrégation du Saint-Office. L'étude présentée ici s'attache à reconstituer la genèse de cette condamnation depuis la discrète sortie du texte en 1937. Appuyée sur des travaux antérieurs et sur toutes les sources aujourd'hui disponibles, elle montre comment une divergence légitime sur la méthode en théologie entre thomistes romains et thomistes du Saulchoir est devenue une affaire disciplinaire au détriment, non seulement du père Chenu, privé de sa charge de régent, mais de l'ensemble de la Province dominicaine de France, soumise à la rigoureuse visite apostolique du père Thomas Philippe. Au terme de celle-ci, la direction du Saulchoir et celle des Éditions du Cerf sont profondément remaniées.In February 1942, Father Marie-Dominique Chenu's pamphlet : A School of Theology : The Saulchoir was blacklisted by the Holy Sea's Congregation. The following study endeavours to uncover and chronicle the genesis of this condemnation starting with the text's discreet publication in 1937. Backed by earlier works and armed with all of today's available sources, the author shows how a legitimate difference of method in theology led to a disciplinary matter that targeted not only Father Chenu but all of the Dominican Province of France, subjected to the relentless visit of Thomas Philippe. At the end of which, the direction of the Saulchoir and of the Cerf Publishing House were thoroughly reorganised.
- Note sur la théologie de l'histoire - Emmanuel Durand p. 353-379 La présente note dresse un status quaestionis à partir des théologies de l'histoire, principalement celles publiées entre 1943 et 1958. Elle dégage trois profils marquants des essais contemporains de théologie de l'histoire, puis tire parti d'une conversation entre épistémologie, philosophie et théo logie. Elle examine ensuite les tâches potentielles d'une théologie de l'histoire. Elle invite finalement à reconsidérer l'histoire réelle sous l'angle de sa fin, promise à une assomption et soumise à un jugement.The following examination produces a status quaestionis out of historical theologies, primarily those published between 1943 and 1958. It identifies three striking profiles among contemporary essays on historical theology, then builds on a conversation between epistemology, philosophy and theology. It analyzes the potential tasks of historical theology and finally urges to reconsider real history through the angle of its end, an end that is promised an assumption and subjected to judgment.
- Bulletin d'histoire des ésotérismes - Jérôme Rousse-Lacordaire p. 381-403
- Recensions et notices - p. 405-407