Contenu du sommaire : Libye
Revue | Hérodote |
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Numéro | no 182, 3ème trimestre 2021 |
Titre du numéro | Libye |
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- Éditorial. Libye, géopolitique d'un chaos - Béatrice Giblin p. 3-5
- Libye, anatomie d'un chaos - Ali Bensaâd p. 7-32 Comme le retour d'un autoritarisme aggravé en Égypte ou le rétablissement de l'ordre sur un mode sanguinaire en Syrie, le chaos qui s'est saisi de la Libye est une des incarnations de l'impasse à laquelle a abouti la vague de contestation du « printemps arabe » qui rétablit, souvent sous une forme aggravée, les cadres politiques contestés par cette révolte. Le « chaos libyen » s'inscrit dans ce processus global d'impasse du mouvement contestataire du « printemps arabe » et de ses effets-retours en régressions. Certes plus heurtée, la trajectoire libyenne dans les printemps arabes ne diffère pas fondamentalement de celles des autres pays et son échec se nourrit des mêmes ingrédients même si ceux-ci peuvent être plus exacerbés en Libye. Avant même qu'une tentative avortée de restauration autoritaire ne soit tentée par le maréchal Haftar, la transition avait pris le sens d'une restauration menée en interne dans le mouvement de contestation par des élites de l'ancien régime qui avaient pris un ascendant sur celui-ci. Sous leur houlette, la transition va être marquée particulièrement par l'évacuation de l'essentiel des questions politiques, notamment toutes celles liées aux questions de citoyenneté, y compris celles que le mouvement de contestation avait réussi à imposer et à faire admettre dans la société ou qui se sont imposées sur le terrain politico-militaire. Évacuées, la plupart de ces questions ressurgiront comme fractures qui se mueront en chaos. Cet article se propose de faire une chronologie et une analyse des faits ayant mené au chaos et de faire une « anatomie » de celui-ci.Like the return of aggravated authoritarianism in Egypt or the restoration of order in a bloodthirsty manner in Syria, the chaos that has seized Libya is one of the embodiments of the impasse reached by the wave of contestation of the “Arab Spring”, which is re-establishing, often in an aggravated form, the political frameworks challenged by this revolt. The “Libyan chaos” is part of this global process of impasse of the “Arab Spring” protest movement and its regressive effects. The Libyan trajectory in the Arab Spring, although more uneven, does not differ fundamentally from those of other countries and its failure is fed by the same ingredients, even if these may be more exacerbated in Libya. Even before an abortive attempt at authoritarian restoration was attempted by Field Marshal Haftar, the transition had taken on the character of a restoration carried out internally in the protest movement by elites from the old regime who had gained ascendancy over it. Under their leadership, the transition will be marked in particular by the evacuation of the bulk of political issues, including all those related to citizenship issues, including those that the protest movement had managed to impose and have accepted in society or that were imposed on the politico-military terrain. If they were evacuated, most of these issues would resurface as fractures that would turn into chaos. This article proposes to make a chronology and an analysis of the facts that led to chaos and to make an “anatomy” of it.
- Dynamiques et limites d'une restauration militaire autoritaire - Saïd Haddad p. 33-48 Dix ans après la chute de la Jamahiriya, le régime instauré par Mouammar Kadhafi, la Libye est confrontée à une fragmentation politique et sécuritaire. Déchirée entre deux entités politico-militaires et par une insécurité protéiforme, la Libye se trouve dans une configuration où l'exercice de la violence et son monopole sont l'objet d'une lutte entre prétendants au pouvoir. C'est dans ce contexte d'échec de la transition politique que l'option d'une solution militaire et autoritaire a émergé, nourrie à la fois par des dynamiques internes et externes qui s'articulent et par ce qui se passe dans une partie du monde arabe. L'objet de cet article est, à la lumière des dix années post-Kadhafi, de se pencher sur la construction politique de la solution militaire et autoritaire et d'en souligner les dynamiques et les limites.Ten years after the fall of the Jamahiriya and its leader, Muamar Qadhafi, Libya is facing a political and security fragmentation. The country has been torn by two main political factions while the domestic war is also fuelled by external actors. in this context of delusion after the so-called Arab spring, rose the perspective of a military and authoritarian restauration, a perspective exacerbated by interrelated internal and external dynamics. The aim of this paper is to discuss the political construction of this military and authoritarian solution and to underline its dynamics and limits.
- « Histoire d'une mobilisation ». Dynamiques de mobilisation locales et influences internationales au sein de trois communautés libyennes - Emadeddin Badi p. 49-61 Le contexte géopolitique libyen actuel résulte, d'une part, d'une multiplicité d'acteurs internationaux poursuivant leurs intérêts propres, mais aussi de fragmentations aux niveaux local et national, qui déterminent souvent les dynamiques de mobilisation (et de démobilisation) des acteurs armés. Pour mieux saisir la complexité de ces enjeux, cet article aborde trois études de cas : les milices de Tripoli, les groupes armés de la ville de Misrata et l'Armée arabe nationale libyenne de Khalifa Haftar – à travers lesquels sont explorées différentes dynamiques de mobilisation dans des oligopoles de violence. Contrairement à la présence symbolique d'un monopole sur la violence et à la présence d'ordres de gouvernance fondés sur des lois dans l'« État idéal », les oligopoles de violence se caractérisent par une multiplicité d'acteurs locaux intégrant la violence à leur mode opératoire, et bénéficiant de différents degrés de légitimité. Ces acteurs peuvent rivaliser ou coopérer les uns avec les autres, mais aussi avec l'État. À chaque cas d'étude sélectionné correspond une dynamique distincte concernant les rivalités de pouvoir entre les principaux acteurs, et ce à plusieurs niveaux : groupes armés, institutions officielles et sponsors régionaux. À travers l'étude de ces différents oligopoles, les intersections entre les échelles communale, locale, nationale et internationale démontrent qu'un cadre analytique centré sur l'État peine à analyser une telle confluence de politiques internationales et de dynamiques communautaires susceptibles de déclencher les mobilisations ou d'engendrer la fragmentation des groupes armés. Cet article examine donc de manière critique le rôle et les stratégies des acteurs internationaux dans le déclenchement, l'appui ou la fragmentation de ces processus de mobilisation, ainsi que leurs impacts sur les rivalités locales. Pour ce faire, est utilisé le cadre théorique des Critical Security Studies (études critiques de sécurité) pour analyser ces phénomènes à différents niveaux.The contemporary Libyan geopolitical landscape is simultaneously the theatre of a multiplicity of international actors pursuing their own interests, but also of fragmentation at the local and national levels that often determine the dynamics of mobilization (and demobilization) of armed actors. In order to better understand the multi-dimensionality of these interconnected phenomena, this paper focuses on three case studies – the Tripoli militias, the predominantly Misratan-based Bunyan-Al-Marsous coalition and the Libyan Arab Armed Forces of Khalifa Haftar – through which we explore different dynamics of mobilization within oligopolies of violence. In contrast to the symbolic presence of a monopoly on violence and application of rules-based orders in the “ideal state”, oligopolies of violence are characterized by a multiplicity of local actors that wield violence, possessing varying degrees of legitimacy, that may compete or cooperate with one another, and with the state. Each case study presents a distinct manifestation of power rivalries between the main actors at different levels : those of armed groups, official institutions, and regional sponsors. Through the study of these oligopolies of violence, the intersections between the communal, local, national, and international scales of influence demonstrate that an analytical framework centred on the “State” cannot capture how the confluence of international policies and community dynamics can trigger or support mobilization or induce the fragmentation of armed groups. This paper therefore critically examines the roles and strategies of international actors play in impacting local mobilization processes and armed groups' fragmentation, and how they also influence local power rivalries. To analyze these multi-layered phenomena, a theoretical framework derived from the schools of Critical Security Studies is used.
- Construction inachevée d'une monopolisation de pouvoir, l'ascension de Khalifa Haftar en Libye - Mohamed-Essaïd Lazib p. 63-74 Khalifa Haftar, Commandant général de l'Armée nationale libyenne (ANL) basée à l'est de la Libye, a été une figure centrale dans l'équation politico-militaire libyenne depuis son émergence en 2014. Un acteur armé non étatique parmi d'autres dans une Libye post-révolution fragmentée, Khalifa Haftar a bénéficié de soutiens tant domestiques qu'internationaux pour s'élever progressivement au rang d'acteur hégémonique, d'abord à l'Est, puis à l'échelle nationale.Khalifa Haftar, Commander in chief of the Libyan national army, based in Eastern Libya, was a central figure of the Libyan military-political equation since its rise in 2014. An armed non-official stakeholder among others in a fragmented post-revolution Libya, Khalifa Haftar benefited from domestic and international supports as well to gradually rise to the rank of hegemonic player, on the East first, and nationally next.
- La lutte des Amazighs en Libye pour la reconnaissance de l'amazighité - Masin Ferkal p. 75-92 Alors qu'ils étaient donnés pour une minorité en voie de disparition, les Amazighs de Libye ont joué un rôle important lors de la révolte contre le régime de Kadhafi en 2011. Ils ont également su mettre en avant leur identité amazighe et exiger sa reconnaissance.La situation instable que traverse la Libye notamment depuis 2014 n'a pas entamé la volonté et la détermination des Amazighs qui n'ont pas renoncé à des droits qu'ils considèrent naturels et légitimes. C'est leur attitude et leur(s) lutte(s), dans un contexte marqué par des luttes de clans et une guerre civile ayant plongé la Libye dans le chaos, qui sont passées en revue dans cet article.De la naissance de divergences, principalement suite à la publication par le CNT du projet constitutionnel en août 2011, à l'annonce du rejet total du projet de Constitution et de la décision de la mise en place d'une quatrième région administrative en janvier 2021, c'est principalement à travers l'action et les positions du Congrès national des Amazighs de Libye (CNAL) puis le Haut conseil des Amazighs de Libye (HCAL), qui lui a succédé, que la lutte des Amazighs pour la reconnaissance de leurs droits est analysée dans cette étude.After they have been deemed an endangered minority, the Amazigh people of Libya have played a highly significant role during the 2011 uprising against Muammar Gaddafi's regime. They also highlighted their determination to defend their Amazigh identity and demanded its official recognition by the country's institutions.The precarious situation which has been experienced by Libya, particularly since 2014, did not weaken or undermine the will and determination of the Amazigh people to highlight and claim their natural and legitimate rights.It is their stance and struggle within a context which is marked by clan infighting and the civil war that descended Libya into chaos which are highlighted in this article. This article deals with the struggle of the Libyan Amazigh people for the recognition of their rights, essentially through the actions of the National Congress of the Amazigh of Libya (CNAL) and its successor, the High Council of the Amazigh of Libya (HCAL).The struggle started with the emergence of disagreements, particularly following the Amazigh people's outright rejection of the draft constitution published by the National Transitional Council (CNT) in August 2011. This prompted them to establish their own fourth administrative region in January 2021, after they felt that they had been excluded from the other three regions of Cyrenaica, Tripolitania and Fezzan.
- La Libye comme terrain de reconfiguration géopolitique des migrations - Delphine Perrin p. 93-108 La Libye post-Kadhafi constitue un terreau opportun de reconfiguration géopolitique des migrations. Les pratiques et les dynamiques d'acteurs liées aux migrations s'inscrivent avant tout dans une continuité avec celles de l'ère Kadhafi. La reconfiguration géopolitique des migrations est le résultat de processus d'adaptation des acteurs, lié au contexte politique et sécuritaire libyen, en articulation avec d'autres évolutions sur les parcours et les marchés de la migration. L'intensification des trafics s'accompagne de l'éclatement des acteurs intervenant sur les migrations, sources de multiples risques pour les migrants. Dans un contexte régional de « guerre à la mobilité », l'ensemble conduit à une illustration paroxystique de la porosité entre trafic de migrants et traite des personnes, qui justifie l'intervention d'acteurs extérieurs. La reconfiguration en cours est ainsi également liée à l'émergence et à l'expérimentation de nouvelles formes de gestion des migrations sur le territoire libyen et plus largement en Afrique, visant ou contribuant à modeler le futur des migrations africaines.Post-Gaddafi Libya is an opportune field for geopolitical reconfiguration of migration. The practices and dynamics of actors linked to migration are above all in line with those of the Gaddafi era. The geopolitical reconfiguration of migration is the result of a process of adaptation of the actors, linked to the Libyan political and security context, in articulation with other developments on the migration routes and markets. The intensification of smuggling is accompanied by the crumbling of actors involved in migration, sources of multiple risks for migrants. In a regional context of “war on mobility”, all of this leads to a paroxysmal illustration of the porosity between smuggling of migrants and trafficking in persons, which justifies the intervention of external actors. The ongoing reconfiguration is thus also linked to the emergence and experimentation of new forms of migration management on Libyan territory and more broadly in Africa, aimed at or contributing to shaping the future of African migration.
- La Libye toujours en prise avec les interventions : de l'intervention internationale de 2011 à l'escalade et la multiplicité d'interventionnismes extérieurs - Philippe Droz-Vincent p. 109-127 L'intervention sous la conduite proactive de la France et de la Grande-Bretagne et avec un leadership américain « en retrait » ouvre une nouvelle ère en Libye en 2011 avec la chute du régime Kadhafi. Elle ne prend nullement en compte les problèmes de reconstruction abyssaux qui se posent dans le pays, si ce n'est à travers les prismes réducteurs du terrorisme transnational et des migrations subsahariennes vers l'Europe. L'épuisement des interventions multilatérales occidentales pour reconstruire des États, la fatigue américaine pour les guerres au Moyen-Orient et les insuffisances européennes font pourtant le lit de multiples autres interventionnismes en Libye. En particulier, la Libye et ses multiples acteurs politiques et miliciens peuvent servir des intérêts régionaux variés. La relance de la guerre civile en 2014-2015 et la Libye comme champ d'affrontements régionaux voire internationaux en 2019-2020 sont le résultat direct de ces interventionnismes débridés.The 2011 intervention with the pro-active lead of France and Great Britain and the “leading from behind” role of the US opened up a new era in Libya with the fall of the Kadhafi regime. It did not at all deal with the abyssal problems of reconstruction that surged in the country, except under the limited lenses of transnational terrorism and the threat of Sub-Saharian migrations toward Europe. The weakening of Western mutilateral interventions aimed at state-building, the US fatigue for wars in the Middle East and European inefficiencies paved the way to multiple other interventionisms in Libya. In particular, Libya and its numerous political and militia-nized actors could branch themselves with multiple regional interests. The restart of civil war in 2014-2015 and Libya as an open space for regional or even international infightings in 2019-2020 have been a direct consequence of those unbridled interventionisms.
- La Libye : une crise à la croisée des ambitions globale et régionale de la Russie - Igor Delanoë, Nour Hedjazi p. 129-147 La Libye constitue un terrain d'affrontement et de coopération entre puissances régionales et extrarégionales. Figurant parmi les principaux acteurs du conflit, la Russie a noué autour de cette crise des relations aussi bien au niveau intralibyen, qu'à l'échelle nord-africaine (coordination avec l'Égypte) et au plan régional (coopération avec les Émirats arabes unis, compétition coopérative avec la Turquie). Le dossier libyen se trouve à la croisée de plusieurs vecteurs de la politique étrangère russe : celui de la recomposition du statut de puissance globale à travers le bras de fer qui s'y exprime avec les États-Unis et la communauté euroatlantique. Le vecteur sécuritaire demeure fondamental dans la mesure où Moscou continue de percevoir les dynamiques à l'œuvre en Afrique du Nord/Moyen-Orient comme potentiellement néfastes pour son flanc méridional. Enfin, un vecteur économique s'exprime avec de puissants intérêts d'affaires qui s'imbriquent parfois dans le cadre de la diplomatie traditionnelle. La Libye se trouve ainsi au carrefour des ambitions globales, moyen-orientales, mais aussi africaines du Kremlin. Cet article se propose de revenir sur les fondements de l'implication de la Russie dans la crise libyenne. À travers une analyse multiscalaire des intérêts et interactions russes autour de la Libye, cet article vise aussi à identifier les acteurs qui influencent le cours de la politique libyenne de la Russie.Libya is an area of confrontation and cooperation between regional and extra-regional powers. As one of the main actors in the conflict, Russia has established relations around this crisis both at the intra-Libyan level, at the North African level (coordination with Egypt) and at the regional level (cooperation with the United Arab Emirates, cooperative competition with Turkey). The Libyan issue is at the crossroads of several vectors of Russian foreign policy : the recomposition of the status of global power through the confrontation with the United States and the Euro-Atlantic community. The security vector remains fundamental insofar as Moscow continues to perceive the dynamics at play in North Africa and the Middle East as potentially harmful to its southern flank. Finally, powerful business interests that sometimes intertwine with the frameworks of traditional diplomacy embody the economic vector. Libya is thus at the crossroads of the Kremlin's global, Middle Eastern, and African ambitions. This article proposes to review the foundations of Russia's involvement in the Libyan crisis. Through a multi-scalar analysis of Russian interests and interactions around Libya, this article also aims to identify the actors that influence the course of Russia's Libyan policy.
- La Turquie en Libye à l'ère Biden - Nora Seni p. 149-162 Cet article montre la place devenue centrale de la Libye dans la stratégie de puissance régionale du président turc. Les investissements économiques, militaires et politiques effectués par Ankara dans ce pays témoignent d'une volonté farouche de présence pérenne qui donne à la Turquie accès à des eaux territoriales dont elle est exclue et au trafic de pipelines énergétiques entre Israël, l'Égypte, Chypre, la Grèce et l'Italie. L'arrivée de Biden à la Maison-Blanche se présente comme une nouvelle donne qui remet en cause les ambitions turques.This article shows how central Libya has become to the Turkish president's regional power strategy. The economic, military and political investments made by Ankara in this country testify to a fierce desire for a permanent presence that gives Turkey access to territorial waters from which it is excluded and to energy pipeline traffic between Israel, Egypt, Cyprus, Greece and Italy. The arrival of Biden in the White House is a new deal that challenges Turkish ambitions.
- « Le cul des chameaux ». La Libye vue du Sahel, entre mirages et réalités - Marc-Antoine Pérouse de Montclos p. 163-177 Cet article analyse le rôle de la Libye dans les conflits du Sahel. Il constate qu'avec l'effondrement de sa production pétrolière et des prix du baril Tripoli n'a plus les moyens de ses ambitions. Alors que le pays est lui-même en proie à la guerre, l'influence de la Libye s'exerce surtout par défaut d'État. Elle n'a plus rien à voir avec la politique agressive et messianique de Kadhafi, quand le « Guide de la Révolution » envoyait ses troupes annexer le nord du Tchad et occuper la capitale Ndjamena.This article analyses the role of Libya in the conflicts of the Sahel. With the fall of oil production and price, Tripoli lacks the capacity to fund armed groups all over the world, including in neighboring countries South of the Sahara. Moreover, Libya is torn apart by a civil war. Its government is weak and contested. Its foreign policy in the Sahel, if any, no longer aims at annexing neighboring countries. It is completely different from the expansionism of Gadhafi, when Libya invaded Northern Chad and occupied Ndjamena.
- Hérodote a lu - Béatrice Giblin p. 179-181