Contenu du sommaire : Le monde des émotions

Arthur Schopenhauer (1788-1860) permet de construire une épistémologie des émotions en sciences humaines et sociales par le prisme du corps vivant. En effet, au moment où les sociétés occidentales s'interrogent sur leur rapport au vivant dans une perspective écologique, il est encore difficile de se représenter ces processus autonomes qui opèrent aussi dans nos corps. Face à cet écueil, nous mobilisons notre propre corps de chercheur pour élaborer une recherche-création schopenhauerienne dont l'une des étapes est cet article. Nous interrogeons ici deux concepts (l'effort et l'émotion) à la lumière de certaines expériences de notre vie ordinaire de chercheur. Ce texte se présente comme une discussion épistémologique dont chacun peut se saisir pour créer de nouvelles représentations du vivant à partir de son corps.

L'objectif principal de cet article est de donner un aperçu des principales théories sociologiques inhérentes à l'étude des émotions. Dans la première partie, les approches les plus connues qui caractérisent la soi-disant sociologie des émotions seront décrites. Dans la seconde partie, seront analysés les concepts clés - travail émotif, travail émotionnel, règles de sentiment, règles d'expression - qui représentent les outils opératoires nécessaires pour mener des analyses empiriques exhaustives. En conclusion, la réflexion se concentre sur le rôle des émotions dans la construction de l'interaction sociale.

Résumé: Dans cet article, nous essayons de montrer que, textuellement présentes dans sa sociologie de la religion, et en particulier dans sa religion de l'humanité, les émotions semblent pouvoir être configurées dans la structure réflexive globale d'Auguste Comte, également, voire principalement, comme un moyen par lequel l'ordre social peut être réalisé et reproduit. Il semble donc possible de parler d'une “sociologie des émotions” comtienne embryonnaire et/ou potentielle. Certes, il n'a pas développé une réflexion directe et autonome sur le thème des émotions, mais cela n'empêche pas de noter dans la dernière phase de sa vie et de sa production scientifique, profondément marquée par le Système de la politique positive, une attention particulière aux bases émotionnelles de l'humanité et de la socialité.

La question centrale posée ici consiste en une clarification des clés explicatives de la transition de la configuration politique des émotions de la culture moderne à l'époque actuelle. Dans cette clarification, l'accent est mis sur une lecture du profil des subjectivités émergentes dans la culture d'aujourd'hui en vertu d'un contraste avec le profil de la subjectivité conçu dans la modernité en raison de la conversion de l'État en institution pierre angulaire de la vie sociale et de la rationalité qu'il inspire. Dans cette proposition argumentative nous plaidons pour déchiffrer la raison de la récente relocalisation des émotions dans la centralité des régimes discursifs des Sciences Sociales en correspondance avec la mutation des stratégies biopolitiques structurant la subjectivité et la modification des objectifs biopolitiques confiés aux institutions. De cette façon, les conditions épistémiques de possibilité, les hypothèses théoriques et les limites épistémologiques des régimes discursifs centrés sur les émotions sont révélées. Dans cet aspect, nous abordons les changements significatifs opérant dans la consolidation d'une étape culturelle de la modernité articulée autour de la consommation symbolique et de ses répercussions sur l'expérience collective. Dès lors, en décryptant les codes explicatifs de l'avènement de cette culture émotionnelle naissante, il s'agit d'éclairer les raisons d'une physionomie de malaise culturel méconnaissable dans la typologie proposée à l'époque par le discours psychanalytique.

Le but de cet article est de développer une théorie schützienne des émotions, visant à mettre en évidence le rôle que joue la sphère émotionnelle dans l'attitude quotidienne. La première partie du texte vise à analyser les lieux de la pensée d'Alfred Schütz où la sphère émotive est impliquée. La seconde se focalise sur la possibilité de faire entrer le cadre théorique du sociologue viennois dans l'analyse des émotions, en mobilisant les concepts-clés de type, de stock de connaissance et de pertinence. En conclusion l'article vise à esquisser une théorie socio-phénoménologique des émotions, en approfondissant le dialogue fructueux que Schütz a développé entre phénoménologie et théorie sociale sur le sujet spécifique des émotions, en vue d'une implémentation mutuelle.

Cet article assemble la phénoménologie et l'écologie pour présenter des paradigmes épistémologiques perceptifs et interrelationnels dans l'étude des mécanismes par lesquels la personnalisation peut contribuer à la capacité des visiteurs à développer des connexions émotionnelles positives et même profondément ressenties avec l'environnement de l'intérieur public. Cette conception de l'expérience environnementale est appelée intimité, présentée ici comme la dimension émotionnelle de la personnalisation. Elle est explorée à travers l'étude des conditions environnementales dans l'intérieur public afin de corréler les expériences individuelles et collectives. Ainsi, tout en soutenant le fondement phénoménologique de la perception, qui réunit le corps, l'esprit et le monde à travers des expériences incarnées, cet article préconise également une perspective écologique pour rendre compte du caractère interrelationnel des expériences vécues.

Ce texte vise à présenter une réflexion sur l'imaginaire, les émotions et la création d'espace, à partir du champ élargi de l'Architecture et Urbanisme. Nos réflexions émergent à la fois des activités de recherche et de la pratique, en tant qu'architecte urbaniste. Notre propos porte sur la reconnaissance des émotions comme des éléments moteurs qui participent à la création de l'architecture. Comme hypothèse, nous soutenons l'idée que les émotions participent à la matérialité de l'architecture à travers l'imaginaire (individuel et collectif). Dans cette réflexion, il est important de comprendre la nature des images qui émergent des espaces vécus, selon une expérience collective. Enfin, ces considérations sont articulées dans un contexte empirique, au sein d'un panorama de recherches menées dans la ville de Recife. Avec cette proposition, nous identifions des lacunes expérimentales ou de nouvelles possibilités pour construire le cadre d'une vie urbaine, dont l'architecture est une partie essentielle.

Un thème appelé à devenir central dans le débat sociologique international concerne la transformation actuelle de la technologie en un paradigme techno-magique qui caractérise les scénarios fondamentaux de la socialité contemporaine. A cet égard, les réflexions de Vincenzo Susca sont particulièrement significatives. Elles s'appuient sur un système théorique robuste et sont marquées par un regard compréhensif, dirigé vers la cybernétisation des centres articulaires qui composent l'être humain, c'est-à-dire le corps, la pensée et la parole. Le processus de virtualisation numérique a détrôné l'individu protagoniste du modèle de l'épistémologie occidentale classique et fragilisé sa vision du monde, centrée sur l'idée de subiectum, formée à partir de la Renaissance. Les avant-gardes de la culture électronique ont réinventé des fétiches, des mythes et des rythmes qui recréent une dimension esthétique et établissent des liens collectifs dans le monde réifié de l'ère post-industrielle. Susca illustre comment une sorte de nouveau paganisme réveille légendes et idolâtries, comment il est célébré à travers de nouveaux rituels et comment il anime un nouvel esprit communautaire.