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Revue Gérer et comprendre (Annales des mines) Mir@bel
Numéro no 92, 2008/2
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial - Pascal Lefebvre p. 1 accès libre
  • En quête de théories

    • Pour une autre théorie de la décision : retour sur la faillite de la Banque Barings (et de sa hiérarchie...) - Yves-Marie Abraham, Cyrille Sardais p. 4-22 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les théories dominantes de la décision font de l'information et de sa perception l'élément déterminant du processus de décision. Or la faillite de la Banque Barings pose un problème majeur à ces théories : les dirigeants de cette vénérable institution ont reçu, dans les mois qui ont précédé la faillite, de nombreux signaux d'alarme et n'ont pourtant rien fait pour empêcher la catastrophe. Nous proposons de réinterpréter ce cas d'école, à partir d'une approche résolument constructiviste, montrant que ces dirigeants se sont construit une réalité qui, à leurs yeux, constituait La Réalité, une Réalité dans laquelle l'imposture du jeune trader Nick Leeson était tout simplement impossible. Pour « entrer » dans cette « réalité » des dirigeants de la banque, nous mobiliserons la théorie des « possibles » et des « impossibles » élaborée par Andreu Solé.
      For another theory of decision-making: looking back on the bankruptcy of Barings (and of its hierarchy...)Prevailing theories take information and the perception of it to be the decisive factor in decision-making. But they have a problem explaining the Barings bankruptcy. Despite several warning signals received during the months prior to the catastrophe, this revered institution's leaders took no preventive measures. This textbook case is reinterpreted from a constructivist viewpoint. These leaders built for themselves a reality that was The Reality, where the misconduct of a young trader named Nick Leeson was simply unthinkable. Andreu Solé's theory of “possibles and impossibles” is used to penetrate this reality.
    • La gestion des seniors en entreprise : Enjeux et esquisses de solution - Olivier Meier p. 23-32 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Tous les pays européens se trouvent confrontés au vieillissement de leur population et au nécessaire allongement de la vie professionnelle pour financer les retraites. Quelle peut être la place des seniors au sein des entreprises alors que de nouvelles générations arrivent sur le marché du travail ? Le chômage des jeunes est-il une conséquence du maintien des seniors ? Comment appréhender ces rapports intergénérationnels pour en faire une source de richesse et non d'exclusion dans les organisations ? Il s'agit là d'un sujet stratégique, trop négligé en France. Il faut dire que cela remet en cause bien des habitudes profondément ancrées. La mentalité même des responsables d'entreprises doit évoluer, qui jusqu'à présent se contentaient d'appliquer une politique de départs à la retraite anticipés pour faire place aux jeunes. Or la situation a changé : tout le monde a intérêt à accorder une place « normale » aux seniors. La France, avec ses 36,8 % de 55-64 ans au travail, n'a pas encore pris la mesure de l'enjeu.
      Managing older employees in firms
      To cope with the ageing of their populations, all European countries must make careers last longer in order to finance pension funds. What place do senior employees have as new generations are entering the labor market? Does keeping them on the payroll increase unemployment among youth? How to make the relations between generations into a source of wealth instead of a cause of discrimination? This strategic topic, long overlooked in France, takes issue with deeply rooted habits. Top management's mentality must change. Till now, corporate leaders have been satisfied with programs for retiring older employees earlier so as to make room for young people. The situation has changed, and all parties now have an interest in treating senior employees “normally”. With its labor force participation rate of 36,8% for 55-64 year-olds, France has not yet realized the magnitude of this issue.
    • Bata : l'impossible mutation : L'échec d'une stratégie de montée en gamme - Antony Kuhn, Yves Moulin p. 35-43 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans quelle mesure les choix initiaux opérés par une entreprise, en termes d'organisation du travail, pèsent-ils sur sa trajectoire stratégique ? L'analyse de la stratégie de montée en gamme du groupe Bata illustre le rôle crucial que jouent des conventions préétablies dans les situations de production : elles favorisent la coordination des activités et la convergence des représentations au sein des ateliers, mais elles contribuent également à fermer l'accès à de nouvelles solutions productives. Sans travail préalable de légitimation d'un changement organisationnel, elles s'avèrent un frein puissant à une mutation du modèle productif.
      Bata, the impossible change
      To what extent do a company's initial choices about organizing production weigh on its strategic trajectory? This analysis of the Bata group's high-end strategy sheds light on the crucial importance of preestablished conventions on the line. Although the latter help coordinate activities and are conducive to a convergence of ideas in workshops, they also close access to new solutions in production. If the preliminary work of legitimating organizational changes is not done, then such conventions turn out to be a powerful hindrance to changing the model of production.
  • Réalités méconnues

    • Le modèle entrepreneurial de L'Oréal : source et genèse - Olivier Basso, Alain Fayolle, Thomas Legrain p. 44-55 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'Oréal est une des rares entreprises françaises créées au début du XXe siècle à avoir réussi à se hisser au premier rang mondial et à y être restée. Il était donc tentant de chercher à comprendre quelle « formule » de management avait permis un tel succès. Pour les auteurs, tout est dans la pérennité des valeurs des fondateurs de l'entreprise, et en particulier de François Dalle, président emblématique de 1957 à 1984. Celui-ci, à partir d'une réflexion profonde sur le comportement humain et sur la dynamique de l'action collective, a élaboré une philosophie de l'affrontement réglé, assez solide pour constituer encore aujourd'hui le fondement d'une culture entrepreneuriale forte. Mais quelles sont les limites de ce modèle de « management de la discontinuité » et d'« entrepreneuriat contraint » ? Une remise en cause des croyances des fondateurs ne serait-elle pas la suite logique d'une pratique systématique de la confrontation ?
      L'Oréal's entrepreneurial model: its source and origins
      L'Oréal is one of the very few French firms created in the early 20th century that has managed to hoist itself to a planetary level and stay there. What managerial formula accounts for this success? It all has to do with the permanence of the firm's founding values, as formulated by François Dalle in particular. On the basis of his deep understanding of human behavior and group dynamics, this outstanding president from 1957 to 1984 worked out a philosophy of regulated conflict, which has proven solid enough to still serve as the grounds for a strong entrepreneurial culture. What are the limits of this model of a “management of discontinuity” and a “constrained entrepreneuriate”? Would a systematic practice of confrontation not logically lead to doubting the founders' creed?
    • Rémunérer les talents : Le salaire du sportif professionnel : exception ou préfiguration ? - Pierre Mirallès p. 56-65 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les pratiques des organisations sportives en matière de rémunération des athlètes offrent des exemples intéressants aux gestionnaires du monde « ordinaire ». L'article analyse en quoi ces pratiques apportent des contributions originales ou innovantes à des questions aussi difficiles que celles de l'évaluation et de la rétribution de la contribution individuelle au résultat collectif, des conditions de l'équité perçue par les salariés, des rôles respectifs des règles organisationnelles et du marché externe dans la « juste » régulation des salaires. Même si l'analogie avec d'autres contextes (le monde de l'entreprise, par exemple) rencontre des limites, ce dont convient bien l'auteur, il s'agit d'une réflexion stimulante sur la mesure du talent et sur le partage des bénéfices.
      Paying for talent
      Pay practices in professional sports provide interesting examples for managers in the “mundane” world of work. How can pay practices for professional athletes give us new insight into questions as difficult as those having to do with the evaluation and remuneration of an individual's contribution to a collective project, with the conditions of fairness as perceived by wage-earners, with the part of in house regulations and of the external market in the “fair” distribution of wages? Although this analogy with the corporate world has its limits, it stimulates our thoughts about how to measure talent and share in the profits.
  • L'épreuve des faits

    • Valoriser la recherche publique : Le rôle du facteur humain dans la vente ou la cession de licences de brevets par les universités - Dominique Philippe Martin, Lionel Pujol p. 66-77 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Pourquoi les universités arrivent-elles à vendre aux entreprises privées certains de leurs brevets et pas d'autres ? À partir de quinze cas de transfert de brevet, mis en place par un service de valorisation commun à plusieurs universités du Grand Ouest, les auteurs scrutent le processus complexe qui va de l'élaboration d'une invention à sa vente effective auprès d'une entreprise. Entrent en jeu, certes, les caractéristiques des projets, les profils des équipes d'appui, et les spécificités des entreprises intéressées. Mais c'est dans les compétences et les pratiques des porteurs de projet que se trouve, sans doute, une des clés du succès de la valorisation de la recherche publique. Le modèle empirique d'analyse proposé ici souligne combien le facteur humain reste un élément essentiel dans le transfert des technologies.
      Developing public research
      The New Public Management movement, straight from Anglo-Saxon land, has introduced the idea that public services should be managed like firms and, as a consequence, production indicators be used to measure performance. Research has not escaped this trend and is to be held accountable. This article focuses less on the fundamental question of the freedom of research in universities than on the deviations resulting from the numerical indicators of production to which researchers are now subject. Besides not being adapted to research, these methods risk having a negative impact on creativity. The costs of the obligation to account — loss of motivation by researchers, reinforcement of “normal science”, etc. — might exceed any hopedfor benefits. To improve public research, others procedures, drawn from research in the science of management, are proposed.
  • Mosaïque